La Fondation Mémel-Fotê a célébré, jeudi dernier à son siège aux II-Plateaux les Vallons, à Abidjan, le chancelier allemand Willy Brandt. Sa vie d’enfance et d’homme politique a été passée au scanner par les conférenciers Moïse Lida Kouassi, Dr. Kipré Bilé et Daba Gbotta. Dans le cadre de son programme de célébration des “héros du monde”, la Fondation Mémel-Fotê en collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert, a organisé, jeudi dernier, à Abidjan, une conférence sur la vie de Willy Brandt, ce héros allemand né le 18 décembre 1913, et décédé le 8 octobre 1992. Selon le président de la Fondation Mémel-Fotê, Pr. Séry Bailly, qui situait le cadre de cette célébration, célébrer les héros “ne s’agit pas de disqualifier les peuples pour célébrer des messies qui devraient venir les sauver”. Selon lui, “tout le monde peut être héros dans ce qu’il entreprend et par les valeurs qu’il défend et qu’il incarne”. Il a présenté Willy Brandt avec une de ses propres citations : “Les grands leaders émergent presque toujours du chaos ; ils émergent rarement d’un ordre stable, et jamais grâce à une promotion de routine”. Le décor ainsi planté, le ministre d’Etat Moïse Lida Kouassi a présenté Willy Brandt l’homme d’Etat sa vision politique, son parcours de l’enfance jusqu’à la politique. Selon M. Lida, Herbert Ernst Karl Frahm se fait appeler Willy Brandt en 1933 lorsqu’il s’exile en Norvège en 1933 et en Suède à partir de 1940. M. Lida révèlera que Willy Brandt est entré très tôt en politique, alors qu’il avait 16 ans. Il militait dans le parti des travailleurs socialistes d’Allemagne (SAP). Mais, selon lui, sa carrière politique commence véritablement après la guerre. “Willy Brandt était un résistant anti-hitlérien. C’est le dernier des grands héritiers de la sociale démocratie qui va connaître son déclin avec sa mort le 8 octobre 1992”. Poursuivant son exposé, le ministre d’Etat a indiqué que Willy Brandt était porteur d’illusion pour l’Europe. “Il voulait mettre en place un ordre européen de paix assorti d’un ordre européen de sécurité”. L’orateur a souligné les similitudes entre Laurent Gbagbo et Willy Brandt. “Les deux sont socialistes. L’un et l’autre ont connu l’exil. Ils ont conceptualisé leur démarche politique. Les deux militaient pour la transition pacifique. L’Accord politique de Ouagadougou rappelle certains aspects des traités avec les pays du bloc soviétique. Comme Gbagbo en Côte d’Ivoire, Willy Brandt est l’architecte de la politique de détente en Europe”. Dr. Kipré Blé, a parlé du Willy Brandt héros qui a résisté aux difficultés de la vie. “Durant toute sa vie, Willy Brandt a connu des moments de doute et d’échec. En 1938, le régime national-socialiste révoque sa nationalité allemande”, a dit Dr. Blé. Pour qui la vie de Willy Brandt rime avec résistance depuis sa naissance et face à Hitler. “Il a fait face à des dénigrements de la part de ses adversaires politiques. Et, l’environnement hostile dans lequel il a grandi n’a pas eu raison de lui. Bien au contraire, il a favorisé sa conscience. Et pour échapper à la vigilance des Gestapo, il parlait allemand avec un accent norvégien. Il voyageait sous des pseudonymes”, a encore indiqué Dr. Bilé. Selon lui, Willy Brandt a réconcilié la jeunesse avec les politiques et fait de l’Allemagne un pays normal, qui a fait oublier son passé douloureux. “Il était l’homme politique le plus fascinant d’après- guerre. Il a affronté les situations les plus complexes. Avec une ouverture d’esprit, une grande humilité. Il s’est agenouillé devant la statue juive pour demander pardon”, a révélé Dr. Blé. Dr. Daba Gbotta a souligné la vision de Willy Brandt pour le tiers-monde. Selon lui, Willy Brandt envisageait d’améliorer la qualité de l’aide de l’Allemagne aux pays du tiers-monde en 1970. Il voulait aussi promouvoir le commerce dans le tiers-monde, parce que “la misère était devenue une misère pour lui”. Car il affirmait que “la faim aussi est une guerre”, a révélé Dr. Gbotta. Qui a soutenu que, pour Willy Brandt, “il fallait faire une politique de développement durable, que les populations puissent s’autogérer afin qu’elles soient dignes d’elles-mêmes”. Les échanges qui ont suivi ont permis au nombreux public de comprendre l’humanisme des Allemands. Délon’s Zadé
Art et Culture Publié le mardi 1 décembre 2009 | Notre Voie