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Politique Publié le mercredi 2 décembre 2009 | Nord-Sud

Issa Malick Coulibaly (Directeur national de campagne (Dnc) de Laurent Gbagbo) : “Ce qui s`est passé est indigne”

De retour de Korhogo où il a vécu un incident dans l'enceinte de la mosquée de Kôkô, le directeur national de campagne de Laurent Gbagbo raconte les faits. Il préconise le déploiement rapide du Centre de commandement intégré (Cci).

Monsieur Malick Coulibaly, vous étiez récemment à Korhogo pour la fête de la Tabaski où un incident a eu lieu au sein de la mosquée de Koko. Que s'est-il réellement passé?

Je voudrais que vous me permettiez de ne pas faire de cet incident plus qu'il ne le mérite. J'étais parti effectivement à Korhogo dans le cadre d'une visite de travail qui avait été officiellement annoncée aux autorités préfectorales et aux Forces nouvelles qui avaient reçu une lettre du Ddc. Le commandant de la zone 10 avait également reçu la lettre. La visite avait plusieurs séquences. C'était ma première visite à Korhogo depuis ma nomination comme directeur national de campagne du candidat de La majorité présidentielle (Lmp). La première séquence c'était l'accueil des populations qui a été vraiment extraordinaire avec de nombreuses escales sur la route. Les populations sont sorties nombreuses de partout pour nous soutenir, nous féliciter, nous témoigner leur amitié et nous rassurer de leur engagement à nos côtés pour la victoire prochaine du candidat Laurent Gbagbo. Quand nous sommes arrivés à Korhogo, nous avons été sur la tombe de mon grand-père, le père de mon oncle, le ministre Lanciné Gon qui est à mes côtés, afin de lui porter la nouvelle, lui demander des bénédictions et son soutien de l'au-delà. Après cela, nous sommes allés à la cour familiale où l'accueil de la population était tout aussi bien organisé. Ensuite, nous nous sommes rendus chez le préfet pour lui dire que nous étions dans sa circonscription. Le lendemain, c'était la fête de la Tabaski. La deuxième séquence c'est la mission dans sa partie rituelle. Elle s'est bien déroulée. Puis est arrivé le moment des allocutions. Le maire (Ndlr Amadou Gon Coulibaly, Dnc de Ado) est intervenu pour souhaiter que les élections soient apaisées, démocratiques et transparentes. Le représentant des Forces nouvelles est aussi intervenu. Puis, le chef de canton a pris la parole pour souhaiter qu'il y ait l'entente entre les différents membres de la famille ainsi que l'harmonie et la cohésion sociale. Il a aussi demandé que l'on prie pour que son état de santé s'améliore. Le préfet de région des Savanes est également intervenu pour dire essentiellement que l'Islam étant une religion monothéiste, toutes les fêtes sont en fait des prières de la foi. Il ajoutera que le président de la République m'avait chargé d'un message auprès de la communauté musulmane. Comme vous devez certainement le savoir, chaque fois que le président de la République a un message vers la communauté musulmane de cette région, c'est à moi qu'il fait l'honneur de demander de l'accomplir. C'est ainsi qu'il avait procédé lors de la fête de Ramadan. Il avait fait un don aux membres de la communauté islamique de Korhogo. C'est le préfet qui était intervenu pour la remise du don au nom du président. Il avait donné 15 tonnes de sucre et 15 tonnes de riz. Et il m'a fait l'honneur d'aller faire ce message. Dans la même logique, à l'occasion de la fête de Tabaski, j'étais chargé d'un message similaire.

Lorsque le préfet a fini son intervention comme il l'avait fait à la fête de Ramadan, il n’a introduit afin que je puisse livrer mon message, celui du président de la République. Et c'est en ce moment là que le maire (Ndlr Amadou Gon, Dnc de Ado) qui était déjà débout quand nous autres étions assis sur les tapis de prière, s'est levé et a dit au préfet : « Monsieur le préfet, ce monsieur n'a pas droit à la parole. » Parlant de moi, oubliant que je suis tout d'abord son oncle. Parlant de moi qui suis porteur d'un message du président de la République. Etant membre du gouvernement parti à la cérémonie avec la voiture officielle de l'Etat. Je n'ai donc rien dit. Ce que je peux dire à ce stade de mon propos, il s'agit d'une réaction qui avait été préparée à l'avance, préméditée. Puisque nous étions à Korhogo depuis deux jours. Nous savions qu'il y avait des loubards qui avaient été préparés qui l'accompagnaient. Donc quand il a dit que celui là, parlant de moi, il ne peut pas intervenir, bien évidemment ses loubards ont répliqué : « il ne parle pas ici. » Ceux qui étaient aussi avec moi ont bien évidemment réagi. Et il y a eu la bagarre. Nous avons dû demander aux nôtres de se calmer. En tous cas, moi je n'ai pas dit un seul mot. Je suis resté assis sur mon tapis de prière jusqu'à ce que les choses se calment. Ensuite, lui et ses loubards se sont retirés. La tension s'est apaisée. En ce moment, j'ai pris le micro pour livrer le message du président de la République qui était un message de bons vœux à la communauté musulmane, de bonne santé à toutes les familles musulmanes en fête. Qui était également un appui à leur apporter au plan financier pour que les petites familles puissent faire la fête dans de bonnes conditions comme ce fut le cas pendant le Ramadan où il avait donné 1 million de Fcfa à l'imam de la grande mosquée et à ses collaborateurs. Cette fois, il a été un peu plus généreux, il a étendu son don aux 23 mosquées où les prières se déroulent les vendredis. Chaque imam de chacune de ces 23 mosquées a eu le soutien du président à hauteur de 50.000 Fcfa. Ce qui fait une enveloppe globale de 2.150.000 Fcfa. Et comme les conditions n'étaient pas réunies pour que je remette l'argent sur place comme je l'ai fait à la fête de Ramadan, je suis allé chez le préfet. Ce dernier a donc appelé les guides religieux pour leur remettre cet argent. Ce matin (Ndlr 30 novembre) je suis allé dire au revoir au préfet. La communauté musulmane est venue me voir avec une forte délégation du bureau du Cosim, du Cni pour me remercier de ma présence à la cérémonie. Ils m'ont aussi demandé de réitérer leurs salutations et remerciements au président de la République pour son geste. Ils ont également condamné de façon très énergique ce qui s'est passé. Ils m'ont dit qu'ils considèrent cela comme une profanation de la maison de Dieu. Et que cela était inacceptable. Ils se sont engagés à ce que plus jamais de tels incidents ne se reproduisent à l'avenir. J'étais satisfait de cette démarche qui me permet de rassurer tout le monde avec en premier le président Laurent Gbagbo. Je profite de l'occasion pour dire que pour notre communauté musulmane, ce n'est pas honorable ce qui s'est passé.

C'est indigne. Que vivement plus jamais dans nos lieux de culte, dans nos lieux sacrés, dans la maison de Dieu, certains qui se disent des nôtres se comportent de travers.

Face à cet incident, comment avez-vous apprécié la réaction des Forces nouvelles ?

En ce qui concerne les Forces nouvelles, moi je ne peux pas dire qu'elles n'ont pas fait ce qu'elles avaient à faire. Elles m'ont sécurisé. Mais je pense que, de façon plus générale, ce genre de cérémonie doit être davantage sécurisé. Et c'est de ce point de vue que le Centre, de commandement intégré (Cci) qui est la jonction des Forces nouvelles et des Forces loyalistes, doit à mon avis se déployer sur l'ensemble de la zone Centre Nord et Ouest (Cno). Parce que, ce que j'ai vu ces jours-ci montre que, si on ne fait pas attention, les élections apaisées que tout le monde souhaite risquent de ne pas arriver.

Comment s'est passé votre rencontre avec les Ddc et Dlc du département de Bouaké?

C'était pour moi une occasion de prendre contact avec mes collaborateurs de la région de Bouaké relativement à l'exécution de la campagne du président Laurent Gbagbo. J'ai été content de marquer un visage sur chaque nom. Je leur ai annoncé que je reviendrai pour une visite de travail plus longue. J'aurai donc l'occasion de regarder tous les dossiers et doléances. Je compte surtout trouver ce qu'il faut pour pouvoir régler tout afin que la campagne électorale du président soit certaine dans cette zone et dans l'ensemble de la Côte d'Ivoire.

Propos recueillis par Allah Kouamé à Bouaké
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