Le paradoxe est déroutant ! Laurent Gbagbo, le candidat des socialistes ivoiriens, qui n’a de cesse de revendiquer un statut de « patriote » de « nationaliste » et qui aime à se donner la stature de « candidat des Ivoiriens », n’aime pas son peuple. Depuis cinq ans, ses compatriotes attendent les élections, non sans être soumis aux louvoiements et indécisions d’un président qui prétend aimer son peuple et être aimé de lui. Depuis son accession au pouvoir d’Etat, il montre chaque jour davantage, peu de considération pour les souffrances, les douleurs et les meurtrissures des Ivoiriens. A l’écouter parler de son peuple qui tire le diable par la queue depuis son arrivée aux affaires, on y dénote une forte propension au cynisme et au sadisme incroyable de la part d’un homme qui se devait d’être le garant de la paix et de l’unité nationale. En témoigne, sa dernière déclaration faite avant-hier à son arrivée à Ouaga, dans le cadre de la rencontre du CPC sur le processus de sortie de crise, par des élections apaisées, transparentes et démocratiques. Voici ce qu’il dit de la situation de ses compatriotes : « Nous n’avons pas de problème. C’est à l’extérieur que les gens sont inquiets. Nous avançons et chacun se prépare à aller aux élections ». A en croire le Chef de l’Etat, tout va bien en Côte d’Ivoire et tout marche comme sur des roulettes. Tout roule au super, comme dans les contes des mille et une merveilles. Assurément, un discours de mépris. Au moment où Laurent Gbagbo parlait, les fonctionnaires de son pays, notamment les enseignants débrayaient devant les fausses promesses du gouvernement concernant leurs conditions de vie. Pendant que Laurent Gbagbo donnait dans l’auto satisfaction, l’école ivoirienne était fermée et le ministre de l’Education nationale a recours aux forces de l’ordre, pour espérer tenir le système éducatif, sans résoudre les problèmes des professeurs. Il faut noter également la grogne des victimes des déchets toxiques qui voient leurs indemnisations mises en coupe réglée par un proche du régime. Faut-il encore parler de la cherté de la vie qui affame de nombreuses familles et la pauvreté grandissante qui obscurcit l’avenir de nombreux compatriotes ? En tout cas, on est légitimé de croire que Laurent Gbagbo n’est pas dans le même monde que ses gouvernés. Pendant qu’à lui seul, il jouit d’un fonds de souveraineté de 75 milliards de FCFA par an et que ses proches organisent la curée de l’Etat, la majorité des Ivoiriens broient du noir. Alors que son entourage donne dans la jouissance, le luxe et le lucre, le citoyen lambda à qui Gbagbo devait apporter le bien- être, peine à manger, à se soigner et à se loger. Avec l’avènement de Gbagbo, c’est la bipolarisation de la société ivoirienne. Les nouveaux riches et rassasiés dans le camp présidentiel et les pauvres et les affamés dans le peuple. Face à un tel tableau, on comprend aisément que Laurent Gbagbo éprouve peu d’égard pour ses concitoyens. De sa tour d’Ivoire, son pouvoir ne voit pas les souffrances du peuple. Il peut donc prendre tout son temps, pour tenir la présidentielle attendue pour donner un nouveau souffle à la Côte d’Ivoire.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga