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Politique Publié le jeudi 3 décembre 2009 | Notre Voie

Laurent Gbagbo sur France 24: "L’opposition est maîtresse de la Commission électorale"

Le président de la République a accordé, hier, une interview à France 24. Laurent Gbagbo s’est prononcé sur la non-tenue de la présidentielle le 29 novembre dernier, sur le désarmement. Il est également revenu sur le comportement des autorités françaises au plus fort de la crise et sur l’affaire Guy André Kieffer. Notre Voie publie l’intégralité de cet entretien. France 24 : Pourquoi les Ivoiriens n’ont-ils pas voté dimanche dernier ? L.G. : Ce n’est pas à moi qu’il faut poser cette question. Vous savez, il y a une erreur qu’on commet souvent dans les démocraties d’Europe occidentale. On croit que toutes les institutions se ressemblent. Chez nous ici, ce n’est ni le gouvernement ni le président de la République qui organise les élections. Ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui organise les élections. C’est la Commission électorale indépendante. Elle accueille tous ceux qui veulent la rencontrer, tous ceux qui veulent parler avec elle. Je sors d’une réunion d’ailleurs avec le président de la Commission électorale indépendante sur la sécurisation des élections à venir. Donc elle est prête à discuter avec tout le monde. Mais, en se trompant de cible, c’est là que souvent des femmes et des hommes en Europe font fausse piste. France 24 : En l’occurrence ces critiques ne viennent pas de l’Europe, mais de l’opposition ivoirienne qui accuse la mouvance présidentielle de vouloir faire traîner les choses. L.G. : Non, laissez l’opposition ivoirienne là où elle est. Elle sait que ce qu’elle dit est faux. Puisque c’est l’opposition ivoirienne qui est maîtresse de la Commission électorale indépendante… La Commission électorale indépendante a été formée par les partis politiques issus des discussions de Marcoussis. Et nous avons pris cette décision à Pretoria pour calmer l’opposition qui était très excitée. Mes partisans sont un tiers dans la Commission électorale indépendante et ceux qui se disent opposition, mais qui ne le sont pas en réalité, sont deux tiers. Je peux vous dire que le président de la Commission électorale indépendante est issu du PDCI-RDA. France 24 : Et le vice-président est du FPI ? L.G. : Non, je dis bien le président de la Commission électorale indépendante est membre du PDCI-RDA. Il a été élu par l’ensemble. Donc il a eu la majorité. Ce qui démontre bien ce que je suis en train de vous expliquer. Ils sont plus nombreux que nous. Donc ce n’est pas un problème. Si ceux qui se disent opposition aujourd’hui parlent, c’est parce qu’il faut dire quelque chose. France 24 : A quand la date des élections ? L.G. : Je n’en sais rien. Allez demander à la Commission électorale indépendante ! France 24 : Mais vous êtes également candidat ? L.G. : Ah oui, comme les autres candidats. France 24 : Cette élection pour vous, c’est une question de jours, de mois, de semaines ? L.G. : Monsieur, je vous recommande d’aller interroger le président de la Commission électorale indépendante, il s’appelle Beugré Mambé. Il vous recevra très gentiment. Il vous donnera des indications pour que vous vous retrouviez. Nous les candidats, nous attendons. France 24 : Vos partisans s’inquiètent. Ils disent qu’il ne faut pas aller aux élections tant qu’il n’ y a pas le désarmement. Que leur répondez-vous ? L.G. : Les observations sont partagées. J’observe que, hier, certains de mes partisans ont dit que nous voulons la fixation de la date des élections le plus tôt possible. C’est ça qui nous intéresse. C’est vrai que, dans un pays qui a connu la guerre, le problème de désarmement est toujours un problème central. On a connu ce débat au niveau de la Sierra Leone, au niveau du Liberia ; on l’a connu en RDC. Donc, quand un pays a connu la guerre, le problème de désarmement est toujours un problème. Nous prenons les précautions et là je viens de présider une réunion avec, outre le président de la CEI et quelques-uns de ses vice-présidents, toutes les forces de sécurité de Côte d’Ivoire pour voir comment organiser la sécurisation des élections. Une réunion qui s’est bien passée. France 24 : La réunion s’est bien passée. Vous êtes confiant pour ce qui est du processus ? L.G. : Oui, mais tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire sont très excités à l’idée d’aller très prochainement aux élections et sont très confiants. A commencer par les responsables de l’ONU, de la CEDEAO ; nous sommes tous confiants. Nous sortons d’un grand trou noir, et, aujourd’hui, nous voyons le bout du tunnel, nous voyons le jour. Nous sommes tranquilles, nous sommes heureux. France 24 : On voit le bout du tunnel pour ce qui est peut-être du processus, mais est-ce qu’on voit le bout du tunnel pour ce qui est du désarmement ? L.G. : Mais c’est notre affaire. Laissez-nous travailler, laissez-nous tranquilles ! Vous allez voir que nous allons aller aux élections tranquillement. France 24 : Pourtant l’accord de Ouagadougou prévoyait qu’il y aurait d’abord le désarmement, ensuite l’élection ? L.G. : Laissez-nous travailler ! C’est nous qui travaillons pour notre pays, dans notre intérêt. Nous savons ce que nous faisons. Je vous dis qu’il y aura élection sans guerre. C’est ça qui est important. France 24 : Monsieur le président, peut-être que les gens ne savent pas toujours de l’extérieur qu’en même temps qu’on obtient la carte d’électeur, beaucoup sont en train d’obtenir leur carte d’identité. Est-ce que ça va régler un problème qui était prépondérant auparavant, les gens qui s’accusaient entre eux de ne pas être ivoiriens ? L.G. : Oui ! France 24 : Est-ce que c’est important, cette histoire de carte d’identité ? L.G. : Oui, c’est important pour la vie de la nation. Ce que je remarque, c’est que beaucoup de gens en Côte d’Ivoire n’ont aucun papier. C’est ce que les échéances passées comme l’identification nous ont montré. Il y a beaucoup d’ivoiriens qui n’ont pas de papier. On a découvert, par exemple, que les gens de mon ethnie, qui ne sont pas les gens du nord du tout et qui habitent dans le quartier populaire d’Abobo-gare, sont pour la plupart sans papier. Ce n’est pas une question du nord, et donc n’importe qui peut s’attribuer le fait qu’“on ne me donne pas de papier parce que je suis ceci, je suis cela”. Mais les gens vivent sans papier. Il nous faut régler ce problème-là. C’est aujourd’hui que la Côte d’Ivoire se met à régler ce problème avec une identification généralisée. Nous allons y arriver et nous y arriverons. Donc tous ceux qui seront inscrits sur la liste électorale auront en même temps leur carte d’identité nationale. C’est ça aussi qui fait courir beaucoup de fraudeurs. Mais je dis à ceux qui ne sont pas ivoiriens et qui veulent avoir une carte d’identité ivoirienne de venir déposer leur dossier et que le président de la République que je suis n’a jamais refusé de donner la nationalité à qui que ce soit. J’ai toujours signé des décrets de naturalisation pour tous ceux qui l’ont demandé régulièrement. Ce n’est pas la peine de s’exposer aux foudres de la loi quand on peut obtenir légalement quelque chose. France 24 : Monsieur le président de la République, au plus fort des combats, il y avait un énorme ressentiment dans ce pays contre les français. Aujourd’hui, que pensent vos concitoyens de la France et des français ? L .G. : Moi, je n’en sais rien. Il y a eu des attitudes incompréhensibles. Le gouvernement français d’alors a eu une attitude très mauvaise par rapport à la Côte d’Ivoire. Je le dis tel que je le pense. Le gouvernement de Chirac et de Villepin qui était ministre des affaires étrangères, n’a pas été bien avec la Côte d’Ivoire. Ces temps sont en train d’être passés. Nous sommes en train d’avancer et nous avançons. France 24 : Il reste encore des choses à résoudre ? L.G. : Il reste toujours un ressentiment. Puisque quand il y a eu abcès, quand il y a purulence quelque part, il reste toujours des ressentiments. Mais la loi de la nature, c’est d’avancer et les avancées font disparaître petit à petit les ressentiments. France 24 : L’un de ces points d’accroc a été la disparition du journaliste Guy André Kieffer. Récemment, le procureur de la république a dit qu’il serait encore vivant. Qu’est-ce que vous pensez de cette thèse ? L.G : Mais, la disparition de Guy André Kieffer n’est pas un point d’accroc entre nous et le gouvernement français. Il y a des ivoiriens qui disparaissent en France et des français qui disparaissent en Côte d’Ivoire. En France, il y a tellement de gens qui disparaissent. Il y a la disparition du petit Grégory. Il y a plus de 25 ans. On parle de test d’ADN aujourd’hui. Ça la disparition de Guy André Kieffer, ce n’est pas un problème entre les gouvernements français et ivoirien. C’est un monsieur qui a disparu. Nous avons fait ce que nous pouvions pour le retrouver, on ne l’a pas retrouvé. Les français aussi essayent de le retrouver. Ce que je reproche au juge qui a le dossier en charge, ce n’est pas d’enquêter sur la disparition d’un français, c’est de vouloir politiser cette affaire qui n’en est pas une. Mais, si les juges qui ont ce dossier entre les mains veulent l’utiliser comme un instrument politique, alors je dis non et je me braque. Mais quoi de plus naturel que de chercher quelqu’un qui a disparu !

Propos recueillis par Dan Opéli, Benjamin Koré et Georges Toutoukpo (stagiaire)
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