Avant le Cadre permanent de concertation, le président du RDR a accordé une interview à la BBC. A nos confrères de la station anglaise, ADO a expliqué comment il entend mobiliser les 10.000 milliards de son programme de gouvernement.
La question du désarmement, le Fpi en a fait un préalable de la tenue des élections. Quel est votre point de vue là-dessus ?
ADO : Je ne voudrais pas rentrer dans ce débat. Je pense que le chef de l’Etat a signé un engagement avec le secrétaire général des Forces nouvelles. Des procédures ont été mises en œuvre pour le processus militaire. A ma connaissance, ces questions sont en train d’être réglées. Toutefois, nous pouvons constater que pour le démantèlement des milices, rien n’a été réglé. Je me réjouis que la question des grades ait été réglée. Nous voulons aller à des élections apaisées. Nous voulons que les résultats soient acceptés par tous. Nous voulons que les préalables cessent.
Aujourd’hui, le chef de l’Etat est candidat. Il a une double casquette ; il continue de faire des visites d’Etat avec les moyens de l’Etat. Est-ce que vous en avez parlé au CPC ?
ADO : Tout à fait. Nous l’avons publiquement relevé. Nous avons dit que nous n’étions pas d’accord avec l’utilisation unilatérale des médias d’Etat. Nous avons déploré que sous le couvert de visites d’Etat, le chef de l’Etat soit en train de battre campagne. Nous avons dit que pour que ces élections soient transparentes et équitables, il faut qu’il comprenne qu’il doit être conforme à ce qu’il disait quand il était dans l’opposition. Faire l’utilisation abusive des ressources de l’Etat doit cesser. Je suis serein, car s’il ne le fait pas, les Ivoiriens vont le sanctionner pour des manquements à sa parole et les engagements qu’il a pris envers le peuple ivoirien.
Vous êtes sur la liste des quatorze candidats retenus pour l’élection présidentielle. Votre réaction ?
ADO : Je crois que c’est une bonne chose. Le Conseil constitutionnel a statué sur la base du droit. Je pense que c’est une injustice qui a été réparée. Il était temps que les Ivoiriens et Ivoiriennes épris de paix et de justice se réjouissent. C’est un bon pas dans la bonne direction. Je souhaite que nous puissions avoir un pays démocratique et ouvert où l’injustice et l’arbitraire n’ont plus droit de cité.
Votre programme est chiffré à 10.000 milliards. Cela fait sourire vos adversaires. Pensez-vous que vos compatriotes adhèrent à votre programme ?
ADO : Je pense que les uns et les autres savent maintenant que les 10.000 milliards sont possibles. Déjà de 90 à 93 par la politique que j’ai menée en Côte d’Ivoire, j’ai pu mener des milliers de milliards qui ont servi à construire deux universités, des écoles, bitumer des routes ; j’ai indiqué que ces milliers de milliards seront financés par les ressources intérieurs, par une meilleure gestion – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – par la coopération internationale, les investissements des pays amis. Je signale que sur les 10.000 milliards, j’attends 2.500 milliards du secteur privé dans l’investissement dans les mines, le pétrole. Par conséquent, je me dois d’expliquer à mes compatriotes que le plus important, c’est que les élections aient lieu pour que nous puissions nous mettre au travail.
IBK
Interview/ Hamed Bakayoko (DC chargé de la Jeunesse) :
“Les ADO Boys and Girls vont marquer la campagne”
Demain samedi, a lieu à Port-Bouët la sortie officielle d’un mouvement de soutien à la candidature d’Alassane Ouattara. Ce mouvement formé de jeunes de divers horizons et de diverses origines entend être un véritable véhicule pour charrier les valeurs qu’incarne l’ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny. Mais que renferme au juste le concept Ado Boys and Girls, appellation de ce mouvement. Nous avons interrogé le ministre Hamed Bakayoko, Directeur central de campagne du candidat Ouattara chargé de la jeunesse. Il explique.
Le Patriote : Vous êtes le Directeur central de campagne chargé de la jeunesse, du candidat Alassane Ouattara. Samedi, il y aura la sortie officielle des « ADO Boys and Girls ». Que renferme exactement cette appellation ?
Hamed Bakayoko : Tout en vous remerciant pour cette opportunité, je voudrais d’abord vous rappeler que le candidat Alassane Ouattara a été investi par son parti, le RDR. Dès le départ, le parti a confié sa candidature à la jeunesse ivoirienne. Nous constatons nous-mêmes dans cette période de précampagne électorale, que les Ivoiriens et les Ivoiriennes, dans un élan qui transcende les considérations partisanes, s’approprient cette candidature. Demain samedi, il s’agira d’investir un mouvement citoyen de jeunes, baptisé ADO Boys et ADO Girls. Ce mouvement regroupe des jeunes gens de toutes origines et de toutes conditions, qui ont décidé d’être les véhicules de proximité les plus forts de la candidature du Dr Alassane Dramane Ouattara.
L.P. : Au-delà de ces jeunes, quel est le message qui sera donné aux Ivoiriens ?
H.B. : D’abord, le message de la vérité sur la gravité de la situation que vit le pays. Ensuite, celui de la responsabilisation de la jeunesse qui doit prendre conscience du devoir qu’elle a devant les enjeux et la problématique des élections à venir. La force d’une jeunesse, quoi qu’elle ait souffert de cette crise, s’inscrit dans ce qu’elle est capable de faire. La plus grande gloire n`est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute, disait Confucius. Il faut donc que les jeunes réalisent l’importance qu’eux-mêmes représentent en tant que jeunes et en tant qu’acteurs, devant participer à la prise en compte de leurs préoccupations premières. Il s’agira donc, à travers ce mouvement, d’investir toute la Côte d’Ivoire. Ces jeunes ont envie de faire du porte-à-porte, de visiter des familles, d’animer des discussions dans de petits cercles, pour porter le message et la nouvelle espérance que représente la candidature du Dr. Ouattara pour la Côte d’Ivoire. Ils ont décidé de ne plus subir un choix politique, mais non seulement d’en être les acteurs, mais de le partager avec toute la nation.
LP : Vous avez parlé d’un mouvement citoyen. Est-ce à dire que le message dont il est question n’a pas suffisamment été porté par les jeunes de votre parti ?
HB : Ah, si, bien au contraire. Et il faut rendre hommage à la jeunesse du RDR, le RJR et à son président Karamoko Yayoro qui d’ailleurs est en tournée à l’intérieur du pays au moment où je vous parle (l’entretien a été réalisé hier jeudi, ndlr). Il faut rendre hommage au travail de tous ces jeunes qui ont mené de haute lutte, la bataille durant ces longues années. Ce n’est pas rien si Djéni Kobina, le premier Secrétaire général du parti, les avait baptisés les Grenadiers voltigeurs, en référence aux combattants d’élite responsables des actions de choc au contact de l’adversaire, dans l’histoire militaire. Le degré d’engagement des jeunes du RDR ne peut être mis en doute par personne. Mais, nous sommes de plain-pied dans un processus électoral. Les élections ont une dimension et des implications beaucoup plus larges que le cadre et l’organisation des partis politiques. C’est pourquoi, le RJR lui-même, à l’occasion du meeting de Yopougon le 9 mai dernier, a demandé qu’une base plus large de la jeunesse porte la candidature du président avec elle. Donc les jeunes du RDR ne sont pas en dehors, ils sont pleinement intégrés. Là, il s’agit de porter un mouvement dans un cadre qui va au-delà du RDR
LP : A vous entendre, « ADO Boys and Girls » est un mouvement transversal qui va au-delà des considérations ethnique, politique et religieuse.
H.B. : Tout à fait. Et notre vision, c’est qu’on a trop embrouillé le débat politique ivoirien avec ces notions partisanes et partiales. Aujourd’hui, il faut le reconnaître, les jeunes constituent la cible la moins sensible à ces questions. Ils se fréquentent au-delà des ethnies, des religions. Les jeunes se marient d’une façon très ouverte. Les jeunes sont beaucoup ouverts et c’est une chance. Donc il faut veiller à ce que la jeunesse ne rentre pas dans ces considérations qui n’ont fait que retarder le pays. Les enjeux de la Côte d’Ivoire, c’est que le pays est dans une situation difficile, marquée par un niveau de pauvreté élevée, le chômage est élevé. Selon le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), le taux de pauvreté est de 48, 9%. Un Ivoirien sur deux gagne moins de 500 FCFA par jour. On parle de plus 4 millions d’Ivoiriens chômeurs et principalement des jeunes qui ont envie d’avoir un avenir. Ce sont là, les problèmes de la jeunesse. Les jeunes doivent donc veiller à ce que les solutions, les programmes qu’on leur propose répondent à ces problématiques et, y apportent des solutions.
Dans le programme du Dr. Ouattara, il y a un volet important sur la relance de l’Economie pour résorber le chômage. Parce qu’une jeunesse qui est au chômage est un danger pour le pays. Une jeunesse qui n’est pas prise en compte est un danger pour l’avenir du pays. La politique de la manipulation de la jeunesse nous rattrape toujours. On a, pendant trop longtemps, manipulé les jeunes qui ont vu que leur situation concrète n’a pas changé. Il y a des jeunes qui se sont engagés, de bonne foi, dans des combats depuis bientôt huit ans. Mais concrètement rien n’a changé dans leur vie. C’est à ces choses-là qu’on veut apporter des solutions. Aujourd’hui, cette investiture est très étendue.
L.P. : Qu’est ce qui peut dans le programme que propose le Dr. Ouattara attirer un jeune qui se sentirait concerné par ce concept ?
H.B. : La question se pose autrement. Bilan contre bilan, qu’ont fait les autres pour la jeunesse ? Ils n’ont jamais rien fait de concret pour les jeunes. C’est très important de le dire, et c’est très important de le souligner. On a engagé les jeunes dans des controverses populistes, faisant croire que leur pays était en danger, et qu’il fallait qu’ils se redressent au nom de la dignité, parce qu’on veut leur voler leur pays, etc. Ce sont des concepts populistes qui ont marché dans certains pays. Mais, concrètement, qu’ont-ils fait pour les jeunes ? Qu’est-ce qu’ils ont eu en retour ? Je crois que c’est une des questions qu’il faut se poser. Concernant le président Ouattara, son engagement en politique a été marqué par des actions concrètes de développement. Il est arrivé en Côte d’Ivoire pour sauver une situation délétère et catastrophique en 1990. Et pendant ces trois petites années où il a dirigé le gouvernement ivoirien, il a pris des initiatives importantes pour la jeunesse. Au niveau de l’Education, c’est lui qui a construit l’université d’Abobo Adjamé et celle de Bouaké, ainsi que les UFR de Daloa et de Korhogo. Ce sont encore ces acquis qui permettent aux étudiants de continuer leur formation dans les conditions que nous estimons difficiles. L’initiative pour l’emploi c’est lui, la reprise en main de l’économie globale a permis à la Côte d’Ivoire de se stabiliser. Donc déjà au niveau du passé, il a fait ses preuves. Quand un candidat vient nous dire je vais faire ceci ou cela pour vous, nous les jeunes, nous devons lui demander : qu’est-ce qu’il a déjà fait pour nous et qu’est-ce qui peut faire ? Je m’étonne souvent que cela fasse l’objet de débats. Il est évident que le candidat Ouattara est le seul capable de redresser ce pays. Même la crise politique que nous vivons, a sa racine qui est économique. C’est parce que les jeunes sont en difficulté, ont tous les problèmes que ce pays a connu les péripéties. Qui peut régler aujourd’hui les problèmes économiques de la Côte d’Ivoire ?
On a connu l’ère de l’indépendance avec les Pères-fondateurs, où l’accent était mis sur la consolidation de l’unité nationale, la construction des nations naissantes par les arrangements politiques. Ensuite on a connu et on connaît depuis quelques années des problèmes économiques graves. Un chef d’Etat qui n’a pas la vision économique, la capacité de trouver des solutions pour que les enfants de son pays aient à manger, aient une meilleure école, ne peut pas faire l’affaire. Aujourd’hui, des principaux candidats, celui qui a baigné dans cet environnement de redressement des pays en difficulté, qui a une expérience qui va au-delà de nos pays africains, dans le monde, qui a la capacité de voir ce qui a marché dans certains pays et qu’on peut exporter en Côte d’Ivoire et qui est travailleur, qui a l’expérience et une volonté politique d’agir, c’est le président Ouattara. La vraie question, c’est de savoir si on est capable d’avoir un vrai débat sur les élections en Côte d’Ivoire, puisqu’il nous faut sortir des préjugés de faux débats. Il faut qu’on dépollue le débat politique. S’il est dépollué, je ne vois pas comment il peut y avoir match.
L.P. : Il y a pourtant beaucoup d’écueils sur ce chemin...
H.B. : Pour que cela se réalise, il faut que le pays soit confié à des hommes et des femmes dirigés par un chef qui incarne en lui la rigueur au travail, l’expertise dans la gestion, une grande vision stratégique, économique, culturelle et sociale. Bref un chef qui soit un adepte de la bonne gouvernance. Vous savez, on pourra tourner en rond, faire de la manipulation, mais tant qu’on n’aura pas régler ces problèmes, on restera dans des crises cycliques. Si on veut que notre pays sorte de cette situation, que les jeunes ne soient pas abandonnés, il faut reconnaître aujourd’hui que nous avons dans la famille un des fils qui est l’homme providentiel, l’homme clé.
La situation est difficile. Je sens les choses bouger. Je vois beaucoup de jeunes se rapprocher de moi, qui me disent : « je ne suis pas RDR, mais, on ne s’en sort plus. Nous sommes au chômage, on veut une solution. Et Ouattara est l’homme de la situation. On a dépassé les considérations selon lesquelles il n’est pas ivoirien, il n’est pas ceci, il n’est pas cela. C’était de l’intoxication. Ce qu’on veut aujourd’hui, c’est avoir à manger, on veut éduquer nos enfants, s’occuper de nos parents ». Et Ouattara est le seul candidat qui a un programme cohérent, chiffré région par région, secteur par secteur. Déjà, c’est le premier qui a porté le débat sur la dimension des programmes politiques, dans les standards de ce qu’on voit dans les grandes démocraties. Un programme chiffré sur lequel il s’engage et sur lequel on peut le juger quelques années après pour savoir s’il a atteint ses objectifs. Il faut sortir de la politique des discours creux et populistes, des dogmes, juste pour endoctriner les jeunes. Des discours qui souvent, n’ont pas de sens. A y voir clair, on sent que ce sont des discours d’animation qui amusent. Fondamentalement, on n’apprend rien sur les problèmes du pays.
L.P. : Il y a quelques semaines, l’un des candidats, le président Gbagbo a organisé un meeting avec les jeunes où il a signé un pacte. Il a dit que depuis 9 ans, les jeunes et lui font un. N’êtes-vous pas un peu jaloux de cela ?
H.B. : Le Président Gbagb reconnait souvent ce qui bien. Quand quelque chose est bien, il le reconnaît et mieux, il essaie de le copier. Il disait récemment d’Alassane Ouattara qu’il est « brillant et travailleur ». Il l’apprécie si bien qu’il veut faire comme lui. Convenez avec moi que c’est une copie, certes un peu pâle, de ce que nous avons fait à la place FICGAYO, notamment dans les engagements que le président Ouattara a pris avec les jeunes. Comme vous le savez, aucune copie ne peut égaler l’originale. Pour répondre sérieusement à votre question, sachez que le Président Gbagbo est président depuis 2000. Qu’est-ce qu’il a fait pour la jeunesse ivoirienne ? Il y a tellement de jeunes qui se sont engagés dans son combat et qui ont été des martyrs, qui ont été dans toutes les marches, mais, qui concrètement voient qu’on ne leur promet que des lendemains qui chantent alors que leur vie ne s’améliore pas. Au contraire, tout s’écroule autour d’eux. Certains continuent de crier l’ingratitude car, handicapés à vie, ils ne reçoivent aucune compassion, aucun soutien. Vous allez les entendre samedi. Beaucoup d’entre eux nous ont rejoints. A part quelques uns des leaders dont la vie a changé, rien n’a évolué.
J’espère qu’on aura le débat sur la guerre, mais, elle a bon dos. Le président Gbagbo dit que le pays est resté débout pendant cette situation. Pendant ce temps, beaucoup de choses ont été faites dans ce pays. Il y a eu de grands détournements qu’on aurait pu éviter, de la gabegie qu’on aurait pu empêcher. Il y a eu un laisser-aller dans certains domaines qu’on aurait pu empêcher pour permettre à la Côte d’Ivoire d’être plus forte, afin de créer la confiance chez les investisseurs pour qu’ils maintiennent leurs investissements. Mais, on a fait le contraire. Aujourd’hui, ces jeunes-là se sentent trahis. Vous verrez à quelle fréquence ils nous rejoignent. On les effraie, on les intimide, mais, ils comprennent qu’on les a manipulés, qu’on s’est servi d’eux. Ce sont eux qui ont donné leur poitrine et en retour, on les a abandonnés. Bien souvent, il n’y a même pas une attention pour les parents des victimes, comme ceux des événements de novembre 2004. Même à l’ouest, ceux qui ont combattu la cause de Gbagbo crient à la trahison. Lors de sa visite à Toulepleu, ADO a rassuré ces jeunes. Il leur a dit qu’il a un avenir pour chacun d’eux, en dehors de la violence. Je ne peux donc pas concevoir aujourd’hui qu’un jeune affranchi de toutes les manipulations, ne puisse pas faire le choix objectif de porter l’espérance au niveau de la Côte d’Ivoire par la victoire du Docteur Alassane Dramane Ouattara.
L.P. : On a vu lors de la présidentielle aux Etats-Unis que les jeunes ont beaucoup contribué à l’élection du président Obama par la proximité avec les populations. Est-ce à dire que vous allez demander du porte-à-porte aux jeunes ou autre chose ?
H.B. : Ecoutez, les jeunes vous diront eux-mêmes le mode de fonctionnement. Comme je l’ai dit, c’est un mouvement citoyen de mobilisation, de proximité. Ils vont être dans toutes les rues d’Abidjan, de la Côte d’Ivoire. Ils vont faire du porte-à-porte pour partager avec les gens leurs convictions, leurs angoisses. Ils vont supplier les gens de donner une vraie chance à ce pays qui est en danger. Les questions qui nous attendent, sont des enjeux d’un tel degré qu’on ne peut pas se permettre de rester dans des considérations ethniques, religieuses ou politiques. Il faut voir quel est l’intérêt de la Côte d’Ivoire, quels sont ceux qui sont par leur expérience, leur nature, leur compétence, capable d’apporter des solutions. Il faut dépasser les préjugés. C’est vrai qu’aux Etats-Unis, nous avions une situation similaire à celle de la Côte d’Ivoire. Il y a des moments dans l’histoire des peuples, où il faut un sursaut qui dépasse les sentiments, la famille, la religion. Pour la Côte d’Ivoire, il faut un sursaut de la jeunesse. Aux Etats-Unis, Barack Obama a été élu parce que les Américains de droite comme de gauche, des Démocrates comme les Républicains ont compris qu’il s’agissait du destin de leur nation. Ils étaient confrontés à une grave crise économique, ils avaient une crise de relation diplomatique avec le reste du monde. L’homme de la situation, c’était Obama. Ils n’ont pas regardé la couleur, l’ethnie. Même certaines régions dont ces critères avaient bâti la réputation, ont fini par céder face à la réalité de la situation. L’histoire l’a montré, le changement est souvent irréversible. Et la Côte d’Ivoire, vit la même atmosphère. Vous, jeunes patriotes qui aviez détesté Ouattara, à qui on a montré des choses, la vraie question que vous devez vous poser, seuls devant votre miroir, c’est : qu’est-ce que nous voulons que la Côte d’Ivoire soit demain ? Et qui est-ce qui peut porter une nouvelle espérance de ce pays avec au cœur de sa politique, l’intérêt de la jeunesse, c’est à dire la réduction de la pauvreté, du chômage, l’instauration d’un meilleur système de santé et d’éducation ? Ces jeunes que nous avons sentis très volontaires, vont faire tâche d’huile. Les ADO boys and Girls vont marquer la campagne. Ils vont la porter dans une dimension nouvelle. Les ADO boys and Girls seront un mouvement dont on entendra parler pendant cette campagne.
L.P. : Y a-t-il des valeurs concernant la personnalité du candidat Ouattara que doivent véhiculer les ADO boys and Girls en eux-mêmes et dans les messages qu’ils vont donner ?
H.B. : Il faut que les jeunes comprennent que leur destin, c’est d’abord eux-mêmes. Donc, le travail, la rigueur, la ponctualité, le respect des aînés. On ne peut vendre un candidat si on ne croit en des valeurs qu’il porte en lui. ADO est un gagneur. Je vous rappelle qu’en 1992, c’est lui qui a remporté la Coupe d’Afrique des nations de football, la seule que notre pays n’ait jamais remportée. Son prochain challenge sera de créer les conditions pour que Didier Drogba et ses coéquipiers de l’équipe nationale de football, donnent du baume au cœur des Ivoiriens lors de la campagne pour la mondial sud-africain.
ADO est une personnalité d’excellence : C’est bien lui qui a accueilli ici la star planétaire de la pop music, Michael Jackson, pour son unique passage en, terre ivoirienne. Avec lui, notre pays était respecté. Ce sont ces valeurs qu’incarne le président Ouattara, que tout adepte du concept « ADO boys and girls » doit partager et promouvoir autour de lui, avec sa famille, ses parents, ses amis. Ces jeunes doivent êtres des modèles de ce que la Côte d’Ivoire a comme ressources humaines pour les défis de demain. Ils doivent avoir le goût du travail et la passion pour notre pays. Rien de grand, a dit Hegel, ne s`est accompli dans le monde sans passion. L’avenir appartient aux jeunes et ils peuvent changer le cours de l’Histoire négative qui s’écrit sous leurs yeux depuis dix ans.
L.P. Quel message à l’endroit de la jeunesse qui attend l’événement ?
H.B. : Je lance un appel à la jeunesse. Il s’agit pour tous les jeunes de Côte d’Ivoire de prendre leurs responsabilités, de ne pas s’abandonner. Si les jeunes s’abandonnent, ils négligent le pays. La jeunesse n’a pas le droit d’abandonner la Côte d’Ivoire. Elle doit aujourd’hui sortir des sentiers où on lui a fait miroiter des choses et voir concrètement ce qui peut changer positivement son destin. Si la jeunesse comme nous la sentons, prend ses responsabilités, impose la prise en compte de ses préoccupations, des solutions qui lui apportent quelque chose, notamment pour la résorption du chômage, pour une meilleure Education et une formation adéquate, les choses iront dans le bon sens. On va finalement arriver à un débat serein. Sur ce terrain-là, nous allons, samedi déjà, déployer avec le candidat lui-même, les grandes idées, faire un zoom sur ses solutions pour les jeunes, comme on l’avait déjà fait pour le meeting de la place FICGAYO à Yopougon.
Réalisée par Charles Sanga
6ème réunion du cadre permanent de concertation (CPC)
Les secrets du huis-clos
Comment Gbagbo a été piégé
Ils avaient la lourde responsabilité d’arracher la tenue de l’élection présidentielle à Gbagbo, lors de la réunion de la 6e réunion du Cadre Permanent de Concertation (CPC) qui s’est tenue hier à Ouaga. Eh bien, ils l’ont réussi ! De fort belle manière. Selon nos sources, Laurent Gbagbo, comme il fallait le deviner aisément, s’est rendu à cet important rendez-vous avec la ferme volonté de ne point aller aux élections. Le candidat de la Refondation était tellement assis sur ses certitudes qu’il prévoyait les élections après l’épuisement du contentieux électoral. Comme nous l’avons d’ailleurs si bien révélé hier. Ainsi, il est sûr de demeurer encore à son poste étant donné que si l’on devait d’abord éplucher la question du contentieux, il fallait remettre les élections à la Saint glin-glin. Seulement voilà. Il avait peut-être tout prévu, sauf l’essentiel et le plus important. C’était sans compter sur la détermination des deux poids lourds de l’opposition. A savoir les présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. C’est d’ailleurs le candidat du PDCI qui a déjoué tous les plans de Gbagbo en lui portant le ‘’coup fatal’’. Nos interlocuteurs soutiennent que c’est le leader du PDCI qui, avec la volonté de Gbagbo de ne point aller aux élections, aurait fait cette remarque de taille, qui a fait basculer tout. Et affaibli Gbagbo. Bédié, avancent des indiscrétions, a touché au talon d’Achille du chef de file de la Refondation. En évoquant de prime à bord, la question du statut de l’actuel locataire du Palais présidentiel : «A quel titre est-il dans cette salle? Son mandat est terminé depuis».
Les élections pour ‘’fin février-début mars’’
Il n’en fallait pas plus pour que, désarçonné, Gbagbo baisse la garde. Car il est convaincu que s’il continuait dans sa logique de vouloir imposer son point de vue et de se comporter comme le candidat qui veut rester dans sa posture sans aller aux élections, il risquait gros. C’est donc ainsi qu’il aurait plié et accepté la tenue des élections pour ‘’fin février-début mars’’ comme le mentionne le communiqué final.
Mais les plus sceptiques pourraient rétorquer que Gbagbo peut avoir une marge de manœuvre dans la mesure où il n’a pas été clairement dit que les élections se tiennent à une date bien précise. Sur ce point, le RDR et le PDCI ont décidé de ne plus se laisser faire. Les deux partis, selon les informations en notre possession, pourraient travailler de plus en plus en étroite collaboration. A savoir, se réunir régulièrement, pour suivre comme du lait sur le feu, l’évolution du nouveau chronogramme contenu dans le dernier communiqué final du CPC. Et chacune des réunions sera très regardante sur les points du calendrier : «Si nous constatons que tel ou tel point n’a pas été respecté, nous allons le dénoncer et demander des explications à la CEI, qui est désormais le seul maître du processus électoral», argumente notre source. Avant de poursuivre : «Cette nouvelle stratégie, qui devrait d’ailleurs être proposée hier à l’occasion de la réunion de débriefing, a le mérite de mettre les militants des deux partis en confiance.
Mais aussi et surtout de susciter la peur dans le camp adverse. Car unis, le PDCI et le RDR font peur à Gbagbo». Les défenseurs de cette stratégie y tiennent tellement que pour eux, même s’il faut que le président du RDR se rende à Daoukro pour y rencontrer son aîné le président Henri Konan Bédié, il le fera.
Il reste maintenant la question de fond qui angoisse les Ivoiriens et les observateurs de la scène politique : Gbagbo va-t-il respecter sa signature ? Là dessus, on peut être plus ou moins sceptique quand on connaît la réputation de l’homme que le général Guéi a surnommé le “boulanger”
Pour le reste, le CPC d’hier s’est tenu, non pas au lieu habituel, à savoir à la Salle de conférence internationale de Ouaga 2000, mais au Palais de Kossyam, dans les tout nouveaux locaux de la Présidence de la République. La nouvelle ‘’Présidence du Faso’’, avec son architecture grandeur-nature, a suscité admiration et commentaires des invités. C’est un chef-d’œuvre.
Yves-M. ABET
Envoyé spécial à Ouaga
La question du désarmement, le Fpi en a fait un préalable de la tenue des élections. Quel est votre point de vue là-dessus ?
ADO : Je ne voudrais pas rentrer dans ce débat. Je pense que le chef de l’Etat a signé un engagement avec le secrétaire général des Forces nouvelles. Des procédures ont été mises en œuvre pour le processus militaire. A ma connaissance, ces questions sont en train d’être réglées. Toutefois, nous pouvons constater que pour le démantèlement des milices, rien n’a été réglé. Je me réjouis que la question des grades ait été réglée. Nous voulons aller à des élections apaisées. Nous voulons que les résultats soient acceptés par tous. Nous voulons que les préalables cessent.
Aujourd’hui, le chef de l’Etat est candidat. Il a une double casquette ; il continue de faire des visites d’Etat avec les moyens de l’Etat. Est-ce que vous en avez parlé au CPC ?
ADO : Tout à fait. Nous l’avons publiquement relevé. Nous avons dit que nous n’étions pas d’accord avec l’utilisation unilatérale des médias d’Etat. Nous avons déploré que sous le couvert de visites d’Etat, le chef de l’Etat soit en train de battre campagne. Nous avons dit que pour que ces élections soient transparentes et équitables, il faut qu’il comprenne qu’il doit être conforme à ce qu’il disait quand il était dans l’opposition. Faire l’utilisation abusive des ressources de l’Etat doit cesser. Je suis serein, car s’il ne le fait pas, les Ivoiriens vont le sanctionner pour des manquements à sa parole et les engagements qu’il a pris envers le peuple ivoirien.
Vous êtes sur la liste des quatorze candidats retenus pour l’élection présidentielle. Votre réaction ?
ADO : Je crois que c’est une bonne chose. Le Conseil constitutionnel a statué sur la base du droit. Je pense que c’est une injustice qui a été réparée. Il était temps que les Ivoiriens et Ivoiriennes épris de paix et de justice se réjouissent. C’est un bon pas dans la bonne direction. Je souhaite que nous puissions avoir un pays démocratique et ouvert où l’injustice et l’arbitraire n’ont plus droit de cité.
Votre programme est chiffré à 10.000 milliards. Cela fait sourire vos adversaires. Pensez-vous que vos compatriotes adhèrent à votre programme ?
ADO : Je pense que les uns et les autres savent maintenant que les 10.000 milliards sont possibles. Déjà de 90 à 93 par la politique que j’ai menée en Côte d’Ivoire, j’ai pu mener des milliers de milliards qui ont servi à construire deux universités, des écoles, bitumer des routes ; j’ai indiqué que ces milliers de milliards seront financés par les ressources intérieurs, par une meilleure gestion – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – par la coopération internationale, les investissements des pays amis. Je signale que sur les 10.000 milliards, j’attends 2.500 milliards du secteur privé dans l’investissement dans les mines, le pétrole. Par conséquent, je me dois d’expliquer à mes compatriotes que le plus important, c’est que les élections aient lieu pour que nous puissions nous mettre au travail.
IBK
Interview/ Hamed Bakayoko (DC chargé de la Jeunesse) :
“Les ADO Boys and Girls vont marquer la campagne”
Demain samedi, a lieu à Port-Bouët la sortie officielle d’un mouvement de soutien à la candidature d’Alassane Ouattara. Ce mouvement formé de jeunes de divers horizons et de diverses origines entend être un véritable véhicule pour charrier les valeurs qu’incarne l’ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny. Mais que renferme au juste le concept Ado Boys and Girls, appellation de ce mouvement. Nous avons interrogé le ministre Hamed Bakayoko, Directeur central de campagne du candidat Ouattara chargé de la jeunesse. Il explique.
Le Patriote : Vous êtes le Directeur central de campagne chargé de la jeunesse, du candidat Alassane Ouattara. Samedi, il y aura la sortie officielle des « ADO Boys and Girls ». Que renferme exactement cette appellation ?
Hamed Bakayoko : Tout en vous remerciant pour cette opportunité, je voudrais d’abord vous rappeler que le candidat Alassane Ouattara a été investi par son parti, le RDR. Dès le départ, le parti a confié sa candidature à la jeunesse ivoirienne. Nous constatons nous-mêmes dans cette période de précampagne électorale, que les Ivoiriens et les Ivoiriennes, dans un élan qui transcende les considérations partisanes, s’approprient cette candidature. Demain samedi, il s’agira d’investir un mouvement citoyen de jeunes, baptisé ADO Boys et ADO Girls. Ce mouvement regroupe des jeunes gens de toutes origines et de toutes conditions, qui ont décidé d’être les véhicules de proximité les plus forts de la candidature du Dr Alassane Dramane Ouattara.
L.P. : Au-delà de ces jeunes, quel est le message qui sera donné aux Ivoiriens ?
H.B. : D’abord, le message de la vérité sur la gravité de la situation que vit le pays. Ensuite, celui de la responsabilisation de la jeunesse qui doit prendre conscience du devoir qu’elle a devant les enjeux et la problématique des élections à venir. La force d’une jeunesse, quoi qu’elle ait souffert de cette crise, s’inscrit dans ce qu’elle est capable de faire. La plus grande gloire n`est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute, disait Confucius. Il faut donc que les jeunes réalisent l’importance qu’eux-mêmes représentent en tant que jeunes et en tant qu’acteurs, devant participer à la prise en compte de leurs préoccupations premières. Il s’agira donc, à travers ce mouvement, d’investir toute la Côte d’Ivoire. Ces jeunes ont envie de faire du porte-à-porte, de visiter des familles, d’animer des discussions dans de petits cercles, pour porter le message et la nouvelle espérance que représente la candidature du Dr. Ouattara pour la Côte d’Ivoire. Ils ont décidé de ne plus subir un choix politique, mais non seulement d’en être les acteurs, mais de le partager avec toute la nation.
LP : Vous avez parlé d’un mouvement citoyen. Est-ce à dire que le message dont il est question n’a pas suffisamment été porté par les jeunes de votre parti ?
HB : Ah, si, bien au contraire. Et il faut rendre hommage à la jeunesse du RDR, le RJR et à son président Karamoko Yayoro qui d’ailleurs est en tournée à l’intérieur du pays au moment où je vous parle (l’entretien a été réalisé hier jeudi, ndlr). Il faut rendre hommage au travail de tous ces jeunes qui ont mené de haute lutte, la bataille durant ces longues années. Ce n’est pas rien si Djéni Kobina, le premier Secrétaire général du parti, les avait baptisés les Grenadiers voltigeurs, en référence aux combattants d’élite responsables des actions de choc au contact de l’adversaire, dans l’histoire militaire. Le degré d’engagement des jeunes du RDR ne peut être mis en doute par personne. Mais, nous sommes de plain-pied dans un processus électoral. Les élections ont une dimension et des implications beaucoup plus larges que le cadre et l’organisation des partis politiques. C’est pourquoi, le RJR lui-même, à l’occasion du meeting de Yopougon le 9 mai dernier, a demandé qu’une base plus large de la jeunesse porte la candidature du président avec elle. Donc les jeunes du RDR ne sont pas en dehors, ils sont pleinement intégrés. Là, il s’agit de porter un mouvement dans un cadre qui va au-delà du RDR
LP : A vous entendre, « ADO Boys and Girls » est un mouvement transversal qui va au-delà des considérations ethnique, politique et religieuse.
H.B. : Tout à fait. Et notre vision, c’est qu’on a trop embrouillé le débat politique ivoirien avec ces notions partisanes et partiales. Aujourd’hui, il faut le reconnaître, les jeunes constituent la cible la moins sensible à ces questions. Ils se fréquentent au-delà des ethnies, des religions. Les jeunes se marient d’une façon très ouverte. Les jeunes sont beaucoup ouverts et c’est une chance. Donc il faut veiller à ce que la jeunesse ne rentre pas dans ces considérations qui n’ont fait que retarder le pays. Les enjeux de la Côte d’Ivoire, c’est que le pays est dans une situation difficile, marquée par un niveau de pauvreté élevée, le chômage est élevé. Selon le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), le taux de pauvreté est de 48, 9%. Un Ivoirien sur deux gagne moins de 500 FCFA par jour. On parle de plus 4 millions d’Ivoiriens chômeurs et principalement des jeunes qui ont envie d’avoir un avenir. Ce sont là, les problèmes de la jeunesse. Les jeunes doivent donc veiller à ce que les solutions, les programmes qu’on leur propose répondent à ces problématiques et, y apportent des solutions.
Dans le programme du Dr. Ouattara, il y a un volet important sur la relance de l’Economie pour résorber le chômage. Parce qu’une jeunesse qui est au chômage est un danger pour le pays. Une jeunesse qui n’est pas prise en compte est un danger pour l’avenir du pays. La politique de la manipulation de la jeunesse nous rattrape toujours. On a, pendant trop longtemps, manipulé les jeunes qui ont vu que leur situation concrète n’a pas changé. Il y a des jeunes qui se sont engagés, de bonne foi, dans des combats depuis bientôt huit ans. Mais concrètement rien n’a changé dans leur vie. C’est à ces choses-là qu’on veut apporter des solutions. Aujourd’hui, cette investiture est très étendue.
L.P. : Qu’est ce qui peut dans le programme que propose le Dr. Ouattara attirer un jeune qui se sentirait concerné par ce concept ?
H.B. : La question se pose autrement. Bilan contre bilan, qu’ont fait les autres pour la jeunesse ? Ils n’ont jamais rien fait de concret pour les jeunes. C’est très important de le dire, et c’est très important de le souligner. On a engagé les jeunes dans des controverses populistes, faisant croire que leur pays était en danger, et qu’il fallait qu’ils se redressent au nom de la dignité, parce qu’on veut leur voler leur pays, etc. Ce sont des concepts populistes qui ont marché dans certains pays. Mais, concrètement, qu’ont-ils fait pour les jeunes ? Qu’est-ce qu’ils ont eu en retour ? Je crois que c’est une des questions qu’il faut se poser. Concernant le président Ouattara, son engagement en politique a été marqué par des actions concrètes de développement. Il est arrivé en Côte d’Ivoire pour sauver une situation délétère et catastrophique en 1990. Et pendant ces trois petites années où il a dirigé le gouvernement ivoirien, il a pris des initiatives importantes pour la jeunesse. Au niveau de l’Education, c’est lui qui a construit l’université d’Abobo Adjamé et celle de Bouaké, ainsi que les UFR de Daloa et de Korhogo. Ce sont encore ces acquis qui permettent aux étudiants de continuer leur formation dans les conditions que nous estimons difficiles. L’initiative pour l’emploi c’est lui, la reprise en main de l’économie globale a permis à la Côte d’Ivoire de se stabiliser. Donc déjà au niveau du passé, il a fait ses preuves. Quand un candidat vient nous dire je vais faire ceci ou cela pour vous, nous les jeunes, nous devons lui demander : qu’est-ce qu’il a déjà fait pour nous et qu’est-ce qui peut faire ? Je m’étonne souvent que cela fasse l’objet de débats. Il est évident que le candidat Ouattara est le seul capable de redresser ce pays. Même la crise politique que nous vivons, a sa racine qui est économique. C’est parce que les jeunes sont en difficulté, ont tous les problèmes que ce pays a connu les péripéties. Qui peut régler aujourd’hui les problèmes économiques de la Côte d’Ivoire ?
On a connu l’ère de l’indépendance avec les Pères-fondateurs, où l’accent était mis sur la consolidation de l’unité nationale, la construction des nations naissantes par les arrangements politiques. Ensuite on a connu et on connaît depuis quelques années des problèmes économiques graves. Un chef d’Etat qui n’a pas la vision économique, la capacité de trouver des solutions pour que les enfants de son pays aient à manger, aient une meilleure école, ne peut pas faire l’affaire. Aujourd’hui, des principaux candidats, celui qui a baigné dans cet environnement de redressement des pays en difficulté, qui a une expérience qui va au-delà de nos pays africains, dans le monde, qui a la capacité de voir ce qui a marché dans certains pays et qu’on peut exporter en Côte d’Ivoire et qui est travailleur, qui a l’expérience et une volonté politique d’agir, c’est le président Ouattara. La vraie question, c’est de savoir si on est capable d’avoir un vrai débat sur les élections en Côte d’Ivoire, puisqu’il nous faut sortir des préjugés de faux débats. Il faut qu’on dépollue le débat politique. S’il est dépollué, je ne vois pas comment il peut y avoir match.
L.P. : Il y a pourtant beaucoup d’écueils sur ce chemin...
H.B. : Pour que cela se réalise, il faut que le pays soit confié à des hommes et des femmes dirigés par un chef qui incarne en lui la rigueur au travail, l’expertise dans la gestion, une grande vision stratégique, économique, culturelle et sociale. Bref un chef qui soit un adepte de la bonne gouvernance. Vous savez, on pourra tourner en rond, faire de la manipulation, mais tant qu’on n’aura pas régler ces problèmes, on restera dans des crises cycliques. Si on veut que notre pays sorte de cette situation, que les jeunes ne soient pas abandonnés, il faut reconnaître aujourd’hui que nous avons dans la famille un des fils qui est l’homme providentiel, l’homme clé.
La situation est difficile. Je sens les choses bouger. Je vois beaucoup de jeunes se rapprocher de moi, qui me disent : « je ne suis pas RDR, mais, on ne s’en sort plus. Nous sommes au chômage, on veut une solution. Et Ouattara est l’homme de la situation. On a dépassé les considérations selon lesquelles il n’est pas ivoirien, il n’est pas ceci, il n’est pas cela. C’était de l’intoxication. Ce qu’on veut aujourd’hui, c’est avoir à manger, on veut éduquer nos enfants, s’occuper de nos parents ». Et Ouattara est le seul candidat qui a un programme cohérent, chiffré région par région, secteur par secteur. Déjà, c’est le premier qui a porté le débat sur la dimension des programmes politiques, dans les standards de ce qu’on voit dans les grandes démocraties. Un programme chiffré sur lequel il s’engage et sur lequel on peut le juger quelques années après pour savoir s’il a atteint ses objectifs. Il faut sortir de la politique des discours creux et populistes, des dogmes, juste pour endoctriner les jeunes. Des discours qui souvent, n’ont pas de sens. A y voir clair, on sent que ce sont des discours d’animation qui amusent. Fondamentalement, on n’apprend rien sur les problèmes du pays.
L.P. : Il y a quelques semaines, l’un des candidats, le président Gbagbo a organisé un meeting avec les jeunes où il a signé un pacte. Il a dit que depuis 9 ans, les jeunes et lui font un. N’êtes-vous pas un peu jaloux de cela ?
H.B. : Le Président Gbagb reconnait souvent ce qui bien. Quand quelque chose est bien, il le reconnaît et mieux, il essaie de le copier. Il disait récemment d’Alassane Ouattara qu’il est « brillant et travailleur ». Il l’apprécie si bien qu’il veut faire comme lui. Convenez avec moi que c’est une copie, certes un peu pâle, de ce que nous avons fait à la place FICGAYO, notamment dans les engagements que le président Ouattara a pris avec les jeunes. Comme vous le savez, aucune copie ne peut égaler l’originale. Pour répondre sérieusement à votre question, sachez que le Président Gbagbo est président depuis 2000. Qu’est-ce qu’il a fait pour la jeunesse ivoirienne ? Il y a tellement de jeunes qui se sont engagés dans son combat et qui ont été des martyrs, qui ont été dans toutes les marches, mais, qui concrètement voient qu’on ne leur promet que des lendemains qui chantent alors que leur vie ne s’améliore pas. Au contraire, tout s’écroule autour d’eux. Certains continuent de crier l’ingratitude car, handicapés à vie, ils ne reçoivent aucune compassion, aucun soutien. Vous allez les entendre samedi. Beaucoup d’entre eux nous ont rejoints. A part quelques uns des leaders dont la vie a changé, rien n’a évolué.
J’espère qu’on aura le débat sur la guerre, mais, elle a bon dos. Le président Gbagbo dit que le pays est resté débout pendant cette situation. Pendant ce temps, beaucoup de choses ont été faites dans ce pays. Il y a eu de grands détournements qu’on aurait pu éviter, de la gabegie qu’on aurait pu empêcher. Il y a eu un laisser-aller dans certains domaines qu’on aurait pu empêcher pour permettre à la Côte d’Ivoire d’être plus forte, afin de créer la confiance chez les investisseurs pour qu’ils maintiennent leurs investissements. Mais, on a fait le contraire. Aujourd’hui, ces jeunes-là se sentent trahis. Vous verrez à quelle fréquence ils nous rejoignent. On les effraie, on les intimide, mais, ils comprennent qu’on les a manipulés, qu’on s’est servi d’eux. Ce sont eux qui ont donné leur poitrine et en retour, on les a abandonnés. Bien souvent, il n’y a même pas une attention pour les parents des victimes, comme ceux des événements de novembre 2004. Même à l’ouest, ceux qui ont combattu la cause de Gbagbo crient à la trahison. Lors de sa visite à Toulepleu, ADO a rassuré ces jeunes. Il leur a dit qu’il a un avenir pour chacun d’eux, en dehors de la violence. Je ne peux donc pas concevoir aujourd’hui qu’un jeune affranchi de toutes les manipulations, ne puisse pas faire le choix objectif de porter l’espérance au niveau de la Côte d’Ivoire par la victoire du Docteur Alassane Dramane Ouattara.
L.P. : On a vu lors de la présidentielle aux Etats-Unis que les jeunes ont beaucoup contribué à l’élection du président Obama par la proximité avec les populations. Est-ce à dire que vous allez demander du porte-à-porte aux jeunes ou autre chose ?
H.B. : Ecoutez, les jeunes vous diront eux-mêmes le mode de fonctionnement. Comme je l’ai dit, c’est un mouvement citoyen de mobilisation, de proximité. Ils vont être dans toutes les rues d’Abidjan, de la Côte d’Ivoire. Ils vont faire du porte-à-porte pour partager avec les gens leurs convictions, leurs angoisses. Ils vont supplier les gens de donner une vraie chance à ce pays qui est en danger. Les questions qui nous attendent, sont des enjeux d’un tel degré qu’on ne peut pas se permettre de rester dans des considérations ethniques, religieuses ou politiques. Il faut voir quel est l’intérêt de la Côte d’Ivoire, quels sont ceux qui sont par leur expérience, leur nature, leur compétence, capable d’apporter des solutions. Il faut dépasser les préjugés. C’est vrai qu’aux Etats-Unis, nous avions une situation similaire à celle de la Côte d’Ivoire. Il y a des moments dans l’histoire des peuples, où il faut un sursaut qui dépasse les sentiments, la famille, la religion. Pour la Côte d’Ivoire, il faut un sursaut de la jeunesse. Aux Etats-Unis, Barack Obama a été élu parce que les Américains de droite comme de gauche, des Démocrates comme les Républicains ont compris qu’il s’agissait du destin de leur nation. Ils étaient confrontés à une grave crise économique, ils avaient une crise de relation diplomatique avec le reste du monde. L’homme de la situation, c’était Obama. Ils n’ont pas regardé la couleur, l’ethnie. Même certaines régions dont ces critères avaient bâti la réputation, ont fini par céder face à la réalité de la situation. L’histoire l’a montré, le changement est souvent irréversible. Et la Côte d’Ivoire, vit la même atmosphère. Vous, jeunes patriotes qui aviez détesté Ouattara, à qui on a montré des choses, la vraie question que vous devez vous poser, seuls devant votre miroir, c’est : qu’est-ce que nous voulons que la Côte d’Ivoire soit demain ? Et qui est-ce qui peut porter une nouvelle espérance de ce pays avec au cœur de sa politique, l’intérêt de la jeunesse, c’est à dire la réduction de la pauvreté, du chômage, l’instauration d’un meilleur système de santé et d’éducation ? Ces jeunes que nous avons sentis très volontaires, vont faire tâche d’huile. Les ADO boys and Girls vont marquer la campagne. Ils vont la porter dans une dimension nouvelle. Les ADO boys and Girls seront un mouvement dont on entendra parler pendant cette campagne.
L.P. : Y a-t-il des valeurs concernant la personnalité du candidat Ouattara que doivent véhiculer les ADO boys and Girls en eux-mêmes et dans les messages qu’ils vont donner ?
H.B. : Il faut que les jeunes comprennent que leur destin, c’est d’abord eux-mêmes. Donc, le travail, la rigueur, la ponctualité, le respect des aînés. On ne peut vendre un candidat si on ne croit en des valeurs qu’il porte en lui. ADO est un gagneur. Je vous rappelle qu’en 1992, c’est lui qui a remporté la Coupe d’Afrique des nations de football, la seule que notre pays n’ait jamais remportée. Son prochain challenge sera de créer les conditions pour que Didier Drogba et ses coéquipiers de l’équipe nationale de football, donnent du baume au cœur des Ivoiriens lors de la campagne pour la mondial sud-africain.
ADO est une personnalité d’excellence : C’est bien lui qui a accueilli ici la star planétaire de la pop music, Michael Jackson, pour son unique passage en, terre ivoirienne. Avec lui, notre pays était respecté. Ce sont ces valeurs qu’incarne le président Ouattara, que tout adepte du concept « ADO boys and girls » doit partager et promouvoir autour de lui, avec sa famille, ses parents, ses amis. Ces jeunes doivent êtres des modèles de ce que la Côte d’Ivoire a comme ressources humaines pour les défis de demain. Ils doivent avoir le goût du travail et la passion pour notre pays. Rien de grand, a dit Hegel, ne s`est accompli dans le monde sans passion. L’avenir appartient aux jeunes et ils peuvent changer le cours de l’Histoire négative qui s’écrit sous leurs yeux depuis dix ans.
L.P. Quel message à l’endroit de la jeunesse qui attend l’événement ?
H.B. : Je lance un appel à la jeunesse. Il s’agit pour tous les jeunes de Côte d’Ivoire de prendre leurs responsabilités, de ne pas s’abandonner. Si les jeunes s’abandonnent, ils négligent le pays. La jeunesse n’a pas le droit d’abandonner la Côte d’Ivoire. Elle doit aujourd’hui sortir des sentiers où on lui a fait miroiter des choses et voir concrètement ce qui peut changer positivement son destin. Si la jeunesse comme nous la sentons, prend ses responsabilités, impose la prise en compte de ses préoccupations, des solutions qui lui apportent quelque chose, notamment pour la résorption du chômage, pour une meilleure Education et une formation adéquate, les choses iront dans le bon sens. On va finalement arriver à un débat serein. Sur ce terrain-là, nous allons, samedi déjà, déployer avec le candidat lui-même, les grandes idées, faire un zoom sur ses solutions pour les jeunes, comme on l’avait déjà fait pour le meeting de la place FICGAYO à Yopougon.
Réalisée par Charles Sanga
6ème réunion du cadre permanent de concertation (CPC)
Les secrets du huis-clos
Comment Gbagbo a été piégé
Ils avaient la lourde responsabilité d’arracher la tenue de l’élection présidentielle à Gbagbo, lors de la réunion de la 6e réunion du Cadre Permanent de Concertation (CPC) qui s’est tenue hier à Ouaga. Eh bien, ils l’ont réussi ! De fort belle manière. Selon nos sources, Laurent Gbagbo, comme il fallait le deviner aisément, s’est rendu à cet important rendez-vous avec la ferme volonté de ne point aller aux élections. Le candidat de la Refondation était tellement assis sur ses certitudes qu’il prévoyait les élections après l’épuisement du contentieux électoral. Comme nous l’avons d’ailleurs si bien révélé hier. Ainsi, il est sûr de demeurer encore à son poste étant donné que si l’on devait d’abord éplucher la question du contentieux, il fallait remettre les élections à la Saint glin-glin. Seulement voilà. Il avait peut-être tout prévu, sauf l’essentiel et le plus important. C’était sans compter sur la détermination des deux poids lourds de l’opposition. A savoir les présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. C’est d’ailleurs le candidat du PDCI qui a déjoué tous les plans de Gbagbo en lui portant le ‘’coup fatal’’. Nos interlocuteurs soutiennent que c’est le leader du PDCI qui, avec la volonté de Gbagbo de ne point aller aux élections, aurait fait cette remarque de taille, qui a fait basculer tout. Et affaibli Gbagbo. Bédié, avancent des indiscrétions, a touché au talon d’Achille du chef de file de la Refondation. En évoquant de prime à bord, la question du statut de l’actuel locataire du Palais présidentiel : «A quel titre est-il dans cette salle? Son mandat est terminé depuis».
Les élections pour ‘’fin février-début mars’’
Il n’en fallait pas plus pour que, désarçonné, Gbagbo baisse la garde. Car il est convaincu que s’il continuait dans sa logique de vouloir imposer son point de vue et de se comporter comme le candidat qui veut rester dans sa posture sans aller aux élections, il risquait gros. C’est donc ainsi qu’il aurait plié et accepté la tenue des élections pour ‘’fin février-début mars’’ comme le mentionne le communiqué final.
Mais les plus sceptiques pourraient rétorquer que Gbagbo peut avoir une marge de manœuvre dans la mesure où il n’a pas été clairement dit que les élections se tiennent à une date bien précise. Sur ce point, le RDR et le PDCI ont décidé de ne plus se laisser faire. Les deux partis, selon les informations en notre possession, pourraient travailler de plus en plus en étroite collaboration. A savoir, se réunir régulièrement, pour suivre comme du lait sur le feu, l’évolution du nouveau chronogramme contenu dans le dernier communiqué final du CPC. Et chacune des réunions sera très regardante sur les points du calendrier : «Si nous constatons que tel ou tel point n’a pas été respecté, nous allons le dénoncer et demander des explications à la CEI, qui est désormais le seul maître du processus électoral», argumente notre source. Avant de poursuivre : «Cette nouvelle stratégie, qui devrait d’ailleurs être proposée hier à l’occasion de la réunion de débriefing, a le mérite de mettre les militants des deux partis en confiance.
Mais aussi et surtout de susciter la peur dans le camp adverse. Car unis, le PDCI et le RDR font peur à Gbagbo». Les défenseurs de cette stratégie y tiennent tellement que pour eux, même s’il faut que le président du RDR se rende à Daoukro pour y rencontrer son aîné le président Henri Konan Bédié, il le fera.
Il reste maintenant la question de fond qui angoisse les Ivoiriens et les observateurs de la scène politique : Gbagbo va-t-il respecter sa signature ? Là dessus, on peut être plus ou moins sceptique quand on connaît la réputation de l’homme que le général Guéi a surnommé le “boulanger”
Pour le reste, le CPC d’hier s’est tenu, non pas au lieu habituel, à savoir à la Salle de conférence internationale de Ouaga 2000, mais au Palais de Kossyam, dans les tout nouveaux locaux de la Présidence de la République. La nouvelle ‘’Présidence du Faso’’, avec son architecture grandeur-nature, a suscité admiration et commentaires des invités. C’est un chef-d’œuvre.
Yves-M. ABET
Envoyé spécial à Ouaga