Il était dans le tempo des « Ado boys and girls ». Au double plan vestimentaire et langagier. Il était 12h 20 quand le Dr Alassane Dramane Ouattara a fait son entrée, samedi dernier, au stade Seyni Fofana de Port Bouët, dans une ambiance indescriptible. Habillé d’un pantalon chasseur et d’un blouson « parka » bleus, d’un polo orange, d’une casquette orange et blanc et de souliers mocassins, le candidat des républicains a communié avec les nombreux jeunes venus lui témoigner leurs soutien et engagement dans le cadre de l’élection présidentielle, fin février début mars. En prenant la parole devant des milliers de jeunes ayant créé une véritable marée orange, Ouattara s’est exprimé en anglais, devant ses hôtes, tellement il était heureux de la grande mobilisation et de la qualité de l’assistance. « Thanks you, Thanks you. Yes, we can and we will win », a-t-il lâché dans la grande joie de ses filleuls. De prime abord, ADO a tenu à rassurer ses jeunes partisans sur la tenue très prochaine de l’élection présidentielle : « je suis rentré du CPC. Cette fois-ci, plus de report. L’élection aura lieu fin février, début mars et nous aurons un nouveau président au Palais ». En toute logique, le patron du RDR a traduit la parfaite symbiose existant entre lui et l’ensemble des jeunes de Côte d’Ivoire. « Chers jeunes, j’ai confiance en vous parce que la Côte d’Ivoire a trop souffert ces derniers temps. Je suis aussi jeune que chacun de vous. Je suis le candidat de la jeunesse. Je suis le candidat de la modernité, du changement ». Avant de faire l’amer constat de l’état du pays, avec la gestion hasardeuse du FPI : « les problèmes des jeunes sont effroyables. Je ne suis pas d’accord que tant de jeunes soient au chômage. Ces refondateurs ont fondu la Côte d’Ivoire. Ils ont sacrifié nos jeunes. Il n’y a plus de moralité dans la classe dirigeante de notre pays. La moralité a été mise au second plan de leurs préoccupations. » Avant de clouer au pilori les arguties bien fallacieux de Gbagbo et de ses hommes, pour masquer leur incapacité à gérer le pays. « Dans les semaines à venir, nous allons entendre beaucoup de choses. Est-ce qu’il y a eu une guerre en Côte d’Ivoire ? A l’intérieur oui mais pas à Abidjan. Il n’y eu que les escadrons de la mort. Qu’on arrête de nous dire que la guerre a fait ceci, a fait cela. Qu’il vienne nous dire ce qu’ils ont fait en dix ans », a martelé l’unique Premier ministre de Félix Houphouët Boigny. Malgré ce tableau sombre, Ouattara demande aux jeunes de ne pas désespérer pour autant : « cette situation n’est pas une fatalité. Les temps sont durs, je le sais. Il y a le chômage, la dépravation des mœurs, la prostitution, tous ces maux qui vous ont été imposés par la refondation… Il faut quelqu’un qui a de l’expérience pour changer la Côte d’Ivoire… C’est pourquoi, j’ai choisi d’être candidat. C’est moi qui viens me mettre à votre disposition parce que j’ai des solutions ». Ironisant devant l’engagement signé que Laurent Gbagbo a présenté théâtralement aux jeunes dernièrement à Yopougon, en promettant de susciter huit cents cinquante mille emplois, après que lui ai proposé de créer un million d’emplois en cinq ans, Alassane Ouattara s’est adressé ainsi à ses hôtes : « Tout le monde sait que je n’ai pas besoin de m’asseoir pour signer quelque chose pour le respecter. Quand je prends un engagement, je le respecte. Je vous fais confiance et vous me faites confiance… C’est pour cela que quand je dis quelque chose, on me copie. Donc qu’on me laisse la place pour que je travaille ». Dans sa ferme volonté de gagner la présidentielle dès le premier tour, Ouattara a confié une mission à ses filleuls, issus pour la plupart du FPI et de la galaxie patriotique : « Une campagne présidentielle est une campagne de proximité. C’est en cela que j’ai besoin de vous. Que vous allez partout, et dire que nous croyons au programme qu’ADO propose et nous vous demandons de voter pour lui. Pour qu’il passe dès le premier tour… Vous êtes notre fierté. Dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire, il faut que le changement dont nous avons besoin, arrive. Tout est entre vos mains. La Côte d’Ivoire a besoin de vous et chacun de vous doit apporter sa contribution. Au cours de cette rencontre, le leader des républicains, dans la droite ligne du combat qu’il n’a cessé de mener, a appelé de tous ses vœux, le retour de la paix dans notre pays, afin de pouvoir relever les nombreux défis qui se font jour. « Il faut la paix. Et elle passe par le pardon et la réconciliation. En ce qui me concerne, j’ai tout pardonné. Je veux qu’on tourne la page. Qu’on ferme le livre d’horreur de la Côte d’Ivoire, pour ouvrir des pages d’espoir », a-t-il conseillé à la classe politique et aux Ivoiriens. Pour lui, le symbole de cet espoir, ce sont les Eléphants qui se sont qualifiés pour la coupe du monde 2010 : « nous sommes tous derrière les Eléphants pour aller à la finale de la Coupe du Monde. Les Eléphants sont notre fierté. C’est l’intégration de la Côte d’Ivoire ». Autant le dire. A Port Bouët, comme partout il est passé, Alassane Ouattara a communié avec son peuple. Sans doute, dans cette grisaille sociale marquée par la mauvaise gouvernance des refondateurs, ses concitoyens voient en lui, « l’homme de la situation », pour faire renaitre le pays.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga