Dakoury Richard, membre de la galaxie patriotique : “Ouattara vit au-dessus de ses illusions”

Dakoury Richard, membre de la Dnca chargée de la Jeunesse s'ouvre à Le Temps avec la franchise qu'on lui connaît.
Quel commentaire pouvez-vous faire de la liste électorale provisoire ?
D'abord, je voudrais partir en amont. Il y a un constat qui a été fait. Dès le début de l'opération, la Cei n'a pas été claire parce qu'on parlait de l'enrôlement et de l'identification des populations. Donc dès le départ, beaucoup d'étrangers se sont fait enrôler. Il n'y a pas eu de précisions. Et c'est en ce moment -là qu'il y avait eu des problèmes entre les populations. Ensuite, que nous avons protesté et qu'il y a eu la précision demandant uniquement aux Ivoiriens, ceux qui sont en âge de voter d'aller se faire inscrire. Aujourd'hui, nous avons une liste provisoire catastrophique, parce qu'il y a beaucoup d'erreurs sur les noms. Certains ont leurs noms sur le Net, sur leur portable, on leur répond qu'ils sont sur la liste provisoire, alors qu'ils sont dans le contentieux. Il y a problème. Et enfin, le constat qui est fait aussi, c'est que beaucoup de personnes qu'on connait comme des étrangers sont sur la liste provisoire. Même ma propre mère est dans le contentieux. Vous comprenez que c'est n'importe quoi.
Il n'y a pas que les partisans de Gbagbo qui sont dans cette situation ?
Ah mais ce sont les partisans de qui ? Puisque le Rdr n'a encore rien dit et le Pdci aussi ne dit rien. D'ailleurs, ils sont pressés pour qu'on aille aux élections.
La France dit qu'on n'a pas besoin d'avoir une liste parfaite pour aller aux élections…
Oh mais ça, c'est la France. Un homme normal ne peut pas parler ainsi. Comment peut-on dire qu'on n'a pas besoin d'une liste parfaite pour aller aux élections ? Je suppose quand même que ce sont de grands intellectuels. Nous pensons que chez nous ici, il y aura une liste parfaite. Peut-être qu'en France, il n'y a pas de listes parfaites. Mais quand il dit dans le monde, je ne suis pas convaincu qu'il dit la vérité. Mais ici, vraiment, c'est flagrant. On n'a pas la même situation que la France. On sort petit à petit d'une crise. Et on veut bien sortir de la crise. Vous savez, les Africains et surtout les Ivoiriens sont très susceptibles. Donc, il faut faire en sorte qu'autour de cette liste définitive, il n'y ait pas de bavardages et de palabre. C'est tout ce que nous voulons, la France ne connait pas la crise que nous connaissons. Si eux, ils peuvent travailler dans l'approximation en France, ça c'est leur problème. Nous voulons ressembler à nous même, et nous voulons changer. Si eux, ils sont habitués à des listes incomplètes, en Afrique, nous-sommes tellement en retard que nous voulons aujourd'hui, commencer par être parfaits, même si la perfection n'est pas de ce monde. C'est pour cela que nous disons à la Cei de faire très attention, d'adopter la marche de la tortue.
A vous entendre, on a l'impression qu'il y a un danger à l'horizon, et que l'enrôlement a été fait au profit de l'opposition contre le pouvoir ?
Oui, vous savez, on a des informations. Les opposants ont toutes les listes de 2000 qu'ils ont sur cd. Et ces listes de 2000, ces personnes décédées, on leur attribue des ascendants, disons des enfants et ceux-là portent des noms. Ils leur ont fait des extraits à partir des personnes décédées. Mais vous savez, quand tu es sur la liste, les enfants qui sont en âge de voter automatiquement sont sur la liste aussi. Donc il y en a comme ça ceux à qui on a affecté beaucoup de noms et ça, on le sait aussi.
Pour vous, c'est un coup ?
C'est un coup. C'est de la comédie. Le travail n'a pas été fait proprement et je le dénonce. Tous les techniciens qui sont intervenus sur le croisement des fichiers ont fait un faux travail. Il faut le reconnaitre et il faut être honnête pour le dire, parce que quand on fait un travail, on prend le temps de le contrôler proprement et on le produit après, sans pression. Quelles que soient les pressions politiques, il faut faire sont travail consciencieusement. Mais là, il y a trop de rejets.
Que vous inspire l'opération "Wourou fato" initiée par le Pdci ?
D'abord, il faut expliquer ce que c'est que "wourou fato". Ça veut dire chien enragé. Donc un chien qui est fou. Ça veut même dire qu'ils n'ont pas de respect pour leurs militants. On leur demande de se transformer en fous, en chiens. C'est-à-dire des personnes qui ne sont pas capables d'émettre une opinion, des suiveurs. Vous voyez Bédié, Il n'a pas d'amis. Il a des suiveurs. Donc ses militants se transforment en chiens. C'est grave ! Ils ont signé le code de bonne conduite, mais aujourd'hui, ils sont en train de violer les textes qu'ils ont signés eux-mêmes. Les militants du Pdci sont très intelligents. Ce ne sont pas des “wourou fato”. Où sont-ils aujourd'hui ? L'opération a été un échec cuisant. Je pense qu'on n'en a pas besoin. Est-ce que les Ivoiriens vont confier leur pays à des “wourou fato” ? Parce que si les militants se transforment en “wourou fato”, ça veut dire que celui qui a lancé l'opération est le chef des “wourou fato”. Je m'inquiète pour la Côte d'Ivoire. En tout cas, les ivoiriens sont témoins qu'il y a des “wourou fato” qui veulent diriger le pays.
A Korhogo, Malick a été empêché de prendre la parole. Un commentaire ?
Je pense que Malick ne devrait pas être surpris. Tout le monde connait Amadou Gon. C'est quelqu'un qui n'est pas toujours lucide.
N'est-ce pas un peu trop fort ?
Un homme lucide, un homme normal ne peut pas se comporter ainsi contre son oncle. Au-delà de la politique, ce sont des frères de sang. Un ministre de la République, partout où il va, son poste le suit. Il doit être un exemple. C'est lui, le miroir de la société. Donc, un ministre qui se transforme en loubard, et qui agit brutalement, je suis convaincu qu'il n'était pas lucide. Dans la mesure où, non seulement, il est ministre, mais il est frère de Issa Malick. En le faisant, Amadou Gon ne sert pas Alassane. Au contraire, il le dessert.
Pour vous, qu'est-ce qui explique cette sortie ?
C'est une sortie de route. Il n'y a pas d'explication. C'est qu'Amadou Gon a peur d'Issa Malick. A Korhogo, il ne représente plus rien selon nos informations. Il est vomi. Je pense qu'en voulant agresser Issa Malick, il a travaillé pour lui sans qu'il ne le sache. Je voudrais lui dire merci. Il nous montre le vrai visage du Rdr. Les “wourou fato” d'un côté avec le Pdci, de l'autre côté, les loubards, les agresseurs publics. Les ivoiriens en ont pris acte. Mais pour nous, Issa Malick a fait un grand meeting après l'agression. Il a fait que le stade de Korhogo était plein. Les Sénoufo en avaient marre du comportement de Amadou Gon. Ils sont sortis massivement pour réserver un accueil très chaleureux à Malick. Donc, que Gon Coulibaly continue toujours de nous agresser. Nous, on montre que nous sommes aujourd'hui, des pacifiques et c'est la leçon qu'on veut donner au monde entier. Nous avons la carrure des hommes d'Etat. Et un homme d'Etat ne doit pas être agressif. Bien au contraire, son agressivité doit se sentir dans ses qualités, dans ses compétences face aux problèmes que la Côte d'Ivoire rencontre.
Par Guéi Brence, Yacouba Gbané
Coll : Roger Kassé