Le président Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, a accordé une interview à la chaîne Ard juste après son meeting à Anono, samedi dernier. Il a répondu sans faux-fuyants aux différentes questions qui lui ont été soumises.
Monsieur le président, une expression revient souvent chez les militants de votre parti, "nous sommes fatigués". L'un des délégués de Cocody l'a employé au meeting. Que traduit cette expression ?
Les années se succèdent sans élection. Les seules élections programmées, quand arrive l'échéance, il y a des reports. Des reports dus au fait que le camp présidentiel n'a pas envie d'aller aux élections. Qu'en conséquence, il multiplie les intrigues, les manigances, les manœuvres pour que ces reports aient lieu. En définitive, le peuple est frustré. C'est ce qu'exprime le délégué dans l'expression très forte " nous sommes fatigués".
Pensez-vous que c'est la renaissance de la politique des coups d'Etat en Afrique de l'Ouest ?
Renaissance ?
Vous avez été victime d'un coup d'Etat. Des coups d'Etat ont également lieu dans des pays de l'Afrique de l'Ouest. Est-ce le retour des coups d'Etat en Afrique de l'Ouest ?
Je ne pense pas. Bien avant l'année 99, et même au temps des partis uniques, il y avait des séries, des successions de coups d'Etat. On avait pensé avec l'avènement du multipartisme et le début de la démocratie, qu'il y aurait eu moins de coups d'Etat. Malheureusement, les coups d'Etats sont toujours là pour dire que la démocratie n'est pas encore enracinée en Afrique de l'Ouest.
Quel sort alors pour le peuple ?
Cela peut ébranler les populations qui, au temps du parti unique, ont vécu dans la stabilité, dans le progrès, dans la prospérité. Mais il faut vivre avec son temps. La démocratie est une donnée irréversible en Côte d'Ivoire. Par conséquent, quelles que soient les épreuves subies, nos populations avanceront vers la démocratie apaisée et la démocratie qui signifie progrès social et développement humain.
Bien souvent, on évoque votre âge par rapport à votre candidature. Est-ce que vous sentez une certaine responsabilité pour vous présenter à nouveau?
Naturellement ! La raison pour laquelle je me présente, c'est tout simplement que ceux qui sont là, c'est-à-dire les responsables du Fpi qui sont au pouvoir depuis 2000 se sont comportés de telle sorte qu'ils ont échoué partout et dans tous les secteurs.
Qu'est-ce qui vous fâche le plus ?
Ce qui frustre le plus les populations, c'est de savoir que même ce qui a été réalisé dont a hérité le nouveau pouvoir n'a pas été entretenu. Au point que la dégradation est générale dans tous les secteurs.
Probablement, l'élection présidentielle se tiendra en Côte d'Ivoire en février ou mars…
Début mars
Que représente pour vous le 50e anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire ? Où en est-on arrivé en Côte d'Ivoire après 50 ans d'indépendance ?
Après 50 ans, la régression commencée avec l'arrivée de la refondation, c'est-à-dire le front populaire ivoirien, est très prononcé. Il s'agit d'un recul très prononcé. Nous mettrons peut-être encore 50 ans pour reconstituer ce que nous avons laissé abîmer, se dégrader.
Vous avez une expression qui rappelle ce que le président Américain a dit, "Yes, we can "
C'est un slogan que nous avons ici au Pdci depuis l'année 1995. C'est moi qui ai lancé ce slogan avant Obama. J'ai tiré la phrase de David Davis junior, le chanteur noir qui avait dit "Yes, I can".
Il y a eu des tensions réelles avec la France. Comment est-ce que cette relation importante pourrait être améliorée selon vous ?
Si après ces prochaines élections, la population nous fait confiance, que nous sommes élu, une des choses prioritaires que mon gouvernement s'attachera à réaliser, c'est de rétablir les liens de coopération internationale de la Côte d'Ivoire avec tous les pays amis. Je ne vais pas faire preuve d'un anticolonialisme dépassé, rétrograde qui fait qu'aujourd'hui nos rapports avec le plus grand partenaire économique de la Côte d'Ivoire, c'est-à-dire la France, sont très mauvais.
Monsieur le président, vous étiez au dernier Cpc que le monde entier attendait. Ce Cpc a décidé de la période des élections, est-ce qu'on peut être rassuré que cette fois-ci, c'est le dernier report ?
Il faut espérer que ce sera la bonne date. Voyez-vous le Cpc, c'est un organe de consultation, mais pas un organe d'exécution. Ce n'est pas le Cpc qui doit fixer la date des élections. C'est la Commission électorale indépendante. Le Cpc donne l'orientation générale. C'est la raison pour laquelle, nous nous sommes tenus à fixer une période, fin février-début mars. Et c'est en fonction de cette orientation que la Commission électorale indépendante, qui est revenue avec nous, pourra fixer une date c'est-à-dire un jour précis.
Que dites-vous en ce qui concerne le président Gbagbo, c'est lui qui signe le décret ?
Vous savez qu'avant d'aller à Ouaga, nous avons tenu ici au siège du Pdci-Rda une réunion de concertation au niveau des responsables du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix. C'est donc de façon concertée qu'Alassane et moi, nous sommes intervenus à Ouaga pour aboutir au résultat que vous savez.
Au niveau de la campagne, y aura-t-il un changement de cap?
Non, je pense que nous devons poursuivre la campagne telle que nous l'avons entreprise et faire en sorte surtout que nous soyons totalement prêts à début mars.
Qu'en est -il de la question de la mainmise du pouvoir sur la Rti ? En avez-vous parlé à Ouaga ?
Nous en avons longuement parlé. Encore une fois, les instructions qui sont dans le communiqué final ont été données pour que maintenant, ceux qui font cela, qui sont à la base de la confiscation des media d'Etat arrêtent. Maintenant que Gbagbo est candidat comme Alassane et moi-même, les instructions qui ont été données pour un traitement équitable des candidats à la télévision, eh bien, que ces instructions soient renouvelées et que le suivi soit exercé en personne par le Premier ministre de telle sorte qu'on obtienne effectivement le traitement équitable à la télévision.
M. le président, qu'est-ce que vous pensez de la situation en Guinée ?
Je crois que rien ne nous étonne. Nous avons toujours dit, surtout depuis que les coups d'Etat existent autour de nous, qu'un coup d'Etat en appelle un autre. Par conséquent, celui qui arrive au pouvoir par un coup d'Etat doit savoir qu'il y aura d'autres officiers qui essayeront aussi d'avoir le pouvoir par la force.
Que pensez-vous du tirage au sort ? Ce groupe dans lequel vont évoluer les Eléphants ?
Je n'en pense rien parce qu'il s'agit d'un tirage au sort. C'est donc notre sort. Malgré ce sort, j'adresse tous mes encouragements aux Eléphants et je leur demande de ne pas se décourager, on ne sait jamais.
Interview retranscrite par Paul Koffi et Diarrassouba Sory
Source : Ard-tv
Monsieur le président, une expression revient souvent chez les militants de votre parti, "nous sommes fatigués". L'un des délégués de Cocody l'a employé au meeting. Que traduit cette expression ?
Les années se succèdent sans élection. Les seules élections programmées, quand arrive l'échéance, il y a des reports. Des reports dus au fait que le camp présidentiel n'a pas envie d'aller aux élections. Qu'en conséquence, il multiplie les intrigues, les manigances, les manœuvres pour que ces reports aient lieu. En définitive, le peuple est frustré. C'est ce qu'exprime le délégué dans l'expression très forte " nous sommes fatigués".
Pensez-vous que c'est la renaissance de la politique des coups d'Etat en Afrique de l'Ouest ?
Renaissance ?
Vous avez été victime d'un coup d'Etat. Des coups d'Etat ont également lieu dans des pays de l'Afrique de l'Ouest. Est-ce le retour des coups d'Etat en Afrique de l'Ouest ?
Je ne pense pas. Bien avant l'année 99, et même au temps des partis uniques, il y avait des séries, des successions de coups d'Etat. On avait pensé avec l'avènement du multipartisme et le début de la démocratie, qu'il y aurait eu moins de coups d'Etat. Malheureusement, les coups d'Etats sont toujours là pour dire que la démocratie n'est pas encore enracinée en Afrique de l'Ouest.
Quel sort alors pour le peuple ?
Cela peut ébranler les populations qui, au temps du parti unique, ont vécu dans la stabilité, dans le progrès, dans la prospérité. Mais il faut vivre avec son temps. La démocratie est une donnée irréversible en Côte d'Ivoire. Par conséquent, quelles que soient les épreuves subies, nos populations avanceront vers la démocratie apaisée et la démocratie qui signifie progrès social et développement humain.
Bien souvent, on évoque votre âge par rapport à votre candidature. Est-ce que vous sentez une certaine responsabilité pour vous présenter à nouveau?
Naturellement ! La raison pour laquelle je me présente, c'est tout simplement que ceux qui sont là, c'est-à-dire les responsables du Fpi qui sont au pouvoir depuis 2000 se sont comportés de telle sorte qu'ils ont échoué partout et dans tous les secteurs.
Qu'est-ce qui vous fâche le plus ?
Ce qui frustre le plus les populations, c'est de savoir que même ce qui a été réalisé dont a hérité le nouveau pouvoir n'a pas été entretenu. Au point que la dégradation est générale dans tous les secteurs.
Probablement, l'élection présidentielle se tiendra en Côte d'Ivoire en février ou mars…
Début mars
Que représente pour vous le 50e anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire ? Où en est-on arrivé en Côte d'Ivoire après 50 ans d'indépendance ?
Après 50 ans, la régression commencée avec l'arrivée de la refondation, c'est-à-dire le front populaire ivoirien, est très prononcé. Il s'agit d'un recul très prononcé. Nous mettrons peut-être encore 50 ans pour reconstituer ce que nous avons laissé abîmer, se dégrader.
Vous avez une expression qui rappelle ce que le président Américain a dit, "Yes, we can "
C'est un slogan que nous avons ici au Pdci depuis l'année 1995. C'est moi qui ai lancé ce slogan avant Obama. J'ai tiré la phrase de David Davis junior, le chanteur noir qui avait dit "Yes, I can".
Il y a eu des tensions réelles avec la France. Comment est-ce que cette relation importante pourrait être améliorée selon vous ?
Si après ces prochaines élections, la population nous fait confiance, que nous sommes élu, une des choses prioritaires que mon gouvernement s'attachera à réaliser, c'est de rétablir les liens de coopération internationale de la Côte d'Ivoire avec tous les pays amis. Je ne vais pas faire preuve d'un anticolonialisme dépassé, rétrograde qui fait qu'aujourd'hui nos rapports avec le plus grand partenaire économique de la Côte d'Ivoire, c'est-à-dire la France, sont très mauvais.
Monsieur le président, vous étiez au dernier Cpc que le monde entier attendait. Ce Cpc a décidé de la période des élections, est-ce qu'on peut être rassuré que cette fois-ci, c'est le dernier report ?
Il faut espérer que ce sera la bonne date. Voyez-vous le Cpc, c'est un organe de consultation, mais pas un organe d'exécution. Ce n'est pas le Cpc qui doit fixer la date des élections. C'est la Commission électorale indépendante. Le Cpc donne l'orientation générale. C'est la raison pour laquelle, nous nous sommes tenus à fixer une période, fin février-début mars. Et c'est en fonction de cette orientation que la Commission électorale indépendante, qui est revenue avec nous, pourra fixer une date c'est-à-dire un jour précis.
Que dites-vous en ce qui concerne le président Gbagbo, c'est lui qui signe le décret ?
Vous savez qu'avant d'aller à Ouaga, nous avons tenu ici au siège du Pdci-Rda une réunion de concertation au niveau des responsables du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix. C'est donc de façon concertée qu'Alassane et moi, nous sommes intervenus à Ouaga pour aboutir au résultat que vous savez.
Au niveau de la campagne, y aura-t-il un changement de cap?
Non, je pense que nous devons poursuivre la campagne telle que nous l'avons entreprise et faire en sorte surtout que nous soyons totalement prêts à début mars.
Qu'en est -il de la question de la mainmise du pouvoir sur la Rti ? En avez-vous parlé à Ouaga ?
Nous en avons longuement parlé. Encore une fois, les instructions qui sont dans le communiqué final ont été données pour que maintenant, ceux qui font cela, qui sont à la base de la confiscation des media d'Etat arrêtent. Maintenant que Gbagbo est candidat comme Alassane et moi-même, les instructions qui ont été données pour un traitement équitable des candidats à la télévision, eh bien, que ces instructions soient renouvelées et que le suivi soit exercé en personne par le Premier ministre de telle sorte qu'on obtienne effectivement le traitement équitable à la télévision.
M. le président, qu'est-ce que vous pensez de la situation en Guinée ?
Je crois que rien ne nous étonne. Nous avons toujours dit, surtout depuis que les coups d'Etat existent autour de nous, qu'un coup d'Etat en appelle un autre. Par conséquent, celui qui arrive au pouvoir par un coup d'Etat doit savoir qu'il y aura d'autres officiers qui essayeront aussi d'avoir le pouvoir par la force.
Que pensez-vous du tirage au sort ? Ce groupe dans lequel vont évoluer les Eléphants ?
Je n'en pense rien parce qu'il s'agit d'un tirage au sort. C'est donc notre sort. Malgré ce sort, j'adresse tous mes encouragements aux Eléphants et je leur demande de ne pas se décourager, on ne sait jamais.
Interview retranscrite par Paul Koffi et Diarrassouba Sory
Source : Ard-tv