Le président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire, Albert Mabri Toikeusse, a déploré hier devant le patronat les contreperformances enregistrées par l’économie ivoirienne. Il préconise un libéralisme social pour engager de nouvelles réformes.
L’économie nationale s’engouffre et l’environnement des affaires devient plus hostile. Face au patronat ivoirien hier au Plateau, le président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), candidat à l’élection présidentielle, n’a pas pu ôter sa blouse de médecin pour analyser la situation du pays. Le Dr Albert Mabri Toikeusse a d’abord diagnostiqué le mal dont souffre l’économie ivoirienne, avant de proposer le programme économique et le projet de société de son parti comme solution. Comme le ferait tout médecin devant un malade. Selon lui, la Côte d’Ivoire a réalisé d’importants progrès depuis son accession à l’indépendance en 1960.
Eliminer les contraintes politiques
Elle a résolument engagé son développement économique et social grâce à un climat de paix, de cohésion et de solidarité, sous l’impulsion du président Houphouët-Boigny, «un grand visionnaire.» «Mais la consolidation des acquis remarquables des 20 glorieuses années de notre indépendance n’a pas été réussie », déplore le ministre des Transports. D’autant que la crise que connaît le pays depuis septembre 2002, a contribué à l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat. Les institutions sont devenues l’ombre d’elles-mêmes. La «sécurité et la défense», autrefois valeurs refuges de tous les intérêts, ne sont plus des propulseurs silencieux du développement économique. Avant que la guerre n’intervienne en Côte d’Ivoire, rappelle Mabri Toikeusse, la circulation des armes légères était une réalité. Pour lui, le grand banditisme au plan local, avait atteint un certain seuil avec la guerre au Liberia et en Sierra Leone. «La guerre dans notre pays a intensifié cette circulation des armes. Des armes de guerre ont été distribuées aux jeunes et ceux qui l’ont fait ont du mal à les récupérer. Nous savons tous que le campus de Cocody avait des dépôts d’armes, des cimetières à proximité. Puisqu’il y avait un système de justice qui était mis en place et qui était impitoyable pour ce qui n’était pas sur la ligne », dénonce le candidat de l’Udpci. Convaincu que s’il était le ministre de l’Enseignement supérieur, libre de toute contrainte aujourd’hui, il déciderait de fermer les cités universitaires et de les assainir. “La situation qui prévaut dans les campus universitaires et à l’école, est à ses yeux, le reflet de la déliquescence de l’Etat et d’une société en difficulté.” Si nous sommes bloqués par des contraintes politiques, nous ne pourrons absolument rien faire. Il faut un gouvernement qui soit prêt à gouverner. Et la chose la plus délicate à régler après la crise, ce sera la question sécuritaire. Mon modèle n’est pas de désarmer par les armes après les élections», souligne-t-il. A l’en croire, un système de sécurité avec l’implication et la complicité des populations, permettra non seulement de récupérer toutes les armes, mais de garantir la cohésion sociale. Outre la question sécuritaire, la corruption de la justice et l’absence de transparence dans la gestion des ressources publiques restent également une préoccupation pour l’Udpci et son président. Mabri Toikeusse s’interroge sur la procédure en cours dans la filière café cacao. «Des cadres ont été arrêtés pour enrichissement illicite. Il semble qu’ils ont détourné des ressources de l’Etat. Mais jusque-là, le jugement n’est pas rendu. Personne ne sait si l’enquête continue ou non. C’est comme cela d’ailleurs que toutes les enquêtes se font en Côte d’Ivoire.
L’industrie pharmaceutique en danger
Cette situation est préjudiciable à l’économie et à la population», indique le premier responsable des transports. Avant de condamner les pertes occasionnées par le racket sur l’économie et qui sont estimées à 150 milliards de Fcfa chaque année. Pour lui, la Côte d’Ivoire ne peut aspirer au développement qu’avec un système judiciaire plus efficace. La dégradation des infrastructures, la perte de marché en somme avec les problèmes susmentionnés a, selon lui, influé négativement et fortement sur la compétitivité de l’appareil productif. L’instabilité politique ayant engendré l’instabilité économique a eu également pour conséquence la montée en force de la fraude et de la contrefaçon. «L’industrie pharmaceutique perd chaque année des sommes importantes. Des médicaments proviennent non seulement des pays voisins, mais aussi des filières qui sont sur place ici. Nous les avions identifiés, mais nous n’avons pas la force d’agir. De grands bonnets sont toujours derrière », critique le premier responsable de l’Udpci. Pour lui, il faut décourager ces filières avec une action vigoureuse en vue de protéger la santé des populations. Justement à ce niveau, il estime que le tableau épidémiologique est alarmant et sans réponse appropriée du fait de la progression de certaines maladies (paludisme, la tuberculose, la poliomyélite, le Vih,…) au sein des populations. Sans omettre la précarité grandissante de l’habitat surtout en milieu urbain. Pour lui, ces indicateurs qui viennent appuyer le taux de pauvreté de 49%, doivent interpeller les dirigeants du pays. «L’ivoirien a besoin de réponses concrètes à ses préoccupations. C’est pourquoi nous optons pour le libéralisme social», soutient Mabri Toikeusse. Le vice-président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), initiatrice de cette rencontre, Bernard N’Doumi, s’est offusqué du recul inquiétant du secteur privé avec de nombreuses contreperformances. Les investissements privés qui représentaient 15% du Pib en 1980, ne représentent plus que 7% en 2008. Les investissements publics sont passés de 13 à 3% sur la même période. Conséquence, plusieurs secteurs d’activité dont celui de l’ananas, de la banane, de la mangue, etc, sont à la traîne avec une perte considérable de compétitivité. Voire la déstructuration institutionnelle des filières. Le secteur privé, précise-t-il, attend du futur président des réponses idoines et efficaces en vue de la relance économique post-crise.
Cissé Cheick Ely
L’économie nationale s’engouffre et l’environnement des affaires devient plus hostile. Face au patronat ivoirien hier au Plateau, le président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), candidat à l’élection présidentielle, n’a pas pu ôter sa blouse de médecin pour analyser la situation du pays. Le Dr Albert Mabri Toikeusse a d’abord diagnostiqué le mal dont souffre l’économie ivoirienne, avant de proposer le programme économique et le projet de société de son parti comme solution. Comme le ferait tout médecin devant un malade. Selon lui, la Côte d’Ivoire a réalisé d’importants progrès depuis son accession à l’indépendance en 1960.
Eliminer les contraintes politiques
Elle a résolument engagé son développement économique et social grâce à un climat de paix, de cohésion et de solidarité, sous l’impulsion du président Houphouët-Boigny, «un grand visionnaire.» «Mais la consolidation des acquis remarquables des 20 glorieuses années de notre indépendance n’a pas été réussie », déplore le ministre des Transports. D’autant que la crise que connaît le pays depuis septembre 2002, a contribué à l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat. Les institutions sont devenues l’ombre d’elles-mêmes. La «sécurité et la défense», autrefois valeurs refuges de tous les intérêts, ne sont plus des propulseurs silencieux du développement économique. Avant que la guerre n’intervienne en Côte d’Ivoire, rappelle Mabri Toikeusse, la circulation des armes légères était une réalité. Pour lui, le grand banditisme au plan local, avait atteint un certain seuil avec la guerre au Liberia et en Sierra Leone. «La guerre dans notre pays a intensifié cette circulation des armes. Des armes de guerre ont été distribuées aux jeunes et ceux qui l’ont fait ont du mal à les récupérer. Nous savons tous que le campus de Cocody avait des dépôts d’armes, des cimetières à proximité. Puisqu’il y avait un système de justice qui était mis en place et qui était impitoyable pour ce qui n’était pas sur la ligne », dénonce le candidat de l’Udpci. Convaincu que s’il était le ministre de l’Enseignement supérieur, libre de toute contrainte aujourd’hui, il déciderait de fermer les cités universitaires et de les assainir. “La situation qui prévaut dans les campus universitaires et à l’école, est à ses yeux, le reflet de la déliquescence de l’Etat et d’une société en difficulté.” Si nous sommes bloqués par des contraintes politiques, nous ne pourrons absolument rien faire. Il faut un gouvernement qui soit prêt à gouverner. Et la chose la plus délicate à régler après la crise, ce sera la question sécuritaire. Mon modèle n’est pas de désarmer par les armes après les élections», souligne-t-il. A l’en croire, un système de sécurité avec l’implication et la complicité des populations, permettra non seulement de récupérer toutes les armes, mais de garantir la cohésion sociale. Outre la question sécuritaire, la corruption de la justice et l’absence de transparence dans la gestion des ressources publiques restent également une préoccupation pour l’Udpci et son président. Mabri Toikeusse s’interroge sur la procédure en cours dans la filière café cacao. «Des cadres ont été arrêtés pour enrichissement illicite. Il semble qu’ils ont détourné des ressources de l’Etat. Mais jusque-là, le jugement n’est pas rendu. Personne ne sait si l’enquête continue ou non. C’est comme cela d’ailleurs que toutes les enquêtes se font en Côte d’Ivoire.
L’industrie pharmaceutique en danger
Cette situation est préjudiciable à l’économie et à la population», indique le premier responsable des transports. Avant de condamner les pertes occasionnées par le racket sur l’économie et qui sont estimées à 150 milliards de Fcfa chaque année. Pour lui, la Côte d’Ivoire ne peut aspirer au développement qu’avec un système judiciaire plus efficace. La dégradation des infrastructures, la perte de marché en somme avec les problèmes susmentionnés a, selon lui, influé négativement et fortement sur la compétitivité de l’appareil productif. L’instabilité politique ayant engendré l’instabilité économique a eu également pour conséquence la montée en force de la fraude et de la contrefaçon. «L’industrie pharmaceutique perd chaque année des sommes importantes. Des médicaments proviennent non seulement des pays voisins, mais aussi des filières qui sont sur place ici. Nous les avions identifiés, mais nous n’avons pas la force d’agir. De grands bonnets sont toujours derrière », critique le premier responsable de l’Udpci. Pour lui, il faut décourager ces filières avec une action vigoureuse en vue de protéger la santé des populations. Justement à ce niveau, il estime que le tableau épidémiologique est alarmant et sans réponse appropriée du fait de la progression de certaines maladies (paludisme, la tuberculose, la poliomyélite, le Vih,…) au sein des populations. Sans omettre la précarité grandissante de l’habitat surtout en milieu urbain. Pour lui, ces indicateurs qui viennent appuyer le taux de pauvreté de 49%, doivent interpeller les dirigeants du pays. «L’ivoirien a besoin de réponses concrètes à ses préoccupations. C’est pourquoi nous optons pour le libéralisme social», soutient Mabri Toikeusse. Le vice-président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), initiatrice de cette rencontre, Bernard N’Doumi, s’est offusqué du recul inquiétant du secteur privé avec de nombreuses contreperformances. Les investissements privés qui représentaient 15% du Pib en 1980, ne représentent plus que 7% en 2008. Les investissements publics sont passés de 13 à 3% sur la même période. Conséquence, plusieurs secteurs d’activité dont celui de l’ananas, de la banane, de la mangue, etc, sont à la traîne avec une perte considérable de compétitivité. Voire la déstructuration institutionnelle des filières. Le secteur privé, précise-t-il, attend du futur président des réponses idoines et efficaces en vue de la relance économique post-crise.
Cissé Cheick Ely