L’inamovible chauffeur de Félix Houphouët-Boigny pendant près de 40 ans, le doyen Thiéro Kalilou, retranché au quartier Somono de Ségou (Mali) a enfin décidé de rompre le silence, seize (16) ans après la disparition du père-fondateur de la nation ivoirienne, pour se prononcer sur la nationalité d’Alassane Dramane Ouattara, candidat déclaré à la future élection présidentielle. Une déclaration à tout le moins inopportune et incongrue, surtout en cette période de réconciliation et de sortie de crise ivoirienne et qui a incité d’innombrables compatriotes à penser que son auteur a fait une sortie dangereuse de route.
Loin de nous l’idée de jeter et l’anathème sur un doyen, de surcroît ex-chauffeur du monument que fut Félix Houphouët-Boigny pour avoir donné son opinion sur une affaire qui, à un moment donné de l’histoire du pays avait tenu en haleine tout un peuple. Il apparaît tout de même important d’analyser la sortie de Kalilou Thiéro, aujourd’hui retranché dans son village natal à Ségou. En effet, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué en Côte d’Ivoire pour permettre à tout sachant de se prononcer sur le cas Alassane Ouattara. Et ce n’est d’ailleurs pas le doyen Kalilou Thiéro lui-même qui dira le contraire.
Le silence troublant de Kalilou dans la guerre Bédié-Ouattara
Pour mémoire, il convient de préciser qu’en 1995, au plus fort du débat sur la nationalité de l’ex-DGA du FMI, le régime PDCI à travers son organe « Le Démocrate » avait invité tout ivoirien ou ressortissant étranger à venir témoigner de la vraie nationalité d’Alassane Ouattara. Or, en dépit de cet appel solennel du pouvoir d’alors, M. Kalilou Thiéro n’a pas daigné lever le petit doigt. Et ce mutisme, il l’a encore observé lorsque l’opposition d’alors, conduite par Laurent Gbagbo affirmait et ressassait que « Si le PDCI dit qu’Alassane est étranger, nous allons porter plainte contre ce parti ». En ce moment-là, la clarification du natif de Ségou eût été capitale pour l’Eburnie. Malheureusement, le témoin oculaire et le sachant incontournable qu’il est, a observé un silence opaque et impénétrable sur ce sujet pourtant devenu très brûlant. Bien plus, l’intervention, du doyen Kalilou aurait aussi pu permettre au pays d’Houphouët-Boigny d’éviter le boycott actif de triste mémoire avec son corollaire de mort et de milliers de militants de l’opposition portés disparus. En outre, en 1999, alors même que cette même affaire sur la nationalité du mentor des Républicains avait atteint des proportions inattendues étant entendu qu’elle avait ravivé les passions et aiguillonné les instincts bellicistes des uns et des autres Thiéro Kalilou qui détenait pourtant la potion magique s’était encore terré. Mieux ou pire, il n’a pu avoir le courage qu’il a aujourd’hui, pour trancher cette question une fois pour toute, lui l’ancien chauffeur d’Houphouët. Il n’a donc pu apporter son soutien, ni à l’œuvre « les chemins de ma vie » d’Henri Konan Bédié, ni au mandat d’arrêt international qu’il avait lancé aux trousses du fils de Nabintou Ouattara au motif qu’il n’était pas ivoirien. Et pourtant, c’est bien la guerre Bédié-Ouattara qui a entraîné le premier coup de force en Côte d’Ivoire le 24 décembre 1999, dont les conséquences sont aujourd’hui, à l’évidence incommensurables. Cependant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, Kalilou Thiéro a préféré maintenir l’Eburnie dans les limbes et l’ignorance.
Un sachant manipulé ?
Par ailleurs, en 2001, alors qu’un forum de la réconciliation nationale avait été organisé pour permettre à tous les sachants de donner leurs points de vue sur les sujets brûlants qui ont entraîné le pays dans le précipice, le patriarche Kalilou n’a pas non plus fait signe de vie. Pas plus qu’il n’a réagi à la présentation des documents sur la filiation d’Alassane Ouattara au cours de ce forum. Mais curieusement, seize (16) années après le décès du « Bélier de Yamoussoukro » et au moment où le pays amorce le dernier virage de la sortie de crise, le natif de Ségou décide de faire des révélations « croustillantes » sur la nationalité de l’ex-gouverneur de la BCEAO. « Alassane est bien un Burkinabé mais détesté par Sankara. Houphouët a donc sauté sur l’occasion pour contrer Sankara en le nommant Premier ministre… » a-t-il révélé. Provenant d’un ancien chauffeur de Félix Houphouët-Boigny, cette affirmation du patriarche Kalilou ne peut que corroborer la thèse selon laquelle l’ex-DGA du FMI est effectivement d’origine étrangère. Et que la guéguerre livrée sur son dossier par Konan Bédié, Guéi Robert et Laurent Gbagbo est parfaitement légitime et donc justifiée. Cependant, après cette sortie de Kalilou Thiéro, plusieurs interrogations continuent d’effleurer les esprits de nombreux compatriotes. En effet, si tant est que M. Ouattara est réellement d’origine Burkinabé, pourquoi alors le natif de Ségou a-t-il attendu tout ce temps avant de réagir aujourd’hui ? Que dit M. Kalilou Thiéro des documents présentés par ADO lors du forum de la réconciliation nationale et de ceux utilisés pour son enrôlement ? Mais enfin, le patriarche ignore-t-il que la génitrice d’ADO, dame Nabintou Ouattara est originaire d’Odiénné et que le code de nationalité, dans le cas d’espèce, fait de lui un ancien même s’il estime que son géniteur serait d’origine étrangère ? D’ailleurs, que vise réellement M. Kalilou à quelques mois seulement de la tenue du scrutin présidentiel ? En tout état de cause, le moment et les circonstances dans lesquelles cette déclaration est rendue publique montrent bien qu’il pourrait s’agir d’une campagne de dénigrement et de diabolisation contre le mentor des Républicains. Or, dans un contexte de paix et de réconciliation nationale comme celui qui prévaut actuellement, l’interview du patriarche ne peut que paraître loufoque, saugrenue, et s’apparenter ainsi à une véritable sortie de route de l’ex-chauffeur d’Houphouët-Boigny.
Michel Ziki
Loin de nous l’idée de jeter et l’anathème sur un doyen, de surcroît ex-chauffeur du monument que fut Félix Houphouët-Boigny pour avoir donné son opinion sur une affaire qui, à un moment donné de l’histoire du pays avait tenu en haleine tout un peuple. Il apparaît tout de même important d’analyser la sortie de Kalilou Thiéro, aujourd’hui retranché dans son village natal à Ségou. En effet, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué en Côte d’Ivoire pour permettre à tout sachant de se prononcer sur le cas Alassane Ouattara. Et ce n’est d’ailleurs pas le doyen Kalilou Thiéro lui-même qui dira le contraire.
Le silence troublant de Kalilou dans la guerre Bédié-Ouattara
Pour mémoire, il convient de préciser qu’en 1995, au plus fort du débat sur la nationalité de l’ex-DGA du FMI, le régime PDCI à travers son organe « Le Démocrate » avait invité tout ivoirien ou ressortissant étranger à venir témoigner de la vraie nationalité d’Alassane Ouattara. Or, en dépit de cet appel solennel du pouvoir d’alors, M. Kalilou Thiéro n’a pas daigné lever le petit doigt. Et ce mutisme, il l’a encore observé lorsque l’opposition d’alors, conduite par Laurent Gbagbo affirmait et ressassait que « Si le PDCI dit qu’Alassane est étranger, nous allons porter plainte contre ce parti ». En ce moment-là, la clarification du natif de Ségou eût été capitale pour l’Eburnie. Malheureusement, le témoin oculaire et le sachant incontournable qu’il est, a observé un silence opaque et impénétrable sur ce sujet pourtant devenu très brûlant. Bien plus, l’intervention, du doyen Kalilou aurait aussi pu permettre au pays d’Houphouët-Boigny d’éviter le boycott actif de triste mémoire avec son corollaire de mort et de milliers de militants de l’opposition portés disparus. En outre, en 1999, alors même que cette même affaire sur la nationalité du mentor des Républicains avait atteint des proportions inattendues étant entendu qu’elle avait ravivé les passions et aiguillonné les instincts bellicistes des uns et des autres Thiéro Kalilou qui détenait pourtant la potion magique s’était encore terré. Mieux ou pire, il n’a pu avoir le courage qu’il a aujourd’hui, pour trancher cette question une fois pour toute, lui l’ancien chauffeur d’Houphouët. Il n’a donc pu apporter son soutien, ni à l’œuvre « les chemins de ma vie » d’Henri Konan Bédié, ni au mandat d’arrêt international qu’il avait lancé aux trousses du fils de Nabintou Ouattara au motif qu’il n’était pas ivoirien. Et pourtant, c’est bien la guerre Bédié-Ouattara qui a entraîné le premier coup de force en Côte d’Ivoire le 24 décembre 1999, dont les conséquences sont aujourd’hui, à l’évidence incommensurables. Cependant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, Kalilou Thiéro a préféré maintenir l’Eburnie dans les limbes et l’ignorance.
Un sachant manipulé ?
Par ailleurs, en 2001, alors qu’un forum de la réconciliation nationale avait été organisé pour permettre à tous les sachants de donner leurs points de vue sur les sujets brûlants qui ont entraîné le pays dans le précipice, le patriarche Kalilou n’a pas non plus fait signe de vie. Pas plus qu’il n’a réagi à la présentation des documents sur la filiation d’Alassane Ouattara au cours de ce forum. Mais curieusement, seize (16) années après le décès du « Bélier de Yamoussoukro » et au moment où le pays amorce le dernier virage de la sortie de crise, le natif de Ségou décide de faire des révélations « croustillantes » sur la nationalité de l’ex-gouverneur de la BCEAO. « Alassane est bien un Burkinabé mais détesté par Sankara. Houphouët a donc sauté sur l’occasion pour contrer Sankara en le nommant Premier ministre… » a-t-il révélé. Provenant d’un ancien chauffeur de Félix Houphouët-Boigny, cette affirmation du patriarche Kalilou ne peut que corroborer la thèse selon laquelle l’ex-DGA du FMI est effectivement d’origine étrangère. Et que la guéguerre livrée sur son dossier par Konan Bédié, Guéi Robert et Laurent Gbagbo est parfaitement légitime et donc justifiée. Cependant, après cette sortie de Kalilou Thiéro, plusieurs interrogations continuent d’effleurer les esprits de nombreux compatriotes. En effet, si tant est que M. Ouattara est réellement d’origine Burkinabé, pourquoi alors le natif de Ségou a-t-il attendu tout ce temps avant de réagir aujourd’hui ? Que dit M. Kalilou Thiéro des documents présentés par ADO lors du forum de la réconciliation nationale et de ceux utilisés pour son enrôlement ? Mais enfin, le patriarche ignore-t-il que la génitrice d’ADO, dame Nabintou Ouattara est originaire d’Odiénné et que le code de nationalité, dans le cas d’espèce, fait de lui un ancien même s’il estime que son géniteur serait d’origine étrangère ? D’ailleurs, que vise réellement M. Kalilou à quelques mois seulement de la tenue du scrutin présidentiel ? En tout état de cause, le moment et les circonstances dans lesquelles cette déclaration est rendue publique montrent bien qu’il pourrait s’agir d’une campagne de dénigrement et de diabolisation contre le mentor des Républicains. Or, dans un contexte de paix et de réconciliation nationale comme celui qui prévaut actuellement, l’interview du patriarche ne peut que paraître loufoque, saugrenue, et s’apparenter ainsi à une véritable sortie de route de l’ex-chauffeur d’Houphouët-Boigny.
Michel Ziki
