x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 11 décembre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Henri Tohou (Président de l’USP) candidat aux présidentielles - ‘’Comment je vais prendre le pouvoir’’

Henry Tohou fait partie des candidats qui ont été retenus pour briguer la Magistrature suprême en Côte d’Ivoire. Résidant depuis plus d’une décennie en Angleterre, celui qui semble être le moins âgé de tous ceux qui ont été retenus affûte ses armes pour prendre le pouvoir. Dans cette interview exclusive, le Président de l’USP fait l’historique de son entrée en politique et se prononce sur ses ambitions, lorsqu’il sera à la tête du pays dans quelques mois.
Depuis combien de temps êtes-vous en politique ?
Merci d’abord de m’avoir accordé cette opportunité à travers votre journal. Si la politique doit être perçue comme l’art de diriger ou de servir les hommes, je dirai que je suis en politique depuis les cours primaires. L’école protestante ou j’ai été éduqué choisissait les meilleurs élèves pour diriger leurs pairs. J’ai donc dirigé mes pairs du CPI au CM2. J’ai aussi été chef de classe, de la classe de 5eme en troisieme au CEG de Bangolo et chef de classe de la 2nd en terminale pendant que je dirigeais les clubs littéraires et les journaux du lycée sans oublier les associations sportives et culturelles régionales que j’ai eu à diriger aussi. J’ai été vice-président à deux reprises de mes promotions (3eme et terminale). A l’université d’abidjan, j’ai été membre-fondateur de la Fesci et Secrétaire à l’organisation du Bureau National de la FESCI pendant que j’assumais la présidence nationale de la jeunesse du parti Socialiste Ivoirien devenu plus tard PPS, et que j’écrivais aussi comme journaliste dans ‘’ Côte d’Ivoire nouvelle’’, le premier journal du socialisme ivoirien dans les années 90. A Londres, j’ai été membre-fondateur de l’Ivorian Relief Action Group (IRAG) et secrétaire aux relations exterieures.

Pourquoi avez-vous fui la Côte d’Ivoire
Je suis allé en exil pour deux raisons: D'abord pour protéger ma vie et celle de ma jeune famille. Ensuite pour me préparer à l'extérieur au plan politique pour revenir en Côte d'ivoire et prendre la relève en prenant la direction du pays. J'ai dû regrouper mes camarades de lutte en 1994 pour leur dire que ce pays allait connaître une grande crise, une guerre civile et qu'il fallait sortir du pays pour y revenir après. L’on m'avait traité de fous mais beaucoup sont sortis de la Côte d'Ivoire avec moi et peu reviendront avec moi pour mener le combat pour lequel on s'est retrouvé en Occident. Je parle de peu parce que beaucoup ne jugent plus utile de prendre des risques dans la mesure où ils se sentent bien avec leur nouveau statut de Britanniques, Danois, Allemands, Ecossais, Belges, Canadiens d'origine ivoirienne. Parlant de la question de protection de ma vie et celle de ma famille, je voudrais signaler que ma génération a forcé la main Houphouët-Boigny pour obtenir le multipartisme en Côte d’'Ivoire et nous avions payé le prix de notre audace. Vers 1993 la plupart d'entre nous étaient radiés, renvoyés des collèges, lycées et universités. Ceux qui y restaient étaient ceux déjà en licence. A leur niveau, il leur était d'ailleurs presque impossible de progresser en maitrise, et même si cela arrivait, l'Etat n'était point prêt à les embaucher sans présenter officiellement des excuses ou sans renoncer à leur conviction. Renvoyés ou radiés, nous ne pouvons être admissibles à un concours en Côte d'Ivoire. Pour ceux qui étaient orphelins comme moi, la situation était plus dramatique. Tu te retrouvais avec les oncles ou les parents qui te rejetaient parce que tu as sacrifié tes études pour un combat '' inutile''. Du côté de l'opposition politique, les leaders comme Gbagbo Laurent, Bamba Morifere, Francis Wodié et Zadi Zaourou ne pouvaient rien faire pour nous aider. La gauche était traversée par des divisions internes graves suite à l'échec de la ''coordination de la gauche démocratique''. Bédié pouvait déclarer qu'il n'était point candidat au prix Nobel de la paix et vous pouvez imaginer la suite.La brutalité militaire et policière contre les membres du premier bureau de la Fesci nous a fait croire qu'on pouvait mourir à tout moment. Etant le seul garçon de la famille Tohou, j'ai décidé de faire mon enfant pour assurer la pérennité. Mais garder ma fiancée enceinte dans une famille faisait peser sur cette famille des menaces réelles de la part des services secrets ivoiriens de l'époque. Ma fiancée devrait rester en cite universitaire avec moi ou à 8 mois, 9 mois de grossesse elle devait courir pour échapper aux attaques des éléments des bérets rouges du commandant Faizan bi Sehi. Ma fiancée a été acceptée par son frère aîné autrefois haut gradé des douanes afin qu'elle puisse accoucher en dehors de l'enfer de la cite universitaire. Je n'ai pu voir mon premier fils que des semaines après parce que je ne pouvais pas me rendre où elle se trouvait dans la mesure où l'endroit était sous surveillance de la DST qui voulait m'enlever. Ahipeaud avait été déjà enlevé et je devrais rester dehors avec les amis pour organiser les masses en vue de sa libération. Je voudrais vous dire que mon premier fils n'a pu avoir un acte de naissance en Côte d’Ivoire parce que je ne pouvais me rendre a la mairie et dire que je suis Tohou Henri dans la mesure où j'étais recherché par les services du pouvoir avec certains de mes camarades. Un mois après la naissance du bébé, ils devraient retourner en cité ou nous avions mis en place notre système d'autodéfense parce que personne ne pouvait pendant longtemps garder ma famille et me recevoir sans se mettre en danger.

Comment êtes-vous arrivé à Londres ?
Après 4 ans de lutte contre la machine du PDCI, il était devenu difficile de me protéger et d’offrir protection à ma jeune famille. La petite chambre que j'avais à Yopougon était pleine d'élèves et d'étudiants radiés. Il fallait trouver une solution en tant que leader et dirigeant chargé de l'organisation à La Fesci. J'ai trouvé la voie de l'exil pour nous tous.Je suis arrivé à Londres avec un bébé traumatisé qui a été témoin de plusieurs violences, dont la mère devait courir avec la grossesse pour éviter d'être malmenée. Il a fallu plusieurs mois aux experts anglais chargés de l'assistance aux victimes de tortures pour traiter mon enfant. Ayant passé sa tendre enfance dans une cité ou nous poursuivait avec des armes, il n'est intéressé qu'aux métiers des armes. Son rêve est de rejoindre l'unité d'élite de la marine royale de la Grande Bretagne alors queson père que je suis, déteste la guerre.

Racontez-nous votre arrivée en politique après le syndicalisme ...
Le fait d’avoir dirigé mes pairs pendant longtemps a certes renforcé mon experience quant à la gestion de la chose publique. Mais, mon engagement politique a été forgé par les brimades repetées du PDCI depuis ma tendre enfance. C’est d’abord la brutalité du sous-préfet et de sa garde contre nos mères et cousines dans les anneés 74-76, particulièrement entre les mois de Décembre et Janvier. Le sous-prefet faisait venir sa garde dans mon village pour pourchasser, traîner au sol et arrêter nos mères et cousines qui se retrouvaient en cette période de festivités, après les travaux champêtres pour se divertir. Les femmes arrêtées étaient emportées à la sous-préfecture de Facobly, où elles étaient mises en détention et contraintes à faire des corvées sans nourriture et cela au nom du développement économique. Sincèrement, il s’agit d’une période qui m’a marqué. Le deuxième fait relève de la brutalité des agents locaux du PDCI.Ils empêchaient par moment nos mères de se rendre au marché pour s’approvisionner en condiments ou pour vendre leurs produits vivriers. En effet, ils plaçaient des barrages sur les routes et les femmes qui n’avaient pas leur carte du PDCI devraient être empêchées d’accéder au marché. En plus, lorsque je passais le Certificat d’Etudes primaires, la sous préfecture de Facobly a demandé que je fasse venir la carte de membre du PDCI de mon père, avant de m’établir un extrait d’acte de naissance. Or, mon père ne vivait plus et je ne savais pas s’il avait une carte du PDCI. Le troisième fait est qu’un autre sous-préfet du nom de Kouadio Ariko Jacques a terrorisé Seambly , mon village et a humilié les notables à plusieurs reprises pendant que j’étais enfant. C’était un colonel de l’armée détaché comme sous-préfet. Une fois, il avait gifflé un des notables qui partait dans ses plantations, parce qu’il aurait jugé inacceptable que ce vieux parte aux champs pendant que lui, le sous prefet d’Houphouet-Boigny venait visiter le village. Une autre fois, le même Ariko Jacques a fait arrêter un de mes cousin, parce qu’il a osé écouter la musique chez lui pendant que le sous-préfet visitait le village. Mais, Kouadio Ariko Jacques ne s’est pas arrêté à ce niveau. Fort du soutien de la machine d’Etat, un an plus tard, Kouadio Ariko Jacques, a causé le plus grand traumatisme à mon village et a infligé la plus grande humiliation aux notables. Pistolet en main, habillé en tenue militaire avec des grenades, Kouadio Ariko Jacques a menacé de faire abattre les notables et décimer le village à l’aide de grenades si les notables de Seambly refusaient de s’agenouiller devant lui.

Qu’avez-vous pu faire à ce sous-préfet ?
Le sacrilège était que Seambly avait demandé des explications au sujet du projet FRAR avant de cotiser 1000FCFA par adulte. Nos parents ont voulu savoir l’objectif du projet, la gestion du projet et les mécanismes de contrôle. Il aura fallu un véritable duel à Facobly entre le sous-préfet soutenu par le préfet de Man et mon oncle Joseph Taha (enseignant), soutenu par l’actuel député de Facobly, André Soué, pour que l’administration d’Houphouet-Boigny recule devant ce qui semblait devenir une émeute. L’autre élément, c’est qu’au lycée de Guiglo où j’étais orienté pour la classe de seconde, je suis devenu rédacteur en chef du journal du Lycée ‘’ Echos du Nzo’’. Suite à un article signé de mes mains dans lequel je critiquais sans porter de gants la corruption, du sommet de l’Etat jusqu’aux petites structures locales, un conseil de classe a été convoqué pour juger de mon sort. Le proviseur a soutenu que je voulais mettre du sable dans son ‘’attieké’’ et le journal a été suspendu. Une année plus tard, mon oncle Joseph Taha, fraîchement affecté au lycée de Guiglo participe a une conférence-débat organisée au Lycée en présence du prefet de la ville. L’oncle commit l’erreur de comparer la Côte d’Ivoire à l’URSS quant aux droits socio- économiques. C’était un préfet pris d’un rare courroux que nous avions vu sortir de la salle de conférence et qui se dirigeait vers la gendarmerie pour tenter de mettre mon oncle ‘’ indiscipliné’’ au pas. C’était un proviseur dans tous ses états qui s’est dirigé vers mon oncle pour lui dire ceci: ‘’ Monsieur Taha, vous devriez savoir que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.’’ La conférence a pris fin pour céder la place aux hostilités. La seule chose qui nous restait était de s’emparer de n’importe quelle pirogue pour traverser le fleuve Nzo nuitamment, afin de s’abriter au coeur de la forêt jusqu’à ce que le courroux des agents locaux de la République s’apaise. Nous avons passé deux jours, deux nuits en forêt sans couverture. Ma candidature à la présidence locale du MEECI a été ensuite rejetée et le candidat que j’ai soutenu à la suite a été victime de la ‘’ technologie électorale’’.

Il se dit que vous avez un ‘’passé’’ avec les policiers..
La dernière injustice subie avant que je ne passe à l’offensive contre le PDCI s’est produite à Man, en décembre 1989 alors que j’étais en congés en tant qu’étudiant en faculté de droit. Vers 20h, à Grand-Gbapleu, non loin du barrage de policiers et gendarmes, je vois un jeune en train d’être battu violemment par un groupe de quatre jeunes. Je coure pour alerter les gendarmes et policiers à quelques mètres des lieux. Ils me disent de retourner et qu’ils arrivent pour protéger la victime. 10mn plus tard, je repars les voir, parce que la victime perdait du sang et les aggresseurs continuaient de la battre. Contre toute attente, le chef des policiers me prend au collet en me demandant pourquoi je n’intervenais pas au lieu de venir les appeler? Je reponds que je n’ai aucune formation et je n’ai aucun équipement pour intervenir dans un conflit si violent. Il retorqua : ‘’Crois-tu que nous avons notre peau en fer?’’ Avant d’ajouter ‘’ quand vous vous battez sous l’effet de la drogue, vous venez nous emmerder’’. Je lui repondis que je ne connaissais ni les agresseurs ni la victime et que je n’étais pas un drogué, mais que j’étais étudiant en Droit. En réalité, c’est ce qu’il ne fallait pas dire. A coups de matraques, les flics m’ont pourchassé à Man en disant: ‘’Ah oui, il pense connaître la loi plus que nous’’. Au lieu de pourchasser les agresseurs, ils me poursuivaient dans les rues de Grand-Gbapleu à KOKO. En colère, je me rends au commissariat pour tenter de parler à un officier ou au commissaire. Le sous-officier de garde me demande des explications, j’explique brièvement ce qui s’est passé. Il pique une colère à son tour et dit ceci: ‘’ Et tu oses venir porter plainte contre des policiers au commissariat de police? Sors vite de mon commissariat avant que je ne me fache’’. Dans la confusion, je sors pour me diriger vers le domicile de mon oncle. 5 mn de marche, et une fourgonnette de police stationne auprès de moi. Je réalise que c’est le même sous-officier qui venait de me vider du commissariat qui était au volant. Il descendit pour m’arrêter car c’était une nuit de ‘’rafles’’ à Man. Je suis resté enfermé à partir de 22h dans la fourgonnette, en attendant minuit pour que leur ‘’ rafle’’ commence. 13 personnes raflées après minuit, nous étions finalement 14 détenus dans la cellule insalubre et si étroite du commissariat de Man. Le lendemain, les parents des autres déténus sont venus payer 10.000 FCFA pour chaque déténu pour leur libération. Mon oncle Dji Albert est venu le deuxième jour au commissariat. Il a décidé de payer les 10000 FCFA pour ma libération.

Mais pourquoi avez-vous refusé ?
Je me suis opposé à cette forme de corruption precédée par une injustice de taille. J’ai dû faire deux jours de plus en détention et le troisième jour, on m’a remis une machette non aiguisée pour défricher toute la cour du commissariat. J’ai ensuite été libéré. Mais je leur ai dit que cette fois, je me rendais chez le président du tribunal de Man pour me plaindre. C’est ainsi qu’un sergeant de police WE du canton Sémien, du nom de Klahon, s’est approché de moi pour me dire ceci: ‘’ Mon fils, au lieu de perdre ton temps, va te soigner et te reposer pour aller reprendre tes études. Ils sont tous ensemble, tous des amis. Si tu veux te venger, tu peux devenir commissaire après tes études en Droit, pour faire aux autres ce qu’ils t’ont fait sur ces quatre jours.’’ J’avais compris ce qu’il m’avait dit, mais je ne voyais pas pourquoi je devrais infliger une telle injustice aux autres. Je ressentais de la nausée et je me suis dirigé vers Seambly, mon village, pour me reposer. Lorsque le 19 Février 1990, éclata le soulèvement des étudiants de Yopougon, c’était d’une main sans tremblement que j’ai dirigé l’insurrection contre le régime d’Houphouet-Boigny et que j’ai combattu le PDCI de Konan Bédié ensuite, tout en affrontant la force d’intervention rapide des paracommandos du Commandant Faisan Bi Sehi pendant des années avec mes camarades. La grande victoire est que la lutte de ma génération a permis l’ouverture du pays au multipartisme et a placé sur la scène politique officielle les aînés comme Bamba Moriféré, Zadi Zaourou, Francis Wodié et Laurent Gbagbo. Je ne serai plus commissaire pour faire aux autres ce que la police m’a fait à Man. Je deviendrai
Président de la République pour mettre fin aux différentes formes d’injustices et apaiser les souffrances des populations. Vous verrez bientot que nous allons apporter un souffle nouveau à la politique ivoirienne. 1990 va reprendre bientot à un niveau superieur.

Au regard de votre âge, ne trouvez- vous pas que votre candidature aux présidentielles est une action précoce?
J’ai atteint l’âge requis par notre Constitution pour postuler au poste de Président de la République. Je ne fais donc qu’exercer un droit reconnu. En plus, nous assistons depuis un certain temps au rajeunissement des chefs d’Etat africains. Nous avons un cas au Congo Democratique, un autre au Togo, même si je dois admettre qu’il s’agit de contexte différent. Ailleurs dans le monde, les chefs d’Etat moins agés ont fait leur apparition. Une grande puissance comme la Russie est dirigée par un jeune président. La France, notre ancienne puissance coloniale n’est pas non plus dirigée par un president de l’âge des trois grands de la Côte d’Ivoire. Il en est de meme pour la plus grande puissance du monde, les Etats Unis d’Amerique, qui est dirigée par un jeune président. Ces exemples précités confirment que le temps des vieux dirigeants tire à sa fin pour ceder la place à la jeunesse. Pour le cas ivoirien, si mes aînés dans leur ensemble n’avaient pas failli de façon dramatique dans la gestion de notre pays, je serais encore en train de me consacrer aux plaisirs de mon âge que de vouloir plonger dans ce lac aux requins. En réalité les pleurs des femmes, des enfants, des jeunes et des vieillards de ce pays ne cessent de me tourmenter en Europe et une force interne me demande sans cesse d’agir pour apaiser les souffrances de ces populations. C’est pour cette raison et pour elle seule que mon équipe a décidé d’affronter cette classe politique qui fait peur au continent.

Comment le monde exterieur, vos parents de l’Ouest de la Côte d’Ivoire et votre génération perçoivent votre acte de candidature?
Le monde exterieur observe avec beaucoup d’interêts et de curiosité cette candidature, à savoir comment je serais traité par la classe politique ivoirienne regnante, car, ce n’est un secret pour personne que cette classe politique contrôle les Média, elle a caporalisé l’appareil judiciaire; elle a divisé l’armée nationale reduite en armées des cousins, en faction dans les casernes, et elle a des milices privées, or je n’ai rien de toutes ces choses terrifiantes. Mes parents Dan et Wè de l’Ouest sont à la fois heureux, et inquiets de ma candidature. Ils sont heureux parce que c’est la premiere fois qu’un de leurs fils tentera de briguer la magistrature suprême par la voie légale, sans toutefois bénéficier d’aucune opportunité accidentelle de l’histoire. Ils sont cependant inquiets, parce que certains de leurs fils ont récemment été assassinés sur le chemin politique, tels le Gl Guei et Emile Téhé, pendant que d’autres ont eu leur carrière ruinée, tel le Colonel Oulata Gaoudi et le Gl Doué. Ils se souviennent aussi des bombardements des villages de Facobly et Sémien par les hélicos de guerre suite à la suspicion de ralliement à la rebéllion de Feu Oulai Zoumana.Ils s’interrogent donc sur leur sort suite à ma candidature. Certains cadres de la région proche du parti au pouvoir, pensent que ma candidature amenera le régime en place à haïr Facobly et Kouibly et que cela les empêchera de devenir ministres si le President Gbagbo venait à gagner les élections. Du côté de ma génération, mon acte de candidature a été salué comme historique et courageux et le ralliement se fait sans grandes difficultés.

Comment interpretez-vous les appréhensions de vos parents proches du régime ?
Avant de vous repondre, il faut dire que ces murmures viennent de certains aînés de Facobly et Kouibly. Je voudrais dire à ces aînés que de 1960 à 1993, le président Houphouët a mis en place plusieurs gouvernements, mais je n’ai jamais entendu parler d’un Wobé ministre, et pourtant je n’étais pas encore candidat aux elections presidentielles. De 1993 à Decembre 1999, le Président Bédié a mis en place des gouvernements. Il n’y a jamais eu un seul ministre Wobé et pourtant je n’avais pas déposé ma candidature. De 2000 jusqu’ à ce jour, leur frère de région Laurent Gbagbo a mis en place des gouvernements. Il lui manquait d’ailleurs de cadres pour la constitution de son premier gouvernement, et il n’y avait aucun d’entre eux ministres et pourtant je n’étais pas encore candidat. Après Marcoussis, des gens ont été cooptés de toute part pour être ministres. Ceux qui avaient le certificat d’études primaires étaient au gouvernement, mais je n’ai vu aucun cadre Wobé dans ce gouvernement, et pourtant je n’étais pas encore candidat contre le Président Gbagbo. Je crois, contrairement à leur opinion, que ma candidature va maintenant susciter une générosité spontanée de la part de la classe politique, qui va bientot multiplier des actes de magnanimité envers cette zone pour contenir mon impact. La même chose sera faite vis-à-vis de ma génération qui, je crois, sera beaucoup plus représentée dans le gouvernement à venir.

Votre candidature n’a qu’une mince chance de victoire au regard des 3 grands de la scène qui revendiquent de nombreux militants...
Dites à ceux qui pensent ainsi que le futur président de la Côte D’Ivoire ne se nomme pas Henri Konan Bédié. Il ne se nomme pas Alassane Ouattara. Il ne se nomme point Laurent Gbagbo. Le nouveau Président de la Côte d’Ivoire s’appelle Henri Tohou et son élection ramenera la paix et l’unité tant recherchées en Côte d’Ivoire. Le Nord et le Sud seront reconciliés. Les Musulmans et les Chrétiens fêteront ensemble. Les anciens rebelles déposeront d’eux-mêmes les armes, car ils n’auront plus rien à craindre et ils célebreront l’événement avec les jeunes patriotes. La guerre Ouattara, Bédié et Gbagbo n’aura plus lieu. Chacun d’entre eux ira se reposer en paix dans son village natal avec les honneurs dus à leur rang, et la Côte d’Ivoire moderne va se bâtir de leur vivant et devant leurs yeux dans la grande fraternité, la liberté, la paix, le tout dans la rigueur. Ce que je dis se fera, pas au cours des élections dans 5 ans, mais au cours des élections dans ce futur proche.

A vous entendre, on ne peut s’empêcher de vous demander si vous n’avez pas des hallucinations. Comment allez-vous réaliser votre rêve présidentiel ?
Notre Programme sera connu bientôt de tous. Retenez que nous ne venons pas en Côte d’Ivoire tout juste pour le fauteuil presidentiel. Nous venons surtout pour le changement. Nous parlons ici d’un changement radical, une véritable revolution à tous les niveaux, qui fera polariser les Média du monde sur la Côte d’Ivoire pendant longtemps. Notre action ne se limitera pas seulement au changement des hommes. Elle s’étendra au changement des fondements de notre société et de notre Etat. La Diaspora ivoirienne d’Asie, de l’Amerique, de l’Europe joindra les mains avec les meilleurs de ses frères et soeurs en Côte d’Ivoire pour jeter les bases d’une nouvelle société Ivoirienne. L’on ne se souviendra du règne de la classe politique actuelle que comme d’un cauchemar collectif et lointain que nous nous donnerons le droit de conter à nos petits enfants à la veille de la Toussaint.

C’est encore Alice aux pays des Merveilles...
Oui je rêve. La question est de savoir s’il s’agit d’un rêve immoral ou illégal. Nous pouvons affirmer qu’il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre. Nous continuons pour dire que le mal pour un homme est de ne point avoir de rêves. Le pire serait d’avoir un rêve et de se résigner en disant qu’on est si petit et que le rêve est si gigantesque. Nous sommes des hommes sans limites dans nos rêves. Seul le ciel est notre limite. Nous disons devant toute épreuve que ce que d’autres ont reussi, on peut toujours le réussir. L’avion qui nous permet de partir d’un continent à un autre en si peu de temps, n’est que le résultat d’un rêve réalisé. L’inventeur aurait pu se résigner en face d’un tel projet qui frôlait la folie. Martin Luther King était un rêveur. Il rêvait de voir les Noirs et Blancs vivre ensemble un jour. Aujourd’hui, non seulement ils vivent ensemble, mais les Etats-Unis sont dirigés par un Noir. Nelson Mandela rêvait d’une société sans apartheid, aujourdhui après Mbeki, l’Afrique du Sud est dirigée par le Président Jacob Zuma, et les populations blanches et noires travaillent ensemble. Laurent Gbagbo fut un rêveur. L’homme qui l’a le plus attaqué et qui l’a le plus ridiculisé autrefois, était bien Laurent Dona Fologo qui soutenait qu’il était permis à tous de rêver, mais qu’il fallait éviter de rêver debout. J’étais heureux de voir Fologo à Londres, en tant que messager de Laurent Gbagbo, le rêveur debout d’autrefois. Je me suis approché de sa table de conference pour bien voir ses yeux derrière ses lunettes.Les plus grands rêveurs de notre époque en matière politique, c’est bien les Présidents Nicolas Sarkozy; Jacob Zuma et Barack Obama qui ont atteint le sommet de leur Etat par la force de leur rêve à un moment où ils partaient défavorisés par la réalité de leur Nation et de leur temps. Permettez-moi de partager mon rêve avec le peuple souverain de Côte d’ Ivoire. Il nous dira si mon rêve est détestable.

Il vous est certes permis de rêver mais le fait est que vous semblez ne pas tenir compte de la grande implantation des 3 grands partis que sont le FPI, le PDCI et le RDR ?
Je voudrais vous inviter à observer la scène politique ivoirienne avec le regard de votre esprit et non de votre corps pour pouvoir comprendre sa vérité et non sa réalité. Le Président Gbagbo se rend dans le Zanzan, la presse écrit: 15.000 guerriers prêts pour Gbagbo. Le lendemain, le Président Bédié se rend dans la même zone. On met à la Une 15.000 militants pour la victoire de Bédié. Un jour plus tard, le président Ouattara se rend dans la même localité. Sa presse écrit 15.000 combattants pour élire Ouattara, or dans la localite en question, il n’y a pas plus de 15.000 personnes. La semaine qui suit, le Président Gbagbo se rend dans un village. Les chefs coutumiers l’intronisent roi. Deux jours après, le Président Bédié se rend dans le même village, les mêmes chefs l’intronisent roi. Quelques jours après, le Président Ouattara se rend dans ce même village, les mêmes chefs coutumiers l’intronisent roi du même village sur le même trône, et chacun des trois grands se rejouit avec son équipe en pensant avoir gagné en popularité. L’explication de cette alchimie se retrouve dans chaque maison des quartiers populaires d’Abidjan. Rentrez dans chaque maison et ouvrez la valise de la mère ou du père de famille, et vous y retrouverez à la fois les uniformes du RDR, du FPI et PDCI.

Comment expliquez-vous cet état de fait dont vous pourriez être aussi victime?
Cela justifie l’adage que me disait mon regretté père: ‘’ Quand tu te fous du tronc de bananier en t’asseyant dessus, il se fout de toi en te mouillant les fesses.’’ La classe politique Ivoirienne constituée des trois grands a tant rusé et trahi les populations et ces populations ont appris à les trahir.Lorsque les populations entendent venir Konan Bédié, elles portent l’uniforme du PDCI. Lorsque c’est le tour de Gbagbo, ells portent l’uniforme du Front Populaire ivoirien. Lorsque Ouattara arrive, elles portent l’uniforme du RDR. Les populations agissent ainsi pour pouvoir survivre dans un contexte de grande pauvreté et de violence politique. Elles portent l’uniforme du FPI pour avoir un peu d’argent que le FPI distribue au passage. Elles portent l’uniforme du RDR ou du PDCI pour avoir un peu d’argent des mains de Bédié ou de Ouattara. Aussi lorsque les jeunes du RHDP prennent d’assaut le quartier, les populations portent l’uniforme du RDR ou du PDCI pour proteger leur vie. Quand c’est le tour des patriotes, elles portent les tenues du FPI pour se proteger aussi. Tout ceci veut dire que ces élections réserveront une surprise de taille aux trois grands. Seul l’isoloir des urnes nous dira qui est vraiment soutenu par le peuple qu’ils ont abandonné dans les quartiers précaires et les rues poubelles de la Côte d’Ivoire. Pour notre part à l’USP, nous restons convaincus que nous allons battre Gbagbo, Ouattara et Bédié sur la place publique, en pleine journée, sans canons et sans épées. Ils seront démocratiquement vaincus, et il n’y aura ni perdants ni gagnants entre les trois grands et donc il n’y aura ni frustration ni son corrolaire, la violence.

Vous soutenez que vous allez remporter ces élections alors qu’il y a 14 candidatures. Allez-vous faire des alliances?
Il y a certes 14 candidatures. Mais dans l’entendement du parti que je dirige et au nom duquel je me présente, il y a deux candidats et deux partis qui vont s’affronter en Côte d’Ivoire. Pour nous, Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Konan Bédié appartiennent à un même parti. Ils sont de la même classe sociale et ce sont des amis en plus. Tous veulent un Président de la République aux pouvoirs exorbitants, qui peut faire la nuit et le jour, l’ouragan et la brise, la pluie et le beau temps devant un peuple résigné dans sa misère. Mais j’ai une bonne nouvelle pour les populations ivoiriennes. Ces 3 grands seront combattus comme tels et seront vaincus democratiquement par l’USP. Ce sera 3 Goliaths contre David. Les autres candidats auront à choisir leur camp.Ils choisiront entre l’USP et le parti commun des Gbagbo, Bédié et Ouattara. Ils choisiront entre le passé et l’avenir. Ils choisiront entre la nuit et le jour.Ils choisiront entre la misère de nos populations et la prospérite pour tous. Ils choisiront entre un passé violent et ridicule de notre pays et un avenir radieux pour nos enfants et petits enfants. Je demande donc aux Présidents Gbagbo, Bédié et Ouattara de me céder le pouvoir. Ils auront droit au respect dû à leur rang et leurs interêts seront protégés. Nous batirons une nouvelle Côte d’Ivoire avec des structures nouvelles capables de repondre aux besoins du moment et aux défis de l’avenir.Je voudrais aussi rassurer mes aînés de la Refondation que mon équipe n’a aucune intention de saisir leurs biens, contrairement aux avertissements du Président Gbagbo, selon lesquels ils perdront tous leurs biens s’il perdait le pouvoir. Cependant, mon équipe prendra une loi d’amnestie conditionnée dans le temps par le rapatriement de fonds.Ils seront tenus de se mettre à deux ou à trois pour investir dans la création des emplois en Côte d’Ivoire pour les jeunes.Nous avons aussi une recette particulière pour les crimes de sang commis en Côte d’Ivoire. Ce sont mes parents de l’Ouest qui ont payé le plus lourd tribut. Je ne saurai terminer sans demander au Président Gbagbo de libérer les détenus du café- cacao et toute autre personne accusée de fraude ou de detournement quelconque. Je trouve injuste que le Président exclut tout juste de l’équipe de sa campagne les dignitaires de son parti qu’il juge malpropres, pendant que d’autres suspectés des mêmes actes croupissent en prison sans procès. En plus, le rôle d’un Etat est, en principe, de prevenir. Pourquoi n’avait- il pas destitué Tapé Do, Angeline Kili, et Amouzou et autres à temps? Pourquoi attendre la fièvre des élections pour agir? Je les percois beaucoup plus comme des prisonniers politiques et moins comme des prisonniers de droit commun. Je souhaite que soient libérés tous ceux qui sont détenus pour des cas similaires dans ce bâtiment, qui ressemble désormais à un camp de concentration. Ceux qui marchaient hier sur des sandelettes trouées sont dévenus des milliardaires en un temps record sans être des industriels. Ils jouissent pourtant de leur liberté et de pauvres personnes sont détenues sans procès ou elles doivent attendre plusieurs mois pour passer devant la Cour d’appel. Excellence, libérez- les, car ils ne sont pas plus trempés dans les crimes que ceux qui sont en liberté. Je le demande au nom de la justice et de l’équité pour lesquelles nous avions versé notre sueur, nos larmes et parfois notre sang de 1990 à 1994 avant d’aller pour l’exil.

Valery Foungbé

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ