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Politique Publié le samedi 12 décembre 2009 | Notre Voie

A propos de la filiation du président du RDR

Doukouré Lamine (fils d’Odienné) : “Alassane Ouattara est le fils de Mossi Dramane” M. Alassane Dramane Ouattara, né le 1er janvier 1942 à Dimbokro, ancien boursier voltaïque à l’Université de Pennsylvanie (USA), ancien stagiaire puis fonctionnaire voltaïque au Fonds monétaire international (FMI) et ancien représentant de la Haute Volta à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), continue d’étonner les Ivoiriens et, particulièrement, ceux qui ont vécu à Dimbokro. Parmi ceux-ci, M. Doukouré Lamine, fils de feu Mory Doukouré (1908-décembre 1999), a décidé de rompre le silence. Pour l’intérêt supérieur de son pays.

Notre Voie l’a rencontré en 2000. L’interview présente a été publiée dans Notre Voie n° 663 du vendredi 28 juillet 2000.

Au moment où les Ivoiriens sont appelés à opérer un choix décisif pour l’avenir de leur pays, nous leur proposons à nouveau ce témoignage. A méditer profondément.

“Je ne voulais plus parler. Je ne voulais plus rien dire. Cela fait des mois et des mois que je crie à la face du monde que cet homme n’est pas ivoirien. Je ne comprends pas pourquoi, malgré tout, les Ivoiriens le laissaient faire”. C’est par ces mots que nous reçoit, en ce mois de juin, dans un français hésitant, l’homme que nous sommes venus rencontrer à Odienné. A la vérité, rencontrer M. Lamine Doukouré n’était pas le but de notre long périple. Notre volonté était de rencontrer son père, le vieux Mory Doukouré.

Dès que nous avons reçu l’information sur l’existence de cet homme qui aurait joué un rôle important dans la vie de Dramane Ouattara le défunt père de M. Alassane Dramane Ouattara, nous avons préparé ce voyage. Pour voir et discuter avec celui qui “donna” Nabintou Cissé au père du président du Rassemblement des Républicains (RDR) et candidat présumé à la présidence de la République de Côte d’Ivoire.

Nous voilà donc un matin du mois de juin 2000 à Odienné après un long voyage nocturne. Ne connaissant personne dans la ville, nous nous informons pour nous faire conduire au domicile de M. Touré Vakaba, chef de terre. Il est, également, secrétaire fédéral du FPI. Et cela nous rassure. Des informations reçues faisaient état de la passion qui anime certains militants du RDR et suggéraient, de ce fait, des précautions à prendre. C’est d’ailleurs M. Vakaba que nous a recommandé notre informateur au départ de Bouaké.

Notre arrivée sort le fédéral de son lit. Après les salutations, nous exposons les raisons de notre présence. “C’est maintenant que vous venez pour ça ? Le vieux est décédé depuis quelques mois”, nous déclare-t-il. Voyant notre grande déception, il s’empresse de nous consoler : “Ce n’est pas très grave ; son fils aîné est là. Il sait tout, mais je ne sais pas s’il va accepter de parler. Je vais le rencontrer pour arranger ça”.

Quelque peu rassuré, nous nous rendons dans un hôtel que nous indique notre hôte. Ordre nous est donné de nous reposer en attendant de rencontrer M. Doukouré. Comme on peut l’imaginer, notre sommeil est trouble et des questions se bousculent dans notre tête. Ce voyage sur Odienné servira-t-il finalement à quelque chose ? Lamine Doukouré acceptera-t-il de s’ouvrir à nous et même de se laisser photographier ? Au fait que sait-il sur le sujet qui nous intéresse ? Le “repos” dure jusqu’à 16h et le doute commence à s’intaller. Enfin, M. Touré se signale : la rencontre pourra avoir lieu dans une heure. Au moment indiqué, nous sommes au domicile de “l’entremetteur”. Mais point de Lamine. Nous attendons jusque tard dans la nuit. M. Vakaba s’est rendu au domicile de notre homme. A son retour, nous devons convenir de fixer la rencontre au lendemain. En attendant, nous décidons de savoir comment va le FPI dans cette région. Heureusement, deux secrétaires généraux de fédération (Odienné 1 et Odienné 2) sont là. Quelques militants aussi. Après des interviews, nous passons le temps à parcourir la ville. Nous l’avions déjà visitée en 1991, à l’occasion de la grande tournée de M. Laurent Gbagbo dans la région. Nous essayons de reconnaître les rues, les immeubles…

Lendemain matin, 10h. Nous sommes chez M. Vakaba. Jusqu’à midi, point de Lamine. Un tour à son domicile en compagnie d’un guide permet à ses épouses de nous informer qu’il se trouve au champ. L’attente a été longue, car, après le champ, Lamine s’est rendu à l’hôtel “Les Fromagers” où il vend des objets d’art.

Après le journal de 20h enfin, voici notre homme. Alors que nous faisons remarquer notre joie de le voir, nous apprenons que M. Vakaba a dû user de persuasion pour que Lamine consente à venir à notre rencontre. Car Lamine Doukouré est en colère contre les journalistes. Selon lui, il parle de cette affaire depuis longtemps déjà. Il s’est adressé à des journalistes pour que les Ivoireins soient définitivement fixés sur la question Alassane Dramane Ouattara. L’information n’a pas été exploitée comme il l’entendait. Et l’opinion continue d’accepter, selon lui, l’usage du faux. M. Doukouré s’en offusquait profondément. En désespoir de cause, il avait pris la décision de ne plus en parler et d’enfouir ce qu’il sait de son père et ce qu’il a lui-même vécu. Fort heureusement… “Vous êtes venu de loin et vous voulez me rencontrer. Je vais donc parler. Mais je ne comprends pas les Ivoiriens. Comment peuvent-ils penser que le père d’Alassane est Ivoirien et laisser un étranger s’imposer à eux ?”, s’est-il interrogé, avant d’accepter qu’on lui tende le micro. Sa colère s’est alors apaisée. L’interview pouvait commencer. Lamine Doukouré, 64 ans, a parlé. En toute responsabilité.


Notre Voie : M. Doukouré, pour de nombreux Odiennékas que nous avons rencontrés, vous êtes détenteur de beaucoup d’informations sur M. Alassane Dramane Ouattara. Qu’en dites-vous ?

Lamine Doukouré : Je me présente d’abord pour que tout soit clair. Je m’appelle Lamine Doukouré. Je suis né en 1936 à Odienné. Je suis père de 13 enfants. Feu mon père s’appelait Mory Doukouré, né en 1908 à Odienné. Il est décédé en décembre 1999 à Odienné…


N.V. : On raconte qu’il a passé presque toute sa vie à Dimbokro…
L.D. : C’est exact. La preuve est que, en dehors de ma grande sœur et de moi-même qui sommes nés à Odienné, tous ses dix autres enfants sont nés à Dimbokro.


N.V. : Que faisait votre père dans cette ville ?
L.D. : Mon père était agent d’affaires.


N.V. : On dit qu’il s’est fait beaucoup d’amis à Dimbokro…
L.D. : C’est vrai…


N.V. : On dit qu’il connaissait le père de M. Alassane Dramane Ouattara…

L.D. : Ils étaient mieux que de simples connaissances ; c’était de vrais amis. Ils étaient toujours ensemble. On les voyait toujours ensemble. Mais, mieux, je sais que c’est mon père qui a marié Nabinton Cissé à son ami le père d’Alassane Ouattara. Mon père était le responsable des ressortissants d’Odienné à Dimbokro. C’est à ce titre que quand Nabintou Cissé est arrivée à Dimbokro, il a été chargé de régler cette affaire. C’est donc lui qui, en tant que chef de la communauté odiennéka, a donné Nabintou Cissé au père d’Alassane Dramane Ouattara.

N.V. : Vous ne nommez pas le père d’Alassane Ouattara. Le connaissiez-vous? L.D. : Je l’ai bien connu. Son vrai nom était Dramane Ouattara. Mais il avait un surnom que tout le monde connaissait à Dimbokro : il s’appelait “Mossi Dramane”. En tout cas, c’était comme ça que tout le monde l’appelait à Dimbokro.


N.V. : Que faisait-il à Dimbokro?

L.D. : Il était gérant de la CFAO (ndlr : Compagnie française de l’Afrique occidentale). N.V. : Vous dites que votre père a contribué à son mariage avec Nabintou Cissé. Cette dernière était-elle sa seule femme ? L.D. : J’ai dit que c’est mon père qui a donné Nabintou Cissé à Mossi Dramane, son ami. Mais au moment où mon père lui donnait cette femme, Mossi Dramane était déjà marié avec Nabintou Ouattara.


N.V. : Entre Nabintou Cissé et Nabintou Ouattara, qui est la mère de M. Alassane Dramane Ouattara ?

L.D. : Ecoutez-moi, j’ai véritablement découvert Alassane Ouattara dernièrement quand Houphouet l’a fait venir pour être Premier ministre en Côte d’Ivoire. Mais mon père me disait toujours que sa mère s’appelait Nabintou Ouattara. Il est vrai que quand mon père donnait Nabintou Cissé à Mossi Dramane, son ami, Alassane Ouattara n’était pas encore né.


N.V. : Et vous dites que sa mère s’appelait Nabintou Ouattara?

L.D. : C’est ce que mon père, l’ami de Mossi Dramane, m’a toujours dit : Nabintou Ouattara était sa maman. Mon père m’a dit que Nabintou Ouattara est décédée quelque temps après la naissance d’Alassane et que c’est Nabintou Cissé qui a eu la charge d’élever cet enfant jusqu’à 10 ans.


N.V. : Le père de M. Alassane Dramane Ouattara a été, par la suite, obligé de quitter Dimbokro. Que savez-vous de ce départ ?

L.D. : Un jour, on nous a appris que le père de Mossi Dramane était décédé à Sindou (ndlr : République de Haute Volta). En tout cas, je me souviens que, quelque temps après, Mossi Dramane a décidé de partir. Et tous les vieux de Dimbokro se sont rassemblés, le jour de son départ, pour l’accompagner à la gare du train. On nous a dit qu’il rentrait chez lui (ndlr : à Sindou) pour être chef de village. Il n’est plus revenu à Dimbokro. Enfin, je ne l’ai plus revu jusqu’à sa mort à Sindou.


N.V. : M. Alassane Ouattara était-il avec son père au moment où celui-ci quittait Dimbokro?

L.D. : Non, Alassane avait été déjà envoyé en Haute Volta avant que son père ne quitte Dimbokro. Mon père m’avait dit que c’est suite à la mort de sa mère qu’il avait été envoyé auprès de ses oncles et tantes vivant là-bas (ndlr : en Haute Volta).


N.V. : M. Doukouré, beaucoup de gens racontent que, depuis qu’il y a cette polémique autour de M. Alassane Dramane Ouattara, vous ne cessez de vous déclarer choqué par les débats. Est-ce vrai et pourquoi?

L.D. : Je suis choqué parce que tous les journaux parlent d’Alassane sans chercher à connaître son histoire. Je dis que Alassane n’est pas d’ici. Nous avons tous appris qu’il est ivoirien seulement quand Houphouet l’a appelé pour être Premier ministre. Je suis choqué parce que je ne sais pas pourquoi il (Alassane Ouattara) continue d’embêter les gens nuit et jour alors qu’il connaît sa propre histoire. Je dis que sa vraie mère s’appelle Nabintou Ouattara. Elle est décédée. Quant à son papa, tout le monde l’appelait Mossi Dramane. C’est à vous de comprendre.


N.V. : Vous qui affirmez être né à Odienné, comment avez-vous connu le père de M. Alassane Ouattara ?

L.D. : C’est très simple. Je suis né en 1936 à Odienné, mais je suis arrivé à Dimbokro en 1958. J’étais déjà bien grand pour connaître l’ami de mon père. Et j’ai connu Mossi Dramane et ses enfants. Alassane n’était plus avec eux. Moi, je ne l’ai découvert que quand Houphouet l’a appelé ici (ndlr : en 1989). C’est mon père qui m’a donc tout expliqué. Si vous étiez venu avant décembre, il vous aurait tout conté lui-même.

Paul D. Tayoro
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