Conférence à la fondation Friedrich Ebert - Lida Kouassi : “Le combat pour les libertés en Côte d`Ivoire, c`est nous”

La Fondation Friedrich Ebert renoue avec ses conférences-débats. Moïse Lida Kouassi a été le premier invité, vendredi dernier. Le conseiller spécial du président de la République a présenté “la crise du socialisme en Europe”. En conclusion, il a ouvert une lucarne sur l`avenir de la social-démocratie en Afrique. Et le débat s`est accentué sur les résultats du socialisme en Côte d`Ivoire. Moïse Lida Kouassi a revendiqué, vendredi dernier, pour ses camarades du Front populaire ivoirien (FPI) et lui, le combat pour la démocratie et les libertés en Côte d`Ivoire et dit son optimisme quant à l`avenir de la social-démocratie en Afrique. «Le combat pour la démocratie et les libertés dans ce pays, c`est nous. Cette lutte nous a valu beaucoup de souffrances. Mais c`était le prix à payer. Et, aujourd`hui, le pays a fait des avancées. Il faut être de mauvaise foi pour le nier», a déclaré M. Lida au cours d`une conférence-débat organisée par la Fondation Friedrich Ebert dans ses locaux à Abidjan- Deux-Plateaux. La conférence portait sur le thème : ``Rétrospective des dernières élections en Allemagne et la crise de la gauche politique en Europe`` ; en d`autres termes`` la crise du socialisme en Europe`. L`ex-ministre d`Etat, ministre de la défense a fait cette mise au point suite aux premières réactions qu`a suscitées son exposé liminaire. Le conseiller spécial du président de la République a souligné qu`après avoir connu un âge d`or, la social-démocratie a subi les effets de la vague néolibérale en Europe et vit aujourd`hui une impasse idéologique, une crise d`identité profonde. «Après avoir compté entre 1997 et 2002 jusqu`à 12 gouvernements dans l`Union européenne, la social-démocratie est aujourd`hui en perte de vitesse. Un seul pays scandinave sur cinq est dirigé par des sociaux-démocrates. En Allemagne, on observe un recul spectaculaire du SPD. En France, le PS relégué dans l`opposition n`offre guère un meilleur visage``, a-t-il illustré. Optimisme quant à l`avenir Mais, malgré ce déclin de la social-démocratie en Europe, M. Lida a exprimé son optimisme quant à l`avenir de cette doctrine politique en Afrique où, selon lui, les défis socio-politiques sont réels. Le débat s`est focalisé sur cette conclusion optimiste. Il a pris l`allure d`échanges parfois houleux entre les tenants et satisfaits du socialisme en Côte d`Ivoire et les pourfendeurs et déçus de ce socialisme. Des intervenants dont un élu de l`opposition ont estimé qu`ils ne savent pas ce le socialisme a apporté en Côte d`Ivoire et que les socialistes ivoiriens ne se comportent pas conformément à l`idéologie socialiste. Et ce, parce qu`ils montrent des signes extérieurs de richesse et même s`enrichissent de façon vertigineuse. Ils roulent carrosse et sortent des immeubles de terre. Au plan démocratique et des Droits de l`homme, des participants ont noté la violation des droits de l`homme et des menaces sur les libertés. D`autres intervenants se sont seulement demandé ce qui expliquait l`optimisme du conférencier quant à l`avenir du socialisme. Ce sont ces questions qui ont donné l`occasion à Moïse Lida Kouassi de rappeler le combat de la gauche politique ivoirienne et les brimades qu`ont subies ses animateurs. Il a dit que les fruits de cette lutte, c`est le retour au multipartisme, la Commission électorale indépendante, le vote à 18 ans, les urnes transparentes, le bulletin unique, la pluralité des titres de journaux. Projets socialistes Concernant les accusations d`enrichissement illicite, Moïse Lida Kouassi a indiqué qu`il est mieux placé pour faire la part entre les rumeurs et la réalité puisque la rumeur lui attribue 35 milliards de FCFA placés sur un compte à l`étranger et des immeubles partout à Abidjan. «Faites vos investigations. Et je vous mets au défi de trouver ces immeubles et ce compte», a indiqué M.Lida. Par ailleurs, il a fait remarquer que les socialistes ivoiriens ont ouvert des chantiers que sont l`Assurance-maladie universelle (AMU), l`école gratuite, la réparation de certaines injustices causées par le PDCI-RDA notamment dans le milieu enseignant, à la police et dans bien d`autres secteurs. ``ça, ce sont des projets socialistes que la guerre a malheureusement stoppés, mais que nous allons poursuivre après notre victoire à la prochaine présidentielle``, a affirmé le directeur départemental de campagne de Laurent Gbagbo à Marcory. Au titre des menaces sur les libertés, il a dit que c`est l`une des conséquences de la crise. Il a avoué que le gouvernement d`union nationale actuel ne peut pas faire la promotion des libertés. «Ce gouvernement ne peut pas faire la promotion des libertés. Attendons d`avoir un gouvernement de gauche dont les ministres regardent tous dans la même direction et vous verrez si les libertés ne sont pas promues``, a promis M. Lida. Qui a fini en réaffirmant son optimisme quant à l`avenir du socialisme en Afrique, puisque le combat pour la réduction des inégalités reste une préoccupation et qu`il y aura toujours une place pour la social-démocratie. Le débat s`est élargi à d`autres questions et s`est poursuivi dans le jardin autour du buffet. Jens Ettmann, représentant résident de la Fondation Friedrich Ebert, a rappelé que ce genre de débats était une tradition de sa structure ; tradition stoppée par la crise, mais qu`il entend faire revivre avec le retour à la normalité. Dan Opéli