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Editorial Publié le lundi 14 décembre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Editorial

Depuis quelques jours les journaux proches du Chef de l’Etat et la majorité présidentielle, ont entrepris une campagne de presse contre le président du Rdr en reprenant le débat sur la nationalité de Alassane Dramane Ouattara. Au passage deux confrères indépendants n’ont pas résisté à la tentation de publier l’interview du soi-disant chauffeur de d’Houphouët Boigny. De façon générale, le thème n’est pas nouveau, les arguments ne sont pas nouveaux.

Tout cela a pour conséquence de créer une atmosphère qui ne rend pas service à la Côte d'Ivoire ni à Laurent Gbagbo. La majorité présidentielle, à notre avis n’a pas besoin de cela. Dire aujourd'hui encore que le président du Rdr n'est pas Ivoirien alors qu'il est candidat à l'élection présidentielle, c'est avouer une absence d'arguments. Durant plusieurs années, le régime Bédié avait mobilisé les moyens et les appareils d'Etat dans la guerre sur la nationalité de Ouattara. Cela a conduit à un coup d'Etat. Feu Robert Guei n’a pas survécu à la situation puisque, obnubilé et hanté par la question Ouattara, il a baissé la garde au sujet de Laurent Gbagbo. Après avoir soufflé le chaud et le froid après suite au Forum pour la réconciliation nationale d’une part et d’autre part suite au débat sur le certificat de nationalité signé par une magistrate alors vouée aux gémonies, sans oublier la journaliste sanctionnée et les tiraillements entre les partisans du camp présidentiel, le régime Laurent Gbagbo a fini par subir une attaque le 19 septembre 2002. C'est au moment donc où le pays peine à sortir de cette crise que le débat est remis au goût du jour. Tout d'abord il traduit une réelle impuissance. Si vraiment Ouattara est étranger alors qu'il est candidat cela signifie clairement que nous sommes impuissants, incohérents et mécontents. Écrire qu'il est étranger ne suffira pas pour révolter et mobiliser l’ensemble de l'électorat souverainiste contre le candidat du Rdr. La campagne électorale sous un fond identitaire peut avoir un effet boomerang. Elle rend difficile le travail de Issa Malick et de tous les cadres du Nord ayant rallié la Majorité Présidentielle. Voit on Malik Coulibaly, voit on Dossongui Koné et d'autres cadres issus du Nord aller dire à des ressortissants du Nord, de ne pas voter Ouattara parce qu’il est étranger ? Non ! ce discours n'est plus crédible. Peut-être qu’il rend peut être service à Ouattara dans sa posture de victime dont les adversaires auraient peur et dont les alliés se retournent contre lui une fois qu'ils sont au pouvoir, à encore les affidés au service du mentor du Rdr. Sur le terrain le Rdr a donc beau de dire que Laurent Gbagbo a peur d'affronter Ouattara et qu'en réalité c'est le Fpi lui le vrai père de l’ivoirité : tout a commencé en 1990, après le retour du multipartisme et à l’occasion de la première élection présidentielle concurrentielle. L'opposition avait alors exigé l'application de la Constitution et par conséquent la suppression du droit de vote pour les étrangers. Houphouët a résisté à la pression, tout comme il a résiste à la pression concernant Alassane Ouattara traité déjà d’étranger par les opposants. A partir de son accession au pouvoir en décembre 1993, Bédié change de cap. Voulant éviter de donner le monopole de la défense de l'identité nationale ou FPI, le Président Bédié ouvre la boîte de Pandore. Fologo, dont ce fut peut-être le seul vrai combat politique, se dressera contre les débuts ivoiritaire du régime Bédié avant de s'avouer vaincu face à Faustin Kouamé, Pierre Kipré et Constant Bombet. Pis le natif de Peguekaha, finira par hurler au plus trad avec les loups à l'époque. Cela dit il faut mettre à son actif le fait qu'en dépit de son opposition politique, Fologo n’ait jamais personnellement et publiquement attaqué le président du Rdr sur sa nationalité. Bédié en 1994 décide donc de ne faire voter que les Ivoiriens. Et il va plus loin en traquant les Ivoiriens fraudeurs et les ivoiriens de circonstances. On connaît la suite. En ressortant le débat, les soutiens du Chef de l'Etat donnent l'occasion de montrer que le vrai père de l’ivoirité et du débat sur l'identité nationale est Laurent Gbagbo. Il y a des avantages certains dans cela tout comme il y a des inconvénients réels. Mais dans un pays où Adama Dahico est candidat à la présidentielle, dans un pays qui sort de la guerre, une doctrine souverainiste et exclusive, du point de vue de la nationalité, pourrait ne pas du tout rendre service à Laurent Gbagbo. A travers ce débat, le camp Gbagbo facilite le choix pour les Ivoiriens et l'électorat: choisir entre deux visions ; celle incarnée par Laurent Gbagbo et celle incarnée par Alassane Ouattara. Dans le duel et le face à face ainsi annoncé, le Pdci malgré son poids apparent semble absent, car au delà de Bédié, Gbagbo se positionne comme le seul défenseur de l'identité nationale. Partagée entre la vision humaniste, inclusive et intégrationniste d’Houphouët d’une part et d’autre part la promotion des valeurs dites ivoiriennes, les militants du Pdci sont mis devant le défi de choisir entre Gbagbo et Ouattara, parce que Bédié n’incarne pleinement ni l'inclusion ni l’exclusion. Les mélanges entre les ethnies, entre les religions, entre les populations venues d'ailleurs, les leçons de la guerre font que la proportion des ivoiriens ouverts et non sensibles à la bataille sur la nationalité sont plus nombreux que les ivoiritaires dont l'un des handicaps, est de ne pas assumer leurs convictions profondes. Contrairement à notre confrère « Le Patriote » qui a écrit le week-end, que le débat sur la nationalité n'aura pas lieu, nous pensons qu'il faut peut être le faire pas seulement pour Ouattara mais pour tant d'autres, afin de mieux solder les comptes. Malgré la bonne volonté de Guillaume Soro, tous les comptes ne sont pas encore soldés. On a tenté d'apporter une réponse technologique à un problème qui touche le cœur et les sens des populations. La solution ne se trouve pas dans les fichiers, dans les croisements ni dans les machines. Tout le monde le sait mais tout le monde reporte la solution à l'après élection. Le fait que les confrères proches de Laurent ressortent le dossier Ouattara, en plein débat sur la candidature de Dahico, remet au centre de la campagne la question identitaire ou plutôt la question de la nationalité, de l’identité et de la citoyenneté dans tous ses aspects. Aux risques et périls de chacun !

Par Charles Kouassi
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