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Économie Publié le mercredi 16 décembre 2009 | Nord-Sud

Absence de transparence, coût élevé du crédit,… : Le secteur privé dérouille les banques

En dépit des performances réalisées en 2008, le secteur bancaire éprouve du mal à faire face aux besoins de financement des entreprises. Au cours d’un débat initié hier par l’Apbefci, les dirigeants d’entreprises ont dénoncé les mauvaises pratiques des banques.

Avec la crise qu’a connue la Côte d’Ivoire, les efforts de reconstruction et de remise à niveau de l’activité économique vont nécessiter des financements importants et multiformes. Les banques et établissements financiers seront fortement sollicités. Si l’on assiste à une relative embellie dans le secteur bancaire eu égard aux performances réalisées en 2008, il est loisible de soutenir que ce frémissement ne se traduit quasiment pas sur l’activité du secteur privé. Les entreprises durement éprouvées par la crise, expriment de plus en plus un besoin de financement que les banques n’arrivent pas à soutenir. Pourtant, leur nombre (20 banques et établissements financiers) ne cesse de croître au plan national. Pour une fois, les acteurs du système bancaire ont engagé hier à Abidjan, le débat avec les dirigeants d’entreprises sur la «contribution des banques et établissements financiers au développement des entreprises.» Afin de mieux comprendre leurs difficultés en vue de trouver les solutions idoines. «Le système bancaire ivoirien se porte bien. La croissance qu’il a connue ces 10 dernières années et surtout après l’instauration de l’organisme de supervision (Commission bancaire), a permis de faire oublier les difficultés des années 80», fait remarquer Kouamelan Serge, Secrétaire administratif de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (Apbefci). Selon lui, le secteur a contribué au développement des entreprises en Côte d’Ivoire et dans les pays de l’Umoa.
Ainsi, au 31 décembre 1998, le con­cours du secteur bancaire et financier aux opérateurs économiques s’élevait à 1.489 milliards de Fcfa pour les crédits de campagne. Certes, ce concours a connu une baisse en passant de 1.409 milliards Fcfa en 2002 à 1.340 milliards de Fcfa en 2003, soit une baisse de 5%. Mais, il affiche une nette progression depuis 2004, où il est passé de 1.661 milliards Fcfa pour atteindre 2.133 milliards de Fcfa en septembre 2009. Ce qui représente une croissance de 43% en 10 ans. Mieux, le chiffre d’affaires en fin 2008 s’établit à 343 milliards de Fcfa. Quand le résultat et les dépôts ont atteint respectivement 70 et 2.150 milliards de Fcfa.

La liquidité bancaire en hausse

Cette performance, a soutenu le secrétaire exécutif, a permis au secteur d’étendre et de renforcer son réseau d’agences bancaires dont le nombre est passé de 165 en 1998 à 281 en 2008, soit une progression de 70%. Avec l’avènement de nouvelles banques, l’Association met le cap sur 500 agences en 2010. En dépit de ces acquis, le système bancaire ivoirien présente de nombreuses faiblesses. Il s’agit d’un niveau de fonds propres souvent insuffisant pour certains établissements, de la prédominance des ressources courtes qui limitent le financement à moyen et long terme. Ces limites concernent également le coût du crédit qui reste encore onéreux à cause du coût des facteurs et de l’insécurité juridique et judiciaire qui freine l’octroi des crédits. Les banquiers sont cependant unanimes sur le fait que les clients ne vont pas à l’information. Alors qu’ils sont tenus de le leur fournir. Marthe Ehui, vice-présidente de la Fédération des petites et moyennes entreprises n’a pas porté de gang pour mettre à nue l’amateurisme et le manque de professionnalisme de certains conseillers-clients. «Il y a des gestionnaires de clientèle Pme qui n’arrivent pas à distinguer les différentes cautions dans le secteur du bâtiment. Comment pouvez-vous demander à des entreprises de s’adresser à ces personnes-là ? Ce n’est pas possible. Donc, il y a toujours un conflit parce que l’agent essaie de cacher ses faiblesses en étant un peu désagréable avec le client.
Beaucoup de Pme sont tombées dans l’informel à cause des problèmes de financement», fustige-t-elle. Selon elle, les banques doivent affecter aux Pme des chargés de clientèle qui maîtrisent leur en­vi­ron­ne­ment. Ces Pme, précise Marthe Ehui, représentent 18% du Pib et 80% en nombre. «Cela veut dire que nous avons beaucoup d’entreprises. Le gestionnaire a un portefeuille tellement important qu’il n’arrive pas à travailler avec les Pme. Certains ne savent même pas où nos entreprises sont situées», déplore-t-elle visiblement préoccupée. Pour Lakoun Ouattara, Directeur général de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire, la contribution des banques au financement de l’économie reste en deçà des attentes du secteur privé. Une bonne partie des entreprises surtout les Pme, souligne-t-il, n’ont pas accès au financement. «Comment les banques comptent gérer le besoin de financement des entreprises puisqu’il va falloir relancer notre économie ? Quelles solutions concrètes l’Association peut nous proposer sur les taux d’intérêt pour répondre à la problématique des Pme ?», demande le Dg. Le secteur privé n’apprécie pas également les frais imposés par les banques et qui apparaissent en plein exercice. «Au moment où l’entreprise met en place son budget en début d’exercice et fonctionne sur cette base, au cours de l’année de nouveaux frais apparaissent. Nous avons remarqué que les banques ont tendance actuellement dans les conventions de crédit, à introduire une rubrique appelée survenance de faits nouveaux ou circonstance nouvelle», révèle-t-il.

Le privé ne ressent rien

C’est clair qu’à ses yeux, les établissements bancaires imposent aux clients d’éventuelles taxes qui seraient introduites par l’Etat dans le cadre des accords de prêts. Les dirigeants d’entreprises déplorent aussi les lenteurs dans les procédures, notamment le règlement des bons de commande et souhaité la vulgarisation de l‘affacturage. Une technique de gestion financière qui prend en charge le recouvrement de créances d’une entreprise dans le cadre d’un contrat en supportant de manière optionnelle, les pertes éventuelles sur les débiteurs insolvables. Jacob Amématékpo et Bernard Labadens respectivement président par intérim et membre de l’Apbefci ont reconnu le besoin de formation des agents. Le président de l’Association précise que les banques sont prêtes à financer un peu plus les entreprises, à condition que celles-ci présentent des dossiers bancables. A cet effet, l’APbefci va initier une séance de formation avec le patronat pour se mettre au même niveau de connaissance. Concernant la cherté du coût du crédit, Bernard Labadens a donné certaines raisons. Les banques sont encombrées de billets qui nécessitent un entretien. Sans compter le niveau des investissements. «Nous sommes dans un environnement un peu dangereux. Donc, les banques sont obligées de mettre en place des dispositifs extrêmement lourds. Les établissements sont relativement liquides. Même si cette liquidité n’est pas abondante, elle reste une sécurité indispensable. On devra aller chercher des ressources sur le marché financier où l’Etat est fortement présent. Si le pays atteint de point d’achèvement de l’initiative Ppte, l’Etat va bénéficier de ressources importantes. Ce qui va réduire leur présence sur le marché financier», analyse M. Labadens pris au mot par Kablan Yaho Sahi, conseiller du ministre de l’Economie et des finances et ancien directeur national de la Bceao. Selon lui, évoquer le niveau des investissements des établissements dans la formulation du coût du crédit, reviendrait à biaiser en quelque sorte l’analyse. «L’investissement fait partie de la politique d’expansion des banques. On le prévoit», réagit-il. Avant de rappeler que depuis 2003, la banque centrale a engagé des réformes, notamment la promotion des moyens de paiements structuraux au détriment des moyens de paiement fiduciaire. Toute chose qui doit permettre de moderniser les services bancaires si les établissements en font la promotion. Aka Gustave, contrôleur à la Bceao, explique que la banque centrale pratique depuis 2008 des opérations de liquidité sur le marché monétaire à l’endroit des banques et établissements financiers qui peuvent bénéficier de ressources sur le marché. Pour y arriver, les banques doivent payer les supports de bon de trésor ou bien des titres bancables. La Bceao a justement mis en place le dispositif des accords de placement qui permet de coter les entreprises qui ont une bonne situation financière. Pour lui, il faut aider les Pme à sortir de l’informel pour pouvoir bénéficier du concours de la banque centrale.

Cissé Cheick Ely
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