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Art et Culture Publié le jeudi 17 décembre 2009 | Le Patriote

Invité de la Rédaction de Fraternité Matin - Laurent Gbagbo à propos du désarmement : "Je n’ai jamais dit qu’on allait désarmer par les armes"

Le grand oral a eu lieu. Le président Laurent Gbagbo était hier l’invité de la Rédaction de Fraternité Matin. Dans une salle Félix Houphouët-Boigny bondée de monde, le chef de l’Etat était sous les feux roulant de la presse nationale et internationale. Au cours de cette cérémonie, le président Gbagbo est revenu sur les propos qu’il a tenus le 16 octobre dernier en ce qui concerne le désarmement. « Je n’ai jamais dit qu’on fera le désarmement après les élections et par les armes. J’ai dit après les élections, l’Accord politique de Ouagadougou sera appliqué. En conséquence, ceux qu’on trouvera avec les armes, on les désarmera par les armes », a affirmé Laurent Gbagbo. Selon lui, le désarmement se fera deux mois avant les élections comme prévu par l’APO. « Et on ira aux élections », a-t-il tenu à rassurer. Sur le même chapitre militaire, le chef de l’Exécutif ivoirien a dit avoir résolu en grade partie la question des grades en signant sept décrets à Mankono. « Les questions militaires sont délicates. Avant de signer quoi que ce soit, je préfère mettre les FDS et FAFN face à face. Il y a des points où ils sont tombés d’accord. Il y en a que je n’ai pas signé encore. Il reste un texte concernant 300 personnes formées à Pretoria en Afrique du Sud, un texte sur dix policiers qui avaient rejoint la rébellion. Il y a également un texte sur les commandants de zone. Un accord a été trouvé. Mais pas confirmé », a-t-il révélé. Quand on lui demande de jeter un regard critique sur ses neuf ans de règne, l’invité de la Rédaction de Frat-Mat avoue qu’il a été surpris par la guerre. Il demande donc aux Ivoiriens de lui pardonner pour avoir été naïf de croire que la conquête du pouvoir ne pouvait pas conduire à la guerre civile. « Mais cela ne se répètera plus, parce que les dispositions seront prises pour cela », a-t-il martelé. Avant de promettre que les grands axes de son programme tels que la décentralisation et l’Assurance maladie universelle seront mises en œuvre. En ce qui concerne les grèves et mouvements sociaux, le chef de l’Etat a opté pour la fermeté. « Je ne donnerai pas un franc de plus. Il faut que les Ivoiriens comprennent qu’il s’agit de leur pays. On leur donnera ce que le ministre de l’Economie et des Finances pourra donner. C`est-à-dire peu de ce qu’ils attendent », a-t-il prévenu. Laurent Gbagbo estime que sur la question de l’augmentation des salaires, l’Etat a consenti assez d’efforts. « La masse salariale de la Fonction publique est de 814 milliards, soit 45% du budget. Alors que la norme UEMOA est de 35%. Mais on l’a fait pour satisfaire les travailleurs », a-t-il expliqué. Avant de préciser que depuis 2001, les augmentations de salaires ont coûté 177 milliards à l’Etat. Il a donc conseillé aux grévistes d’attendre le point d’achèvement de l’initiative PPTE pour toute augmentation salariale. Le chef de l’Etat a par ailleurs dénoncé toutes ces grèves qui, pour lui, gênent énormément le processus électoral. Surtout celle des greffiers. Quant aux déchets toxiques, le président de la République a reconnu que c’est une histoire catastrophique. « Une histoire où on s’est promené sur les mers avec la mort et c’est ici qu’on l’a déposée. Nous avons avec les 100 milliards donnés par Trafigura dédommagé les familles. Mais nous avons fait mieux. Nous avons renforcé les centres de santé. Nous envisageons de construire à Cocody un autre, soit un CHU ou un hôpital simple (…) », a-t-il tenté de se justifier. Pour les 22 milliards de FCFA des 30 mille victimes, Laurent Gbagbo a déclaré être au fait de l’affaire. Mais a rappelé que l’Etat n’y est pas engagé. Parlant de ces adversaires politiques, Laurent Gbagbo a soutenu qu’il n’y a pas d’opposition en Côte d’Ivoire. « Une opposition est composée de personnes qui s’opposent au programme de ceux qui sont au pouvoir. Aujourd’hui, nous sommes dans une période que eux-mêmes ont appelé transition (…) Nous sommes tous au Conseil des ministres. Nous prenons ensemble les décisions », a-t-il argué. Concernant son maintien sans élection à la tête de la Côte d’Ivoire depuis 2005, le conférencier a cité les articles 38 et 39 de la Constitution qui, pour lui, l’autorise à rester au pouvoir jusqu’à de nouvelles élections. « Il faut que l’Etat existe. Il faut que quelqu’un l’incarne. Je suis là parce que c’est la Constitution qui le demande jusqu’à ce que quelqu’un soit élu pour me remplacer. Sur ce chapitre, le chef de l’Etat dit ne pas vouloir chercher à s’éterniser au pouvoir, contrairement à ce que l’opposition pense. A ses dires, plus vite auront lieu les élections, mieux cela voudra pour lui. Il a presque imputé le retard que connait le calendrier électoral à la Commission électorale indépendante. Même s’il reconnait que l’Etat donne les moyens pour travailler à cette institution selon la disponibilité de ses ressources. Le chef de l’Etat au cours de cette conférence est revenu sur les grands chantiers qu’il entreprend en ce moment pour finaliser le transfert de la capitale à Yamoussoukro. Ainsi que la construction de l’autoroute du Nord qui maintenant à 5 km de Yamoussoukro et le troisième pont d’Abidjan dont les travaux débuteront en février 2010.

Jean-Claude Coulibaly
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