A l’issue de sa tournée dans les régions du Denguélé et du Bafing, du 9 au 15 décembre derniers, le Dr Alassane Dramane Ouattara a animé sa traditionnelle conférence de presse de clôture. A cette occasion, le candidat du RDR à la prochaine élection présidentielle a échangé avec les journalistes sur le bilan de cette tournée, avant d’ouvrir une lucarne sur l’actualité sociopolitique en Cote d’Ivoire. Entretien.
Propos liminaire
Chers amis journalistes, merci d’être une fois de plus avec nous. Je voudrais commencer par vous féliciter, parce que cette tournée a été longue et difficile. En rentrant demain à Abidjan (la conférence a eu lieu le dimanche 13 décembre dernier, ndlr), cela nous fera neuf jours de tournée. Ensuite, concernant l’itinéraire, il faut dire que cela n’a pas été toujours facile. Evidemment, les infrastructures ne sont pas en bon état. Tout ceci fait que certainement, vous avez été éprouvé. Je me félicite de ce que tout se soit bien passé. Beaucoup d’entre vous avaient été avec moi ces six derniers mois. Nous venons donc de compléter la visite dans 15 régions sur les 19 que compte notre pays. Bien entendu, pour moi, la tournée dans le Denguélé et le Bafing est la tournée la moins difficile, surtout au plan des contacts. Certes elle était politique comme les autres tournées, mais elle avait aussi un caractère familial. Parce que mes grands-parents maternels sont de Gléléban. J’ai donc été là-bas pour saluer ses parents et arrières grands parents. Vous avez entendu les messages que j’ai donnés. C’étaient des messages de rassemblement et de réconciliation. Bien sûr, le Denguélé et le Bafing sont des régions qui ont été très marquées par les questions d’exclusion. Il fallait donc rassurer les populations et leur dire que c’est un chapitre qui est maintenant derrière nous. Et que nous devons regarder l’avenir ensemble, tous en tant qu’Ivoiriens. Nous devons pardonner les erreurs du passé et faire en sorte que les prochaines élections permettent à tous les Ivoiriens de faire le choix qui sera donc le leur. J’ai donc senti beaucoup d’enthousiasme, beaucoup d’émotion et d’attachement. Je n’ai donc pas de doute que ce sont des régions où je ferai un score important. Je m’en réjouis. Voilà mon introduction liminaire et je suis prêt à répondre à vos questions.
Questions – Réponses
Quel résumé faites-vous de votre longue tournée dans les départements du Denguélé et du Bafing ?
ADO : Je veux que cette tournée fasse partie de mon désir de réunifier notre pays. Qu’on fasse qu’il n’y ait plus deux Côte d’Ivoire mais plutôt, une seule Côte d’Ivoire totalement réunifiée. La deuxième chose que les esprits et les erreurs s’apaisent afin que nous rentrions dans une phase de réconciliation. C’est pour cela que j’ai indiqué tout le long de la tournée que la validation de ma candidature par le Conseil constitutionnel est une première victoire. Et c’est vrai parce que l’exclusion d’un ancien Premier ministre et d’un ancien président de la République, est quelque chose d’aberrant que tout le monde entier d’ailleurs n’a pas compris, et nos compatriotes aussi. Surtout aux yeux de ceux qui sont mes parents qui m’ont vu naître et grandir. Je voudrais leur dire que maintenant, c’est un chapitre qui est derrière, qu’il faut oublier. Si on ne peut pas l’oublier, il faut pardonner. Et considérer que tous, sont Ivoiriens au même titre que ceux des autres régions. Il ne faut pas se sentir exclu et marginalisé. Mais, il faut se sentir bien dans sa peau, dans la République.
Monsieur le président, quelle réaction avez-vous à propos des Ivoiriens et militants de votre parti qui sont traqués en ce moment par les Forces de défense et de sécurité pour des questions d’identité et d’enrôlement sur la liste électorale ?
ADO : Effectivement, j’ai lui dans la presse que des Ivoiriens sont traqués par le CeCOS et les Forces de l’ordre, en général. Je trouve cela tout à fait aberrant. A cet effet, nous allons d’ailleurs saisir le représentant spécial des Nations Unies. Parce que les Forces de l’ordre n’ont rien à avoir avec le processus électoral. Il y a des procédures qui ont été établies. Les uns et les autres doivent aller vérifier leur inscription sur la liste. Certains doivent faire des réclamations. Si un citoyen considère que quelqu’un est sur la liste alors qu’il n’en a pas le droit, il y a des procédures pour saisir la Commission électorale indépendante (CEI) et les tribunaux. C’est donc à l’issue de cela qu’une décision est prise. Nous demandons donc au gouvernement et à l’ONUCI de faire en sorte que ces pratiques cessent. Les Forces de l’ordre doivent rester impartiales et républicaines. Je sais que pour la plupart, elles sont effectivement républicaines. Mais il faut que cela s’affirme davantage. Si le CCI a été créé et si il y a une semaine, des dispositions ont été prises pour fournir les 8000 personnes qui doivent surveiller le processus électoral, c’est bien pour dire que les forces, de part et d’autre, doivent être éloignées du processus. Que ce soit les FDS ou les FAFN. C’est pourquoi nous dénonçons et nous demandons à nos frères de la Gendarmerie et de la police de vraiment jouer leur rôle de forces républicaines. Ceci est important pour la suite, car nous voulons des élections transparentes dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs. Il faut donc qu’il n’ y ait aucune interférence des forces militaires ou des forces de sécurité dans ce processus.
Il y a une polémique en ce moment sur la question de votre nationalité. Il y a des témoignages qui sont passés dans la presse proche du pouvoir qui reviennent encore sur ce que nous avons vécu, il y a quelques années. Alors quelle réaction ?
ADO : Moi je n’en sais pas grande chose. Je crois que le processus d’identification est complété. Tout le monde sait que, comme les autres grands candidats, je suis sur la liste électorale validée à l’issue de l’opération d’identification. C’est peut-être la nostalgie d’un débat qui en son temps, avait dû émouvoir nos compatriotes. Mais il est clair que c’est de l’intoxication, des mensonges. Ma réponse à cela, c’est de dire que moi je me préoccupe des vrais problèmes de mes compatriotes. Je fais ces tournées pour dire à mes compatriotes les solutions que j’apporterai à leurs problèmes. Evidemment, certains, n’ayant pas de programmes, pensent qu’ils pourront tromper les Ivoiriens en revenant sur de vieux débats qui ont divisé la Côte d’Ivoire. Moi, je veux rassembler les Ivoiriens. Je n’entrerai pas dans ce genre de débat. Je considère que le temps est venu. La vérité a été dite. Les Ivoiriens la connaissent maintenant. Ils savent bien que nous avons été intoxiqués dans ce pays par ce genre de propos. Les preuves sont maintenant là, c’est la carte nationale d’identité qui est délivrée à chacun de nous.
Que répondez-vous au président Fologo qui dit avoir des révélations à faire le moment venu concernant votre « arrivée » dans la sphère politique ivoirienne ?
ADO : Qu’il le fasse rapidement (rires). Je pense que personnellement, même si je sais des choses sur les uns et les autres, et Dieu seul sait, pour avoir tout de même géré l’Etat de Côte d’Ivoire avec tous les services de renseignements pendant des années en tant que chef de gouvernement, je m’abstiendrai, si c’est nécessaire. Mais, nous attendons ces révélations avec beaucoup d’impatience.
En même que vous vous battez pour qu’il y ait l’équité dans le traitement de l’information au niveau des médias d’Etat, il est constaté que dans les zones occupées, des médias dont l’ouverture est jugée « irrégulière » par des instances autorisées, contribuent à mener campagne pour vous ? Qu’en pensez-vous ?
ADO : Effectivement, j’ai écouté une radio qui s’appelle « Radio Denguélé » puis, une deuxième radio qui m’a d’ailleurs interviewé. C’est une floraison de radios qui se développe. Vous savez ma politique, c’est qu’il faut admettre cela sur l’ensemble du territoire cela sur l’ensemble du territoire. Je ne comprends pas que le gouvernement n’ait jusqu’à présent pas autorisé des radios privées pouvant faire l’information dans la zone gouvernementale. J’ai eu l’occasion de dire à vos collègues qui m’ont accompagné lors de ces dernières tournées, que c’est nous qui avons procédé à la libéralisation des ondes. C’est lorsque j’étais Premier ministre que RFI, BBC, La Voix de l’Amérique, Radio Nostalgie, Radio Jam, etc. ont pu s’installer. Nous avions pris des dispositions pour que les Radios nationales locales fassent la musique et l’information pour un temps limité. Et quelques temps après, elles pouvaient faire de l’information. Donc, ce que moi je suggère, c’est qu’il y ait la libéralisation sur l’ensemble du territoire. C’est cela la liberté d’expression. Il ne faut pas empêcher les radios dont vous parlez qui font leur travail d’information, de fonctionner. Moi, je crois qu’il faut libéraliser. (…) Moi, j’ai grandi dans un environnement de liberté d’expression, de liberté fondamentale et je crois en cela et je protégerais cela.
Lorsqu’on arrête les dates des élections, vous le confirmez presque avec conviction à vos militants et on constate qu’elles sont repoussées. Ne craignez-vous pas un autre report de l’élection présidentielle qui pousserait vos militants à douter de vous ?
ADO : Lorsque la Commission électorale indépendante (CEI) propose une date et que le chef de l’Etat signe un décret, nous ne pouvons considérer que cela été un travail sérieux. Alors, à Ouagadougou, le président de la CEI nous a expliqué les raisons du retard. Pour nous, la question a été ; «vous avez eu un tel problème par le passé. Comment est-ce que vous allez maintenant résoudre tel ou tel problème s’il réapparaissait ? » Mais en tout état de cause, nous avons décidé que la question du contentieux ne doit pas dépasser 38 jours. Et puisque ce contentieux a commencé je crois le 27 novembre, ceci nous amènerait aux alentours du 10 janvier. Normalement, dans la première semaine de janvier, on devrait terminer avec le contentieux et la publication de la liste définitive. Pour le reste, la SAGEM nous a rassurés que les 6.300.000 cartes ont été fabriquées. Il s’agira de retirer les cartes qui ne sont pas valides visant des personnes qui n’auraient pas été retenues. Nous savons déjà qu’il y a 5.300.000 personnes qui sont retenues. Donc, même si la moitié des 1.300.000 personnes ne sont retenues pas retenues, cela voudrait dire qu’il n’ y aurait que 500.000 cartes à retirer et qu’il y airait 6 millions de cartes disponibles qui peuvent être distribuées dans la première quinzaine du mois de février. Nous en savons eu l’expérience à partir de la distribution de la liste provisoire. Selon donc ce calendrier, la campagne électorale pourra donc commencer, s’il y a un léger retard, dans la troisième semaine du mois de février pour nous amener à des élections en fin février ou en début mars. Et j’ajoute que certaines de ces choses peuvent se faire simultanément. Par exemple, les cartes d’identité étant fabriquées, les cartes d’électeurs peuvent être fabriquées immédiatement. Ce qui fera gagner du temps. La liste définitive peut être fabriquée en même temps que les cartes sont fabriquées. La distribution des cartes d’identité pourra se faire avant même que la campagne ne commence, puisque les cartes seront disponibles. Il y a quand même assez de manœuvres dans le programme qui nous conforte et qui nous fait penser que cette fois-ci, nous devions pouvoir respecter le délai. En tout cas, nous n’accepterons pas de nouveaux reports. Nous l’avions d’ailleurs dit clairement le président Bédié et moi, à Ouagadougou. En tout cas, Bédié et moi, nous n’accepterons plus de report quel que soit le motif.
Et s’il y avait un nouveau report ?
ADO : Nous n’accepterons pas et nous ne pensons pas qu’il pourra avoir un autre. C’est aussi simple que ça. Il n’ y a plus de raison pour qu’il y ait un nouveau report.
Pouvez-vous lever un coin de voile sur les dispositions qui ont été prises à Ouagadougou concernant l’équité dans le traitement de l’information par les médias d’Etat ?
ADO : C’est un dossier dont nous avons parlé à chaque occasion. D’ailleurs, lors de la 6ème session du CPC (Cadre permanent de concertation), nous avons eu de très longues discussions, je dirais même assez houleuses sur ce point. Et on nous a dit qu’avec la publication de la liste provisoire, il est prévu dans la loi, l’équité dans le traitement de l’information pour tous les 14 candidats. Et nous avons demandé que les Institutions chargées de la régulation fassent leur travail. Y compris d’ailleurs, le représentant du secrétaire des Nations Unies. Puisque l’équité des médias est un élément important de la certification. Et puis, lorsque les 15 jours de campagne vont commencer, il faudra l’égalité de traitement des candidats. Je crois que le CNCA (Conseil national de la communication audiovisuelle) veillera à ce que tout cela soit respecté parce que s’il y a dérapage, nous saisirons les Nations-Unis et des sanctions seront prises à l‘encontre des responsables de ces Institutions.
Au cours de la rencontre avec les populations à Guintéguéla, vous avez déploré la faible mobilisation des populations pour l’opération d’identification et d’enrôlement électoral. Avec recul, n’avez-vous pas le sentiment que votre parti est en train de perdre un peu son influence dans la zone, certainement à cause des actions de Nady Bamba ?
ADO : Qui est Nady Bamba ? (rires)
C’est la seconde épouse du Chef de l’Etat.
ADO : Ah bon ! Je ne la connais pas. Mais je pense qu’il y a un parti qui s’appelle le FPI. Or je n’ai pas senti la présence de ce parti dans le Bafing, encore moins dans le Denguélé. C’est vrai que je déplore que le Bafing ait un faible taux de personnes enrôlées. Pour cela, il y a plusieurs choses qui m’intriguent. Le Bafing, selon les statistiques, semble avoir une moindre population estimée en 2008 par rapport à 1998. Je me suis dit qu’est-ce qui s’est passé pour que ce soit ainsi ? J’ai donc demandé à nos services statistiques de regarder cela. Est-ce à cause de la guerre ? Puisque les populations, à un moment donné s’étaient déplacées. En tout cas, c’est un problème le fait que la population n’a pas bougé en 10 ans. Partout ailleurs, quand on regarde les indicateurs et qu’on prend un taux de croissance d’environ 3,5 %, la règle de 70 devrait vous amener à doubler la population en 20 ans. Donc en 10 ans, vous devez ajouter 80 % à la population. La population du Bafing devrait être bien au-delà de la population actuelle qui doit être estimée aux alentours de plus de 100 milles. En tout cas la population n’a pas bougé. Ce qui n’est pas normal. La deuxième chose que j’ai noté, c’est que la population enrôlée est très faible. Elle fait seulement 45.595, soit 44 % de la population. Je trouve que cela est faible, puisqu’en moyenne, l’enrôlement a été de 75 % pour la moyenne du pays. Il y a donc un problème dans le Bafing. Je ne me l’explique pas. Est-ce le manque d’effort des responsables locaux ou est-ce le manque de pièce pour nos compatriotes ? En tout cas, nous sommes en train de nous informer.
Vous êtes musulman. Alors à quand le pèlerinage à la Mecque ? (Rires, à nouveau dans la salle)
ADO : Qui vous a dit que je n’ai pas fait le pèlerinage ? C’est une affaire privée. Vous savez, moi j’ai beaucoup voyagé. Mais je ne n’étale pas ma religion pour faire de la politique. Je suis quelqu’un qui a une foi importante dans sa religion. Mais ce qui m’intéresse, c’est d’être le président de tous les Ivoiriens et non celui d’une partie des Ivoiriens. Je pense aussi que dans notre pays, nous avons besoin de travailler à renforcer ce qui est fait par les religieux. J’ai vu à Odienné comment l’Evêque est intégré. Aussi bien l’actuel que le précédent. Celui qui est là, on l’appelle d’ailleurs Yacouba. Et celui qui est parti, avait été surnommé Souleymane, à cause de son nom Salomon. C’est donc dire qu’il y a une bonne coexistence entre des religions. Et ceci est une bonne chose, je m’en réjouis. Surtout qu’il s’agit de la région de ma famille maternelle.
Vous avez annoncé à Odienné, un plan d’urgence pour la reconstruction des zones CNO. Combien allez-vous investir dans ce vaste projet ?
ADO : Dans le Denguélé, nous avons prévu un chiffre global de 375 milliards. Dans le Bafing, c’est 195 milliards. Et comme nous l’avons fait, au plan de l’analyse macro-économique, nous avons dit que sur les 10.000 milliards, il y a 2000 milliards qui seront financés par le secteur privé. 5000 le seront par l’allègement de la dette. Maintenant pour la zone CNO, il faut dire que c’est quand même une zone sinistrée. Alors, nous avons prévu, en plus du calcul normal, de réfection dans différents secteurs, une enveloppe additionnelle pour cette zone CNO. Et sur les 375 milliards prévus pour le Denguélé, il y a 50 milliards additionnels pour les travaux exceptionnels de reconstruction due à la crise. Sinon le Denguélé aurait une enveloppe de 352 milliards.
Le RDR vient de perdre la municipalité de Daloa. Qu’a fait le Dr Alassane Dramane Ouattara pour éviter cette situation ? Et maintenant que c’est fait, quel sort réservez-vous aux conseillers jugés comme des traitres.
ADO : Moi, je suis candidat à l’élection présidentielle. Le RDR a une direction. C’est le RDR qui est chargé de clarifier cette question. J’ai demandé à Mme Diabaté (Secrétaire général du RDR), à Amadou Gon Coulibaly (Secrétaire général délégué) et à Adama Toungara qui est le président des maires libéraux, de voir ce qui s’est passé. Ce sur quoi je suis certain, c’est qu’ayant 25 conseillers sur 34, c’est quelque chose qui ne devait pas arriver.
Comme vous le dites, les régions du Denguélé et du Bafing ont beaucoup de difficultés. Et au cours de votre intervention à Touba, vous avez dit que vous n’allez pas utiliser vos relations pour mobiliser des ressources et les mettre à la disposition de personnes qui vont les dilapider. Pourtant les régions précitées ont des communes et conseils généraux dirigés par des élus RDR. Alors que faites-vous pour aider ces élus ?
ADO : Vous savez, demandez aux présidents de conseils généraux d’Odienné, de Touba ou d’ailleurs. Ils vous diront les actions que j’ai dû mener directement ou indirectement pour eux auprès des Ambassades ou d’autres structures des pays étrangers. Je le fais certes, mais les ressources importantes qui doivent servir aux collectivités doivent provenir du gouvernement. Si vous voulez un prêt d’assainissement de la Banque mondiale pour Daloa, cela vient par l’intermédiaire des négociations avec le ministère des Finances et celui du Plan. Les ressources importantes ne viennent donc pas directement aux municipalités. Par conséquent, ces questions ne seront réglées que quand nous serons aux affaires. C’est aussi simple. D’abord, parce qu’intrinsèquement, il y en aura plus. Deuxièmement, la confiance étant revenue, compte tenu de ma gestion passée, les gens auront plus confiance à mettre plus d’argent. C’est ce que j’ai toujours dit. On aura une opportunité d’avoir beaucoup plus de ressources. Pas seulement pour les municipalités dirigées par des Elus du RDR, mais pour toutes les municipalités en Côte d’Ivoire. Il est important que ces structures qui ont été créées fassent des investissements. Elles sont là aujourd’hui à ne payer que les salaires et des véhicules. Ce n’est pas cela l’objet. L’objet, c’est d’aider les populations et c’est ce que je souhaite faire.
Concernant la sécurisation de l’élection présidentielle, nous avons appris dans la presse que l’ONU va déployer 7.000 hommes, 810 commandos, 150 chars et des hélicoptères à cet effet. En avez-vous parlé au cours du dernier CPC ? Si oui, est-ce à dire que vous n’avez pas confiance au CCI ?
ADO : Effectivement, nous en avons parlé. L’ONUCI a pendant longtemps été dans un poste d’observation. Choi l’a dit et l’a répété, le processus est un processus ivoirien. Ils sont censés, eux, apporter leur soutien. Ce qui se fait actuellement est une demande du Conseil de sécurité, qui a remarqué que, un, le processus est lent. Et deux, qu’il faut un appui, non seulement de la Division électorale pour le processus électoral, mais aussi des forces militaires pour l’aspect militaire. Nous, nous réjouissons de cela. Parce que nous voulons, au bout du compte, des élections transparentes, équitables, mais aussi et surtout sécurisées. Pour qu’après les élections, la Côte d’Ivoire renforce la paix et se mette au travail pour son développement. Et que celui qui va gagner soit applaudi par tous, y compris par ceux qui vont perdre. J’espère que les choses vont se faire de cette manière. Et que véritablement les uns et les autres comprennent que personne ne veut retourner dans le passé avec les crises qui ont secoué le pays. Pour moi, ce n’est pas un manque de confiance, c’est plutôt un soutien qui a été promis et qui est en train de se mettre en place. Je m’en réjouis. Le CCI doit également se mettre en place. Je l’ai dit aussi. Choi également nous l’a dit, avec à ses côtés le Général Amouzou et Becaye Senn de la Division électorale. Ils nous ont dit comment ils vont procéder pour chacun des chapitres. Tout cela nous a été expliqué, aussi bien à nous même qu’au PDCI et aussi au FPI. Pour que tout le monde comprenne qu’il y a une force impartiale qui est là et qui tient à ce que chacun garde la réserve nécessaire pour que les élections se terminent dans la paix.
Nous avons constaté qu’à chaque étape de la tournée, vous avez présenté les membres de votre famille qui étaient dans la délégation. Pourquoi ?
ADO : C’est pour montrer que je suis un homme de famille et un homme de moralité. Mon épouse m’accompagne, ainsi que mes sœurs et mes frères. Ils m’accompagnent surtout dans le Denguélé, d’où est issue notre mère. A Kong, également, j’irai avec mes frères, du côté paternel. Cela est important, parce que la politique ne doit pas vous couper de la famille. La famille ne doit pas interférer dans ce que vous faites, mais pas question de se couper de la famille. C’est bon d’avoir une famille auprès de soi. Et moi, je suis très heureux que mes frères et sœurs soient là et surtout avec beaucoup de discrétions et d’efficacité. Ce n’est pas la politique à l’Américaine, mais je veux qu’on sente que la famille, la religion et autres sont aussi importants pour un homme politique. Vous savez, on ne peut pas diriger un peuple et se comporter d’une certaine manière. Il faut éviter de donner le mauvais exemple à vos concitoyens, surtout les jeunes. Il faut respecter des principaux moraux. C’est donc une manière pour moi de dire à mes compatriotes qu’il faut qu’on change de manière de faire et qu’on soit des personnes qui doivent inculquer des valeurs aux jeunes pour l’avenir.
Conclusion
C’est notre dernière tournée avant la fin de l’année. Je voudrais donc à cette occasion vous souhaiter une très bonne fin d’année. L’année 2009 a été une année de déception pour nous tous, puisqu’il n’y a pas eu d’élection. Mais je crois que l’année 2010, par la grâce de Dieu, sera une bonne année. Parce que nous devrions pouvoir avoir l’élection présidentielle entre février et mars. Je vous souhaite mes vœux les meilleurs. A vos familles et vos proches, je souhaite une bonne fin d’année et une excellente nouvelle année.
Retranscrits par Diawara Samou
Propos liminaire
Chers amis journalistes, merci d’être une fois de plus avec nous. Je voudrais commencer par vous féliciter, parce que cette tournée a été longue et difficile. En rentrant demain à Abidjan (la conférence a eu lieu le dimanche 13 décembre dernier, ndlr), cela nous fera neuf jours de tournée. Ensuite, concernant l’itinéraire, il faut dire que cela n’a pas été toujours facile. Evidemment, les infrastructures ne sont pas en bon état. Tout ceci fait que certainement, vous avez été éprouvé. Je me félicite de ce que tout se soit bien passé. Beaucoup d’entre vous avaient été avec moi ces six derniers mois. Nous venons donc de compléter la visite dans 15 régions sur les 19 que compte notre pays. Bien entendu, pour moi, la tournée dans le Denguélé et le Bafing est la tournée la moins difficile, surtout au plan des contacts. Certes elle était politique comme les autres tournées, mais elle avait aussi un caractère familial. Parce que mes grands-parents maternels sont de Gléléban. J’ai donc été là-bas pour saluer ses parents et arrières grands parents. Vous avez entendu les messages que j’ai donnés. C’étaient des messages de rassemblement et de réconciliation. Bien sûr, le Denguélé et le Bafing sont des régions qui ont été très marquées par les questions d’exclusion. Il fallait donc rassurer les populations et leur dire que c’est un chapitre qui est maintenant derrière nous. Et que nous devons regarder l’avenir ensemble, tous en tant qu’Ivoiriens. Nous devons pardonner les erreurs du passé et faire en sorte que les prochaines élections permettent à tous les Ivoiriens de faire le choix qui sera donc le leur. J’ai donc senti beaucoup d’enthousiasme, beaucoup d’émotion et d’attachement. Je n’ai donc pas de doute que ce sont des régions où je ferai un score important. Je m’en réjouis. Voilà mon introduction liminaire et je suis prêt à répondre à vos questions.
Questions – Réponses
Quel résumé faites-vous de votre longue tournée dans les départements du Denguélé et du Bafing ?
ADO : Je veux que cette tournée fasse partie de mon désir de réunifier notre pays. Qu’on fasse qu’il n’y ait plus deux Côte d’Ivoire mais plutôt, une seule Côte d’Ivoire totalement réunifiée. La deuxième chose que les esprits et les erreurs s’apaisent afin que nous rentrions dans une phase de réconciliation. C’est pour cela que j’ai indiqué tout le long de la tournée que la validation de ma candidature par le Conseil constitutionnel est une première victoire. Et c’est vrai parce que l’exclusion d’un ancien Premier ministre et d’un ancien président de la République, est quelque chose d’aberrant que tout le monde entier d’ailleurs n’a pas compris, et nos compatriotes aussi. Surtout aux yeux de ceux qui sont mes parents qui m’ont vu naître et grandir. Je voudrais leur dire que maintenant, c’est un chapitre qui est derrière, qu’il faut oublier. Si on ne peut pas l’oublier, il faut pardonner. Et considérer que tous, sont Ivoiriens au même titre que ceux des autres régions. Il ne faut pas se sentir exclu et marginalisé. Mais, il faut se sentir bien dans sa peau, dans la République.
Monsieur le président, quelle réaction avez-vous à propos des Ivoiriens et militants de votre parti qui sont traqués en ce moment par les Forces de défense et de sécurité pour des questions d’identité et d’enrôlement sur la liste électorale ?
ADO : Effectivement, j’ai lui dans la presse que des Ivoiriens sont traqués par le CeCOS et les Forces de l’ordre, en général. Je trouve cela tout à fait aberrant. A cet effet, nous allons d’ailleurs saisir le représentant spécial des Nations Unies. Parce que les Forces de l’ordre n’ont rien à avoir avec le processus électoral. Il y a des procédures qui ont été établies. Les uns et les autres doivent aller vérifier leur inscription sur la liste. Certains doivent faire des réclamations. Si un citoyen considère que quelqu’un est sur la liste alors qu’il n’en a pas le droit, il y a des procédures pour saisir la Commission électorale indépendante (CEI) et les tribunaux. C’est donc à l’issue de cela qu’une décision est prise. Nous demandons donc au gouvernement et à l’ONUCI de faire en sorte que ces pratiques cessent. Les Forces de l’ordre doivent rester impartiales et républicaines. Je sais que pour la plupart, elles sont effectivement républicaines. Mais il faut que cela s’affirme davantage. Si le CCI a été créé et si il y a une semaine, des dispositions ont été prises pour fournir les 8000 personnes qui doivent surveiller le processus électoral, c’est bien pour dire que les forces, de part et d’autre, doivent être éloignées du processus. Que ce soit les FDS ou les FAFN. C’est pourquoi nous dénonçons et nous demandons à nos frères de la Gendarmerie et de la police de vraiment jouer leur rôle de forces républicaines. Ceci est important pour la suite, car nous voulons des élections transparentes dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs. Il faut donc qu’il n’ y ait aucune interférence des forces militaires ou des forces de sécurité dans ce processus.
Il y a une polémique en ce moment sur la question de votre nationalité. Il y a des témoignages qui sont passés dans la presse proche du pouvoir qui reviennent encore sur ce que nous avons vécu, il y a quelques années. Alors quelle réaction ?
ADO : Moi je n’en sais pas grande chose. Je crois que le processus d’identification est complété. Tout le monde sait que, comme les autres grands candidats, je suis sur la liste électorale validée à l’issue de l’opération d’identification. C’est peut-être la nostalgie d’un débat qui en son temps, avait dû émouvoir nos compatriotes. Mais il est clair que c’est de l’intoxication, des mensonges. Ma réponse à cela, c’est de dire que moi je me préoccupe des vrais problèmes de mes compatriotes. Je fais ces tournées pour dire à mes compatriotes les solutions que j’apporterai à leurs problèmes. Evidemment, certains, n’ayant pas de programmes, pensent qu’ils pourront tromper les Ivoiriens en revenant sur de vieux débats qui ont divisé la Côte d’Ivoire. Moi, je veux rassembler les Ivoiriens. Je n’entrerai pas dans ce genre de débat. Je considère que le temps est venu. La vérité a été dite. Les Ivoiriens la connaissent maintenant. Ils savent bien que nous avons été intoxiqués dans ce pays par ce genre de propos. Les preuves sont maintenant là, c’est la carte nationale d’identité qui est délivrée à chacun de nous.
Que répondez-vous au président Fologo qui dit avoir des révélations à faire le moment venu concernant votre « arrivée » dans la sphère politique ivoirienne ?
ADO : Qu’il le fasse rapidement (rires). Je pense que personnellement, même si je sais des choses sur les uns et les autres, et Dieu seul sait, pour avoir tout de même géré l’Etat de Côte d’Ivoire avec tous les services de renseignements pendant des années en tant que chef de gouvernement, je m’abstiendrai, si c’est nécessaire. Mais, nous attendons ces révélations avec beaucoup d’impatience.
En même que vous vous battez pour qu’il y ait l’équité dans le traitement de l’information au niveau des médias d’Etat, il est constaté que dans les zones occupées, des médias dont l’ouverture est jugée « irrégulière » par des instances autorisées, contribuent à mener campagne pour vous ? Qu’en pensez-vous ?
ADO : Effectivement, j’ai écouté une radio qui s’appelle « Radio Denguélé » puis, une deuxième radio qui m’a d’ailleurs interviewé. C’est une floraison de radios qui se développe. Vous savez ma politique, c’est qu’il faut admettre cela sur l’ensemble du territoire cela sur l’ensemble du territoire. Je ne comprends pas que le gouvernement n’ait jusqu’à présent pas autorisé des radios privées pouvant faire l’information dans la zone gouvernementale. J’ai eu l’occasion de dire à vos collègues qui m’ont accompagné lors de ces dernières tournées, que c’est nous qui avons procédé à la libéralisation des ondes. C’est lorsque j’étais Premier ministre que RFI, BBC, La Voix de l’Amérique, Radio Nostalgie, Radio Jam, etc. ont pu s’installer. Nous avions pris des dispositions pour que les Radios nationales locales fassent la musique et l’information pour un temps limité. Et quelques temps après, elles pouvaient faire de l’information. Donc, ce que moi je suggère, c’est qu’il y ait la libéralisation sur l’ensemble du territoire. C’est cela la liberté d’expression. Il ne faut pas empêcher les radios dont vous parlez qui font leur travail d’information, de fonctionner. Moi, je crois qu’il faut libéraliser. (…) Moi, j’ai grandi dans un environnement de liberté d’expression, de liberté fondamentale et je crois en cela et je protégerais cela.
Lorsqu’on arrête les dates des élections, vous le confirmez presque avec conviction à vos militants et on constate qu’elles sont repoussées. Ne craignez-vous pas un autre report de l’élection présidentielle qui pousserait vos militants à douter de vous ?
ADO : Lorsque la Commission électorale indépendante (CEI) propose une date et que le chef de l’Etat signe un décret, nous ne pouvons considérer que cela été un travail sérieux. Alors, à Ouagadougou, le président de la CEI nous a expliqué les raisons du retard. Pour nous, la question a été ; «vous avez eu un tel problème par le passé. Comment est-ce que vous allez maintenant résoudre tel ou tel problème s’il réapparaissait ? » Mais en tout état de cause, nous avons décidé que la question du contentieux ne doit pas dépasser 38 jours. Et puisque ce contentieux a commencé je crois le 27 novembre, ceci nous amènerait aux alentours du 10 janvier. Normalement, dans la première semaine de janvier, on devrait terminer avec le contentieux et la publication de la liste définitive. Pour le reste, la SAGEM nous a rassurés que les 6.300.000 cartes ont été fabriquées. Il s’agira de retirer les cartes qui ne sont pas valides visant des personnes qui n’auraient pas été retenues. Nous savons déjà qu’il y a 5.300.000 personnes qui sont retenues. Donc, même si la moitié des 1.300.000 personnes ne sont retenues pas retenues, cela voudrait dire qu’il n’ y aurait que 500.000 cartes à retirer et qu’il y airait 6 millions de cartes disponibles qui peuvent être distribuées dans la première quinzaine du mois de février. Nous en savons eu l’expérience à partir de la distribution de la liste provisoire. Selon donc ce calendrier, la campagne électorale pourra donc commencer, s’il y a un léger retard, dans la troisième semaine du mois de février pour nous amener à des élections en fin février ou en début mars. Et j’ajoute que certaines de ces choses peuvent se faire simultanément. Par exemple, les cartes d’identité étant fabriquées, les cartes d’électeurs peuvent être fabriquées immédiatement. Ce qui fera gagner du temps. La liste définitive peut être fabriquée en même temps que les cartes sont fabriquées. La distribution des cartes d’identité pourra se faire avant même que la campagne ne commence, puisque les cartes seront disponibles. Il y a quand même assez de manœuvres dans le programme qui nous conforte et qui nous fait penser que cette fois-ci, nous devions pouvoir respecter le délai. En tout cas, nous n’accepterons pas de nouveaux reports. Nous l’avions d’ailleurs dit clairement le président Bédié et moi, à Ouagadougou. En tout cas, Bédié et moi, nous n’accepterons plus de report quel que soit le motif.
Et s’il y avait un nouveau report ?
ADO : Nous n’accepterons pas et nous ne pensons pas qu’il pourra avoir un autre. C’est aussi simple que ça. Il n’ y a plus de raison pour qu’il y ait un nouveau report.
Pouvez-vous lever un coin de voile sur les dispositions qui ont été prises à Ouagadougou concernant l’équité dans le traitement de l’information par les médias d’Etat ?
ADO : C’est un dossier dont nous avons parlé à chaque occasion. D’ailleurs, lors de la 6ème session du CPC (Cadre permanent de concertation), nous avons eu de très longues discussions, je dirais même assez houleuses sur ce point. Et on nous a dit qu’avec la publication de la liste provisoire, il est prévu dans la loi, l’équité dans le traitement de l’information pour tous les 14 candidats. Et nous avons demandé que les Institutions chargées de la régulation fassent leur travail. Y compris d’ailleurs, le représentant du secrétaire des Nations Unies. Puisque l’équité des médias est un élément important de la certification. Et puis, lorsque les 15 jours de campagne vont commencer, il faudra l’égalité de traitement des candidats. Je crois que le CNCA (Conseil national de la communication audiovisuelle) veillera à ce que tout cela soit respecté parce que s’il y a dérapage, nous saisirons les Nations-Unis et des sanctions seront prises à l‘encontre des responsables de ces Institutions.
Au cours de la rencontre avec les populations à Guintéguéla, vous avez déploré la faible mobilisation des populations pour l’opération d’identification et d’enrôlement électoral. Avec recul, n’avez-vous pas le sentiment que votre parti est en train de perdre un peu son influence dans la zone, certainement à cause des actions de Nady Bamba ?
ADO : Qui est Nady Bamba ? (rires)
C’est la seconde épouse du Chef de l’Etat.
ADO : Ah bon ! Je ne la connais pas. Mais je pense qu’il y a un parti qui s’appelle le FPI. Or je n’ai pas senti la présence de ce parti dans le Bafing, encore moins dans le Denguélé. C’est vrai que je déplore que le Bafing ait un faible taux de personnes enrôlées. Pour cela, il y a plusieurs choses qui m’intriguent. Le Bafing, selon les statistiques, semble avoir une moindre population estimée en 2008 par rapport à 1998. Je me suis dit qu’est-ce qui s’est passé pour que ce soit ainsi ? J’ai donc demandé à nos services statistiques de regarder cela. Est-ce à cause de la guerre ? Puisque les populations, à un moment donné s’étaient déplacées. En tout cas, c’est un problème le fait que la population n’a pas bougé en 10 ans. Partout ailleurs, quand on regarde les indicateurs et qu’on prend un taux de croissance d’environ 3,5 %, la règle de 70 devrait vous amener à doubler la population en 20 ans. Donc en 10 ans, vous devez ajouter 80 % à la population. La population du Bafing devrait être bien au-delà de la population actuelle qui doit être estimée aux alentours de plus de 100 milles. En tout cas la population n’a pas bougé. Ce qui n’est pas normal. La deuxième chose que j’ai noté, c’est que la population enrôlée est très faible. Elle fait seulement 45.595, soit 44 % de la population. Je trouve que cela est faible, puisqu’en moyenne, l’enrôlement a été de 75 % pour la moyenne du pays. Il y a donc un problème dans le Bafing. Je ne me l’explique pas. Est-ce le manque d’effort des responsables locaux ou est-ce le manque de pièce pour nos compatriotes ? En tout cas, nous sommes en train de nous informer.
Vous êtes musulman. Alors à quand le pèlerinage à la Mecque ? (Rires, à nouveau dans la salle)
ADO : Qui vous a dit que je n’ai pas fait le pèlerinage ? C’est une affaire privée. Vous savez, moi j’ai beaucoup voyagé. Mais je ne n’étale pas ma religion pour faire de la politique. Je suis quelqu’un qui a une foi importante dans sa religion. Mais ce qui m’intéresse, c’est d’être le président de tous les Ivoiriens et non celui d’une partie des Ivoiriens. Je pense aussi que dans notre pays, nous avons besoin de travailler à renforcer ce qui est fait par les religieux. J’ai vu à Odienné comment l’Evêque est intégré. Aussi bien l’actuel que le précédent. Celui qui est là, on l’appelle d’ailleurs Yacouba. Et celui qui est parti, avait été surnommé Souleymane, à cause de son nom Salomon. C’est donc dire qu’il y a une bonne coexistence entre des religions. Et ceci est une bonne chose, je m’en réjouis. Surtout qu’il s’agit de la région de ma famille maternelle.
Vous avez annoncé à Odienné, un plan d’urgence pour la reconstruction des zones CNO. Combien allez-vous investir dans ce vaste projet ?
ADO : Dans le Denguélé, nous avons prévu un chiffre global de 375 milliards. Dans le Bafing, c’est 195 milliards. Et comme nous l’avons fait, au plan de l’analyse macro-économique, nous avons dit que sur les 10.000 milliards, il y a 2000 milliards qui seront financés par le secteur privé. 5000 le seront par l’allègement de la dette. Maintenant pour la zone CNO, il faut dire que c’est quand même une zone sinistrée. Alors, nous avons prévu, en plus du calcul normal, de réfection dans différents secteurs, une enveloppe additionnelle pour cette zone CNO. Et sur les 375 milliards prévus pour le Denguélé, il y a 50 milliards additionnels pour les travaux exceptionnels de reconstruction due à la crise. Sinon le Denguélé aurait une enveloppe de 352 milliards.
Le RDR vient de perdre la municipalité de Daloa. Qu’a fait le Dr Alassane Dramane Ouattara pour éviter cette situation ? Et maintenant que c’est fait, quel sort réservez-vous aux conseillers jugés comme des traitres.
ADO : Moi, je suis candidat à l’élection présidentielle. Le RDR a une direction. C’est le RDR qui est chargé de clarifier cette question. J’ai demandé à Mme Diabaté (Secrétaire général du RDR), à Amadou Gon Coulibaly (Secrétaire général délégué) et à Adama Toungara qui est le président des maires libéraux, de voir ce qui s’est passé. Ce sur quoi je suis certain, c’est qu’ayant 25 conseillers sur 34, c’est quelque chose qui ne devait pas arriver.
Comme vous le dites, les régions du Denguélé et du Bafing ont beaucoup de difficultés. Et au cours de votre intervention à Touba, vous avez dit que vous n’allez pas utiliser vos relations pour mobiliser des ressources et les mettre à la disposition de personnes qui vont les dilapider. Pourtant les régions précitées ont des communes et conseils généraux dirigés par des élus RDR. Alors que faites-vous pour aider ces élus ?
ADO : Vous savez, demandez aux présidents de conseils généraux d’Odienné, de Touba ou d’ailleurs. Ils vous diront les actions que j’ai dû mener directement ou indirectement pour eux auprès des Ambassades ou d’autres structures des pays étrangers. Je le fais certes, mais les ressources importantes qui doivent servir aux collectivités doivent provenir du gouvernement. Si vous voulez un prêt d’assainissement de la Banque mondiale pour Daloa, cela vient par l’intermédiaire des négociations avec le ministère des Finances et celui du Plan. Les ressources importantes ne viennent donc pas directement aux municipalités. Par conséquent, ces questions ne seront réglées que quand nous serons aux affaires. C’est aussi simple. D’abord, parce qu’intrinsèquement, il y en aura plus. Deuxièmement, la confiance étant revenue, compte tenu de ma gestion passée, les gens auront plus confiance à mettre plus d’argent. C’est ce que j’ai toujours dit. On aura une opportunité d’avoir beaucoup plus de ressources. Pas seulement pour les municipalités dirigées par des Elus du RDR, mais pour toutes les municipalités en Côte d’Ivoire. Il est important que ces structures qui ont été créées fassent des investissements. Elles sont là aujourd’hui à ne payer que les salaires et des véhicules. Ce n’est pas cela l’objet. L’objet, c’est d’aider les populations et c’est ce que je souhaite faire.
Concernant la sécurisation de l’élection présidentielle, nous avons appris dans la presse que l’ONU va déployer 7.000 hommes, 810 commandos, 150 chars et des hélicoptères à cet effet. En avez-vous parlé au cours du dernier CPC ? Si oui, est-ce à dire que vous n’avez pas confiance au CCI ?
ADO : Effectivement, nous en avons parlé. L’ONUCI a pendant longtemps été dans un poste d’observation. Choi l’a dit et l’a répété, le processus est un processus ivoirien. Ils sont censés, eux, apporter leur soutien. Ce qui se fait actuellement est une demande du Conseil de sécurité, qui a remarqué que, un, le processus est lent. Et deux, qu’il faut un appui, non seulement de la Division électorale pour le processus électoral, mais aussi des forces militaires pour l’aspect militaire. Nous, nous réjouissons de cela. Parce que nous voulons, au bout du compte, des élections transparentes, équitables, mais aussi et surtout sécurisées. Pour qu’après les élections, la Côte d’Ivoire renforce la paix et se mette au travail pour son développement. Et que celui qui va gagner soit applaudi par tous, y compris par ceux qui vont perdre. J’espère que les choses vont se faire de cette manière. Et que véritablement les uns et les autres comprennent que personne ne veut retourner dans le passé avec les crises qui ont secoué le pays. Pour moi, ce n’est pas un manque de confiance, c’est plutôt un soutien qui a été promis et qui est en train de se mettre en place. Je m’en réjouis. Le CCI doit également se mettre en place. Je l’ai dit aussi. Choi également nous l’a dit, avec à ses côtés le Général Amouzou et Becaye Senn de la Division électorale. Ils nous ont dit comment ils vont procéder pour chacun des chapitres. Tout cela nous a été expliqué, aussi bien à nous même qu’au PDCI et aussi au FPI. Pour que tout le monde comprenne qu’il y a une force impartiale qui est là et qui tient à ce que chacun garde la réserve nécessaire pour que les élections se terminent dans la paix.
Nous avons constaté qu’à chaque étape de la tournée, vous avez présenté les membres de votre famille qui étaient dans la délégation. Pourquoi ?
ADO : C’est pour montrer que je suis un homme de famille et un homme de moralité. Mon épouse m’accompagne, ainsi que mes sœurs et mes frères. Ils m’accompagnent surtout dans le Denguélé, d’où est issue notre mère. A Kong, également, j’irai avec mes frères, du côté paternel. Cela est important, parce que la politique ne doit pas vous couper de la famille. La famille ne doit pas interférer dans ce que vous faites, mais pas question de se couper de la famille. C’est bon d’avoir une famille auprès de soi. Et moi, je suis très heureux que mes frères et sœurs soient là et surtout avec beaucoup de discrétions et d’efficacité. Ce n’est pas la politique à l’Américaine, mais je veux qu’on sente que la famille, la religion et autres sont aussi importants pour un homme politique. Vous savez, on ne peut pas diriger un peuple et se comporter d’une certaine manière. Il faut éviter de donner le mauvais exemple à vos concitoyens, surtout les jeunes. Il faut respecter des principaux moraux. C’est donc une manière pour moi de dire à mes compatriotes qu’il faut qu’on change de manière de faire et qu’on soit des personnes qui doivent inculquer des valeurs aux jeunes pour l’avenir.
Conclusion
C’est notre dernière tournée avant la fin de l’année. Je voudrais donc à cette occasion vous souhaiter une très bonne fin d’année. L’année 2009 a été une année de déception pour nous tous, puisqu’il n’y a pas eu d’élection. Mais je crois que l’année 2010, par la grâce de Dieu, sera une bonne année. Parce que nous devrions pouvoir avoir l’élection présidentielle entre février et mars. Je vous souhaite mes vœux les meilleurs. A vos familles et vos proches, je souhaite une bonne fin d’année et une excellente nouvelle année.
Retranscrits par Diawara Samou