Le refus du camp présidentiel d’aller aux élections maintenant est un secret de polichinelle. Et les faits que nous vivons ces derniers temps nous confortent dans notre conviction et nous donnent raison. Tout le monde savait que GBAGBO n’avait jamais admis la collaboration de Banny pour la bonne raison que celui-ci devait détenir tous les pouvoirs. Et pour faire échouer sa mission, Laurent Gbagbo avait usé en son temps des grèves suscitées .Il avait réussi, de sa position privilégiée de chef de l’Etat qui lui donnait une vue panoramique du champ politique à mettre le front social en ébullition. Pris entre plusieurs feux, et abandonné par Laurent Gbagbo sur le champ de bataille, Banny avait été obligé de rendre sa démission. Pendant ce temps, tous les réseaux affiliés au palais ont été actionnés pour diffuser l’échec et l’incapacité de Banny à conduire le gouvernement ivoirien. Des parlements et agoras en passant par les journaux et autres medias inféodés au parti au pouvoir, tous tiraient à boulets rouges sur l’ex gouverneur de la BECEAO. Depuis, le passage de Charles Konan Banny se conjugue au passé. A la faveur de l’accord politique de Ouagadougou signé le 04 mars 2007, Soro Kigbafori Guillaume est le nouveau patron de la maison blanche du plateau avec pour mission d’organiser les élections en dix mois. Chose que le camp présidentiel n’entend pas de cette oreille. Soro, lui, s’était mis à l’ouvrage à l’effet d’offrir aux ivoiriens leurs élections de sortie de crise et se dédouaner face à la rébellion, qu’il a conduite de main de maitre. Mais très tôt, Soro s’est mis à déchanter même si publiquement il donnait l’impression de contrôler les choses à sa guise. Entre lui et le grand-frère une divergence de vue dans la conduite de l’APO était née et la marge de manœuvre du premier ministre a commencé à se restreindre. C’est ainsi que, certainement poussé à bout, Soro avait menacé de déposer sa démission si les élections ne se tenaient pas à la date indiquée du 29 novembre dernier. Cette sortie inattendue du premier ministre traduisait avec éloquence l’impossibilité de la collaboration entre le chef du gouvernement et le chef de l’Etat ivoiriens. Maintenant que la volonté de soro d’aller aux élections est sue de tous, pendant que le clan présidentiel en souhaite le contraire, alors la même tornade qui avait en son temps emporté Banny est actionnée : C'est-à-dire les remous sociaux par des grèves suscitées. Le durcissement du ton par le chef de l’état ces derniers temps, comme certains ivoiriens veulent le croire, n’est pas l’expression d’un ras-le bol. C’est au contraire une manière de pousser au pire. A partir de là, il va être décidé de l’échec de Soro afin de remettre à l’ordre du jour la question d’un nouveau gouvernement avec un autre premier ministre. D’ailleurs nos sources nous ont rapporté que, bien que les greffiers aient mis un bémol à leur mouvement de grève, des sanctions pèsent toujours sur leur tête. Les raisons, Dakoury et ses amis devaient durcir le mouvement plutôt que de mettre fin à la grève afin de pourrir davantage la situation. Ils sont donc sous les menaces des sanctions pour avoir trahi le pacte. Ainsi Soro est assis sur un fauteuil éjectable et ses jours à la tête de la primature sont comptés. Il y a déjà quelques mois, Laurent Gbagbo et ses affidés mettaient devant le facilitateur le problème d’un remaniement ministériel. Et Soro y a survécu grace à Konan Bedié qui y a opposé un refus catégorique. Sûrement que les flammes du front social en ébulition consumeront le fauteuil du sg du MPCI comme cela a été le cas pour Charles Konan Banny. Soro va-t-il être mangé à la sauce Konan Banny comme sait le faire si bien le camp presidentiel ? Attendons de voir.
Rodolphe Flaha
Rodolphe Flaha