Une nouvelle forme d’agression sévit à Abidjan en cette période de fêtes de fin d’année. Des victimes racontent leur mésaventure.
Mlle Evelyne Agnero emprunte un taxi compteur de type « Bafana» au niveau du carrefour de la Riviera 2. Elle se rend à un rendez-vous galant à Treichville. Nous sommes dans la nuit du samedi 18 juillet. Il est 21 h 30 mn. « J’étais en retard d’une heure. J’ai sauté dans le taxi avec une certaine insouciance », raconte-t-elle. Evelyne ne se doute de rien. Tout se passe bien jusqu’au niveau du pont du lycée technique à Cocody. Le chauffeur demande à garer en bordure de la chaussée pour, dit-il, uriner. Evelyne, qui ne se doutait de rien. C’est elle qui raconte la suite des événements. «Il est sorti de la voiture. Puis, il s’est mis à pisser sur le bord du trottoir. Ensuite, il est revenu vers le taxi. C’est au moment où il voulait redémarrer qu’il a appuyé sur le bouton pour verrouiller les quatre portières», explique-t-elle. Prise de panique, la jeune fille veut appeler du secours. Mais, le chauffeur l’étouffe avec une serviette. Au même moment, le complice du conducteur, jusque-là caché dans le coffre, surgit de l’arrière pour porter de violents coups à la pauvre Evelyne. Les deux agresseurs parviennent à neutraliser leur victime. Ils lui arrachent ses deux téléphones portables et son sac à main contenant la somme de 30.000 Fcfa. Les malfaiteurs emportent aussi la chaîne en or que portait Evelyne au cou. Temps de l’opération : moins de cinq minutes.
Les femmes prises pour cibles
Après leur forfait, les deux malfrats abandonnent «leur cliente» en bordure de la chaussée. «C’est une âme généreuse qui est venue à mon secours. Le lendemain, j’ai porté plainte contre X au commissariat de police du 18ème arrondissement », précise Evelyne. Elle est encore traumatisée par cette expérience. «Mes agresseurs n’ont toujours pas été démasqués par la police. Mais, aujourd’hui, j’ai peur d’emprunter un taxi surtout la nuit», affirme-t-elle. La tactique d’agression dont a été victime Evelyne est récurrente. Des bandits, déguisés en chauffeurs de taxi-compteurs dépouillent leur clientèle. Très souvent avec l’aide d’un complice caché dans le coffre. Mme Salimata Traoré, enseignante dans une école maternelle au Plateau, se souvient du 22 septembre.
Cocody, la zone de prédilection
Ce jour-là, aux environs de 19 h 30 mn, elle rentrait à son domicile à la Riviera-Bonoumin, après une dure journée de travail. L’éducatrice emprunte comme d’habitude un taxi au niveau de l’immeuble la Pyramide, au Plateau. Le taxi, de type « Kabila », tombe dans un embouteillage sur le boulevard lagunaire. «On roulait au ralenti car un accident de la circulation s’était produit au niveau du Café de Rome. Après avoir dépassé cette étape, on a commencé à rouler normalement », rapporte Salimata. Mais, l’ambiance bonne enfant qui régnait entre le conducteur et la cliente se dégrade. «On venait de dépasser l’Ecole nationale de police. Il était presque 21 h», précise l’enseignante. C’est le moment choisit par l’acolyte du chauffeur engouffré dans le coffre pour entrer en scène. «D’abord, le conducteur a appuyé sur un bouton pour verrouiller les quatre portières. Puis, il a commencé à rouler lentement. Je lui ai demandé ce qui se passait pour qu’il agisse de la sorte. Je n’avais pas encore fini de parler quand j’ai été saisie au cou par derrière.
Puis, quelqu’un m’a donné une paire de gifles. J’étais étourdie », témoigne-t-elle. Une lutte s’engage alors avec l’inconnu qui prend rapidement le dessus. Entre-temps, le conducteur immobilise le véhicule au niveau du pont de la Riviera 2. Les forbans dépouillent la victime de son téléphone portable qu’elle venait d’acheter à 150.000 Fcfa. Ils emportent aussi son sac à main contenant des documents administratifs et la somme de 50.000 Fcfa. «Ils m’ont tirée hors de la voiture. Puis, ils ont démarré en trombe en direction du carrefour de la Riviera 2 », soutient l’infortunée éducatrice du préscolaire. Traumatisée par cette agression, elle recherche alors vainement de l’aide. « Tous les automobilistes qui passaient par là ont refusé de s’arrêter. J’ai donc marché jusqu’à la station Total. Le gérant m’a réconfortée et accompagnée au commissariat de police du 18ème arrondissement. J’ai porté plainte la même nuit pour agression», confie-t-elle, entretenant l’espoir de voir un jour ses agresseurs mis aux arrêts.
Le phénomène prend de l’ampleur. Un autre lieu, la même tactique. Mlle Kouamé Amélie revient, ce samedi 7 novembre, du mariage de sa meilleure amie de lycée. «Après la cérémonie à la mairie de Treichville, on a organisé un banquet au Palais de la culture. J’étais la présidente du comité d’organisation. A ce titre, je devais veiller à ce que tout se passe bien. Nous avons fini aux environs de 22 h », précise Amélie qui emprunte un taxi dit « Eto’Fils» pour se rendre à Angré à la 7ème Tranche où elle habite. Chemin faisant, le conducteur gare le véhicule après la bretelle qui débouche sur le boulevard Latrille au niveau de l’église catholique Saint Jacques des II-Plateaux.
Selon lui, il n’y avait pas assez d’eau dans le radiateur. « Il est sorti du véhicule pour ouvrir le capot. J’étais assise à l’arrière. Contre toute attente, quelq’un me tape dans le dos. J’ai voulu crier mais il m’en a empêché. Le chauffeur est passé du côté droit. Ils m’ont arraché mon sac à main avec mes bijoux et mon téléphone portable », explique-t-elle lors de son audition au commissariat de police du 12ème arrondissement. Ce type d’agression dans les taxis a fini par créer une psychose au niveu de la gent féminine d’Abidjan. Johanna A. et K. Mirelle, deux employées d’une entreprise de téléphonie mobile, ont été agressées le 6 novembre au Plateau à 19 h 15mn, au moment où elles rentraient à domicile à bord d’un taxi « Eto’Fils ».
Elles ont déposé une plainte contre X au commissariat de police du 1er arrondissement. Là-bas, les flics soutiennent qu’il s’agit d’une pratique courante. Depuis lors, les responsables de la société ont fait circuler une note interne pour sensibiliser le personnel sur le fléau et proposer des mesures sécuritaires élémentaires.
La police aux trousses des bandits
A la veille des festivités de fin d’année, les agressions de personnes à bord de taxis deviennent plus fréquentes. Selon un commissaire de police, les victimes de ces attaques sont essentiellement des personnes de sexe féminin. «Toutes les plaintes que nous avons enregistrées proviennent des femmes. C’est une nouvelle forme d’agression. Certains chauffeurs de taxi, en complicité avec leurs amis, dépouillent les clientes. La difficulté, c’est que nous n’avons aucune information sur la plaque d’immatriculation du véhicule. Mais, cela ne veut pas dire que nous ne faisons pas de recherches pour démasquer ces bandits », déclare l’officier sous le sceau de l’anonymat. Le danger est bien réel, poursuit-il. Ce commissaire de police n’a pas tort.
Les chauffeurs de taxis se défendent
Cissé Daouda, président du Réseau syndical des ouvriers et auxiliaires du transport terrestre en Côte d’Ivoire, reconnaît l’existence de ce type d’agression. «Nous sommes informés du phénomène des agressions nocturnes. Il y a même des filles qui sont utilisées comme appât pour dépouiller les clients », confie-t-il. Toutefois, il nuance l’implication directe des conducteurs de taxi. Pour lui, il faut faire la différence entre le chauffeur titulaire et le contractuel. «C’est au sein des sociétés de transport tenues par des chinois que nous assistons à ce type de phénomène.
Le conducteur titulaire donne généralement le véhicule à un contractuel. Celui-ci remet le taxi à un autre chauffeur. Ce dernier se livre à toutes sortes de pratiques. Bien entendu, il peut agresser le client sans se soucier. Son objectif, c’est d’avoir de l’argent à sa descente, donc il utilise tous les moyens possibles. Il faut souligner que cette situation est due au désordre ambiant qui règne dans le milieu du transport. La solution, c’est d’assainir ce secteur », tente-t-il de persuader.
Ouattara Moussa (Stagiaire)
Mlle Evelyne Agnero emprunte un taxi compteur de type « Bafana» au niveau du carrefour de la Riviera 2. Elle se rend à un rendez-vous galant à Treichville. Nous sommes dans la nuit du samedi 18 juillet. Il est 21 h 30 mn. « J’étais en retard d’une heure. J’ai sauté dans le taxi avec une certaine insouciance », raconte-t-elle. Evelyne ne se doute de rien. Tout se passe bien jusqu’au niveau du pont du lycée technique à Cocody. Le chauffeur demande à garer en bordure de la chaussée pour, dit-il, uriner. Evelyne, qui ne se doutait de rien. C’est elle qui raconte la suite des événements. «Il est sorti de la voiture. Puis, il s’est mis à pisser sur le bord du trottoir. Ensuite, il est revenu vers le taxi. C’est au moment où il voulait redémarrer qu’il a appuyé sur le bouton pour verrouiller les quatre portières», explique-t-elle. Prise de panique, la jeune fille veut appeler du secours. Mais, le chauffeur l’étouffe avec une serviette. Au même moment, le complice du conducteur, jusque-là caché dans le coffre, surgit de l’arrière pour porter de violents coups à la pauvre Evelyne. Les deux agresseurs parviennent à neutraliser leur victime. Ils lui arrachent ses deux téléphones portables et son sac à main contenant la somme de 30.000 Fcfa. Les malfaiteurs emportent aussi la chaîne en or que portait Evelyne au cou. Temps de l’opération : moins de cinq minutes.
Les femmes prises pour cibles
Après leur forfait, les deux malfrats abandonnent «leur cliente» en bordure de la chaussée. «C’est une âme généreuse qui est venue à mon secours. Le lendemain, j’ai porté plainte contre X au commissariat de police du 18ème arrondissement », précise Evelyne. Elle est encore traumatisée par cette expérience. «Mes agresseurs n’ont toujours pas été démasqués par la police. Mais, aujourd’hui, j’ai peur d’emprunter un taxi surtout la nuit», affirme-t-elle. La tactique d’agression dont a été victime Evelyne est récurrente. Des bandits, déguisés en chauffeurs de taxi-compteurs dépouillent leur clientèle. Très souvent avec l’aide d’un complice caché dans le coffre. Mme Salimata Traoré, enseignante dans une école maternelle au Plateau, se souvient du 22 septembre.
Cocody, la zone de prédilection
Ce jour-là, aux environs de 19 h 30 mn, elle rentrait à son domicile à la Riviera-Bonoumin, après une dure journée de travail. L’éducatrice emprunte comme d’habitude un taxi au niveau de l’immeuble la Pyramide, au Plateau. Le taxi, de type « Kabila », tombe dans un embouteillage sur le boulevard lagunaire. «On roulait au ralenti car un accident de la circulation s’était produit au niveau du Café de Rome. Après avoir dépassé cette étape, on a commencé à rouler normalement », rapporte Salimata. Mais, l’ambiance bonne enfant qui régnait entre le conducteur et la cliente se dégrade. «On venait de dépasser l’Ecole nationale de police. Il était presque 21 h», précise l’enseignante. C’est le moment choisit par l’acolyte du chauffeur engouffré dans le coffre pour entrer en scène. «D’abord, le conducteur a appuyé sur un bouton pour verrouiller les quatre portières. Puis, il a commencé à rouler lentement. Je lui ai demandé ce qui se passait pour qu’il agisse de la sorte. Je n’avais pas encore fini de parler quand j’ai été saisie au cou par derrière.
Puis, quelqu’un m’a donné une paire de gifles. J’étais étourdie », témoigne-t-elle. Une lutte s’engage alors avec l’inconnu qui prend rapidement le dessus. Entre-temps, le conducteur immobilise le véhicule au niveau du pont de la Riviera 2. Les forbans dépouillent la victime de son téléphone portable qu’elle venait d’acheter à 150.000 Fcfa. Ils emportent aussi son sac à main contenant des documents administratifs et la somme de 50.000 Fcfa. «Ils m’ont tirée hors de la voiture. Puis, ils ont démarré en trombe en direction du carrefour de la Riviera 2 », soutient l’infortunée éducatrice du préscolaire. Traumatisée par cette agression, elle recherche alors vainement de l’aide. « Tous les automobilistes qui passaient par là ont refusé de s’arrêter. J’ai donc marché jusqu’à la station Total. Le gérant m’a réconfortée et accompagnée au commissariat de police du 18ème arrondissement. J’ai porté plainte la même nuit pour agression», confie-t-elle, entretenant l’espoir de voir un jour ses agresseurs mis aux arrêts.
Le phénomène prend de l’ampleur. Un autre lieu, la même tactique. Mlle Kouamé Amélie revient, ce samedi 7 novembre, du mariage de sa meilleure amie de lycée. «Après la cérémonie à la mairie de Treichville, on a organisé un banquet au Palais de la culture. J’étais la présidente du comité d’organisation. A ce titre, je devais veiller à ce que tout se passe bien. Nous avons fini aux environs de 22 h », précise Amélie qui emprunte un taxi dit « Eto’Fils» pour se rendre à Angré à la 7ème Tranche où elle habite. Chemin faisant, le conducteur gare le véhicule après la bretelle qui débouche sur le boulevard Latrille au niveau de l’église catholique Saint Jacques des II-Plateaux.
Selon lui, il n’y avait pas assez d’eau dans le radiateur. « Il est sorti du véhicule pour ouvrir le capot. J’étais assise à l’arrière. Contre toute attente, quelq’un me tape dans le dos. J’ai voulu crier mais il m’en a empêché. Le chauffeur est passé du côté droit. Ils m’ont arraché mon sac à main avec mes bijoux et mon téléphone portable », explique-t-elle lors de son audition au commissariat de police du 12ème arrondissement. Ce type d’agression dans les taxis a fini par créer une psychose au niveu de la gent féminine d’Abidjan. Johanna A. et K. Mirelle, deux employées d’une entreprise de téléphonie mobile, ont été agressées le 6 novembre au Plateau à 19 h 15mn, au moment où elles rentraient à domicile à bord d’un taxi « Eto’Fils ».
Elles ont déposé une plainte contre X au commissariat de police du 1er arrondissement. Là-bas, les flics soutiennent qu’il s’agit d’une pratique courante. Depuis lors, les responsables de la société ont fait circuler une note interne pour sensibiliser le personnel sur le fléau et proposer des mesures sécuritaires élémentaires.
La police aux trousses des bandits
A la veille des festivités de fin d’année, les agressions de personnes à bord de taxis deviennent plus fréquentes. Selon un commissaire de police, les victimes de ces attaques sont essentiellement des personnes de sexe féminin. «Toutes les plaintes que nous avons enregistrées proviennent des femmes. C’est une nouvelle forme d’agression. Certains chauffeurs de taxi, en complicité avec leurs amis, dépouillent les clientes. La difficulté, c’est que nous n’avons aucune information sur la plaque d’immatriculation du véhicule. Mais, cela ne veut pas dire que nous ne faisons pas de recherches pour démasquer ces bandits », déclare l’officier sous le sceau de l’anonymat. Le danger est bien réel, poursuit-il. Ce commissaire de police n’a pas tort.
Les chauffeurs de taxis se défendent
Cissé Daouda, président du Réseau syndical des ouvriers et auxiliaires du transport terrestre en Côte d’Ivoire, reconnaît l’existence de ce type d’agression. «Nous sommes informés du phénomène des agressions nocturnes. Il y a même des filles qui sont utilisées comme appât pour dépouiller les clients », confie-t-il. Toutefois, il nuance l’implication directe des conducteurs de taxi. Pour lui, il faut faire la différence entre le chauffeur titulaire et le contractuel. «C’est au sein des sociétés de transport tenues par des chinois que nous assistons à ce type de phénomène.
Le conducteur titulaire donne généralement le véhicule à un contractuel. Celui-ci remet le taxi à un autre chauffeur. Ce dernier se livre à toutes sortes de pratiques. Bien entendu, il peut agresser le client sans se soucier. Son objectif, c’est d’avoir de l’argent à sa descente, donc il utilise tous les moyens possibles. Il faut souligner que cette situation est due au désordre ambiant qui règne dans le milieu du transport. La solution, c’est d’assainir ce secteur », tente-t-il de persuader.
Ouattara Moussa (Stagiaire)