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Politique Publié le mardi 22 décembre 2009 | Le Temps

Dix ans après le coup d`Etat du 24 décembre 1999 : Ce qui a conduit à la chute de Bédié

1999-2009, cela fait neuf ans que le président du Pdci, Henri Konan Bédié, a perdu le pouvoir. Exactement le 24 décembre 1999. “Le Temps Hebdo” revient sur les circonstances de la chute du sphinx de Daoukro.

Rien de surprenant. Ce qui est arrivé à l`ex- Président de la République le 24 décembre 1999 n`était ni plus ni moins que l`aboutissement de la mauvaise gouvernance qui avait cours en Côte d`Ivoire et dont le chef d`orchestre n`était personne d`autre que la principale victime. Un coup d`Etat contre Bédié, que l`auteur présumé a qualifié de révolution des œillets. Tout est parti de l`apparition de Alassane Ouattara dans l`arène politique. C`était en 1989 lorsque, sentant son pouvoir, sa force et son peuple le lâcher pour des raisons évidentes de difficultés économiques, Félix Houphouët- Boigny, premier Président de la République de Côte d`Ivoire, avait cru bien faire de nommer Alassane Ouattara à la tête du comité inter ministériel au sein du gouvernement.

Avant de faire de lui, plus tard, le premier Premier ministre de la République de Côte d`Ivoire. Il faut le dire tout net, Alassane Ouattara était inconnu non seulement de l`administration publique, mais également de l`Institut national de statistique (Ins). L`on ignorait alors s`il était Ivoirien. Et l’on se demandait en même temps, pourquoi, de tous les intellectuels ivoiriens, c`est lui, Alassane Ouattara, qui avait été nommé. Une question à laquelle, la classe politique ivoirienne ne trouvait aucune réponse. Du côté du Pdci, parti au pouvoir, la tension commençait à monter. Et parmi ceux qui étaient farouchement opposés à la nomination de Ouattara au poste de Premier ministre, figurait en tête Henri Konan Bédié, alors Président de l`Assemblée nationale de Côte d`Ivoire. Du coup, les coups bas, la défiance et les récriminations au sein du parti au pouvoir commençaient à prendre l`allure d`une rébellion politico juridique. Il suffisait qu`une proposition de loi atterrisse sur la table des députés pour qu`elle connaisse une fin de non recevoir. A l`inverse, tout ce qui était inspiré par le parlement ivoirien ne bénéficiait pas de l`onction du gouvernement. On assistait visiblement à une guerre froide entre deux personnalités. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, et ce, sous l`œil impuissant du Président, feu Félix Houphouët-Boigny.

L`acte de Bédié qui a provoqué la colère de Ouattara

La colère du Président du Rdr ne se serait pas abattue sur le président de la République d`alors, si celui-ci n`avait pas empêché Alassane d`être candidat à la présidence de la République de Côte d`Ivoire. A peine la mort du “père fondateur” du Pdci est annoncée que la bataille pour la succession au pouvoir est engagée. Bédié, s`appuyant sur l`article 11 de la Constitution ivoirienne, (qui faisait de lui le dauphin constitutionnel) s`est installé au Palais, contre le gré du Premier ministre Alassane Ouattara. On se souvient que le président Bédié, accompagné des forces de l`ordre, s`est installé au pouvoir sans autre forme de procès. Une situation que le dernier cité va refuser d`admettre, sans pouvoir y faire grand chose. Puisque les moyens de l`Etat étaient désormais entre les mains du nouvel homme fort, qui n`était autre que Bédié. L`on croyait alors l`épisode de la guéguerre entre les deux hommes refermé. Mais que non. La situation était devenue plus instable, d`autant qu`il était interdit à Alassane de sortir du pays. Se sentant ainsi menacé, Ouattara réussit tout de même, à fuir la Côte d`Ivoire pour s`exiler en France. Un mandat d`arrêt international est lancé contre lui. Dans le même temps, la situation socio politique, comme on pouvait s`y attendre, devenait de plus en plus tendue. Quant au parti au pouvoir, il commençait s`effriter, entrainant ainsi la création d`un parti politique, le Rassemblement des Républicains (Rdr), dont Djény Kobena fut le premier responsable, avant que plus tard, Ouattara n`en prenne la direction.

La classe politique, la presse et la société civile muselées

Sous les tropiques, c`est le bâillonnement de la presse, le musellement de la société civile et de la classe politique. En effet, pour avoir écrit un article sur le doctorat en économie de Henri Konan Bédié, Raphaël Lakpé, alors Directeur de publication du journal “Le Populaire Nouvelle Formule” et ses collaborateurs Ouattara Mohamed junior, Jean Khalil Sylla, Yves Abié, Bamba Idrissa et Sran Ahizi sont jetés en prison sans procès. Le quotidien lui-même sera plus tard, interdit de parution. Du côté du Front populaire ivoirien, c`est Aboudramane Sangaré, alors Directeur de publication du journal “Le Nouvel Horizon” qui, pour avoir écrit un article de presse intitulé “Afakaya” sur le parti au pouvoir, sera bastonné dans le bureau de Ouasséna Koné, alors ministre de la Sécurité intérieure. Freedum Neruda, Souleymane T.Senn et Koré Emmanuel de Notre Voie, vont quand à eux être jetés en prison pour, dit- on, délits de presse. Pour ce qui concerne la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d`Ivoire (Fesci), dont Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, c`est une véritable guerre qui leur est menée pour étouffer leur lutte syndical. Au sein de la classe politique, la situation devient plus grave, lorsqu`en 1995, le Président du Pdci, refuse la révision de la Constitution. En effet, la requête de l`opposition était de prendre en compte la jeunesse dont l`âge était compris entre 18 ans et 21 ans. Mais les négociations échouent. C`est dans une telle atmosphère que Bédié s`est entêté à organiser l`élection présidentielle avec pour seul adversaire le Président presque inexistant issu du Parti ivoirien des travailleurs. Bédié est élu, mais dans des conditions calamiteuses. Il survient alors le boycott actif des élections initié par le front républicain, composé du Fpi et du Rdr. Mais pour conserver son pouvoir, l`homme va régner sans partage et refuser non seulement la critique mais surtout la contradiction. En 1999, à la suite d`une marche organisée par le Rassemblements des Républicains conduit par Henriette Dagri Diabaté, ce parti va être décapité par l`incarcération de la quasi-totalité des membres de cette direction. Malgré l`intervention des hommes de Dieu et celle de certains diplomates pour demander la clémence de Bédié, rien n`y fit. Bédié, croyant son pouvoir au-dessus de tout, agissait selon sa volonté et contre l`intérêt du peuple.

Le 24 décembre et la chute de Bédié

“Je frapperai ce pouvoir et il tombera comme un fruit mûr… Je rentrerai pour fêter le réveillon à Abidjan”, Ces phrases, on peut le dire, étaient une prophétie. Puisqu`elles se sont réalisées telles qu`annoncées. C`était en 1999 et Ouattara qui ne voulait plus continuer de vivre en exil avait décidé de changer le cours des évènements en suscitant le départ de Bédié du pouvoir. Et depuis lors, le fruit mûr tombé facilement se livre à toutes les acrobaties pour renaître de ses cendres, comme le sphinx. En vain...

simplicezahui@yahoo.fr
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