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Politique Publié le mardi 22 décembre 2009 | Le Temps

Dix ans après le coup d`Etat du 24 décembre 1999 : Le film des événements

24 décembre 1999, 24 décembre 2009. Il y a de cela 10 ans Alassane Ouattara chassait Bédié du pouvoir. Retour sur le film de cet événement qui continue d`empoisonner l`atmosphère socio politique en Côte d`Ivoire.

Comme tous les ans, le mois de décembre est celui qui annonce les fêtes de fin d`année. Décembre 1999 n`échappe pas à cette tradition. Cette période reste à jamais gravée dans les annales de l`histoire de la Côte d`Ivoire.

Le vendredi 24 de ce mois de joie, une junte militaire, avec à sa tête le Général Robert Guéi, annonce la chute du régime Pdci et s`empare du pouvoir. L`opération se passe si facilement qu`une partie du peuple a du mal à comprendre la rapidité avec laquelle les événements se sont déroulés. Pour ceux qui s`interrogent toujours, il n`est pas superfétatoire de revenir sur ce pan de l`histoire fraîche de notre pays.

Tout commence dans la nuit du 22 au 23 décembre 1999. Cela, après le discours musclé de Henri Konan Bédié à l`Assemblée nationale le mercredi 22. En effet, parti pour présenter la politique générale de son gouvernement et les problèmes politiques qui empoisonnent l`atmosphère sociale, le Président de la République s`adonne à des invectives gratuites vis-à-vis de l`opposition. Avec une verve indescriptible ce jour-là, le sphinx de Daoukro frappe dans tous les sens. Les Ivoiriens qui le suivent depuis leurs salons respectifs à la télévision ont du mal à reconnaître leur chef d`Etat, tant son discours est-il truffé non seulement d`incohérences mais aussi d`injures puériles. Henri Konan Bédié dont le peuple attend des gestes de magnanimité en cette fin d`année, comme cela est de coutume, trouve- là une occasion pour durcir le ton à l`égard des dirigeants du Rdr incarcérés à la Maca depuis le 27 octobre de la même année, pour troubles à l`ordre public. Il leur exige un testament à travers lequel ils s`engageraient à renoncer à la violence avant de les libérer. Après ce discours, aux environs de 21 heures, le successeur d`Houphouët-Boigny prend la route de son village natal où il compte passer les fêtes de fin d`année. A 2 heures du matin, les militaires déclenchent une mutinerie pour réclamer les primes d’une mission effectuée en Centrafrique. Les événements durent jusqu`au petit matin du 23 décembre. Vu l`ampleur de la situation, vers 11heures, ce jour, une délégation composée de quelques membres de son gouvernement et de quelques militaires se déportent à Daoukro en vue de discuter de la situation et, s`il le faut, trouver une solution. Mais le président du Pdci et Président de la République de Côte d`Ivoire fait prévaloir son arrogance en refusant de recevoir la délégation. A Abidjan, le ton monte d`un cran du côté des militaires restés sur place et qui viennent d`apprendre ces nouvelles. Une deuxième équipe est envoyée sur les lieux avec, pour consigne, de ramener le chef de l`Etat à Abidjan. Mais à Daoukro, pour sa propre sécurité, ses proches lui disent de devancer les militaires en revenant sur Abidjan de lui-même. C`est ce qu`il fait. Arrivé dans la capitale aux environs de 3 heures du matin, le 24 décembre, Bédié et les mutins entament la première négociation à 7 heures. Après une heure et demie de débats, les deux camps se séparent en queue de poisson. Le Président de la République, traitant ses interlocuteurs avec dédain, n’entend pas des concessions ou céder à ce qu`il qualifie de chantage militaire. Dès cet instant, les choses prennent une allure vertigineuse. Les mutins qui tiennent le bon bout décident de passer à la vitesse supérieure. Entre 9 heures et 10 heures, ils bouclent les locaux de la Radio et de la Télévision. Henri Konan Bédié qui, jusque-là pensait maîtriser la situation, se rend compte que son pouvoir est en train de lui filer entre les mains. Il demande alors à son premier ministre Daniel Kablan Duncan de faire revenir “les jeunes gens”. A cette seconde rencontre qui se déroule dans la même matinée, Bédié et ses amis pensent utiliser des subterfuges pour ramollir les mutins. Ils promettent de satisfaire leurs revendications catégorielles et sociales. Vers 11heures, les insurgés glissent vers des revendications d`ordre politique. Ils demandent la libération pure et simple de la direction du Rdr qui croupit dans les geôles depuis le mois d`octobre. N`zueba, pique une colère noire et sermonne tous les participants à la dernière rencontre. Les soldats claquent la porte et regagnent leur base. A 12 heures, le Général Robert Guéi et ses “enfants”, qui tiennent les outils de communication du pays à ce moment précis, annoncent au peuple de Côte d`Ivoire la chute de Bédié. Ce même jour, le “Négus rouge” doit quitter le pays. Après le refus de tous les autres voisins de l`accueillir avec sa famille, c`est le Togo qui accepte finalement de l`héberger pour quelques heures. C`est ainsi qu`aux environs de 15 heures 30, le fugitif dépose ses valises à Lomé. La Côte d`Ivoire, jusque-là considérée comme le havre de stabilité politique et social, venait ainsi de signer un rendez-vous avec la déstabilisation de ses Institutionsl

gbogoupierre@yahoo.fr
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