Les années passent et les langues commencent à se délier, sur la paternité du coup d’Etat qui a emporté Henri Konan Bédié, à l’époque président de la république et aussi président du PDCI. Le samedi dernier en meeting à Korhogo, Hamed Bakayoko, directeur national de campagne de la jeunesse du RDR a ouvertement revendiqué le coup d’Etat de décembre 1999 à travers une formule langagière dont ils ont le secret au RDR : «rien ne se fera dans ce pays sans nous et sans notre respect. Rien. Ceux qui ont joué avec nous ont vu. Le PDCI a maltraité ADO et la colère des ancêtres s’est abattu sur eux». Elle est sans équivoque. «Ceux qui ont joué avec nous on vu». On vu quoi ? Le coup d’Etat. Ce sont des propos très clairs qui doivent résonner dans la tête des alliés du PDCI. Le RDR a toujours nié la paternité de ce coup d’Etat, même après ce fameux fax de la compagnie Air France, en janvier 2000, annonçant l’arrivée dans un de ses vols, en direction d’Abidjan de Alassane Dramane Ouattara, présenté comme «le futur président de la Côte d’Ivoire». Tout comme ils ont nié quand on leur a fait remarquer que les IB, Fozié, et autres étaient dans la garde de Ouattara du temps où il était Premier ministre. En affirmant fièrement que «ceux qui ont joué avec eux on vu», ce qui leur est arrivé, Ahmed Bakayoko vient de trahir un secret. Emporté par sa mégalomanie, il avertit du coup le pouvoir en place de ce qu’ils sont prêts à faire si jamais leur mentor ne gagne pas la prochaine présidentielle. On l’a dit et redit, le RDR croit au coup de force comme moyen pour parvenir au pouvoir car persuadé que tout le monde est contre lui et son mentor. Pour cela, ses animateurs ne ratent aucune occasion pour menacer et rappeler ce qui est arrivé à ceux qui ont osé s’attaquer à eux. Comme pour le coup d’Etat qu’ils ont perpétré pour permettre l’arrivée de Ouattara au palais présidentiel par le canal du général Guéi, ils ont lancé un autre coup d’Etat qui s’est mué en rébellion- c’est l’attaque armée de 19 septembre 2002- quand ils se sont aperçus qu’ils n’ont pas pu atteindre leur objectif avec le coup de force de 1999. C’est dire que chaque fois que Ouattara et son parti sont en difficulté, ils forcent alors le destin. Le fait de citer le PDCI alors qu’ils sont en alliance, montre que le RDR n’est pas sincère dans sa relation avec ce parti. Mais personne n’est dupe. Tout le monde sait, sauf le PDCI que son alliance avec le RDR volera en éclats en cas de deuxième tour, comme le prédisent les sondages où Bédié se trouverait face-à-face avec le président Gbagbo. Ce jour-là, le RDR et ses militants ne donneront pas leurs voix à Bédié car le souvenir de la maltraitance reviendra au galop.
Coulibaly Zié Oumar
Coulibaly Zié Oumar
