En pré campagne dans le Nord du pays, la semaine dernière, Alassane Ouattara, candidat du RDR à la présidentielle, a proféré des menaces contre le député Mamadou Ben Soumahoro au cours d’un meeting à Bako, dans le fief même du parlementaire. Depuis Paris (France) où il séjourne, Ben Soumahoro contre-attaque. Voici en exclusivité sa réponse à M. Ouattara. Alors que je suis à Paris pour des occupations personnelles, il me revient de plusieurs sources ivoiriennes qu’Alassane Ouattara, président du Rassemblement des Républicians (RDR) vient encore de commettre une de ses nombreuses bévues au cours de sa visite touristique dans la partie septentrionale de notre pays qu’il ne connaît que par les cartes d’état-major que lui fournissent régulièrement les services de presse de l’ONUCI. Alassane Ouattara qui a été vexé que le député indépendant démocratiquement élu, en l’occurrence votre serviteur Mamadou Ben Soumahoro, ne se soit pas dérangé pour aller l’accueillir à Bako a dit là-bas des choses saugrenues qui relèvent de sa méconnaissance de l’histoire de ce pays et de ce terroir. Alassane Ouattara ne s’est même pas aperçu qu’à Bako, sa délégation n’a été reçue que par le 3ème adjoint au maire. Tout politicien averti aurait immédiatement saisi le sens de ce cinglant désaveu des dirigeants de la localité. Pas Alassane Ouattara. Il s’est plutôt saisi de ce rejet évident pour s’en prendre à un absent en ignorant que dans ce cas, “on triomphe sans gloire’”. Alassane Ouattara dit alors aux populations clairsemées qui se sont déplacées plus par curiosité que par choix politique “qu’il va désormais prendre des mesures pour faire taire Ben Soumahoro à jamais”. Venant de lui, cette déclaration est à prendre au sérieux. Oui, M. Ouattara, vous pouvez faire taire le poète à jamais. Mais vous ne pourrez pas effacer le poème de la mémoire des Ivoiriens. Le côté tragique de l’affaire, c’est que vous êtes un spécialiste en la matière. Combien de capitaines et combien de marins vous avez fait ‘‘taire à jamais’’ dans les flots tumultueux de la mer agitée du RDR ? Vous et moi les connaissons bien : Où sont passés les Vamoussa Bamba, Djéni Kobina, Boubacar Diaby Ouattara, Abdoulaye Fadiga, Yaya Fofana, Guédé Guinan, Goué François, Florence Houphouët-Boigny, Félix Houphouët-Boigny lui-même ? Oui, M. Ouattara. Vous les avez tous liquidés ou poussés vers la sortie. Tragiquement. Leurs morts sont sur votre conscience imperméable à la compassion. Vous avez vous-même oublié les morts des 18 et 19 septembre 2002 dans le Nord comme dans le Sud. Vous avez déjà essayé avec votre ‘‘épouse’’ Dominique Ouattara Folloroux de m’assassiner avec la complicité de certains de vos amis que je croyais être les miens. Ils sont là, bien vivants, et vous savez que nous ouvrirons un jour ce dossier, vous, votre blanche colombe et moi, avec ces énergumènes enturbannés et galonnés qui vous suivent comme des pantins infâmes et désarticulés… Le côté comique de cette affaire relève du burlesque le plus futile. Voici un homme qui passe au moins deux fois par jour devant ma porte aux II-Plateaux-Vallon, qui sait parfaitement où je me trouve. De surcroît, je ne peux pas sortir de chez moi pour me rendre à mes occupations sans passer devant l’état-major particulier du candidat du RDR aux élections présidentielles prochaines, Rue des Jardins, et qui ne trouve rien d’autre à faire que se précipiter à 958 kilomètres de là pour aller proférer des menaces ridicules contre un citoyen qui n’aspire désormais qu’à la tranquillité totale et à la paix. Mais Alassane Ouattara ne veut pas me laisser tranquille. Il veut se servir de moi pour exister. Comme un gosse qui vient d’avoir un nouveau jouet (il est candidat, n’est-ce pas ?) l’homme est tout émerveillé, subjugué par cette nouvelle acquisition qu’on lui a si longtemps refusée. Il ne se sent plus, il exulte, et dans son élan du garnement qui vient de recevoir un bonbon après une longue diète, il s’agite, brasse du vent, fait de la provocation et profère même des menaces de mort. Comme vous le voyez, je tremble, je me cache, je ne sors plus de ma maison, je m’entoure d’une dizaine de gardes du corps ceintures noires de karaté, je ne choisis de circuler désormais qu’en voiture vraiment banalisée. Comme vous le voyez, Alassane Ouattara me fait vraiment peur ! Mais comment ne pas avoir peur devant cet homme qui prétend être du Nord ivoirien et qui ignore, par exemple, que Bako est la première sous-préfecture créée dans notre pays par Félix Houphouët-Boigny dont il se réclame bruyamment et de manière indigne ? Cela ne surprend guère. Chacun sait que M. Ouattara a dépouillé Houphouët son bienfaiteur de tout et spolié la Côte d’Ivoire par l’intermédiaire de son épouse (?) Dominique Folloroux qui n’a pas hésité un instant à tromper un vieillard de 88 ans dont elle disait qu’elle était amoureuse. Ensuite, elle a convolé en très (in)justes noces avec son génito-étalon du Yénnéga qui n’a jamais cessé de se complaire dans son attitude honteuse de gigolo entretenu à la fois par son ‘‘épouse’’ et par le protecteur de l’épouse. Tous les biens immobiliers de notre cher pays sont alors passés à la trappe sans compter l’hémorragie financière provoquée par le Premier ministre qu’il était alors, au motif qu’il fallait trouver de l’argent pour payer les fonctionnaires et payer la lourde dette de la Côte d’Ivoire. Ceci n’est qu’un petit aspect du florilège de malversations orchestrées par le Premier ministre à la nationalité douteuse qui a dû attendre l’avènement de Laurent Gbagbo pour avoir enfin ce viatique incontournable à lui attribué grâce à la Constitution de la République. Aucun homme digne et sérieux n’aurait accepté de se faire imposer au peuple par la pitié de son pire adversaire. Emporté par son ambition aussi illégitime que démesurée, Alassane Ouattara n’a même pas pris la peine de se rendre compte que ce fameux Article 48 de la Constitution de la République de Côte d’Ivoire consacrait désormais sans aucun doute son état d’étranger. Alassane Ouattara peut-il penser un instant que les Ivoiriens et la communauté internationale ne se sont pas rendus compte de ce fait gravissime ? Oui bien sûr, Alassane peut déclarer désormais urbi et orbi que le débat sur sa nationalité est dépassé. On peut admettre qu’en cela, il n’a pas tout à fait tort. Oui certes, le débat est dépassé. On peut même dire qu’il est clos. Mais tout débat a un prologue et un épilogue. La conclusion de ce débat-là veut à l’évidence que les Ivoiriens sachent définitivement que Alassane Ouattara n’est pas un fils de ce pays. S’il en était un, il n’aurait pas eu besoin de s’imposer à eux par un article 48 de la Constitution qui est leur propriété exclusive. Donc le débat est clos. Tous les Ivoiriens savent désormais que Alassane Ouattara est un étranger. C’est tout simplement pour cela que le débat est clos. Chaque Ivoirien doit désormais prendre ses responsabilités et chasser démocratiquement cet imposteur impénitent qui a fait trop de mal à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens. Mais pourquoi ai-je pris la peine et le temps de vous reparler de cet intrus que j’avais mis entre parenthèses ? Car, en réalité son attitude et ses propos irresponsables et ridicules prêtent simplement à rire. Comme prête à rire, sa stratégie de campagne qu’il essaie maladroitement de mettre en œuvre dans une tournée servilement copiée sur celle de Gbagbo Laurent. En fait, ou bien Alassane Ouattara se trompe complètement et trompe les Ivoiriens, ou bien il se fiche finalement de perdre cette élection. Voici un homme qui pense que parce qu’il va marteler au cours de ces tournées des slogans pitoyables comme «Ado-Solution», «Ouattara va déverser des milliards de CFA sur la Côte d’Ivoire», qu’il fera oublier qu’il est le seul vrai problème de ce pays. L’Agence de publicité qu’il a engagée pour sa campagne rurale et domestique n’est évidemment pas à la hauteur de l’enjeu parce que le message subliminal qu’il essaye de faire passer va se retourner contre son commanditaire tant son contenu amuse les Ivoiriens qui ne sont pas bêtes. ‘‘Ouattara est attaqué sur le fait qu’il est le problème de ce pays depuis près de 20 ans’’. Ce que l’Agence oublie, c’est que cette idée repose sur une réalité intangible et permanente. En revanche, Ado-Solution repose non seulement sur un mensonge grossier mais pis sur des promesses vagues et presque insultantes pour l’intelligence de nos populations qui souffrent par son fait même. Ado-Solution ne peut donc être le remède à Ado-Problème. Messieurs les Communicants d’Alassane Ouattara, remettez votre ouvrage sur le métier car ce que vous faites ne peut faire gagner M. Ouattara et je m’en réjouis. Les principes essentiels de la publicité n’ont pas changé : revenez aux fondamentaux de votre métier et choisissez mieux vos clients. Aida : vous avez déjà oublié ? A pour : attirer l’attention : Ouattara n’avait pas besoin de vous pour ça ; I pour : susciter l’Intérêt : A part les sofas du RDR et les serveurs de thé de la Riviera, Ouattara n’intéresse personne d’authentique dans ce pays ; D pour : provoquer le désir : Ouattara n’est ni particulièrement beau ni sympathique. Quel désir pouvez-vous provoquer pour lui, pour sa victoire ? Quelqu’un a dit que ‘‘la forme, c’est le fond qui remonte à la surface.’’ Ouattara n’a pas un bon fond. Vous ne pouvez pas le faire élire avec des slogans qui ne compensent pas ce déficit ; A pour : pousser à l’action, pousser au vote. Les sondages que vous moquez parce qu’ils ne vous arrangent pas montrent bien que vous êtes dans le starting-block pour rien. Personne n’agira pour vous ni ne votera pour vous. Alors, si vous rencontrez Alassane Ouattara, dites-lui de me laisser tranquille ! Paris, le 22/12/09 Mamadou Ben Soumahoro, Député indépendant à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire
Politique Publié le mercredi 23 décembre 2009 | Notre Voie