Les producteurs de coco dans la zone d’Assoindé vivent la galère. Confrontés à la baisse de leur production et ruinés par les acheteurs véreux, ils s’orientent désormais vers d’autres filières notamment le palmier à huile.
Depuis que l’Etat s’est désengagé de cette filière, les producteurs de cocotiers se sentent abandonnés. La surexploitation des plantations qui datent de plus de 40 ans (âge de la réforme) a entraîné la baisse de la production. Il a fallu parcourir une distance d’environ 40 km de Bonoua ce jeudi 17 décembre, pour se rendre à Ebé, un campement situé dans le village d’Assoindé, où de nombreux paysans.
La plantation d’Allou Niamkey a l’allure d’une forêt. Les touffes d’herbe sont nombreuses. Toute situation rendant difficile l’accès aux cocotiers. Les arbres perdent de plus en plus leur feuillage et l’on peut dénombrer facilement le nombre de fruits portés par les cocotiers.
L’inquiétude des producteurs
Vêtu d’un tee-shirt de couleur verte assorti d’un pantalon tissu, le corps ruisselant de sueur, il ne cesse de donner des ordres à ses quatre manœuvres qui viennent d’entamer le débroussaillage à l’aide de moyens rudimentaires. Selon Allou Niamkey, les producteurs sont livrés à eux-mêmes et se débrouillent pour maintenir leurs activités. Cette année, déplore-t-il, les récoltes sont en baisse constante. «A cause du manque d’entretien, ma production a chuté de moitié. D’environ 50.000 noix en 2008, elle a plongé à 25.000 noix. Or, nous livrons 1.000 noix de coco à 10.000 Fcfa. Des prix fixés par des acheteurs véreux. Nous sommes dans la tourmente depuis que l’Etat s’est désengagé de cette filière avec la dissolution de la Palmindustrie », se lamente-t-il. Avant d’ajouter que les producteurs ne bénéficient d’aucun moyen financier pour entretenir correctement leurs plantations. Pourtant, dans l’espoir d’avoir de bonnes récoltes , le producteur s’est s’endetté auprès d’un acheteur, à hauteur de 300.000 Fcfa pour payer ses manœuvres et faire face aux dépenses familiales. Mais, c’était un leurre. D’autant que sa plantation n’a pas eu de bonnes performances. Désemparé, il projette d’abandonner la culture de coco pour d’autres plus prometteuses, notamment le palmier à huile. Mais, là encore, les chances apparaissent bien maigres. Sur le littoral, il est difficile de faire d’autres cultures. Le sol, selon des scientifiques, contient très peu de minéraux capables de favoriser le développement d’une telle culture.
Assa Adjoni dispose d’une plantation de cocoteraie de 20 ha à Kodjokro, village situé à 15 km d’Assoindé. Son inquiétude est grande devant les difficultés qui minent cette filière. La recherche de débouchés est un parcours du combattant. La plantation d’Assa Adjoni est en fait gérée par son acheteur. C’est ce dernier qui lui apporte la logistique et les manœuvres pour tous les travaux de nettoyage jusqu’à la récolte. Pour lui, les paysans ne sont plus maîtres de leurs propres exploitations. La conséquence : tout est quasiment contrôlé par les acheteurs. A telle enseigne que les paysans ne perçoivent pratiquement rien après la vente de leur production.
Puisque l’acheteur vend et retire ensuite ses charges et partage le reste avec le propriétaire.
Mais pour ce mois de décembre, Assa Agoni, assailli par les problèmes financiers, est encore à la recherche de son preneur, mais en vain. Selon M. Assa, la bonne noix de coco se vend mieux que le coprah, qui est le coco fumé, utilisé par les industriels pour la production d’huile. Mais, les paysans souffrent à cause du diktat des acheteurs et de l’inorganisation de la filière elle-même. A la différence des deux producteurs, Sawadogo S., est propriétaire d’une plantation située à Assoindé. Il vend directement ses produits aux importateurs. Il a moins de souci que les autres. Outre la vente de la bonne noix, il possède un four, dans lequel il fabrique le coprah, qu’il revend directement aux usines à Abidjan.
Les techniciens du Centre national de recherche agronomique (Cnra) s’invitent dans la filière et proposent des solutions pour une relance assez rapide.
Le Pr Allou Kouassi René, directeur de la station de recherche Marc Delorme Port-Bouët du Cnra, explique que ce secteur se porte assez mal parce qu’il connaît une progression lente et insignifiante. Il en veut pour preuve les performances réalisées, il y a quelques années. Avant 2000, la Côte d’Ivoire possédait 46.000 ha de cocoteraie pour une production de 48.000 t de coprah. En 2009, les plantations sont passées à 50.000 ha avec une production nationale de 52.000 t par an. La Côte d’Ivoire produit 384 millions de noix par an dont 48 millions au niveau d’Assouindé. La zone ne représente que le huitième de la production nationale. Le taux de progression, selon le spécialiste, est très faible en Côte d’Ivoire, soit 4000t de plus en production sur 9 ans. «Ce taux n’est pas fameux », déplore-t-il. Convaincu que le pays peut et même qu’il a les moyens de produire en masse. Puisque s’il avait gardé la dynamique de production d’avant 2000, le taux de production actuelle serait nettement meilleur.
La technique du Cnra
«L’importation est très faible. Le coco Ivoirien ne fait pas le poids au niveau mondial. Les raisons de cette déconvenue sont liées à la baisse de la production du fait des cocoteraies vieillissantes», insiste le chercheur. Le directeur du Cnra estime que les autorités doivent mener de profondes réformes dans cette filière qui aura son mot à dire dans la relance économique. Le Cnra dans ses recherches, vise à améliorer la productivité des paysans. Pour ce faire, le centre a créé une nouvelle technique dénommée «under planting» ou planter sous le cocotier. Une technique nouvelle qui peut améliorer le rendement à l’ha. Elle peut donner 6t à l’ha. Ce qui n’est pas le cas avec les vieux plants de cocotiers qui produisent à peine 0,5t à l’ha. Cette technique précise, le technicien, consiste à planter des cocos dans les interlignes en détruisant au fur et à mesure, les vieux plants de cocotiers.
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
Depuis que l’Etat s’est désengagé de cette filière, les producteurs de cocotiers se sentent abandonnés. La surexploitation des plantations qui datent de plus de 40 ans (âge de la réforme) a entraîné la baisse de la production. Il a fallu parcourir une distance d’environ 40 km de Bonoua ce jeudi 17 décembre, pour se rendre à Ebé, un campement situé dans le village d’Assoindé, où de nombreux paysans.
La plantation d’Allou Niamkey a l’allure d’une forêt. Les touffes d’herbe sont nombreuses. Toute situation rendant difficile l’accès aux cocotiers. Les arbres perdent de plus en plus leur feuillage et l’on peut dénombrer facilement le nombre de fruits portés par les cocotiers.
L’inquiétude des producteurs
Vêtu d’un tee-shirt de couleur verte assorti d’un pantalon tissu, le corps ruisselant de sueur, il ne cesse de donner des ordres à ses quatre manœuvres qui viennent d’entamer le débroussaillage à l’aide de moyens rudimentaires. Selon Allou Niamkey, les producteurs sont livrés à eux-mêmes et se débrouillent pour maintenir leurs activités. Cette année, déplore-t-il, les récoltes sont en baisse constante. «A cause du manque d’entretien, ma production a chuté de moitié. D’environ 50.000 noix en 2008, elle a plongé à 25.000 noix. Or, nous livrons 1.000 noix de coco à 10.000 Fcfa. Des prix fixés par des acheteurs véreux. Nous sommes dans la tourmente depuis que l’Etat s’est désengagé de cette filière avec la dissolution de la Palmindustrie », se lamente-t-il. Avant d’ajouter que les producteurs ne bénéficient d’aucun moyen financier pour entretenir correctement leurs plantations. Pourtant, dans l’espoir d’avoir de bonnes récoltes , le producteur s’est s’endetté auprès d’un acheteur, à hauteur de 300.000 Fcfa pour payer ses manœuvres et faire face aux dépenses familiales. Mais, c’était un leurre. D’autant que sa plantation n’a pas eu de bonnes performances. Désemparé, il projette d’abandonner la culture de coco pour d’autres plus prometteuses, notamment le palmier à huile. Mais, là encore, les chances apparaissent bien maigres. Sur le littoral, il est difficile de faire d’autres cultures. Le sol, selon des scientifiques, contient très peu de minéraux capables de favoriser le développement d’une telle culture.
Assa Adjoni dispose d’une plantation de cocoteraie de 20 ha à Kodjokro, village situé à 15 km d’Assoindé. Son inquiétude est grande devant les difficultés qui minent cette filière. La recherche de débouchés est un parcours du combattant. La plantation d’Assa Adjoni est en fait gérée par son acheteur. C’est ce dernier qui lui apporte la logistique et les manœuvres pour tous les travaux de nettoyage jusqu’à la récolte. Pour lui, les paysans ne sont plus maîtres de leurs propres exploitations. La conséquence : tout est quasiment contrôlé par les acheteurs. A telle enseigne que les paysans ne perçoivent pratiquement rien après la vente de leur production.
Puisque l’acheteur vend et retire ensuite ses charges et partage le reste avec le propriétaire.
Mais pour ce mois de décembre, Assa Agoni, assailli par les problèmes financiers, est encore à la recherche de son preneur, mais en vain. Selon M. Assa, la bonne noix de coco se vend mieux que le coprah, qui est le coco fumé, utilisé par les industriels pour la production d’huile. Mais, les paysans souffrent à cause du diktat des acheteurs et de l’inorganisation de la filière elle-même. A la différence des deux producteurs, Sawadogo S., est propriétaire d’une plantation située à Assoindé. Il vend directement ses produits aux importateurs. Il a moins de souci que les autres. Outre la vente de la bonne noix, il possède un four, dans lequel il fabrique le coprah, qu’il revend directement aux usines à Abidjan.
Les techniciens du Centre national de recherche agronomique (Cnra) s’invitent dans la filière et proposent des solutions pour une relance assez rapide.
Le Pr Allou Kouassi René, directeur de la station de recherche Marc Delorme Port-Bouët du Cnra, explique que ce secteur se porte assez mal parce qu’il connaît une progression lente et insignifiante. Il en veut pour preuve les performances réalisées, il y a quelques années. Avant 2000, la Côte d’Ivoire possédait 46.000 ha de cocoteraie pour une production de 48.000 t de coprah. En 2009, les plantations sont passées à 50.000 ha avec une production nationale de 52.000 t par an. La Côte d’Ivoire produit 384 millions de noix par an dont 48 millions au niveau d’Assouindé. La zone ne représente que le huitième de la production nationale. Le taux de progression, selon le spécialiste, est très faible en Côte d’Ivoire, soit 4000t de plus en production sur 9 ans. «Ce taux n’est pas fameux », déplore-t-il. Convaincu que le pays peut et même qu’il a les moyens de produire en masse. Puisque s’il avait gardé la dynamique de production d’avant 2000, le taux de production actuelle serait nettement meilleur.
La technique du Cnra
«L’importation est très faible. Le coco Ivoirien ne fait pas le poids au niveau mondial. Les raisons de cette déconvenue sont liées à la baisse de la production du fait des cocoteraies vieillissantes», insiste le chercheur. Le directeur du Cnra estime que les autorités doivent mener de profondes réformes dans cette filière qui aura son mot à dire dans la relance économique. Le Cnra dans ses recherches, vise à améliorer la productivité des paysans. Pour ce faire, le centre a créé une nouvelle technique dénommée «under planting» ou planter sous le cocotier. Une technique nouvelle qui peut améliorer le rendement à l’ha. Elle peut donner 6t à l’ha. Ce qui n’est pas le cas avec les vieux plants de cocotiers qui produisent à peine 0,5t à l’ha. Cette technique précise, le technicien, consiste à planter des cocos dans les interlignes en détruisant au fur et à mesure, les vieux plants de cocotiers.
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam