Belle cérémonie que celle qu'il nous a été donnée de suivre, hier. Le chef de l'Etat ivoirien a décoré des footballeurs ghanéens récemment sacrés champions du monde des moins de 20 ans. Pour la circonstance Koudou Gbagbo qui aime bien ce genre de tribune n'a pas lésiné sur les moyens. Un avion affrété par ses soins pour aller chercher à accra la délégation de 38 membres, accueil chaleureux, séjour princier au bord de la lagune Ebrié.
Tout cela n'aurait ému personne si nous étions dans une situation normale, si la Côte d'Ivoire tenait sur ses deux jambes économiquement et que les Ivoiriens ne mouraient pas de faim ou de maladie. Mais voilà : le pays est étranglé par des revendications socio-professionnelles, l'Etat Ivoirien n'arrive pas à honorer ses propres engagements signés. Greffiers, enseignants, médecins, infirmiers, techniciens de laboratoires, sages-femmes, bref tout le corps médical est en grève. Et c'est ce moment-là que choisit Gbagbo pour montrer sa charité et sa solidarité aux autres. C'est la gouvernance par l'absurde ? Non, en réalité, Gbagbo vise autre chose. La première est d'ordre économique. Il n'y a pas longtemps, de l'or noir a été découvert aux larges de côtes ivoiro-ghanéennes. Cette trouvaille a décuplé l'appétit de nos refondateurs qui ont un réel faible pour l'or noir. Mais il se trouve que la plus grande partie de ce gisement se trouverait du côté du territoire ghanéen. Abidjan craint donc que l'exploitation d'un tel gisement fasse basculer les relations ivoiro-ghanéennes dans un conflit comme celui qui a opposé le Nigeria au Cameroun à propos de l'île de Bakassi. Gbagbo a donc pensé qu'un éventuel conflit de ce genre qui n'arrangerait pas son régime à un moment où il va aux élections peut se négocier. Il anticipe en montrant des signes du voisin bienveillant. Quelques médailles aux athlètes ghanéens champions du monde. Et il pense avoir fait le plus difficile. Mais à la vérité, que valent ces quelques médailles et ces quelques centaines de millions de francs devant des intérêts pétroliers ? Surtout à un moment où l'or noir pèse de plus en plus lourd sur le marché mondial ? Gbagbo aime les amusements.
L'autre raison est d'ordre politico-militaire. En effet, le général de division Mathias Doué, ex-chef d'état-major des armées ivoiriennes en disgrâce avec le régime de M. Gbagbo et le Sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit Ib, ex-membre influent des Forces nouvelles également en disgrâce avec Gbagbo se trouveraient, selon des informations concordantes et récurrentes, sur le territoire ghanéen. Pour éviter la surprise de septembre 2002 où des militaires exilés au Burkina sont venus attaquer son régime, Gbagbo préfère se rapprocher des autorités ghanéennes en multipliant à leur endroit des opérations de charme.
Akwaba Saint-Clair
Tout cela n'aurait ému personne si nous étions dans une situation normale, si la Côte d'Ivoire tenait sur ses deux jambes économiquement et que les Ivoiriens ne mouraient pas de faim ou de maladie. Mais voilà : le pays est étranglé par des revendications socio-professionnelles, l'Etat Ivoirien n'arrive pas à honorer ses propres engagements signés. Greffiers, enseignants, médecins, infirmiers, techniciens de laboratoires, sages-femmes, bref tout le corps médical est en grève. Et c'est ce moment-là que choisit Gbagbo pour montrer sa charité et sa solidarité aux autres. C'est la gouvernance par l'absurde ? Non, en réalité, Gbagbo vise autre chose. La première est d'ordre économique. Il n'y a pas longtemps, de l'or noir a été découvert aux larges de côtes ivoiro-ghanéennes. Cette trouvaille a décuplé l'appétit de nos refondateurs qui ont un réel faible pour l'or noir. Mais il se trouve que la plus grande partie de ce gisement se trouverait du côté du territoire ghanéen. Abidjan craint donc que l'exploitation d'un tel gisement fasse basculer les relations ivoiro-ghanéennes dans un conflit comme celui qui a opposé le Nigeria au Cameroun à propos de l'île de Bakassi. Gbagbo a donc pensé qu'un éventuel conflit de ce genre qui n'arrangerait pas son régime à un moment où il va aux élections peut se négocier. Il anticipe en montrant des signes du voisin bienveillant. Quelques médailles aux athlètes ghanéens champions du monde. Et il pense avoir fait le plus difficile. Mais à la vérité, que valent ces quelques médailles et ces quelques centaines de millions de francs devant des intérêts pétroliers ? Surtout à un moment où l'or noir pèse de plus en plus lourd sur le marché mondial ? Gbagbo aime les amusements.
L'autre raison est d'ordre politico-militaire. En effet, le général de division Mathias Doué, ex-chef d'état-major des armées ivoiriennes en disgrâce avec le régime de M. Gbagbo et le Sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit Ib, ex-membre influent des Forces nouvelles également en disgrâce avec Gbagbo se trouveraient, selon des informations concordantes et récurrentes, sur le territoire ghanéen. Pour éviter la surprise de septembre 2002 où des militaires exilés au Burkina sont venus attaquer son régime, Gbagbo préfère se rapprocher des autorités ghanéennes en multipliant à leur endroit des opérations de charme.
Akwaba Saint-Clair