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Économie Publié le mercredi 30 décembre 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Béhi Benoit (PCA de l’Anaproci) : « Les pays qui importent notre produit profitent plus que les producteurs »

Après son élection à la tête de l'Association nationale des producteurs de Côte d'Ivoire (Anaproci), le nouveau président Benoît Behi parle des problèmes de la filière café-cacao

Comment fonctionne actuellement l’Anaproci ?

A la tête de l’Anaproci, c’est un comité de réconciliation qui a été mis en place pour 6 mois. Les élections doivent se tenir au terme de notre mandat qui est de 6 mois. Notre première mission est de réconcilier les planteurs de café et cacao. Il faut que les producteurs soient unis autour d’une même table. Afin que la paix reviennent dans la filière. C’est une mission de longue durée. Les membres du conseil d’administration étaient divisés. Nous avons approché les membres du comité national des sages de la filière café-cacao. Nous comptons sur leur détermination pour que la paix revienne dans la maison. Lorsque nous aurons fini cette mission délicate, nous allons nous engager pour l’organisation de l’Assemblée générale élective. Là, des organes de direction seront mis en place pour le bon fonctionnement de notre structure. Nous avons entamé des tournées dans les zones de production du café et cacao afin de recenser toutes les préoccupations des producteurs. A la suite de cela, un atelier de mise en commun de toutes les données sera organisé. Nous tenons couramment des réunions. Parce que nous voulons que ce délai de 6 mois soit effectivement respecté.

Le délai de 6 mois est-il suffisant pour mettre en œuvre ces chantiers ?

Il y a des actions à court et à moyen termes. Nous sommes là en ce moment pour une mission précise. Et nous avons conformé notre mission à ce programme. Nous devons procéder par de petits pas. Si nous sommes divisés, on ne peut pas avoir une solution à nos problèmes collectifs concernant la filière café –cacao. On doit recoller tous les morceaux pour être bien fort. Je pense qu’avec le travail, nous y arriverons.

Concrètement, comment comptez-vous réconcilier les producteurs ?
L’Anaproci est une affaire de producteurs de café –cacao. Et c’est en accord avec l’ensemble des producteurs que nous avons mis ce comité en place pour nous réconcilier et éviter prochainement les petits palabres qui nous causent du tort. Si nous commençons à régler ces problèmes en notre sein, les autorités pourraient s’impliquer si nous le souhaitons. C’est un exemple que le chef de l’Etat a pris sur lui d’ouvrir une enquête. Ce qui a emmené à l’arrestation et à l’incarcération d’un certain nombre de leaders de la filière. L’enquête est en cours. C’est le chef de l’Etat qui nous a donné la filière et c’est lui seul qui peut décider de son sort si tout redevient normal. Mais je pense que si nous laissons tomber toutes nos querelles et nous nous organisons comme une structure fiable, si nous lui exprimons notre gratitude, la filière pourra nous revenir comme dans le passé. Je pense que le chef de l’Etat ne veut pas nous arracher la filière, c’est pourquoi, il a mis en place un comité national de sages. En plus, il est attentif aux préoccupations des producteurs. Il veut que la situation redevienne normale avant que les producteurs ne s’approprient de nouveau la filière. C’est pourquoi, nous avons mis la réconciliation entre les producteurs au devant de toute chose. Et je souhaite que si nous laissons des palabres de côté, nous pouvons redynamiser la filière sans les autorités. Je profite par ailleurs pour demander aux chefs de l’Etat, en cette fin d’année, d’accorder une liberté provisoire à nos camarades. Car beaucoup ont un état de santé très fragile. Après l’enquête, ceux qui seront coupables pourront être de nouveau incarcérés.

Depuis votre arrivée à la tête de l’Anaproci, beaucoup de choses ont été faites. Est-ce qu’on peut savoir à ce jour les démarches que vous avez déjà entreprises ?

Avant notre arrivée, un comité de réconciliation avait été mis en place. Il était composé d’une dizaine de membres de l’Anaproci. Dans le passé, il y a avait deux tendances et nous avons jugé utile de les unir en une seule. Ce comité a organisé un atelier de planification qui nous a permis d’identifier les activités par priorité. La première action a été celle de l’organisation d’une assemblée générale. Et c’est là que j’ai été mis à la tête de l’Anaproci pour 6 mois. A l’issue de l’AG, nous avons mis en place un comité de réconciliation qui prend les contacts. Nous avons écrit à tous les acteurs de la filière (producteurs, ministère de tutelle, le président de la République …).Moi, j’ai été reçu par le conseil national des sages. J’ai échangé avec le vieux Bléoué Aka dans ses plantations à Adaou. Il a apprécié les démarches que nous sommes en train de mener à la tête de l’Anaproci. Dans nos échanges, il a promis que nos deux structures vont se retrouver de temps en temps pour aplanir un certain nombre de divergences. Il faut rappeler que l’Anaproci a participé à la réforme de la filière café-cacao. Elle a pesé de tout son poids. Ce qui avait permis des prélèvements aux producteurs pour la vie de l’association. Avec la crise au sein de la filière, la gestion des ressources que nous avons décidée ont été retirée et confiée à un comité de gestion. Ce qui fait que l’Anaproci se retrouve aujourd’hui sans ressource. Et vous savez, sans ressources, la vie d’une association est très difficile. Il faut que nous sachions dorénavant que si nous voulons être une association indépendante, nous devons avoir nos propres ressources. C’est ce qui sera l’objet de la prochaine tournée que nous allons entreprendre auprès des producteurs. Nous allons réfléchir sur le financement de notre association entre nous membres sans attendre une subvention.

Quels sont vos rapports avec le comité de gestion qui a été mis en place ?

Avant notre prise de fonction comme Pca de l’Anaproci, nous avons été reçus par le président du comité de gestion. Après notre installation, nous avons demandé à le rencontrer, mais nous n’avons pas encore été reçus. Nous sommes toujours dans l’attente. Nous sommes des professionnels et s’il y a une organisation qui a été mise en place par le chef de l’Etat, il faut que nous ayons de bons rapports.

Que pensez-vous de la campagne qui se poursuit actuellement ?

Je parcours le pays. Et cette année particulièrement, il faut reconnaître que les prix ont grimpé. Les planteurs pourront se faire un peu plus d’argent. Il faut que ce gain soit une continuité. Et que les producteurs gagnent de l’argent tous les ans. C’est l’état des routes qui pose assez de difficultés aux producteurs. Parce que les produits doivent être transportés de la brousse jusqu’au port pour être acheminés. Voici les difficultés que nous rencontrons couramment. Car ce sont les producteurs qui doivent être responsables de ces différentes charges. Donc nous perdons beaucoup d’argent dans le pesage, dans le transport et dans la qualité de notre production. Après 7 ans, nous ne pouvons que nous réjouir de ce prix. Mais nous devons nous organiser pour en bénéficier à chaque moment. La Côte d’Ivoire fait 1,2 millions de tonnes. Le Canada qui importe le cacao de la Côte d’Ivoire fait 200 mille tonnes. Et le gain des 200 mille qu’importe le Canada équivaut au gain que font les producteurs en Côte d’Ivoire sur les 1,2 millions de tonnes. C’est inacceptable. Si l’Etat nous aide, nous pouvons nous en sortir. On dit que, le cacao ivoirien est de mauvaise qualité mais nous le vendons au même prix que le Ghana sur le marché international. Il nous faut organiser la commercialisation, lutter pour la bonne qualité. Nous devons tout mettre en œuvre pour transformer localement ces produits. Cela va diminuer le stock qui ira sur le marché international. Alors, on sait que l’offre et la demande dépend du stock. Si le stock est important par rapport à la demande, le prix baisse. Si c’est le contraire, le prix monte.

Benjamin Soro
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