Le moins que l’on puisse dire, c’est que le président du RDR a prêché pour le FPI. Les militants de plus en plus déçus, quittent le parti du père local de la rébellion pour s’investir dans la campagne du président Gbagbo. Vendredi 27 décembre dernier, dans un restaurant d’Odienné. Dans la fièvre de l’organisation du réveillon que le Premier ministre Guillaume Soro veut offrir aux Forces nouvelles et aux populations locales, un journaliste venu d’Abidjan s’interroge à propos du FPI. « Ce parti-là existe-t-il encore ici ? » Le jeune Cissé Mory Kramba, secrétaire fédéral JFPI qui est présent, répond immédiatement : « Il n’y a pas un seul village dans le département où on n’a pas de comité de base du FPI ». Le jeune fédéral explique que la visite du président du RDR dans le Denguélé, du 8 au 12 décembre dernier, a été bénéfique à son parti. Et selon plusieurs sources sur place, Alassana Dramane Ouattara est arrivé à Odienné après un passage à Bako. Le lendemain, il a visité Tiémé, Séguélon et Madinani. Ensuite, il a été à Samatiguila, et minignan. Enfin, il a visité Gbéléban et Seydougou. Il a mis fin à son séjour dans le Denguélé par un meeting au stade Mamadou Coulibaly. Devant un beau monde. Mais la gestion de ce succès apparent n’a pas apporté de chance au parti du candidat repêché. Et des plaintes ont tout de suite commencé à apparaître avec à la clef, des démissions du parti et des ralliements au FPI. Durant tout son séjour, Alassane Dramane Ouattara n’a reçu en audience qu’une délégation de l’organisation des femmes d’Odienné. Au demeurant, l’enveloppe de 300 000 F qu’il leur a donnée était loin de leur donner satisfaction. Mieux, ayant appris que le « warrifatchê » était là, de très nombreuses vieilles femmes se sont ruées à sa résidence pour lui présenter des ordonnances médicales afin qu’il leur vienne au secours. Aucune d’entre elles n’a pu être reçue, encore moins, aidée. Mais ce sont les jeunes qui avaient placé un espoir démesuré dans le président du RDR, qui ont été le plus désabusés. D’abord, ils n’ont pas compris pourquoi les T-shirts et autres gadgets leur étaient vendus, alors que le mentor n’est pas comme les autres candidats. Lui, il se déclare très riche et puissant. Ensuite, malgré tous leurs efforts, les jeunes n’ont pu obtenir la moindre audience pour échanger avec leur idole. A chaque tentative, on leur rétorquait que le « docteur » se repose selon une recommandation expresse de son médecin. Et pour ne pas être ennuyé plus longtemps, il a quitté de nuit et dans la discrétion totale, le domicile de feu Lamine Diabaté pour aller chez le maire Diakité Koty Souleymane. Colère des jeunes, colère des femmes, colères des adultes. D’autant que les villageois qui ont quitté, nombreux, les villages pour assister au meeting, n’ont bénéficié d’aucune attention. Rien à boire rien à manger. Pire, ils sont pour la plupart retournés chez eux à pieds, alors qu’on les avait transportés pour venir à Odienné. Les transporteurs, mécontents de n’avoir pas été payés, n’ont plus voulu les prendre dans leurs véhicules. Pas étonnant que la soirée artistique prévue dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 décembre, ait connu un fiasco total. Les jeunes en manque de distraction, ont effectivement effectué le déplacement. Mais aucun des artistes annoncés et qui devaient venir d’Abidjan, n’était là. De plus, l’on a dû attendre jusqu’à 1 heure du matin avant que les appareils ne soient branchés. Ensuite, une coupure d’électricité est venue tout remettre en cause. Le courant revenu, les organisateurs se sont contentés de projeter sur un écran géant, des séquences des meetings passés de leur leader. Vers 2 heures du matin, il n’y avait presque plus personne. Les militants du FPI affirment avoir regardé les manifestations marquant le séjour du président du RDR à Odienné, sans aucune crainte. « Cela ne nous a pas du tout perturbé, bien au contraire. Puisque beaucoup de personnes se plaignent d’avoir été victimes de manque de considération. Des militants importants n’ont vu leur président qu’au cours des meetings. Aucune communion entre lui et ses militants ». Résultat, ils sont aujourd’hui nombreux à frapper à la porte du FPI. Des responsables comme Traoré Lancéni, Koné Aïchatou, Touré Ibrahim et Bamba N’godjini ainsi que bien d’autres, sont de plus en plus aperçus en compagnie des militants du FPI. Très respecté à Odienné avant 1990, le vieux Ali Touré a viré au RDR à la naissance de ce parti. Il lui a donné toute son énergie et ses moyens. « Avant, je n’avais pas compris. A présent, j’ai vu la vérité », a-t-il déclaré aux responsables du FPI, selon le jeune Kramba, avant de prendre sa carte de militant. Diabaté Gaoussou est un ancien combattant des Forces nouvelles. Avec d’autres, il a opté pour le FPI. Mais lui, est allé plus loin. Il est aujourd’hui membre actif du bureau d’une délégation électorale de secteur (DES). « Il nous a dit ceci : on a pris les armes à cause de lui. Nos enfants et nos amis sont morts à cause de lui. Mais qu’a-t-il fait pour nous ? », rapporte le fédéral de la JFPI. Et pour corroborer ses dires, il annonce qu’il doit rencontrer, à leur demande, un groupe de personnes au quartier Yankaffissa, qui souhaitent devenir militants du FPI. « Quand ils viennent, nous les recevons et nous leur expliquons bien comment fonctionne notre parti », soutient-il.
P.D.T.
envoyé spécial
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