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Société Publié le samedi 2 janvier 2010 | Le Nouveau Réveil

Mgr Paul Siméon Ahouana (archevêque Métropolitain de Bouaké) : “Que la vérité soit dite sur les vraies motivations de notre incapacité à organiser les élections”

Le réveillon de la Saint Sylvestre a été marqué à Bouaké par une messe pour la paix. Ci-dessous l'homélie de Mgr Ahouana.


Excellence, Mgr Norbert Turini,
Evêque de Cahors-Rocamadour en France
M. le Préfet,
Chers Frères et Sœurs,
Sûr de la parole de Jésus en Luc 11, 9 : " Et moi, je vous dis, demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche, trouve ". Nous sommes rassemblés en cette fin d'année 2009 et en début d'année 2010 pour offrir le sacrifice suprême de Jésus Christ au cours duquel nous voulons crier notre faim, notre soif de la paix. Et ce soir, dans une prière fervente, confiante et efficace, nous demandons la paix, nous cherchons la paix puisque Dieu est fidèle en ses promesses. Je suis convaincu qu'il nous donner la sa paix. Prions-le aussi pour qu'il nous convertisse et que nous soyons capables d'accueillir le don de la paix qu'il nous offre.
Le 29 novembre 2009, la Conférence épiscopale de Côte-d'Ivoire a adressé un message à la nation ivoirienne. Le message est clair, dense et il contient tout. Fraternité Matin en a fait une large diffusion. Pour ma part, ce soir, je voudrais mettre en exergue quelques points dans notre cheminement vers les élections. Je ne voudrais pas m'attarder sur l'analyse de la situation actuelle du pays, nous l'avons déjà faite dans notre message précité et d'ailleurs chacun de nous connaît. Je voudrais, ce soir, dire ma foi et mon espérance, dire ma confiance parce que le peuple ivoirien est capable de faire un sursaut qualitatif pour accueillir le don de la paix.
Je le dis parce qu'aujourd'hui, nous sommes dans l'obligation d'avancer. Il n'est plus question de reculer. Pourquoi n'arrive-t-on pas à organiser les élections et partons de report en report ? Quelles en sont les vraies motivations ? Pourquoi, au moment où nous espérons sortir du tunnel, nous voyons défiler devant nous une cascade de grèves et de remous sociaux ? Pourquoi certains se complaisent-ils dans cette situation de ni paix ni guerre ? D'autres tirent les ficelles pour retarder l'avènement de la paix. Est-ce parce qu'ils n'ont pas fini de piller le pays ou parce qu'ils n'ont pas assez amassé ? D'autre part, je ne vois pas la volonté politique d'aller résolument vers la paix. Je me pose la question, allons-nous entrer dans l'an 2010 avec la crise ? Je comprends les retards à cause de la complexité du système assortie de la mauvaise foi. Si nous aimons vraiment notre pays, nous pouvons surmonter le déficit de confiance et transcender nos clivages.
Dans la première lecture, l'apôtre Paul invite les Théssaloniciens à vivre en paix dans la concorde, dans la solidarité et dans le soutien mutuel, à rechercher surtout ce qui est bien et à nous éloigner de tout ce qui porte la trace du mal.
Si nous aimons réellement la Côte d'Ivoire, nous devons travailler dans l'intérêt supérieur de la nation. Mais malheureusement beaucoup n'aiment pas la Côte d'Ivoire. Ce qu'ils aiment, ce sont ses ressources pour eux-mêmes. Il y a une semaine, nous avons célébré dans la joie et l'allégresse la fête de Noël à travers l'enfant de Bethléem, c'est Dieu lui-même qui descend sur notre terre pour cheminer avec les hommes, les illuminer, les transfigurer et leur donner la possibilité de devenir enfants de Dieu. Il vient pour nous apprendre à nous aimer, à faire le bien, à vivre dans la vérité et nous réconcilier.

Je souhaite de tout mon cœur que l'année 2010 soit l'année de consécration de tous nos efforts vers la paix. Mobilisons-nous, que nos gouvernants fassent tout pour lever tous les obstacles pour que les élections se tiennent. Déjà beaucoup d'Ivoiriens sont sceptiques quant aux décisions du dernier CPC de Ouaga qui stipulent que les élections pourront avoir lieu fin février début-mars. Certains n'y croient même pas. Cela veut dire qu'un nouveau report est déjà programmé dans la conscience collective. Evitons de nous rendre ridicules et de donner une image ridicule à la Côte d'Ivoire.
Que la vérité soit dite sur les vraies motivations de notre incapacité à organiser les élections. Je ne mets pas en doute la compétence technique des personnes et des services et les structures en charge des élections. Alors qu'est-ce qui se passe ?
Il y a un proverbe de chez nous qui dit : " si quelqu'un lave ton dos, toi, fais l'effort de laver ton ventre ". La communauté internationale que je remercie n'a cessé de nous aider. Mais nous aussi, nous devons faire le sacrifice nécessaire pour aller de l'avant dans le processus engagé. Par exemple, au niveau des finances qui demeurent un gros problème, nous pouvons arriver à le résoudre en réduisant les dépenses publiques et en suspendant les dépenses de prestige. Et ceux qui ont profité de la crise pour piller le pays et amasser des sommes importantes par esprit de repentance, peuvent libérer une partie de ces avoirs.
Par ailleurs, on peut provoquer un sursaut national pour une contribution de tout le monde.
Pour terminer, je demande humblement que les deux parties signataires de l'Accord politique de Ouagadougou dont l'objectif est de ramener la paix en Côte-d'Ivoire, de prendre toute la mesure de leurs responsabilités devant l'Histoire et devant le peuple. Les élections sont importantes pour un pays : c'est permettre à un peuple d'exercer sa souveraineté, et conférer la légalité et la légitimité à une personne en qui il se reconnaît pour le conduire, le guider et le développer. C'est le fondement d'un vrai système démocratique. Voilà pourquoi les Latins disent : " vox populi, vox dei " c'est-à-dire la voix du peuple, c'est la voix de Dieu.
Que Dieu Tout puissant qui est la paix véritable et son fils Jésus Christ, Prince de la paix et de l'Esprit de paix déversent dans le cœur de tous les Ivoiriens et dans tout le pays d'abondantes grâces de pardon et de paix, de réconciliation et de justice, d'amour de vérité. Amen.
Paul Siméon AHOUANA,
Archevêque Métropolitain de Bouaké



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