Une fois de plus le Chef de l'Etat a confondu devoir républicain et message à la nation au discours de campagne d'un candidat. Voici quelques contradictions de son message du jeudi. "2010 sera l'année des élections générales. Ces élections que nous préparons depuis la fin de la guerre sont importantes pour au moins deux raisons : … Les Ivoiriens attendent ces élections pour mettre fin à la situation exceptionnelle, instaurée du fait de la guerre." Comme il sait si bien le faire sans prendre souvent des précautions, le Chef de l'Etat a fait jeudi soir un aveu de taille, celui expliquant sans aucun doute tous les efforts qu'il a faits pour repousser l'échéance électorale jusqu'en 2010. "Nous voulons retrouver le rythme normal des échéances électorales et assurer le fonctionnement démocratique et régulier des institutions", a-t-il dit. On le comprend trop même. Depuis 1960, les élections se font chaque 5 ans. A intervalles réguliers. Si Gbagbo n'a pas voulu des élections en 2005, il ne pouvait qu'attendre 2010, pour respecter l'intervalle de 5 ans ou de… 10 ans qui l'arrange particulièrement. Il ne pouvait donc que tordre le cou à tous les accords et renier ses propres engagements. Quand le Chef de l'Etat, historien de son Etat dit dans son message à la Nation : "Cette crise, dont nous avons subi la forme la plus aiguë, avec la guerre de septembre 2002, a longtemps couvé avant d'éclater ouvertement il y a dix ans, avec le coup d'Etat de décembre 1999. C'est une crise de la succession", il ne dit pas vrai, et chacun le sait, puisque Soro Guillaume et tous les militaires des Forces Nouvelles n'ont jamais revendiqué l'héritage d'Houphouët-Boigny. Depuis 1990, la FESCI a toujours été le bras armé du FPI. A moins que Gbagbo ne soit lui-même houphouëtiste. Dans ce cas, d'où vient-il qu'il veuille "effacer l'ère Houphouët-Boigny". Le 20 septembre 2002, des leaders houphouétistes lui avaient recommandé de dialoguer avec les insurgés, pourquoi s'est-il obstiné à faire la guerre si tant est que cette guerre était celle de succession entre Houphouëtistes ? Ces phrases ne sont rien d'autres que la reprise des grands thèmes de sa campagne tels que contenus dans son livre de campagne. Ce n'est donc pas un message à la Nation, à tous les Ivoiriens, mais à ses partisans.
Eddy PEHE
Eddy PEHE