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Art et Culture Publié le lundi 4 janvier 2010 | Le Temps

Boni Gnahoré : “Je veux rendre hommage aux chansonniers ivoiriens”

Après un moment de silence, Boni Gnahoré revient sur le marché musical ivoirien. La sortie officielle de son album est prévue pour les vacances d`été prochain. Le Temps l`a rencontré. Entretien.

Que fait Gnahoré à Abidjan ?

Je suis arrivé le 19 décembre pour les fêtes de fin d`année, pour voir ma femme et mes enfants. Et je repars le 11 janvier. Pour revenir le 7 février, donc dans un mois avec mes étudiants de musique. Puisqu` en Europe, je suis professeur de musique et j`exerce toujours mon métier des arts de la scène. C`est-à-dire les concerts et autres prestations.

Qu`enseignez-vous exactement en tant que professeur de musique ?

C`est transmettre la connaissance de musique à ceux qui en ont besoin. Donc aux élèves et aux étudiants qui bénéficient de mes connaissances à Strasbourg où je travaille avec deux écoles de musique, c`est-à-dire Le Pôle Sud et l`école de musique d`Ille Kirsch. C`est donc dans ces établissements que je forme les étudiants sur mon expérience qui part de la tradition à la modernité. Depuis que je suis artiste, je ne cesse de faire connaître la musicalité de ma région. C`est-à-dire la musique Krou à travers le monde. Donc, je suis un ambassadeur de ce patrimoine culturel ivoirien.

Est-ce que les blancs sont attentifs à ce message véhiculé par ta musique ?

Bien sûr, c`est pour cela qu`on me donne des fonctions. Sinon, je n`allais pas les intéresser. Cela dit, il y a de la place à prendre pour cette musicalité, cette tradition africaine, en particulier ivoirienne. Cette musique les intéresse. C`est pour cela qu`ils écoutent les Magic System. Il faut noter que nos artistes travaillent pour faire connaître leurs cultures aux Européens. Mais puisque cette culture est nouvelle dans ce vaste espace qu`est le monde, nous avons du travail à faire dans le cadre de sa diffusion.

Justement, quel est le poids de cette musique auprès de la pop, du Gospel ?

Non, non chaque musique a son importance, son intérêt. On prend la pop Music, le gospel américain, n`importe quelle rythmique, elle a son importance. Parce qu`elle est issue d`une tradition. Donc ces blancs, eux aussi veulent connaître leur tradition. C`est nous qui devons nous mettre au travail pour donner une importance à cette musique. Voici mon combat. Donner de la valeur à notre culture. Parce qu`au profit de la politique, de l`argent, la culture est délaissée dans nos pays. Il faut que nous soyons forts pour mettre la culture à sa place

Vous avez parlé de l`arrivée prochaine de vos étudiants. Qu`en est-il exactement ?

En février, je viens avec mes étudiants à Abidjan. Ils veulent aussi connaître le pays, ma région, mon village. Ils viennent pour voir d`où je viens, comment je vis ici . Il s`agira aussi de faire des ateliers sur place.

Que vont comprendre ces ateliers ?

C`est toujours dans la continuité de la formation. On va apprendre les rythmes, la base rythmique, les sons, les mélodies africaines et ivoiriennes de la chanson. Cet atelier est typiquement pour ces étudiants qui viendront à Abidjan. Ils seront là pour le mois de février. Trois étudiants et en vacances d`été, la délégation va grossir.

Quel est le pays où Boni Gnahoré marche beaucoup ?

Je peux dire que c`est la France. Puisque c`est là que je fais des concerts, des activités artistiques. C`est donc en France qu`on me connaît. Mais, on me connaît également en Allemagne et en Belgique. Mais c`est en France que j`ai fait sortir des Cd et c`est là-bas que je travaille.

Votre fille Dobet Gnahoré a été nominée au Grammy Awards. Vos sentiments ?

Je suis très content et je la félicite. Et je suis toujours auprès d`elle pour la soutenir dans ses activités. C`est une fille qui travaille bien et qui est amoureuse de son travail. Elle a du plaisir à créer et chercher. Cette nomination est le prix du travail dans l`effort.

Concrètement, quel soutien le père apporte à sa fille ?

Qu`est-ce que je peux apporter, si ce n`est ma connaissance artistique. Et c`est ce que j`ai fait. En 1997, j`avais créé les " Deni sè " , un groupe de petits enfants au sein du village Kiyi . C`est là qu`elle a fait ses premiers pas, dans mes mains. C`est toujours cet apport artistique que je lui donne, pas autre chose. Quand je suis là, la fille se sent plus en sécurité. Donc je lui demande encore le travail. Je voudrais que cette nomination l`entraine davantage dans la recherche de la perfection. Faire connaître de plus en plus son travail et rendre gloire à Dieu. Parce que ce qu`on fait est inspiré par Dieu.

A Abidjan, vous n`avez pas prévu des spectacles ?

Je suis sincèrement en vacances, et dans ce cas, je suis généralement à la maison. Mais les gens savent que je suis venu. Ici, je suis avec ma famille au grand complet, mes enfants, ma mère et ma grande sœur pour la fête (c`était avant la fête du 1er janvier). Vous savez, quand je dois jouer, les gens m`invitent et je joue. Mais pour le moment, ce n`est pas encore le cas. Sinon dès qu`on me contacte je suis prêt à faire mon métier.

En marge de tout ça que fait Boni Gnahoré ?

Je suis en train de préparer mon prochain album. Il est presque prêt. L`album sort les vacances prochaines. Je suis même venu avec la maquette.

Quels sont les thèmes que vous traitez sur cet album ?

Les thèmes traités sont l`amour, l`hommage à Gagnoa, au chansonnier Guebié, Digri Gbalou
Une façon de le faire vivre. Pour ne pas perdre nos repères. Je voudrais qu`on soit enraciné dans nos cultures

Interview réalisée par Renaud Djatchi
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