En attendant d'organiser "Notre élection"- la plus parfaite et la plus onéreuse qui soit au monde -, la C.I, par la faute de ses dirigeants, continue de figurer en bonne place dans le classement des " cancres de la classe politique " parmi les cinquante Etats du continent. Pourquoi donc cela et à quand la fin du calvaire des Ivoiriens ? Un début de réponse pourrait être fait lorsque "les experts" commenceront par nous donner la "vraie" réponse à la "vraie" question : quelle est la nature du mal ivoirien et à quand date-t-elle ? Le "mal ivoirien" existe fort bien et ne date ni des années 90 -voir le Coup d'Etat de 1999- ni des années 2000 - allusion au coup d'Etat de 2002. Ces faits aussi importants soient-ils ne sont eux-mêmes qu'une série d'avatars qu'explique une situation plus ancienne. Le mal de la Côte d'Ivoire, pour nous résumer rapidement, part de la divergence de vue ou de vision dans le destin de cette nation, telle qu'elle apparaît dès les années 40 à 50 lors des luttes de la décolonisation. Deux lignes se dégagèrent alors : la première, pragmatiste et gradualiste - c'est la ligne du PDCI-RDA et de son chef de fil, Félix Houphouët-Boigny ; la deuxième est beaucoup plus " idéologique " et se consolida paradoxalement dans la longue existence du Parti unique de fait de 1959 à 1990 ! Le cinquantenaire de l'Indépendance ivoirienne et les réflexions qui ne manqueront pas de le nourrir permettront sans nul doute de creuser davantage une telle idée. Pour l'heure, il importe de faire le bilan de cette divergence d'approche : la ligne pragmatiste en charge des trois premières décennies de notre souveraineté a produit la Côte- d'Ivoire dite du " miracle " qui, pour l'essentiel, a porté ce pays sur les fonts baptismaux. La ligne qu'on pourrait appeler " idéologique " recouvre essentiellement la période de la Côte -d'Ivoire de la dernière décennie, celle en gros de la deuxième République (2000 - 2010). Ainsi campés, les Ivoiriens auront pour les prochaines élections dites de sortie de crise, à choisir entre ces deux sentiers du développement : Ou le pragmatisme graduel du PDCI-RDA qui en trente ans a su épouser son temps et engendrer un Etat, la Côte d'Ivoire, qui figure parmi les plus avancés d'Afrique ou la Côte d'Ivoire des adeptes de la théorie qui n'en finit plus d'inventorier et d' " essayer " les concepts ! " La Refondation ou l'illusion des concepts " dénonçait fort opportunément un périodique proche de cette même tendance ! C'était en l'an 2000, au tout début de la Deuxième République. L'a-t-on suffisamment mûrie cette interpellation ? A-t-on suffisamment tenu compte des ratés nombreux et évidents qui surgissaient à tout bout de champ dans la gouvernance et l'exercice du pouvoir d'Etat ? C'est à ces questions et à tant d'autres tout aussi pertinentes que la prochaine présidentielle devra trouver réponse. C'est en toute responsabilité que tous les fils de ce pays qui dispose de ressources humaines en abondance et en qualité devront débattre hors de toute démagogie et loin de tout populisme facile. Trop de confusions et de contre-vérités circulent en effet, auxquelles, les prochains débats permettront de mettre fin, c'est le moindre des services que nous pourrions, chacun à son niveau, rendre à la Côte d'Ivoire meurtrie ! Par exemple : de la guerre et de ses contours ! Des héritiers ou supposés tels ! Du Parti unique et du multipartisme ! Du " mandat-bonus " et de la Constitution ! Notre prochaine réflexion portera sur la guerre et ses possibles interprétations pour la nation.
TIACOH Carnot, membre du Bureau Politique du PDC-RDA. Abidjan
TIACOH Carnot, membre du Bureau Politique du PDC-RDA. Abidjan
