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Politique Publié le mardi 5 janvier 2010 | Le Patriote

L’argent, le pouvoir de l’argent et l’irrespect

« Si moi je ne suis pas élu, vos fortunes vous les perdrez. Vos fortunes sont protégées parce que je suis au pouvoir. Vous êtes tous devenus riches, arrogants ». Ces paroles adressées aux cadres de la direction de son parti par un Laurent Gbagbo en quête d’ouverture, reflètent l’opinion générale des Ivoiriens sur le système politique qu’il a mis en place depuis dix ans. Ce régime donne de lui l’image d’un groupe d’hommes et de femmes venus en politique dans le seul but de prévariquer les caisses des caisses de l’Etat. A leur tête, Laurent Gbagbo lui-même qui, désormais à oublié ses beaux slogans du genre « donnez-moi le pouvoir pour que je vous le rende ». Aujourd’hui, tout chez lui est argent. « Si je savais que chacun avait un prix je n’aurais pas acheté des armes », a-t-il confié à ses proches à l’occasion de la gestion de la sortie de crise. Laurent Gbagbo voit tout maintenant en termes d’argent. Ses dix ans de pouvoir l’ont totalement dénaturé. Loin du Laurent Gbagbo, cheveux hirsutes, pantalon délavé, le visage dégoulinant de sueur que les Ivoiriens ont admiraient, battant le pavé, réclamant démocratie ici et liberté là, se tient désormais un homme immensément riche de l’argent mal acquis, vivant dans les plus grands châteaux, y compris celui d’Houphouët dont il a véhémentement dénoncé la construction, fréquentant les hôtels les plus huppés. Son entourage l’imite. Si les pontes du FPI s’enrichissent avec autant de délectation, c’est parce que non seulement elles bénéficient du parapluie protecteur et bienveillant de Laurent Gbagbo, mais c’est parce qu’elles veulent, toutes, lui ressembler. Le FPI n’a plus d’idéologie, plus aucun idéal. Seulement, une seule philosophie devenue le sport favori. C’est désormais à qui a bâti le plus gros château en quelques semaines ; qui possède le parc automobile le plus fourni en Porche, Lamborghini et autres grosses cylindrés ? Plus que l’ivresse du pouvoir, Laurent Gbagbo a été totalement exhumé par l’argent, l’argent vite, mais aussi l’argent sale. L’idéologie socialiste, plutôt un idéal, qu’il a partagé avec des millions d’Ivoiriens n’est plus qu’un triste souvenir. L’épisode du scandale des déchets toxiques, de triste mémoire, est encore vif dans les esprits, pour nous rappeler que l’argent vaut mieux que les vies humaines.

C’est pratiquement en niant aux victimes de ce scandale écologique d’avoir réparation devant les tribunaux, que Laurent Gbagbo est allé signer un deal avec la société Trafigura, portant sur la somme de cent milliards de francs CFA. Aucun procès sérieux n’a eu lieu pour emprisonner les auteurs, complices ou responsables de cette tragédie. Le socialisme, dit-on, met au centre de ses préoccupations, les conditions de la personne humaine et la protection de ses libertés. Le mouvement socialiste recherche une justice sociale, condamne les inégalités sociales et l’exploitation de l’homme par l’homme, défend le progrès social et prône l'avènement d'une société égalitaire, sans classes sociales. La pensée d’Hérodote (Historien grec) nous a pourtant averti : « Donnez tout pouvoir à l'homme le plus vertueux qui soit, vous le verrez bientôt changer d'attitude ». A voir Laurent Gbagbo agir, on dirait qu’il ne sait plus ce que signifie la justice et la liberté. L’argent ici et maintenant, telle est sa devise. En moins de dix ans, le chef de l’Etat a réussi à se positionner au hit parade des plus grosses fortunes du pays (un budget de souveraineté annuel à 75 milliards de FCFA). Pis, il se classe parmi les plus gros salaires des chefs d’Etat les mieux payés au monde. Quelle métamorphose !

Charles Sanga
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