On n’a pas tiré les enseignements de ce qui nous est arrivé en septembre 2002. On se comporte comme si rien de grave ne s’est produit dans ce pays. On reste arc-bouté sur les certitudes et servitudes. On reprend les mêmes discours et actes qui ont appelé la guerre dans le pays de Félix Houphouët Boigny. La première de notre histoire commune. L’Ivoirité, abjecte et répugnante, que tout le monde a reconnue comme l’une des causes du conflit fratricide, revient en force. Les forces de l’ordre instrumentalisées et manipulées, arrêtent des citoyens ivoiriens à part entière, présentés comme des voleurs de la nationalité ivoirienne. Des individus, croyant détenir le titre foncier de la nationalité, usent et abusent de délation et de calomnie, pour livrer des honnêtes gens à la vindicte populaire. Comme si cela ne suffisait pas, les tenants du pouvoir parlent de « croissements populaires » dans le cadre du contentieux de l’inscription sur la liste électorale. Oubliant que nous sommes dans une République, l’on veut introduire les chefs de village dans le contentieux. Est-ce parce que le chef d’une bourgade du pays ne connaît pas une personne qu’elle doit être désignée comme étrangère à la Côte d’Ivoire ? Depuis un bon moment, les mêmes causes qui ont failli précipiter la Côte d’Ivoire dans le précipice, refont dangereusement surface. Comme des gens n’ayant pas souvenance du passé et frappés d’amnésie, nous ne finissons pas de réveiller les vieux démons en somnolence. Les délits de faciès et de patronyme sont encore de saison. Les victimes sont toujours les mêmes. Les victimaires aussi. L’opinion a beau s’indigner, les religieux ont beau tirer la sonnette d’alarme, une partie de la classe politique devenue aveugle et insensible aux souffrances des populations, entend conduire le pays à la banqueroute. Rien que pour assouvir des intérêts mesquins, égoïstes et partisans. Ainsi, a-t-elle choisi de tirer davantage sur la corde assez fragile de l’unité nationale. Depuis un bon moment, les Ivoiriens ont peur, avec la résurgence des vieux démons de la division. A cette allure, il faut craindre le pire pour demain. Prions le Seigneur !
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga