“Cette Can doit être la bonne. Nous devons la gagner", ainsi parle Jacques Anouma, président de la Fif, depuis que ses protégés ont obtenu leur qualification de haute lutte avant le terme des éliminatoires. Profession de foi ou ardent désir d`un président aux grandes ambitions pour le football national. Avec ces Eléphants, ça trompe énormément. A leur actif, une seule coupe remportée en 1992 au Sénégal. Une finale perdue en 2006. Demi et quarts de finale lors des différentes participations. Le bilan de 50 ans de présence sur la scène continentale du football est insuffisant pour embellir le palmarès. La Fif et les internationaux auraient-ils fait sienne la pensée du Baron Pierre de Coubertin, selon laquelle, "l`essentiel, c`est de participer". Refus du président Anouma qui a annoncé les couleurs d`un triomphe hypothétique. Pour ce faire, il a trouvé de gros moyens matériel, logistique, humain et technique. Le président Anouma a joué sa participation, reste que les joueurs ivoiriens tiennent leur rang en justifiant tout le bien qu`on pense d`eux. Depuis 2005, la sélection ivoirienne a connu une ascension fulgurante pour figurer dans le giron des nations de football. Grâce à une génération talentueuse à savoir Didier Drogba, Kolo Touré, Eboué Emmanuel, Baki Koné, Yaya Gnéhéry, Guy Demel, Faé Emerse, Boka Arthur, Koné Kouamatien, Tiéné Chico, Copa Barry, Agban Vincent de Paul, Zogbo Aristide, Aruna Dindane, Salomon Kalunho et Zokora Maestro pour ne citer que ceux-là.
Atouts et profil de champion
La sélection ivoirienne dispose de joueurs capables, dans un jour faste, de tenir la dragée haute à n`importe quel adversaire. Encore faut-il que les individualités se fondent dans le collectif, avec en toile de fond, cohésion entre les lignes et fluidité dans la transmission du ballon.
De l`avis des spécialistes, les Ivoiriens font partie des grands favoris en Angola car ils ont le profil du vainqueur. Parmi les 23 sélectionnés, deux joueurs de rang mondial pouvant évoluer dans toutes les sélections : Yaya Gnéhéry et Didier Drogba titulaires respectivement à Barcelone (Espagne) et à Chelsea (Angleterre). Avec d`excellents lieutenants notamment Kolo (Man. City), Aruna (Porstmouth), Boka et Demel (Allemagne), Baki (Marseille), Kader Kéïta (Turquie), Faé (Ligue 1 France), Eboué (Arsenal), Kalunho (Chelsea), Copa Barry (Belgique). Sans compter les néophytes tels Kouamatien, Doumbia, Zogbo Aristide, Angban et autres. Ainsi, pourrait-on dire que chaque compartiment de l`équipe est bien fourni. Si la division offensive est de loin rassurante avec Drogba, Aruna, Baki et Kalunho, elle devra se montrer très efficace dans la finition en transformant la moindre occasion, souvent rare, en but. Le secteur médian n`est non plus mal loti. Faé, Yaya, Kouamatien, Chico et Zokora savent tenir le ballon. Ils ont du métier pour former la courroie de transmission. La défense est aussi un secteur pas du tout dépaysé. Eboué, Boka sur les côtés et Kolo dans l`axe central formeront la soupape de sécurité. Dans les perches, les trois prétendants ont sensiblement la même valeur. Seulement Copa a plus d`expérience que ses deux concurrents pour faire obstacle aux velléités adverses. Tout un beau monde capable du meilleur mais qui pèche par moments en s`exposant à l`estocade des adversaires.
Des faiblesses criantes et récurrentes
Equipe hautement médiatisée qui impose respect et admiration, les Eléphants ne demeurent pas moins un géant aux pieds d`argile. De tous temps, la sélection a eu un ou deux joueurs d`exception au sein d`un bon groupe. Il y a eu, entre autres générations, Laurent Pokou, Kallet Bially, Akran Jean Baptiste dans les années 70, Abdoulaye Traoré et Youssouf Fofana dans les années 90. Celle qui défendra les couleurs ivoiriennes en Angola est nettement supérieure en nombre de joueurs de qualité. Toutefois, les Eléphants actuels présentent un mental quasiment faible. C`est un groupe talentueux manquant d`ambitions, de conviction et de véritable leader. Didier Drogba et ses camarades auraient-ils choisi de demeurer d`éternels espoirs ? "Lors de la dernière Can au Ghana, le match contre la Guinée nous a trompés. Après notre victoire par 5 buts à 1, nous sommes restés sur un nuage. Je pense que nous avons mûri pour aller très loin", s`expliquait le capitaine Drogba lors de la dernière conférence de presse tenue au Golf avant leur départ. Comme on le voit, l`euphorie est l`un des péchés mignons des Ivoiriens. Péché qu`ils partagent du reste avec les dirigeants fédéraux. Autres lacunes que les Ivoiriens traînent à longueur de Can, c`est le manque d`inspiration dans l`animation du jeu. Ainsi que l`absence de métronome. Lourds dans le geste, mal inspirés dans les automatismes, les Eléphants coincent quand l`équipe en face est aguerrie. Or, à valeur égale, la technique individuelle et la tactique collective font la différence. Et alors, intervient le coach dont le tact à choisir ses joueurs en fonction du jeu ; la capacité à lire le jeu et à faire des remplacements judicieux ne doit souffrir d`aucune ambiguïté. En plus, ledit entraîneur devra jouir d`un grand prestige dans l`opinion sportive nationale. Chose qui ne semble pas être le cas du sélectionneur Vahid Halilhodzic. Venu à la rescousse d`une formation sans âme et orphelin de staff technique, le coach franco bosniaque a qualifié, cahin-caha, les Eléphants au terme d`opposition où on les donnait pourtant favoris. Par ailleurs, l`équipe des Eléphants évolue généralement sans inspirateur du jeu. Dépourvu de milieu offensif (n°10 tel Abedi Pelé) et de milieu relayeur (n°8) du genre Miézan Pascal. On dira que ce sont des joueurs aux poumons de chien, présents au four et au moulin. Pour résoudre ce problème, le sélectionneur Halilhodzic n`a pas trouvé mieux que de colmater les brèches après avoir écarté, à tort ou à raison, le seul gaucher passeur en l`occurrence N`dri Romaric. "C`est un joueur que j`aime bien. Mais il s`est éliminé lui-même. J`espère qu`il nous rejoindra pour le mondial", avait-il signifié à l`Hôtel du Golf. Honnêteté de technicien qui met en relief les difficultés d`une équipe à élaborer son jeu et l`animer parfaitement.
Yaya en 10 comme solution
Pour pallier cette lacune, il promet de remonter Yaya Touré aux avant-postes. Option pour associer à Maestro, un ou deux autres en charge du ratissage de ballons. Qui va former le dernier rideau défensif avant le gardien Copa Barry ? Evidemment Boka à gauche et Eboué à droite. Au centre, Kolo auquel on devra trouver un complément pour repousser les assauts adverses. Juste que-là, les Eléphants n`ont toujours pas eu la bonne formule défensive dans l`axe. On avait essayé la paire Kolo-Domoraud qui n`a pas souvent donné satisfaction. Puis il y a eu le duo Kouassi-Kolo aux résultats mitigés. Maintenant qui fera le binôme idéal de l`Académicien de Manchester City. Peu rugueux, moins agressif dans les duels, sans relance et faible dans le jeu aérien, (duels perdus face au Camerounais Achille Webo en 2005), Kolo n`est pas le défenseur africain atypique. Cependant, la défense lui reste redevable grâce au métier acquis en Angleterre. Si le sélectionneur peut compter sur ces individualités, comme toujours d`ailleurs, il devra résoudre le problème des balles arrêtées qui, au haut niveau, constituent des réelles occasions. Rarement, on a vu les corners et les coups francs devenir des buts chez les Eléphants. Pourtant, il y a Drogba dans le style enveloppé, Kolo en force et Chico en finesse. Au total, le sélectionneur national Vahid Halilhodzic dispose d`un effectif aux nombreux atouts à exploiter à fond tout en corrigeant les lacunes afin de répondre aux attentes des inconditionnels des Eléphants.
Marc Koffi
Atouts et profil de champion
La sélection ivoirienne dispose de joueurs capables, dans un jour faste, de tenir la dragée haute à n`importe quel adversaire. Encore faut-il que les individualités se fondent dans le collectif, avec en toile de fond, cohésion entre les lignes et fluidité dans la transmission du ballon.
De l`avis des spécialistes, les Ivoiriens font partie des grands favoris en Angola car ils ont le profil du vainqueur. Parmi les 23 sélectionnés, deux joueurs de rang mondial pouvant évoluer dans toutes les sélections : Yaya Gnéhéry et Didier Drogba titulaires respectivement à Barcelone (Espagne) et à Chelsea (Angleterre). Avec d`excellents lieutenants notamment Kolo (Man. City), Aruna (Porstmouth), Boka et Demel (Allemagne), Baki (Marseille), Kader Kéïta (Turquie), Faé (Ligue 1 France), Eboué (Arsenal), Kalunho (Chelsea), Copa Barry (Belgique). Sans compter les néophytes tels Kouamatien, Doumbia, Zogbo Aristide, Angban et autres. Ainsi, pourrait-on dire que chaque compartiment de l`équipe est bien fourni. Si la division offensive est de loin rassurante avec Drogba, Aruna, Baki et Kalunho, elle devra se montrer très efficace dans la finition en transformant la moindre occasion, souvent rare, en but. Le secteur médian n`est non plus mal loti. Faé, Yaya, Kouamatien, Chico et Zokora savent tenir le ballon. Ils ont du métier pour former la courroie de transmission. La défense est aussi un secteur pas du tout dépaysé. Eboué, Boka sur les côtés et Kolo dans l`axe central formeront la soupape de sécurité. Dans les perches, les trois prétendants ont sensiblement la même valeur. Seulement Copa a plus d`expérience que ses deux concurrents pour faire obstacle aux velléités adverses. Tout un beau monde capable du meilleur mais qui pèche par moments en s`exposant à l`estocade des adversaires.
Des faiblesses criantes et récurrentes
Equipe hautement médiatisée qui impose respect et admiration, les Eléphants ne demeurent pas moins un géant aux pieds d`argile. De tous temps, la sélection a eu un ou deux joueurs d`exception au sein d`un bon groupe. Il y a eu, entre autres générations, Laurent Pokou, Kallet Bially, Akran Jean Baptiste dans les années 70, Abdoulaye Traoré et Youssouf Fofana dans les années 90. Celle qui défendra les couleurs ivoiriennes en Angola est nettement supérieure en nombre de joueurs de qualité. Toutefois, les Eléphants actuels présentent un mental quasiment faible. C`est un groupe talentueux manquant d`ambitions, de conviction et de véritable leader. Didier Drogba et ses camarades auraient-ils choisi de demeurer d`éternels espoirs ? "Lors de la dernière Can au Ghana, le match contre la Guinée nous a trompés. Après notre victoire par 5 buts à 1, nous sommes restés sur un nuage. Je pense que nous avons mûri pour aller très loin", s`expliquait le capitaine Drogba lors de la dernière conférence de presse tenue au Golf avant leur départ. Comme on le voit, l`euphorie est l`un des péchés mignons des Ivoiriens. Péché qu`ils partagent du reste avec les dirigeants fédéraux. Autres lacunes que les Ivoiriens traînent à longueur de Can, c`est le manque d`inspiration dans l`animation du jeu. Ainsi que l`absence de métronome. Lourds dans le geste, mal inspirés dans les automatismes, les Eléphants coincent quand l`équipe en face est aguerrie. Or, à valeur égale, la technique individuelle et la tactique collective font la différence. Et alors, intervient le coach dont le tact à choisir ses joueurs en fonction du jeu ; la capacité à lire le jeu et à faire des remplacements judicieux ne doit souffrir d`aucune ambiguïté. En plus, ledit entraîneur devra jouir d`un grand prestige dans l`opinion sportive nationale. Chose qui ne semble pas être le cas du sélectionneur Vahid Halilhodzic. Venu à la rescousse d`une formation sans âme et orphelin de staff technique, le coach franco bosniaque a qualifié, cahin-caha, les Eléphants au terme d`opposition où on les donnait pourtant favoris. Par ailleurs, l`équipe des Eléphants évolue généralement sans inspirateur du jeu. Dépourvu de milieu offensif (n°10 tel Abedi Pelé) et de milieu relayeur (n°8) du genre Miézan Pascal. On dira que ce sont des joueurs aux poumons de chien, présents au four et au moulin. Pour résoudre ce problème, le sélectionneur Halilhodzic n`a pas trouvé mieux que de colmater les brèches après avoir écarté, à tort ou à raison, le seul gaucher passeur en l`occurrence N`dri Romaric. "C`est un joueur que j`aime bien. Mais il s`est éliminé lui-même. J`espère qu`il nous rejoindra pour le mondial", avait-il signifié à l`Hôtel du Golf. Honnêteté de technicien qui met en relief les difficultés d`une équipe à élaborer son jeu et l`animer parfaitement.
Yaya en 10 comme solution
Pour pallier cette lacune, il promet de remonter Yaya Touré aux avant-postes. Option pour associer à Maestro, un ou deux autres en charge du ratissage de ballons. Qui va former le dernier rideau défensif avant le gardien Copa Barry ? Evidemment Boka à gauche et Eboué à droite. Au centre, Kolo auquel on devra trouver un complément pour repousser les assauts adverses. Juste que-là, les Eléphants n`ont toujours pas eu la bonne formule défensive dans l`axe. On avait essayé la paire Kolo-Domoraud qui n`a pas souvent donné satisfaction. Puis il y a eu le duo Kouassi-Kolo aux résultats mitigés. Maintenant qui fera le binôme idéal de l`Académicien de Manchester City. Peu rugueux, moins agressif dans les duels, sans relance et faible dans le jeu aérien, (duels perdus face au Camerounais Achille Webo en 2005), Kolo n`est pas le défenseur africain atypique. Cependant, la défense lui reste redevable grâce au métier acquis en Angleterre. Si le sélectionneur peut compter sur ces individualités, comme toujours d`ailleurs, il devra résoudre le problème des balles arrêtées qui, au haut niveau, constituent des réelles occasions. Rarement, on a vu les corners et les coups francs devenir des buts chez les Eléphants. Pourtant, il y a Drogba dans le style enveloppé, Kolo en force et Chico en finesse. Au total, le sélectionneur national Vahid Halilhodzic dispose d`un effectif aux nombreux atouts à exploiter à fond tout en corrigeant les lacunes afin de répondre aux attentes des inconditionnels des Eléphants.
Marc Koffi