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Politique Publié le mercredi 13 janvier 2010 | Le Patriote

Expulsion de Zémogo du siège de l’ANCI : Le film d’un ‘’putsch’’ orchestré depuis la Présidence

On se croirait dans un polar. La crise entre le président de l’Alliance pour une nouvelle Côte d’Ivoire et son ex-Secrétaire général a pris une autre tournure hier. Jean-Jacques Béchio, avec l’appui des hommes en armes de la Garde républicaine, a réussi à déloger le président Zémogo Fofana du siège du parti, situé à Cocody 2 Plateaux. Nous vous proposons le film de ce coup de force qui ressemblait fort bien à un véritable film mafieux, dans lequel la force prend le dessus sur la raison, voire le droit.

Il est 10h15, ce mardi 12 janvier, lorsque nous arrivons au siège de l’ANCI. L’ambiance n’est pas du tout gaie. Des jeunes proches de l’ancien Secrétaire général dissident, Jean-Jacques Béchio, visiblement excités, sont postés devant l’entrée de la villa. Ils tiennent coûte que coûte à y tenir leur conférence de presse. A l’intérieur, se trouvent d’autres jeunes, partisans du président Zémogo Fofana. Ceux-ci, selon des informations recueillies sur place, ont pris d’assaut les lieux depuis tôt le matin. Craignant ainsi un affrontement, qui semble de plus en plus certain, des détachements de la Gendarmerie nationale et du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS) sont très vite déployés sur les lieux. Entre-temps, à 10h40 le ministre Zémogo, sous escorte de sa garde rapprochée, fait son entrée au sein du siège. « Je suis venu prendre ma place. Si Béchio, que j’ai démis du poste de Secrétaire général pour indiscipline, veut faire sa conférence qu’il parte la faire ailleurs. Nous n’accepterons pas de rébellion encore moins de coup de force de la part de quelqu’un que j’ai nommé et entretenu », nous lance-t-il, avant de monter dans son bureau, sis à l’étage. Quelques temps après, aux environs de 11h, arrive à son tour, également sous forte escorte militaire, Jean-Jacques Béchio. Celui-ci n’a pas manqué d’inviter en grand nombre, la presse nationale, afin qu’elle soit témoin de ce qui allait bientôt se passer. Aux côtés de Béchio, l’on note la présence d’Ali Kéita, ex-porte-parole et Patrice Guéi, ex-conseiller de l’ANCI, tous deux également en froid, depuis quelques temps, avec le président Zémogo Fofana. Les trois hommes, accompagnés de leurs gardes et de quelques partisans, tentent une première fois de forcer l’entrée du siège. Ils sont freinés par les éléments de la Gendarmerie et du CeCOS. Ainsi, Béchio et ses camarades retournent à leurs véhicules. « Si Zémogo veut des affrontements, il les aura. Nous sommes là et on verra qui gagnera cette bataille », lancent-ils sur un ton plutôt menaçant. Commencent alors un ballet de coups de fil au niveau de la dissidence. A 11h23, arrive sur les lieux le ministre Amadou Gon Coulibaly, Directeur national de campagne du Dr Alassane Dramane Ouattara, et surtout ami et beau-frère de Zémogo. Selon le président de l’ANCI, Amadou Gon ayant appris ce qui se passait, est venu lui témoigner « son soutien amical et fraternel ». Après une dizaine de minutes d’échange, le ministre de l’Agriculture prend congé de son hôte. Egalement, un autre ami de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur est présent, il s’agit de l’avocat Me Coulibaly Soungalo. Celui-ci tente d’apaiser la tension en appelant Béchio et ses partisans au calme. Mais c’est peine perdue. L’homme est vite rabroué par celui qui s’autoproclame aujourd’hui président de l’ANCI. Et pendant ce temps, le nombre d’hommes en armes ne cesse de s’agrandir sur les lieux. Parmi ces corps habillés, celui qui fait office de premier responsable est un capitaine de la Gendarmerie. Sur le macaron accroché à sa tenue, nous pouvons lire : « Cpt N’Dri Christian ».

L’implication suspecte de la Garde républicaine

A l’intérieur du siège, au moment même où Zémogo Fofana échange avec la presse, nous sommes informés d’un message venant de la « haute hiérarchie », demandant aux Forces de l’ordre de « lever instantanément le dispositif sécuritaire » mis sur place par la Gendarmerie et le CeCOS. « Comment peut-on demander qu’on lève le dispositif sécuritaire pendant que nous sommes assiégés par des gens qui veulent entrer de force dans notre siège ? Qui est donc derrière toute cette histoire ? », ne cessent de s’interroger certains collaborateurs du président Zémogo. Et quelques cinq minutes après, c’est la garde rapprochée de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, des éléments de la BSP (Brigade spéciale de protection), qui reçoit un message radio la sommant de « lever le camp ». Encore ordre de la haute hiérarchie, nous dit-on. Les suspicions se font donc grandes dans l’entourage de Zémogo. Tous se demandent qui est derrière cette notion de ‘’hiérarchie’’ ? La réponse à cette interrogation sera connue lorsqu’à 13h25, un officier de la Garde républicaine débarque sur les lieux. En tenue militaire et visiblement très excité, l’homme venu tout droit de la Présidence de la République ne cache pas sa détermination à faire vider Zémogo et ses hommes du siège de l’ANCI, au profit de la dissidence. « On m’envoie mettre de l’ordre ici. Faisons donc tout pour le (Zémogo) faire sortir. Afin de permettre à Béchio et ses hommes, qui sont de vrais patriotes, de faire leur réunion », lance-t-il avec arrogance, au grand étonnement des Forces de l’ordre qui, visiblement, ne comprennent pas une telle immixtion de la Garde républicaine dans une affaire de maintien d’ordre. Mais finalement, l’officier dont nous n’avons pu trouver le nom, finit par convaincre le CeCOS de vider le ministre Zémogo Fofana. Une fois le président expulsé, le siège de l’ANCI est ‘’offert’’ à Béchio et ses hommes. Qui, finalement y animent leur conférence aux environs de 14h avant de quitter les lieux. Effet qu’ils recherchaient certainement.
Diawara Samou

L’armée de Gbagbo menace la démocratie

Le président de l’Alliance pour la Nouvelle Côte d’Ivoire, Zemogo Fofana, a opté avant-hier pour le soutien à la candidature du Président Alassane Ouattara à la prochaine présidentielle. Cela n’a pas été du goût de l’ancien secrétaire général, Jean Jacques Béchio, manipulé par le palais présidentiel qui lui a prêté sa «télévision» pour opérer un vain coup d’Etat à la tête de l’ANCI. Avec les moyens mis à sa disposition par Aliman Bamba, la sœur de la seconde épouse du Chef de l’Etat. Cette dame a tenu une réunion préparatoire avec Béchio dans la soirée du lundi, où toutes les stratégies ont été passées au peigne fin. Comme si cela ne suffisait pas au baroud d’honneur de l’ancien ministre de la Fonction Publique, le Palais a mis sa garde républicaine à son service, pour déloger hier, le président Zemogo Fofana de son siège des deux plateaux, pour y installer Béchio et ses partisans, à la solde du FPI. En Côte d’Ivoire, le fait n’est pas surprenant de voir les dirigeants d’une formation politique se tirailler. Cela est souvent inéluctable pour la marche démocratique. Cependant, voir l’armée, qui plus est, la garde républicaine, s’inviter de la façon la plus bruyante dans le débat politique, il y a véritablement de quoi s’inquiéter pour la démocratie, voire pour le processus de sortie de crise. Comment la garde républicaine peut –elle choisir de prendre fait et cause pour l’illégalité sur la légalité, pour l’illégitimité sur la légitimité? L’intrusion des hommes en treillis et en bottes atteste clairement que c’est le palais, donc le candidat Laurent Gbagbo qui agite les marionnettes de la trempe de Béchio, pour se donner l’illusion que la classe politique se divise à son avantage. De deux, la descente musclée de la garde républicaine dans un débat purement partisan montre à bien des égards que «la grande muette», notamment les FANCI, donne un signal fort de partialité à l’approche de l’élection présidentielle. Elle prendra le parti d’une partie des Ivoiriens au détriment de l’autre. Cette attitude de la garde républicaine n’est pas nouvelle. En mars 2004, au mépris des valeurs démocratiques, elle avait décrété le Plateau «Zone rouge», pour empêcher la marche de l’opposition ivoirienne contre le non respect des accords de Marcoussis par le régime Gbagbo. En son temps, elle n’a pas hésité à ouvrir le feu sur les opposants, tuant des centaines parmi eux. Avec le CeCOS qui enlève nuitamment les militants de l’opposition, la garde républicaine menace la prochaine présidentielle. Elle mettra son expertise du mal au service du candidat-président. Plus que jamais, l’avènement d’une armée adossée aux valeurs républicaines et véritablement au service de tous les Ivoiriens s’impose au pays de Félix Houphouët Boigny en butte à une dictature qui se précise.

Bakary Nimaga
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