Après avoir fait les beaux jours de l’Africa Sports, Jean-Jacques Tizié a tenté l’aventure professionnelle en Tunisie, précisément à l’Espérance de Tunis. Désormais retraité, l’ancien portier des Eléphants s’occupe de la formation des gardiens de but en Tunisie. Dans cet entretien, il évoque cette nouvelle vie et surtout exprime sa foi en l’équipe nationale qui dispute en ce moment la Can en Angola. Pour lui, les Eléphants ont, toutes les chances, malgré un début timide, de remporter le trophée continental.
Qu’est-ce qui vous a motivé à retourner à Tunis pour y former les gardiens de but ?
En Côte d’Ivoire, j’ai eu l’impression que les gens ne se sont pas intéressés à moi. J’avais déposé deux projets. L’un ici et l’autre en Côte d’Ivoire. Ils portent sur le développement et la formation des gardiens de buts et devraient permettre au bout de deux ans de sortir de grands gardiens de but. J’ai attendu en vain une réaction de la FIF (fédération ivoirienne de football). Puis, la Tunisie a réagi favorablement et m’a contacté. J’avoue que j’ai hésité un peu, puis j’ai accepté finalement de venir. Et je suis content d’être là. Tout se passe bien. Les infrastructures sont de qualité et j’ai aussi les mains libres pour exécuter mon programme de développement de gardiens de but. Notre travail est actuellement en train de porter ses fruits.
Selon vous, pourquoi la fédération ivoirienne n’a-t-elle pas accueilli favorablement votre projet alors que la race des grands gardiens de but est en train de disparaître en Côte d’Ivoire ?
Je ne sais pas. La Tunisie avait le même problème que la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas car des gardiens de but ont été formés. Le secteur a été réorganisé et les gens sont en train de former. Remarquez, en Côte d’Ivoire, il n’y a plus de formateurs de gardiens de but. Ce sont les mêmes personnes qui ont formé Zagoli Golié, Alain Gouamené et Tizié. Aujourd’hui, ces personnes ne sont plus en activité. Je veux parler de Da Silva, Gohi Marc et bien autres. Aujourd’hui, il n’y a plus de formateurs. Et comme il n’y a plus de formateurs, il n’y aura plus de gardiens de but. Il faudrait qu’on oblige, à travers des lois fédérales, les clubs à former des gardiens de but. Combien de clubs de 1ère division ont-ils des formateurs de gardiens ? Très peu. Copa essaie de tenir le coup, mais à part lui ; il y a qui ? En 2006, nous avons été alertés quand j’ai été blessé, les gens n’ont pas pris conscience. En 2008, on a eu la même alerte, les gens n’ont toujours pas pris conscience. Et je ne sais pas ce qu’on attend.
Au terme de cette nouvelle expérience en Tunisie, allez-vous vous muer en un entraîneur plein ?
Oui, bien sûr. Mais comme ma spécialité c’est gardien de but, j’ai préféré d’abord me spécialiser dans la formation des gardiens de but. Par la suite, le club (l’Espérance de Tunis) m’a demandé de faire des diplômes d’entraîneur. Et je suis aujourd’hui en train de préparer mon deuxième degré d’entraîneur.
Justement que faut-il pour être un bon gardien de but ?
C’est un peu de tout. Il faut d’abord la volonté. C’est la première des choses. Après, le talent suit. Vous savez, quand on a le talent et qu’on n’a pas la volonté, on ne peut aboutir à quelque chose. Un bon gardien de but, c’est celui qui a vraiment un gros cœur et un grand esprit.
Que retenez-vous de votre carrière ?
Le football m’a tout donné. Tous les jours que j’ai pu passer dans le football ont été, pour moi, des moments particuliers. J’ai tout gagné dans le football. Même si je ne jouis pas d’une grande richesse financière, j’ai gagné une autre richesse qui est la reconnaissance des hommes. Pour moi, c’est l’essentiel aujourd’hui. On reconnaît quand même ce que j’ai pu faire, ma modeste contribution au niveau des clubs et de l’équipe nationale. Cela prouve que j’ai réussi tant bien que mal ma carrière.
A propos quels sont les titres qui vous ont marqué ?
Il y en a beaucoup. Je n’oublie pas par exemple mon tout premier titre que j’ai gagné avec le Stade d’Abidjan, la coupe nationale de Côte d’Ivoire. C’était en 1994. On avait une équipe extraordinaire. C’est le prolongement de cette équipe qui a remporté la coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe avec l’Africa(ndrl, en 1999). Car tout le monde est parti à l’Africa après. Cela nous a permis aussi de glaner certains lauriers et de nous ouvrir surtout des portes. Il y aussi mon premier titre de champion ici en Tunisie. C’était en 2002 à l’issue de ma première saison (avec L’Espérance de Tunis). J’ai tout gagné, le titre de meilleur gardien, de meilleur joueur et de champion de Tunisie. Cela m’a vraiment marqué.
Et la première participation ivoirienne à une coupe du monde en 2006 en Allemagne ?
Cette expérience est vraiment particulière. C’est le rêve de tout footballeur et je suis très heureux de l’avoir réalisé, car participer à la coupe du monde n’est pas donné à tout joueur.
Mais l’aventure au mondial allemand a tourné court…
C’est vrai que nous sommes tombés dans un groupe difficile, mais nous avons commis beaucoup d’erreurs. Nous n’avons pas vraiment élevé notre niveau de jeu et surtout le niveau de l’organisation. On a vraiment négligé des choses et quand nous sommes arrivés en Allemagne, nous avons réalisé que nous étions vraiment dans un autre monde. Nous avons commis des erreurs aussi bien les joueurs que le staff technique.
Lesquelles ?
Il y a certains problèmes qu’on aurait dû aplanir avant de commencer la préparation. Les primes et bien d’autres questions, souffrez que je n’entre pas trop dans les détails. On ne l’a pas fait et cela a, à mon avis, perturbé la préparation.
L’équipe était, semble t-il, aussi divisée, écartelée entre des clans …
C’est vrai, il n’y avait pas une bonne entente entre les joueurs. Il y avait des clans et beaucoup de problèmes entre nous. Nous l’avons regretté au soir de l’élimination (à la coupe du monde).
Il n’y avait donc pas un leader naturel…
De la coupe d’Afrique des nations 2006 à la coupe du monde, il y a eu beaucoup de changements. C’est vrai qu’on a eu un capitaine comme Didier, mais avant lui, Cyril était aussi présent. Cyril est un vrai rassembleur mais dès l’instant où il n’avait plus cette place de titulaire, son influence a été réduite.
Les Eléphants participent à la Can 2010. Pensez-vous qu’ils peuvent vraiment remporter la compétition ?
On a vraiment toutes les chances de remporter cette Can, parce que l’équipe a gagné en expérience. Elle a deux Can dans les jambes et de plus le niveau individuel des joueurs a monté d’un cran. Ce qui est important. Ce qui sera déterminant, c’est la cohésion. A défaut d’avoir une équipe de Côte d’Ivoire très forte, on pourrait faire la différence facilement au niveau des individualités. On est aussi craint et ça c’est aussi une chance pour nous. Tous les matchs, c’est certain, seront des matchs de coupe. Je pense que l’équipe est préparée. Tel que je les connais, ce sont des gens qui aiment les défis et c’est cela qui va permettre à la Côte d’Ivoire de faire un beau parcours dans cette Can. Je suis optimiste pour mes camarades.
Etes-vous aussi confiant pour la Coupe du monde quand on sait que les Eléphants affronteront le Brésil, le Portugal et la Corée du Nord ?
Bien sûr. J’espère qu’on ne commettra pas les mêmes erreurs qu’en 2006. Si on avait juste été un peu malin, on serait allé plus loin. Je pense qu’on peut même atteindre la finale de la coupe du monde si on y met du sien.
A propos, quels conseils pouvez-vous donner à vos jeunes frères de l’équipe nationale ?
Je leur conseille d’aplanir tous les problèmes de primes, les divergences et qu’ils arrivent à se parler entre eux. Si les joueurs arrivent à faire cela, ensemble puis avec les dirigeants, je suis sûr qu’on fera une grande coupe du monde.
Réalisée à Tunis par Y. Sangaré
Qu’est-ce qui vous a motivé à retourner à Tunis pour y former les gardiens de but ?
En Côte d’Ivoire, j’ai eu l’impression que les gens ne se sont pas intéressés à moi. J’avais déposé deux projets. L’un ici et l’autre en Côte d’Ivoire. Ils portent sur le développement et la formation des gardiens de buts et devraient permettre au bout de deux ans de sortir de grands gardiens de but. J’ai attendu en vain une réaction de la FIF (fédération ivoirienne de football). Puis, la Tunisie a réagi favorablement et m’a contacté. J’avoue que j’ai hésité un peu, puis j’ai accepté finalement de venir. Et je suis content d’être là. Tout se passe bien. Les infrastructures sont de qualité et j’ai aussi les mains libres pour exécuter mon programme de développement de gardiens de but. Notre travail est actuellement en train de porter ses fruits.
Selon vous, pourquoi la fédération ivoirienne n’a-t-elle pas accueilli favorablement votre projet alors que la race des grands gardiens de but est en train de disparaître en Côte d’Ivoire ?
Je ne sais pas. La Tunisie avait le même problème que la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas car des gardiens de but ont été formés. Le secteur a été réorganisé et les gens sont en train de former. Remarquez, en Côte d’Ivoire, il n’y a plus de formateurs de gardiens de but. Ce sont les mêmes personnes qui ont formé Zagoli Golié, Alain Gouamené et Tizié. Aujourd’hui, ces personnes ne sont plus en activité. Je veux parler de Da Silva, Gohi Marc et bien autres. Aujourd’hui, il n’y a plus de formateurs. Et comme il n’y a plus de formateurs, il n’y aura plus de gardiens de but. Il faudrait qu’on oblige, à travers des lois fédérales, les clubs à former des gardiens de but. Combien de clubs de 1ère division ont-ils des formateurs de gardiens ? Très peu. Copa essaie de tenir le coup, mais à part lui ; il y a qui ? En 2006, nous avons été alertés quand j’ai été blessé, les gens n’ont pas pris conscience. En 2008, on a eu la même alerte, les gens n’ont toujours pas pris conscience. Et je ne sais pas ce qu’on attend.
Au terme de cette nouvelle expérience en Tunisie, allez-vous vous muer en un entraîneur plein ?
Oui, bien sûr. Mais comme ma spécialité c’est gardien de but, j’ai préféré d’abord me spécialiser dans la formation des gardiens de but. Par la suite, le club (l’Espérance de Tunis) m’a demandé de faire des diplômes d’entraîneur. Et je suis aujourd’hui en train de préparer mon deuxième degré d’entraîneur.
Justement que faut-il pour être un bon gardien de but ?
C’est un peu de tout. Il faut d’abord la volonté. C’est la première des choses. Après, le talent suit. Vous savez, quand on a le talent et qu’on n’a pas la volonté, on ne peut aboutir à quelque chose. Un bon gardien de but, c’est celui qui a vraiment un gros cœur et un grand esprit.
Que retenez-vous de votre carrière ?
Le football m’a tout donné. Tous les jours que j’ai pu passer dans le football ont été, pour moi, des moments particuliers. J’ai tout gagné dans le football. Même si je ne jouis pas d’une grande richesse financière, j’ai gagné une autre richesse qui est la reconnaissance des hommes. Pour moi, c’est l’essentiel aujourd’hui. On reconnaît quand même ce que j’ai pu faire, ma modeste contribution au niveau des clubs et de l’équipe nationale. Cela prouve que j’ai réussi tant bien que mal ma carrière.
A propos quels sont les titres qui vous ont marqué ?
Il y en a beaucoup. Je n’oublie pas par exemple mon tout premier titre que j’ai gagné avec le Stade d’Abidjan, la coupe nationale de Côte d’Ivoire. C’était en 1994. On avait une équipe extraordinaire. C’est le prolongement de cette équipe qui a remporté la coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe avec l’Africa(ndrl, en 1999). Car tout le monde est parti à l’Africa après. Cela nous a permis aussi de glaner certains lauriers et de nous ouvrir surtout des portes. Il y aussi mon premier titre de champion ici en Tunisie. C’était en 2002 à l’issue de ma première saison (avec L’Espérance de Tunis). J’ai tout gagné, le titre de meilleur gardien, de meilleur joueur et de champion de Tunisie. Cela m’a vraiment marqué.
Et la première participation ivoirienne à une coupe du monde en 2006 en Allemagne ?
Cette expérience est vraiment particulière. C’est le rêve de tout footballeur et je suis très heureux de l’avoir réalisé, car participer à la coupe du monde n’est pas donné à tout joueur.
Mais l’aventure au mondial allemand a tourné court…
C’est vrai que nous sommes tombés dans un groupe difficile, mais nous avons commis beaucoup d’erreurs. Nous n’avons pas vraiment élevé notre niveau de jeu et surtout le niveau de l’organisation. On a vraiment négligé des choses et quand nous sommes arrivés en Allemagne, nous avons réalisé que nous étions vraiment dans un autre monde. Nous avons commis des erreurs aussi bien les joueurs que le staff technique.
Lesquelles ?
Il y a certains problèmes qu’on aurait dû aplanir avant de commencer la préparation. Les primes et bien d’autres questions, souffrez que je n’entre pas trop dans les détails. On ne l’a pas fait et cela a, à mon avis, perturbé la préparation.
L’équipe était, semble t-il, aussi divisée, écartelée entre des clans …
C’est vrai, il n’y avait pas une bonne entente entre les joueurs. Il y avait des clans et beaucoup de problèmes entre nous. Nous l’avons regretté au soir de l’élimination (à la coupe du monde).
Il n’y avait donc pas un leader naturel…
De la coupe d’Afrique des nations 2006 à la coupe du monde, il y a eu beaucoup de changements. C’est vrai qu’on a eu un capitaine comme Didier, mais avant lui, Cyril était aussi présent. Cyril est un vrai rassembleur mais dès l’instant où il n’avait plus cette place de titulaire, son influence a été réduite.
Les Eléphants participent à la Can 2010. Pensez-vous qu’ils peuvent vraiment remporter la compétition ?
On a vraiment toutes les chances de remporter cette Can, parce que l’équipe a gagné en expérience. Elle a deux Can dans les jambes et de plus le niveau individuel des joueurs a monté d’un cran. Ce qui est important. Ce qui sera déterminant, c’est la cohésion. A défaut d’avoir une équipe de Côte d’Ivoire très forte, on pourrait faire la différence facilement au niveau des individualités. On est aussi craint et ça c’est aussi une chance pour nous. Tous les matchs, c’est certain, seront des matchs de coupe. Je pense que l’équipe est préparée. Tel que je les connais, ce sont des gens qui aiment les défis et c’est cela qui va permettre à la Côte d’Ivoire de faire un beau parcours dans cette Can. Je suis optimiste pour mes camarades.
Etes-vous aussi confiant pour la Coupe du monde quand on sait que les Eléphants affronteront le Brésil, le Portugal et la Corée du Nord ?
Bien sûr. J’espère qu’on ne commettra pas les mêmes erreurs qu’en 2006. Si on avait juste été un peu malin, on serait allé plus loin. Je pense qu’on peut même atteindre la finale de la coupe du monde si on y met du sien.
A propos, quels conseils pouvez-vous donner à vos jeunes frères de l’équipe nationale ?
Je leur conseille d’aplanir tous les problèmes de primes, les divergences et qu’ils arrivent à se parler entre eux. Si les joueurs arrivent à faire cela, ensemble puis avec les dirigeants, je suis sûr qu’on fera une grande coupe du monde.
Réalisée à Tunis par Y. Sangaré