Zémogo Fofana n’apparaît plus aux yeux de la haute direction de l’Alliance de la nouvelle Côte d’Ivoire (ANCI) comme le président de ce parti politique. L’ex-ministre Jean-Jacques Béchio, secrétaire général de l’ANCI, l’a officiellement dit, le lundi 11 janvier 2010, lors d’une conférence de presse. «L’ANCI demeure l’ANCI.C’est un parti politique et non la propriété privée de Zémogo», a précisé Béchio pour marquer le divorce entre le parti et Zémogo. En effet, alors qu’un secrétariat général extraordinaire de l’ANCI se préparait pour choisir entre Gbagbo, Bédié et Ouattara, lequel des trois poids lourds à l’élection présidentielle, le parti doit suivre, Zémogo Fofana aurait nuitamment rendu visite, selon des sources crédibles, à Jean-Jacques Béchio, à son domicile, pour le persuader à convaincre d’autres dirigeants de l’ANCI afin que tous optent pour Ouattara. Face au peu d’enthousiasme affiché par Béchio, Zémogo a lancé ceci : «ne réfléchissez pas, vous êtes des frères ! Venez, on va retournez au RDR et soutenir Ouattara parce que ma survie politique à Boundiali en dépend ». Evidemment, Béchio n’y a pas souscrit, d’où sa sortie publique de lundi dernier. Candidat aux postes de maire et de député à Boundiali, Zémogo Fofana élu déjà maire de cette localité sous la bannière RDR ne veut pas perdre son fauteuil. Ayant eu écho que le RDR prépare un candidat à Boundiali pour les municipales prochaines, Zémogo a cédé aux pressions des émissaires d’Alassane Ouattara qui lui demandaient de regagner «la famille» et de mettre l’ANCI à la disposition du candidat du RDR à l’élection présidentielle. En plus de cette raison liée à sa «survie politique», Zémogo a regagné le RDR pour une toute autre raison. Une raison qu’Amadou Gon Coulibaly n’approuve pas même si par pure «hypocrisie politicienne», il s’est rendu, le mardi 12 janvier 2010, au siège de l’ANCI pour apporter son «soutien» à Zémogo, dans sa fronde contre Béchio et autres. Il s’agit de se positionner dans la perspective de l’après-Ouattara. Selon des sources proches du RDR, Alassane Ouattara envisagerait de plus en plus, sous la pression de son épouse Dominique Nouvian Ouattara, de passer la main à la tête du parti après l’élection présidentielle. D’où sa détermination à vouloir la remporter afin de sortir la tête haute. Pour sa succession, Ouattara aurait des noms dans son calepin dont Zémogo Fofana qu’il trouve «plus malléable et corvéable à souhait». D’autant que Ouattara veut partir, sans être parti. Avoir toujours la mainmise sur le RDR, tout en étant au repos. «Seul Zémogo pourra lui permettre cette possibilité», précise une source proche du RDR. Avant d’ajouter que les autres candidats potentiels à sa succession, notamment Hamed Bakayoko, Amadou Gon Coulibaly et Cissé Bacongo, constituent, aux yeux de Ouattara, des «oiseaux non maîtrisables» qui pourraient rapidement effacer les traces du «brave tchê» au sein du parti, une fois Ouattara éclipsé. A la vérité, Alassane Ouattara ne leur ferait pas trop confiance. C’est le cas d’Amadou Gon Coulibaly qui a voulu perpétrer, il y a quelques années, un «coup d’Etat» contre Ouattara en convoquant à Korhogo, des chefs coutumiers afin qu’ils le soutiennent à prendre la tête du RDR pour que «le parti revienne à un véritable fils du Nord». Ayant été informé, Alassane Ouattara, indigné, aurait fait part publiquement de cela, au dire de sources concordantes, au cours d’une réunion du RDR à la Rue Lepic en présence d’Amadou Gon Coulibaly. Depuis cette situation, ce ne serait pas la grande confiance entre Ouattara et Amadou Gon. «S’il l’a choisi comme son directeur national de campagne, c’est tout simplement parce que Amadou est de la grande famille Gon, vénérée dans le Nord. C’est une stratégie politique, rien de plus», affirme une source proche du RDR. En retournant au RDR, Zémogo Fofana sait qu’il se trouvera de nouveau face à Amadou Gon, Hamed Bakayoko et autres. «Cette fois-ci la bataille sera rude», conclut notre source.
Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
