Jornal do Angola

Quand il est entré, il a suivi deux ou trois ballons lancés sur les côtés. On s’est dit à chaque fois, «il va nous les faire !». Ce n’était que partie remise. Sur le troisième ballon, le virtuose n’a pas pu se retenir, et il nous les a faits, ses grigris. Seuls les grands joueurs ont ce secret de la mystification. Il simplifie la difficulté. Comme l’écrit si bien l’essayiste grec Gérard Haldas : «Un grand joueur est celui qui ne tire pas tout à lui, mais crée pour les autres une possibilité, en accomplissant leur tâche, de s’accomplir eux-mêmes. Comme un écrivain véritable, il n’impose rien, mais propose, ouvre aux autres un chemin de liberté… ». Kader Kéita est donc entré mettre un peu de sourire dans ce jeu ivoirien et a offert le premier but de Drogba et le troisième aux Ivoiriens, qui sonnait le glas d’un Ghana, Dieu merci nettement en deçà de ce qu’on nous racontait. On a donc aimé cette aisance, cette générosité bien naturelle de chez nous. On a moins aimé la faute bête d’Emmanuel Eboué. Son expulsion aurait coûté cher, très cher face à une équipe plus dans le coup. Au fait, la joie de la victoire évacuée, on se demande si c’était les Black Stars en face. Fébriles, bien inférieurs physiquement et techniquement, même à onze contre dix, ils n’avaient pas les moyens de «bouger» les Eléphants. Tant mieux, cette équipe comme annoncée est en train de prendre son rythme de croisière, progressivement. Elle a maintenant neuf jours de repos jusqu’au dimanche 24 janvier, jour de son quart de finale. Les Ghanéens eux seront sûrement meilleurs face aux Burkinabè et monteront au fur et à mesure en puissance. Pour l’heure, après toutes les critiques, les premiers qualifiés pour le deuxième tour se sont bien les Eléphants de …Popito.

Nasser EL FADEL