Les Ivoiriens n`ont pas la culture du musée dans leurs mœurs. Beaucoup ignorent même l`existence du site, défini par le Conseil international des musées (Icom) comme "une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouvert au public et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l`homme et de son environnement, acquiert ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d`études, d`éducation et de réflexion". Les Ivoiriens tournent-ils le dos à leur histoire ? Afin d`avoir quelques éléments de réponse à cette interrogation, il nous a semblé important de faire une incursion dans cette institution de grande valeur.
D`un centre artisanal à un musée des civilisations
Le musée des civilisations de Côte d`Ivoire était à l`origine un centre artisanal créé par l`administration coloniale en 1942 par Hubert Deschamps, alors gouverneur. Le centre était animé par l`artiste Pierre Mauze. En 1943, cette activité se prolonge par la création d`une succursale de l`Institut français d`Afrique noire (Ifan) dont le chef-lieu était à Dakar au Sénégal. L`année suivante, Jean Luc Tournier chargé de gérer cette succursale appelée "Centrifan" va mettre davantage l`accent sur l`acquisition et la conservation du plus grand nombre de pièces authentiques. Pour cela, le centre libère les artisans du bâtiment principal qui devient désormais la salle d`exposition. Ensuite, la construction du bâtiment en "U" qui abrite aujourd`hui l`administration et une partie des réserves, a été faite en 1945. Deux années plus tard, l`ethnologue Bohumil Holas devint le premier responsable de l`institution jusqu`à sa disparition en 1979 où l`institution a connu des mutations jusqu`à l`appellation "Musée national d`Abidjan" en 1972 en passant par le nom de "Centre des sciences humaines" de 1961 à 1972. En 1994, il prend la dénomination de Musée des civilisations de Côte d`Ivoire à l`initiative du professeur Georges Niangoran Bouah. A ce jour, le musée des civilisations a un budget de 85 millions de Francs Cfa et est sous tutelle du ministère de la Culture et de la Francophonie, ténu par Augustin Komoé. L`actuel directeur général se nomme Mme Silvie Memel Kassi. Après maintes successions à la tête de ladite institution, les bâtiments gardent les séquelles du temps, toutefois, rénovés par la peinture.
Entre vétusté et insuffisance de budget
Le bâtiment du musée des civilisations a gardé les marques du temps avec plusieurs difficultés. Elles sont de plusieurs ordres, nous a fait savoir Gbané Baba Oumar, responsable du service Communication du musée des civilisations à savoir : la vétusté et l`insuffisance d`espace d`exposition, de stockage des objets et des équipements. Il y a en conséquence le manque de dispositif de sécurité et l`insuffisance du budget qui s`élève à 85 millions selon notre interlocuteur et des subventions.
Les visites au musée quasiment inexistantes
Gbané Baba Oumar, responsable du service Communication du Musée des civilisations que nous avons rencontré, le mardi 5 janvier dernier à son bureau, nous explique le désintérêt des Ivoiriens à la visite du musée lié, dans un premier temps, à la démotivation des enfants relative par les parents vis-à-vis des valeurs culturelles. Cela résulte également de certaines barrières psychologiques dues aux clivages sociopolitiques entre certains groupes ethniques, aux interdits coutumiers vis-à-vis de certaines collections à caractère rituel (objets sacrés interdits aux femmes et aux non initiés). Par ailleurs, la vision coloniale de l`art africain a une valeur dite dépassée et sans importance. "Les parents préfèrent emmener les enfants voir des concerts, aller à la plage que de venir s`instruire sur leurs valeurs culturelles" s`est indigné notre interlocuteur. En outre, selon lui, la localisation géographique du musée est l`une des raisons de la méconnaissance du site par les Ivoiriens. "Si le musée était situé dans un quartier populaire, l`audience serait probablement meilleure à celle que nous voyons ici au Plateau" s`est exprimé Gbané Baba Oumar. Pour lui, ce n`est pas le fait que l`entrée soit payante qui éloigne les éventuels visiteurs de son institution. "Aujourd`hui, nous avons quelques visites, c`est-à-dire, environ vingt visiteurs (20) par jour. Dans les années où l`accès n`était pas payant, nous ne recevions pas autant. Souvent, nous n`avions aucune visite" a-t-il fait remarquer.
Les différents prix de la visite
Les visites se font du mardi au samedi. Les élèves et étudiants nationaux en individuel paient 100 Fcfa lorsqu`en groupe, le tarif s`élève à 250 Fcfa parce que bénéficiant d`un guide. Pour leur part, les nationaux Cedeao et africains hors Cedeao paient respectivement la somme de 500 Fcfa par personne pour les visites en groupe et 1000 francs par personne. Concernant les non Africains, la somme de 2000 francs par personne est exigée. Toujours, selon notre interlocuteur, la clientèle est en majorité composée des occidentaux et de quelques nationaux issus des quartiers huppés. Il a donc souhaité la promotion des valeurs culturelles et historiques dès le bas âge.
Sensibiliser à travers les établissements scolaires
La visite du musée des civilisations aujourd`hui vient de la nouvelle politique de promotion de cette institution. "Nous faisons la promotion dans les écoles primaires, secondaires et établissements universitaires. Cependant, nous insistons plus sur les enfants. Une fois qu`ils prennent goût, cela entre dans leurs mœurs beaucoup plus facilement qu`un adulte". Pour ce faire, pour une politique de sensibilisation afin de faire connaître le site aux populations, les manifestations, les cérémonies de mariages sont faites au sein de l`établissement. "Nous avons constaté que les gens connaissent la bibliothèque nationale qui jouxte à notre bâtiment parce qu`il y a beaucoup de cérémonies organisées dans ce lieu. Alors, nous organisons des mariages et plusieurs cérémonies afin de signaler notre existence" a encore précisé notre médiateur. Dans cette optique, des établissements organisent des activités culturelles, à savoir des excursions avec les enfants afin de les instruire sur ce qui a marqué notre civilisation à travers les objets d`art (masques, ludiques de pouvoir, l`archéologie, les vestiges (…)", a affirmé le chargé de communication. A ce niveau, l`institut présente plusieurs éléments de notre identité et de brassage des cultures ivoiriennes.
De l`archéologie à la vie contemporaine
Le musée des civilisations retrace notre histoire à travers les objets d`art de la Côte d`Ivoire. La Côte d`Ivoire, grâce à l`archéologie retrace des époques successives de son histoire. L`espace consacré à l`organisation socio-politique présente la vie sociale et politique de la Côte d`Ivoire depuis la période coloniale jusqu`à nos jours où on trouve avec des œuvres ayant trait à l`initiation, des éléments matériels des différents types de pouvoir ayant marqué l`histoire de la Côte d`Ivoire. A l`espace consacré à l`organisation économique de la Côte d`ivoire depuis la période précoloniale à nos jours, sont exposées des pièces monétaires et des œuvres ayant marqué les différentes activités du pays qui étaient l`agriculture, la chasse, la pêche, la poterie, le tissage, la bijouterie et la forge. Le stand des croyances religieuses accueille les œuvres ayant servi de support de divination. Et enfin, il y a la vie contemporaine destinée à l`art contemporain.
MORGAN EKRA
D`un centre artisanal à un musée des civilisations
Le musée des civilisations de Côte d`Ivoire était à l`origine un centre artisanal créé par l`administration coloniale en 1942 par Hubert Deschamps, alors gouverneur. Le centre était animé par l`artiste Pierre Mauze. En 1943, cette activité se prolonge par la création d`une succursale de l`Institut français d`Afrique noire (Ifan) dont le chef-lieu était à Dakar au Sénégal. L`année suivante, Jean Luc Tournier chargé de gérer cette succursale appelée "Centrifan" va mettre davantage l`accent sur l`acquisition et la conservation du plus grand nombre de pièces authentiques. Pour cela, le centre libère les artisans du bâtiment principal qui devient désormais la salle d`exposition. Ensuite, la construction du bâtiment en "U" qui abrite aujourd`hui l`administration et une partie des réserves, a été faite en 1945. Deux années plus tard, l`ethnologue Bohumil Holas devint le premier responsable de l`institution jusqu`à sa disparition en 1979 où l`institution a connu des mutations jusqu`à l`appellation "Musée national d`Abidjan" en 1972 en passant par le nom de "Centre des sciences humaines" de 1961 à 1972. En 1994, il prend la dénomination de Musée des civilisations de Côte d`Ivoire à l`initiative du professeur Georges Niangoran Bouah. A ce jour, le musée des civilisations a un budget de 85 millions de Francs Cfa et est sous tutelle du ministère de la Culture et de la Francophonie, ténu par Augustin Komoé. L`actuel directeur général se nomme Mme Silvie Memel Kassi. Après maintes successions à la tête de ladite institution, les bâtiments gardent les séquelles du temps, toutefois, rénovés par la peinture.
Entre vétusté et insuffisance de budget
Le bâtiment du musée des civilisations a gardé les marques du temps avec plusieurs difficultés. Elles sont de plusieurs ordres, nous a fait savoir Gbané Baba Oumar, responsable du service Communication du musée des civilisations à savoir : la vétusté et l`insuffisance d`espace d`exposition, de stockage des objets et des équipements. Il y a en conséquence le manque de dispositif de sécurité et l`insuffisance du budget qui s`élève à 85 millions selon notre interlocuteur et des subventions.
Les visites au musée quasiment inexistantes
Gbané Baba Oumar, responsable du service Communication du Musée des civilisations que nous avons rencontré, le mardi 5 janvier dernier à son bureau, nous explique le désintérêt des Ivoiriens à la visite du musée lié, dans un premier temps, à la démotivation des enfants relative par les parents vis-à-vis des valeurs culturelles. Cela résulte également de certaines barrières psychologiques dues aux clivages sociopolitiques entre certains groupes ethniques, aux interdits coutumiers vis-à-vis de certaines collections à caractère rituel (objets sacrés interdits aux femmes et aux non initiés). Par ailleurs, la vision coloniale de l`art africain a une valeur dite dépassée et sans importance. "Les parents préfèrent emmener les enfants voir des concerts, aller à la plage que de venir s`instruire sur leurs valeurs culturelles" s`est indigné notre interlocuteur. En outre, selon lui, la localisation géographique du musée est l`une des raisons de la méconnaissance du site par les Ivoiriens. "Si le musée était situé dans un quartier populaire, l`audience serait probablement meilleure à celle que nous voyons ici au Plateau" s`est exprimé Gbané Baba Oumar. Pour lui, ce n`est pas le fait que l`entrée soit payante qui éloigne les éventuels visiteurs de son institution. "Aujourd`hui, nous avons quelques visites, c`est-à-dire, environ vingt visiteurs (20) par jour. Dans les années où l`accès n`était pas payant, nous ne recevions pas autant. Souvent, nous n`avions aucune visite" a-t-il fait remarquer.
Les différents prix de la visite
Les visites se font du mardi au samedi. Les élèves et étudiants nationaux en individuel paient 100 Fcfa lorsqu`en groupe, le tarif s`élève à 250 Fcfa parce que bénéficiant d`un guide. Pour leur part, les nationaux Cedeao et africains hors Cedeao paient respectivement la somme de 500 Fcfa par personne pour les visites en groupe et 1000 francs par personne. Concernant les non Africains, la somme de 2000 francs par personne est exigée. Toujours, selon notre interlocuteur, la clientèle est en majorité composée des occidentaux et de quelques nationaux issus des quartiers huppés. Il a donc souhaité la promotion des valeurs culturelles et historiques dès le bas âge.
Sensibiliser à travers les établissements scolaires
La visite du musée des civilisations aujourd`hui vient de la nouvelle politique de promotion de cette institution. "Nous faisons la promotion dans les écoles primaires, secondaires et établissements universitaires. Cependant, nous insistons plus sur les enfants. Une fois qu`ils prennent goût, cela entre dans leurs mœurs beaucoup plus facilement qu`un adulte". Pour ce faire, pour une politique de sensibilisation afin de faire connaître le site aux populations, les manifestations, les cérémonies de mariages sont faites au sein de l`établissement. "Nous avons constaté que les gens connaissent la bibliothèque nationale qui jouxte à notre bâtiment parce qu`il y a beaucoup de cérémonies organisées dans ce lieu. Alors, nous organisons des mariages et plusieurs cérémonies afin de signaler notre existence" a encore précisé notre médiateur. Dans cette optique, des établissements organisent des activités culturelles, à savoir des excursions avec les enfants afin de les instruire sur ce qui a marqué notre civilisation à travers les objets d`art (masques, ludiques de pouvoir, l`archéologie, les vestiges (…)", a affirmé le chargé de communication. A ce niveau, l`institut présente plusieurs éléments de notre identité et de brassage des cultures ivoiriennes.
De l`archéologie à la vie contemporaine
Le musée des civilisations retrace notre histoire à travers les objets d`art de la Côte d`Ivoire. La Côte d`Ivoire, grâce à l`archéologie retrace des époques successives de son histoire. L`espace consacré à l`organisation socio-politique présente la vie sociale et politique de la Côte d`Ivoire depuis la période coloniale jusqu`à nos jours où on trouve avec des œuvres ayant trait à l`initiation, des éléments matériels des différents types de pouvoir ayant marqué l`histoire de la Côte d`Ivoire. A l`espace consacré à l`organisation économique de la Côte d`ivoire depuis la période précoloniale à nos jours, sont exposées des pièces monétaires et des œuvres ayant marqué les différentes activités du pays qui étaient l`agriculture, la chasse, la pêche, la poterie, le tissage, la bijouterie et la forge. Le stand des croyances religieuses accueille les œuvres ayant servi de support de divination. Et enfin, il y a la vie contemporaine destinée à l`art contemporain.
MORGAN EKRA
