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Économie Publié le mercredi 20 janvier 2010 | Nord-Sud

Gagnoa : Après la fermeture de l’usine de bois - L’approvisionnement baisse, les prix grimpent

Un an après la fermeture de la Compagnie ivoirienne de bois (Cib) à Gagnoa, les choses se compliquent davantage pour les acteurs de la filière. Outre les nombreux chômeurs que cette situation a engendrés, c’est le prix du bois qui connaît malheureusement une flambée généralisée sur le marché.

La Compagnie ivoirienne de bois (Cib) était jusqu’à un passé récent le poumon économique de la ville de Gagnoa. Spécialisée dans le domaine du bois, elle traitait cette matière première sous différentes formes : planches, contre-plaqués, chevrons, baguettes… Pour des raisons liées à la crise économique, elle a mis la clé sous le paillasson. Mettant ainsi à la porte près de 2.000 travailleurs. En attendant une hypothétique réouverture de la compagnie, le bois qui en est la principale activité, est devenu une denrée très rare dans la ville du Fromager. A telle enseigne que les opérateurs de la filière éprouvent de plus en plus de mal à satisfaire la demande. «Lorsque la Cib fonctionnait encore, le marché du bois était régulièrement approvisionné et les prix acceptables», affirme Keita Omet, responsable des vendeurs de bois de Gagnoa. En fait, la Cib, dans sa politique commerciale, réservait une importante quantité de bois pour le marché local, avant de livrer le reste sur le marché international. Cette politique permettait aux vendeurs et revendeurs, aux menuisiers de se procurer du bois à moindre coût. Aujourd’hui, les données ont changé. Moins de bois pour plus de demandeurs, la loi du marché est implacable puisque les prix flambent. Le prix des lits (2 places) est passé de 18.000 à 22.000 Fcfa, soit une hausse de 4.000 Fcfa. Les tables à manger sont livrées à 50.000 Fcfa au lieu de 35.000 Fcfa, soit une majoration de 15.000 Fcfa (voir tableau). Les autres petites scieries qui existent encore sur la place, n’arrivent pas à couvrir le marché local. Elles accordent la priorité aux clients de l’étranger et les prix pratiqués sur place restent hors de portée de bourse. Les commerçants refusent d’endosser la flambée et évoquent des raisons diverses. «Nous sommes obligés de faire venir le bois de très loin pour satisfaire la demande. Là encore, les prix sont élevés vu que nous répercutons sur le prix du bois, les frais engendrés par les tracasseries routières dont nous sommes victimes. Alors qu’au moment où la Cib tournait, on prenait le bois sur place. Une situation qui permettait d’amoindrir les charges», explique le patron des vendeurs de bois. Manga Félix, agent de la Cib, fait partie des rares travailleurs maintenus à leurs postes pour l’entretien des outils de production. Il reconnaît que la hausse du prix du bois est liée aux nombreuses charges (liées au transport) auxquelles sont confrontés les exploitants. «Depuis que la Cib a fermé, certaines personnes se sont transformées en exploitants forestiers. Avec ou sans permis, ils font venir le bois depuis la forêt jusque sur le marché. Pour un chargement de 10 tonnes, l’exploitant peut payer entre 2 à 3 millions de Fcfa. Ces frais de transport exorbitants sont répercutés sur le prix de vente du bois. Toute chose qui est de nature à renchérir les coûts» révèle l’agent. A titre d’exemple, Manga Félix affirme avoir acheté récemment sur le marché 2 paquets de baguettes de bois à 6.000 Fcfa. «Alors qu’avant la fermeture de la Cib, ces deux paquets pouvaient coûter 2.000 Fcfa», regrette-t-il. La différence de prix est bien grande. Du simple, le prix de la baguette de bois est passé au triple. Du côté des menuisiers, les clients se comptent au bout des doigts. Se confectionner un meuble nécessite assez de moyens. Et les acteurs de la filière subissent malheureusement cette situation à travers la baisse des commandes. Jordan est menuisier-ébéniste au quartier commerce. Il porte ce nom en comparaison de sa taille avec celle du célèbre basketteur américain. Selon lui, la cherté du bois a contribué à décourager les clients qui ont annulé plusieurs commandes. «Ils trouvent que les meubles sont chers. Ce n’est pas de notre faute. Avec le nouveau contexte du marché, nous sommes obligés d’augmenter nos prix pour réaliser des gains. Dans le cas contraire, on travaillera à perte» se défend l’artisan.

Alain Kpapo à Gagnoa
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