Si les travailleurs et les salariés redoutent fortement le mois de janvier réputé pour ses pressions financières, les opérateurs économiques, quant à eux, sont dans la nasse. Leurs activités sont en baisse à cause de la rareté des clients. Janvier est-il maudit ?
Janvier est-il devenu un mois maudit ? Incontestablement, tout porte à le croire. Si les salariés redoutent cette période d'après fêtes, quant aux opérateurs économiques, ils ne sont pas également mieux lotis. Car, nombreuses sont les activités économiques qui connaissent un passage à vide à cause d'une baisse drastique de la clientèle au cours de ce premier mois de l'an 2010. Plusieurs secteurs souffrent du ralentissement de leurs affaires, après un léger frémissement au mois de décembre. A telle enseigne que les opérateurs économiques laissent apparaître leur agacement. Le magasin Chic Shop (situé en face de la grande mosquée d'Adjamé), spécialisé dans la vente des appareils électroménagers, de jouets et autres articles divers, a perdu de son ambiance juste après la première semaine. C'est quasiment un clame plat qui règne au sein de cet établissement, ce samedi 23 janvier.
Le chiffre d'affaires érodé
Pourtant, ce commerce qui a l'allure d'un supermarché, refusait du monde pendant les fêtes de fin d'année. L'entrée était chaque jour embouteillée à cause de la marée humaine qui se déportait en ce lieu pour effectuer des achats. Mme Rosine Tagro, caissière au sein de cet établissement, supporte difficilement cette chute des activités. Puisqu'elle affirme avec amertume que la clientèle a fortement baissé. Elle reçoit à peine 30 personnes à la caisse depuis le 5 janvier. Contrairement aux périodes festives où ce chiffre était triplé voire quadruplé. «C'est une période que nous craignons beaucoup, d'autant qu'elle contribue à éroder notre chiffre d'affaires. Puisqu'il se trouve que les ménages ont beaucoup dépensé pour les fêtes de fin d'année et les fêtes musulmanes qui, depuis quelques années, sont très rapprochées (Tabaski, Noël et le Nouvel an). En cette période de janvier, les clients évitent les dépenses irrationnelles», explique-t-elle. Cette morosité du marché, poursuit la caissière, est devenue un phénomène récurrent en janvier. «Nous sommes obligé de nous en accommoder et préparer la reprise pour le mois de février», s'encourage-t-elle. A l'instar de Chic Shop, sur le long du boulevard Nangui Abrogoua, la sécheresse a affecté les vendeuses de pagnes et de vêtements ou friperies, réputées pourtant pour leur vivacité et leur ténacité à Adjamé. Car, toute la journée, elles ne cessaient de parcourir des kilomètres et les ruelles de la commune commerciale, pour courtiser les clients. Mais, à cause de la forte régression des ventes, elles sont pratiquement clouées sur place. Mme Diabaté Fatou, l'une des commerçantes à Roxi est dépassée par les évènements. «On ne comprend pas ce qui se passe. Depuis que les fêtes sont passées, rien ne marche véritablement. On a l'impression que les clients se sont fait passer le mot. C'est le ralenti, car les preneurs sont rares. Habituellement, nous faisions le tour du Forum des marchés et les habitations environnantes pour proposer nos articles aux riverains. Mais, vu la mévente, nous avons stoppé ces déplacements», déplore-t-elle. Elle tente également de lier cela à un essoufflement financier des ménages après les fêtes de fin d'année.
Janvier : un mois maudit ?
Konan Jacques, grossiste dans la vente de savon, livrait une centaine de cartons par jour un mois avant. Aujourd'hui, il se trouve dans une situation de refrènement. Rien ne semble bouger chez lui. Sa recette journalière qui avoisinait 500.000 Fcfa, a chuté à 100.000 Fcfa à peine. A l'instar d'Adjamé, le tableau est le même dans les autres communes de la capitale économique. Les activités sont franchement au ralenti. Coulibaly Angèle, propriétaire d'un salon de coiffure aux Deux-Plateaux 7ème tranche, se tourne ses pouces depuis quelques semaines avec ses coiffeuses. «C'est une situation terrible pour nous. Une personne par semaine, avouons que c'est assommant. Même pendant les week-ends où nous avions l'habitude d'accueillir plusieurs clientes à la fois. D'ailleurs, certaines femmes qui fréquentent régulièrement mon salon, souhaitent qu'on les coiffe à crédit en attendant de régler la facture à la fin du mois. Nous sommes obligé de l'accepter souvent pour maintenir la clientèle», se lamente-t-elle. A Cocody-Saint-Jean Lobo Lionel, assis devant son magasin de vente de chaussures a le regard lointain. Le visage fermé, il déplore ce long moment de flottement de ses activités. «Le moral n'est pas au beau fixe. Mes produits ne sortent pratiquement pas alors que je dois faire face à mes charges (loyer et électricité). Aujourd'hui, je n'arrive pas à livrer 10 paires de chaussures par jour. Pourtant en décembre, ce nombre excédait parfois 50. La différence est énorme. Les rares clients qui visitent mon magasin, remettent leurs achats à plus tard. Ils soutiennent qu'ils sont sous restriction budgétaire et par conséquent, ces types de dépenses peuvent attendre encore», regrette le jeune commerçant. Le secteur des transports n'est pas épargné par cette situation. En témoigne la réaction de certains chauffeurs de taxis-compteur qui n'arrivent pas toujours à avoir la recette du jour.
Assuré le quotidien
«Le mois de janvier, après la première semaine acceptable, est devenu extrêmement difficile par la suite pour les chauffeurs de taxis-compteurs. Les clients, qui n'ont plus assez d'argent, proposent surtout des arrangements même sur de petites distances. C'est incroyable. De sorte qu'aujourd'hui, je suis à mon troisième manquant de 5.000 Fcfa. Le propriétaire, de toute façon, ne perd pas puisqu'il récupère cela dans mon salaire», maugrée Diallo Aboulaye, chauffeur de taxi-compteur. Pour de nombreux travailleurs, les problèmes économiques complexes liés au mois de janvier, proviennent-ils de la fatalité ? «Le mois de janvier a été toujours un souci majeur pour les travailleurs et les chefs de famille. Il succède à un mois de dépenses énormes. Nous avons trop dépensé en décembre. Continuer sur cette tendance en janvier serait suicidaire pour nous. Donc, moi j'ai opté pour des dépenses justes et rationnelles en laissant tomber certaines choses qui peuvent attendre», soutient Francine Tano, secrétaire dans une entreprise d'assurance. Touré Gaoussou, instituteur, lui emboîte les pas. «Il faut assurer le quotidien à savoir la nourriture et les cas de maladies. En homme averti, j'avais déjà planifié certaines dépenses. Chaque année, les gens se retrouvent dans la même situation de galère. Il faut anticiper sur les choses pour éviter de passer à la trappe de janvier, un mois dur à cuire», conseille l'enseignant.
Cissé Cheick Ely
Janvier est-il devenu un mois maudit ? Incontestablement, tout porte à le croire. Si les salariés redoutent cette période d'après fêtes, quant aux opérateurs économiques, ils ne sont pas également mieux lotis. Car, nombreuses sont les activités économiques qui connaissent un passage à vide à cause d'une baisse drastique de la clientèle au cours de ce premier mois de l'an 2010. Plusieurs secteurs souffrent du ralentissement de leurs affaires, après un léger frémissement au mois de décembre. A telle enseigne que les opérateurs économiques laissent apparaître leur agacement. Le magasin Chic Shop (situé en face de la grande mosquée d'Adjamé), spécialisé dans la vente des appareils électroménagers, de jouets et autres articles divers, a perdu de son ambiance juste après la première semaine. C'est quasiment un clame plat qui règne au sein de cet établissement, ce samedi 23 janvier.
Le chiffre d'affaires érodé
Pourtant, ce commerce qui a l'allure d'un supermarché, refusait du monde pendant les fêtes de fin d'année. L'entrée était chaque jour embouteillée à cause de la marée humaine qui se déportait en ce lieu pour effectuer des achats. Mme Rosine Tagro, caissière au sein de cet établissement, supporte difficilement cette chute des activités. Puisqu'elle affirme avec amertume que la clientèle a fortement baissé. Elle reçoit à peine 30 personnes à la caisse depuis le 5 janvier. Contrairement aux périodes festives où ce chiffre était triplé voire quadruplé. «C'est une période que nous craignons beaucoup, d'autant qu'elle contribue à éroder notre chiffre d'affaires. Puisqu'il se trouve que les ménages ont beaucoup dépensé pour les fêtes de fin d'année et les fêtes musulmanes qui, depuis quelques années, sont très rapprochées (Tabaski, Noël et le Nouvel an). En cette période de janvier, les clients évitent les dépenses irrationnelles», explique-t-elle. Cette morosité du marché, poursuit la caissière, est devenue un phénomène récurrent en janvier. «Nous sommes obligé de nous en accommoder et préparer la reprise pour le mois de février», s'encourage-t-elle. A l'instar de Chic Shop, sur le long du boulevard Nangui Abrogoua, la sécheresse a affecté les vendeuses de pagnes et de vêtements ou friperies, réputées pourtant pour leur vivacité et leur ténacité à Adjamé. Car, toute la journée, elles ne cessaient de parcourir des kilomètres et les ruelles de la commune commerciale, pour courtiser les clients. Mais, à cause de la forte régression des ventes, elles sont pratiquement clouées sur place. Mme Diabaté Fatou, l'une des commerçantes à Roxi est dépassée par les évènements. «On ne comprend pas ce qui se passe. Depuis que les fêtes sont passées, rien ne marche véritablement. On a l'impression que les clients se sont fait passer le mot. C'est le ralenti, car les preneurs sont rares. Habituellement, nous faisions le tour du Forum des marchés et les habitations environnantes pour proposer nos articles aux riverains. Mais, vu la mévente, nous avons stoppé ces déplacements», déplore-t-elle. Elle tente également de lier cela à un essoufflement financier des ménages après les fêtes de fin d'année.
Janvier : un mois maudit ?
Konan Jacques, grossiste dans la vente de savon, livrait une centaine de cartons par jour un mois avant. Aujourd'hui, il se trouve dans une situation de refrènement. Rien ne semble bouger chez lui. Sa recette journalière qui avoisinait 500.000 Fcfa, a chuté à 100.000 Fcfa à peine. A l'instar d'Adjamé, le tableau est le même dans les autres communes de la capitale économique. Les activités sont franchement au ralenti. Coulibaly Angèle, propriétaire d'un salon de coiffure aux Deux-Plateaux 7ème tranche, se tourne ses pouces depuis quelques semaines avec ses coiffeuses. «C'est une situation terrible pour nous. Une personne par semaine, avouons que c'est assommant. Même pendant les week-ends où nous avions l'habitude d'accueillir plusieurs clientes à la fois. D'ailleurs, certaines femmes qui fréquentent régulièrement mon salon, souhaitent qu'on les coiffe à crédit en attendant de régler la facture à la fin du mois. Nous sommes obligé de l'accepter souvent pour maintenir la clientèle», se lamente-t-elle. A Cocody-Saint-Jean Lobo Lionel, assis devant son magasin de vente de chaussures a le regard lointain. Le visage fermé, il déplore ce long moment de flottement de ses activités. «Le moral n'est pas au beau fixe. Mes produits ne sortent pratiquement pas alors que je dois faire face à mes charges (loyer et électricité). Aujourd'hui, je n'arrive pas à livrer 10 paires de chaussures par jour. Pourtant en décembre, ce nombre excédait parfois 50. La différence est énorme. Les rares clients qui visitent mon magasin, remettent leurs achats à plus tard. Ils soutiennent qu'ils sont sous restriction budgétaire et par conséquent, ces types de dépenses peuvent attendre encore», regrette le jeune commerçant. Le secteur des transports n'est pas épargné par cette situation. En témoigne la réaction de certains chauffeurs de taxis-compteur qui n'arrivent pas toujours à avoir la recette du jour.
Assuré le quotidien
«Le mois de janvier, après la première semaine acceptable, est devenu extrêmement difficile par la suite pour les chauffeurs de taxis-compteurs. Les clients, qui n'ont plus assez d'argent, proposent surtout des arrangements même sur de petites distances. C'est incroyable. De sorte qu'aujourd'hui, je suis à mon troisième manquant de 5.000 Fcfa. Le propriétaire, de toute façon, ne perd pas puisqu'il récupère cela dans mon salaire», maugrée Diallo Aboulaye, chauffeur de taxi-compteur. Pour de nombreux travailleurs, les problèmes économiques complexes liés au mois de janvier, proviennent-ils de la fatalité ? «Le mois de janvier a été toujours un souci majeur pour les travailleurs et les chefs de famille. Il succède à un mois de dépenses énormes. Nous avons trop dépensé en décembre. Continuer sur cette tendance en janvier serait suicidaire pour nous. Donc, moi j'ai opté pour des dépenses justes et rationnelles en laissant tomber certaines choses qui peuvent attendre», soutient Francine Tano, secrétaire dans une entreprise d'assurance. Touré Gaoussou, instituteur, lui emboîte les pas. «Il faut assurer le quotidien à savoir la nourriture et les cas de maladies. En homme averti, j'avais déjà planifié certaines dépenses. Chaque année, les gens se retrouvent dans la même situation de galère. Il faut anticiper sur les choses pour éviter de passer à la trappe de janvier, un mois dur à cuire», conseille l'enseignant.
Cissé Cheick Ely