Le constat est triste. Les Ivoiriens n’entretiennent pas leur environnement immédiat. Pourquoi cette situation ? Des spécialistes l’expliquent.
Après avoir bu un sachet d’eau, l’homme, vêtu de costume à bord de sa voiture de type 4x4, n’a pas jugé utile d’arriver à une poubelle pour y déposer son sachet. Il ne s’est pas gêné pour baisser sa vitre et jeter son sachet par-dessus celle-ci. Peu importe le lieu où ce sachet tombe. Le plus important pour lui est de se débarrasser de cette charge. Une mauvaise attitude qui est malheureusement ancrée dans les habitudes des Abidjanais. Sachets d’eau vide, bouteille en plastique, bout de papier, et morceaux de pagnes ou de tissus, emballages de tout genre jonchent les rues d’Abidjan. D’Abobo à Port-Bouët, en passant par Adjamé, Cocody, Yopougon ou Port Bouët, Yopougon Treichville etc. aucune rue n’échappe à ce spectacle. Pourquoi cette attitude? Pourquoi l’Ivoirien ou du moins l’Abidjanais est-il devenu sale? A cette question, des personnes que nous avons interrogées répondent. «Les Abidjanais ne sont pas sales, mais c’est la ville d’Abidjan qui est sale », soutiennent-elles en substance. «J’habite non loin de la gendarmerie d’Abobo. Il y a toujours des tas d’ordures au carrefour de ce sous quartier. Pourquoi voulez-vous que j’aille jusqu’au marché pour y déverser mes ordures», interroge T. Massogbè.
Une attitude qu’ont fini par adopter les riverains à cet espace. A défaut de l’expertise des spécialistes de l’Agence nationale de la salubrité urbaine (Anasur) compte tenu de l’indisponibilité de la première responsable de cette structure (et qui malheureusement n’a pas pu donner mandat à un de ses agents pour nous recevoir), nous avons approché un environnementaliste et un psychologue. Pour ces spécialistes, personne ne naît sale, ‘’mais l’homme évolue en fonction de son environnement’’. Pr Coulibaly Lacina, vice-doyen de l’Unité de formation et de recherche (Ufr) sciences de gestion de l’environnement (Sge), Abidjan est sale, mais l’Ivoirien n’est pas sale.
Selon lui, Abidjan est dans cet état parce que la Côte d’Ivoire ne dispose pas de politique de salubrité. Cette politique, selon le Pr Coulibaly, devait passer par la sensibilisation. «En Côte d’Ivoire, nous remarquons que les villages sont propres. Cela est dû au fait que tout est bien délimité. Au village, il y a le lieu où l’on déverse les ordures. Mais en plus de balayer la cour tous les matins, les villageois ont à l’esprit que le village leur appartient. De ce fait, chacun en prend soin et évite de le salir, contrairement à Abidjan où des ordures se trouvent dans chaque rue et où l’on considère que l’environnement urbain est sans propriétaire. Il faut donc commencer par faire comprendre aux Ivoiriens non seulement que les ordures ne se jettent pas dans les rues et leur expliquer que le domaine public doit être aussi propre que leur maison. Mais en même temps que cette sensibilisation se passe, il faut pouvoir l’accompagner en installant une poubelle à tous les 200m de sorte que l’individu qui détient une peau de banane ou un sachet vide ne soit pas contraint à marcher plus de 500 m avant d’atteindre une poubelle», explique le spécialiste qui ne manque pas de préciser que cette sensibilisation doit être suivie d’éducation et de répression.
Sensibilisation, éducation, répression
Pour l’environnementaliste, ce sont trois paramètres qui vont de paire. Une idée soutenue par le Dr Djè Bi Tchan Guillaume, psychologue qui d’emblée explique que l’être humain évolue dans l’environnement qu’il trouve en place. «Personne n’est propre ou sale par essence. On sait également que l’être humain évolue par imitation. Lorsqu’un être humain jette des ordures à 10 mètres de sa maison et qu’il n’y a pas de réaction, demain le voisin fait pareil. Et c’est ainsi que se créent les immondices partout », explique-t-il avant de prendre le cas du Ghana qui a pu aujourd’hui lutter contre l’insalubrité. «Tout le monde reconnaît aujourd’hui que le Ghana est propre. Mais sachez que la politique de la salubrité dans ce pays n’a pas consisté à tuer les premiers Ghanéens pour mettre en place des supers hommes. Cette politique s’est basée sur la sensibilisation, l’éducation et s’est terminée par la répression. Une sensibilisation sans éducation ne rime à rien ; une sensibilisation sans répression ne rime à rien. Ce sont des étapes qu’il faut suivre si l’on veut vaincre l’insalubrité en Côte d’Ivoire. Il faut qu’on parvienne en Côte d’Ivoire à une étape ou chacun sera son propre policier en matière d’insalubrité», explique le spécialiste qui précise qu’en réalité, tout est une question de volonté politique. Pour lui, tout cela doit se faire avec des mesures d’accompagnement. «Il ne sert à rien de pratiquer la sensibilisation, l’éducation et la répression sans mettre en place des mesures d’accompagnement. Celles-ci partent des ramassages quotidiens des ordures aux opérations d’assainissement en passant par la mise en place d’une police chargée de la salubrité», soutient le psychologue. Un exemple encourageant, l’application de ces trois concepts : sensibilisation, éducation et répression semble avoir marché au groupement des sapeurs pompiers de l’Indénié.
Touré Yelly
Après avoir bu un sachet d’eau, l’homme, vêtu de costume à bord de sa voiture de type 4x4, n’a pas jugé utile d’arriver à une poubelle pour y déposer son sachet. Il ne s’est pas gêné pour baisser sa vitre et jeter son sachet par-dessus celle-ci. Peu importe le lieu où ce sachet tombe. Le plus important pour lui est de se débarrasser de cette charge. Une mauvaise attitude qui est malheureusement ancrée dans les habitudes des Abidjanais. Sachets d’eau vide, bouteille en plastique, bout de papier, et morceaux de pagnes ou de tissus, emballages de tout genre jonchent les rues d’Abidjan. D’Abobo à Port-Bouët, en passant par Adjamé, Cocody, Yopougon ou Port Bouët, Yopougon Treichville etc. aucune rue n’échappe à ce spectacle. Pourquoi cette attitude? Pourquoi l’Ivoirien ou du moins l’Abidjanais est-il devenu sale? A cette question, des personnes que nous avons interrogées répondent. «Les Abidjanais ne sont pas sales, mais c’est la ville d’Abidjan qui est sale », soutiennent-elles en substance. «J’habite non loin de la gendarmerie d’Abobo. Il y a toujours des tas d’ordures au carrefour de ce sous quartier. Pourquoi voulez-vous que j’aille jusqu’au marché pour y déverser mes ordures», interroge T. Massogbè.
Une attitude qu’ont fini par adopter les riverains à cet espace. A défaut de l’expertise des spécialistes de l’Agence nationale de la salubrité urbaine (Anasur) compte tenu de l’indisponibilité de la première responsable de cette structure (et qui malheureusement n’a pas pu donner mandat à un de ses agents pour nous recevoir), nous avons approché un environnementaliste et un psychologue. Pour ces spécialistes, personne ne naît sale, ‘’mais l’homme évolue en fonction de son environnement’’. Pr Coulibaly Lacina, vice-doyen de l’Unité de formation et de recherche (Ufr) sciences de gestion de l’environnement (Sge), Abidjan est sale, mais l’Ivoirien n’est pas sale.
Selon lui, Abidjan est dans cet état parce que la Côte d’Ivoire ne dispose pas de politique de salubrité. Cette politique, selon le Pr Coulibaly, devait passer par la sensibilisation. «En Côte d’Ivoire, nous remarquons que les villages sont propres. Cela est dû au fait que tout est bien délimité. Au village, il y a le lieu où l’on déverse les ordures. Mais en plus de balayer la cour tous les matins, les villageois ont à l’esprit que le village leur appartient. De ce fait, chacun en prend soin et évite de le salir, contrairement à Abidjan où des ordures se trouvent dans chaque rue et où l’on considère que l’environnement urbain est sans propriétaire. Il faut donc commencer par faire comprendre aux Ivoiriens non seulement que les ordures ne se jettent pas dans les rues et leur expliquer que le domaine public doit être aussi propre que leur maison. Mais en même temps que cette sensibilisation se passe, il faut pouvoir l’accompagner en installant une poubelle à tous les 200m de sorte que l’individu qui détient une peau de banane ou un sachet vide ne soit pas contraint à marcher plus de 500 m avant d’atteindre une poubelle», explique le spécialiste qui ne manque pas de préciser que cette sensibilisation doit être suivie d’éducation et de répression.
Sensibilisation, éducation, répression
Pour l’environnementaliste, ce sont trois paramètres qui vont de paire. Une idée soutenue par le Dr Djè Bi Tchan Guillaume, psychologue qui d’emblée explique que l’être humain évolue dans l’environnement qu’il trouve en place. «Personne n’est propre ou sale par essence. On sait également que l’être humain évolue par imitation. Lorsqu’un être humain jette des ordures à 10 mètres de sa maison et qu’il n’y a pas de réaction, demain le voisin fait pareil. Et c’est ainsi que se créent les immondices partout », explique-t-il avant de prendre le cas du Ghana qui a pu aujourd’hui lutter contre l’insalubrité. «Tout le monde reconnaît aujourd’hui que le Ghana est propre. Mais sachez que la politique de la salubrité dans ce pays n’a pas consisté à tuer les premiers Ghanéens pour mettre en place des supers hommes. Cette politique s’est basée sur la sensibilisation, l’éducation et s’est terminée par la répression. Une sensibilisation sans éducation ne rime à rien ; une sensibilisation sans répression ne rime à rien. Ce sont des étapes qu’il faut suivre si l’on veut vaincre l’insalubrité en Côte d’Ivoire. Il faut qu’on parvienne en Côte d’Ivoire à une étape ou chacun sera son propre policier en matière d’insalubrité», explique le spécialiste qui précise qu’en réalité, tout est une question de volonté politique. Pour lui, tout cela doit se faire avec des mesures d’accompagnement. «Il ne sert à rien de pratiquer la sensibilisation, l’éducation et la répression sans mettre en place des mesures d’accompagnement. Celles-ci partent des ramassages quotidiens des ordures aux opérations d’assainissement en passant par la mise en place d’une police chargée de la salubrité», soutient le psychologue. Un exemple encourageant, l’application de ces trois concepts : sensibilisation, éducation et répression semble avoir marché au groupement des sapeurs pompiers de l’Indénié.
Touré Yelly