Depuis 48h, l’élimination des Eléphants suscite beaucoup de questions …et peu de réponses. Qui est responsable ? Chacun tente de jeter la pierre à l’autre! Le pire, c’est que personne ne peut questionner personne. Et l’on se souvient des sélectionneurs précédents partis toujours presque de la même façon …en catimini. A quand les vrais débats sur le football national ?
Comment peut-on lever le pied de l’accélérateur après quatre minutes de jeu ?
C’est la grande question liée au scénario de ce Côte d’Ivoire-Algérie. Marquer d’entrée un pareil premier but à la 4ème mn-en football et à ce niveau- c’est ce que l’on appelle une entame de match idéal. La grande erreur d’appréciation a été de ne pas mettre à profit immédiatement les effets bénéfiques de ce coup de massue sur la tête des Algériens. Plusieurs minutes après ce but ivoirien, on a vu des Algériens sonnés, rechercher leurs esprits. Et que firent les joueurs ivoiriens pendant ce temps ? Rien. Ils se contentèrent de regarder jouer les Fennecs, leur donnèrent le répit nécessaire pour retrouver leur équilibre, retoucher le ballon, retrouver leurs sensations. Il n’y avait ni pressing au milieu du terrain (Tioté-Zokora-Touré), ni à partir de la première ligne (Kalou-Drogba-Kouassi). Pis, quand le ballon était récupéré, les contre-attaques étaient amorcées lentement. On ne dit pas qu’il eût fallu faire un forcing-pressing en permanence-ce qui est impossible même pour le Barça-mais au moins l’imposer durant un premier quart d’heure plein. Achever l’adversaire avant de lever un peu le pied. En définitive dans cette Can, on n’a jamais vraiment ressenti chez les joueurs ivoiriens la volonté de se donner à fond. Ce sentiment était net face aux Burkinabè, pris de très haut. On n’oublie pas ce coup-franc de Chico qui ramène les Ivoiriens dans la partie face au Ghana. Fait étrange ou simple impression, c’est face aux Ivoiriens que les Algériens ont été les plus à l’aise pour développer leur jeu …
Drogba, diminué ou pas ?
C’est une question qui traîne depuis le début du mois de décembre 2009. Blessé pas blessé ? La question était récurrente. Avant de quitter Abidjan à la fin décembre, Vahid Halilhodzic l’a annoncé clairement en conférence de presse. Il a déclaré être très inquiet pour Drogba blessé et dont : «le talon d’Achille enfle». Cela n’a pas empêché Vahid de non seulement aligner Drogba à tous les matchs, même en Tanzanie (2 matchs de préparation), mais surtout de ne jamais le sortir en cours de match. Pourquoi n’avoir jamais essayé le trio Kader-Aruna-Baky ou Kalou même en match de préparation ? Pourquoi n’avoir pas sorti Drogba contre l’Algérie au lieu de Kalou ? Bénéficie-t-il d’un passe-droit ? D’une fonction supplémentaire ?
Comment expliquer ces éclipses défensives à des moments-clefs du match ?
Kader Kéïta pensait bien avoir fait le plus difficile en offrant aux Eléphants le but de la qualification, celui du 2-1 à une minute de la fin, d’une frappe exceptionnelle des 25 mètres, du gauche, en pleine lucarne. Mais on ne sait d’où surgit Bougherra, au deuxième poteau, pour égaliser à quelques secondes de la fin !? Et surtout qu’est-ce qui explique la liberté totale d’action de Bouazza à peine entré en jeu dans les premiers instants des prolongations et qui a pu ajuster sa tête à quelques mètres de Coppa Barry à la 92ème mn. Des joueurs adverses toujours oubliés au deuxième poteau. La défense ivoirienne a donc été étrangement fantomatique et fébrile durant ce match. Chico et Demel ont été débordés trop fréquemment au ras-du-sol et ont été absents dans le jeu aérien défensif. Souleyman Bamba d’habitude dominateur dans les airs a lui aussi été étrangement hors du coup. Il y avait en principe quatre défenseurs ivoiriens pour un seul attaquant fixe algérien Ghezzal (9).
Les neuf jours de repos ont-ils été mal gérés par le staff technique ?
Sur le plan physique, des impressions de lourdeur, de nonchalance se dégageaient. Au niveau de l’endurance, les Ghanéens et surtout les Algériens semblaient avoir plus de jus sur la durée. On se pose des questions sur le travail qui a été fait à l’entraînement. Un peu trop de musculation ? Pas assez de course longue, de fond ? Toujours est-il que Vahid a hésité en conférence de presse. D’abord il voulait trouver un match pour combler ces neuf jours. Ce qui est une période énorme pour rester au top physiquement. L’Algérie qui a livré trois matches dont le dernier à cinq jours de ce dimanche était bien meilleur physiquement. C’est la preuve patente du «piège», mal déjoué, des neuf jours sur des organismes au cœur d’une compétition de haut niveau. Ensuite, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire a annoncé que ce match d’entraînement ne sera pas nécessaire.
A quand l’incorporation des jeunes techniciens ivoiriens ?
On a beau dire ce que l’on voudra. Même si un sélectionneur expatrié est astreint aux bons résultats pour honorer son contrat, toucher ses primes rondelettes ou se faire un palmarès, il n’aura jamais le souci, la souffrance intérieure du national, de celui qui restera en «famille» après comme avant. Ceci pour dire que la rencontre du sélectionneur bosniaque de Côte d’Ivoire avec des dirigeants de club européens en pleine mission avec les Eléphants (durant l’été 2009, Vahid a négocié avec les dirigeants de Portsmouth) laisse la porte ouverte à un tas de questions. Même si Vahid s’explique dans France Football n°3327 du 12 janvier 2010: «J’avais reçu les trois leaders du groupe (Drogba, Zokora, Kolo) pour leur expliquer la proposition anglaise. Quand je les ai entendus me dire; Vahid, il n’en est pas question ; j’avoue avoir été secoué…je me suis dit que je n’avais pas le droit de les laisser tomber. Même un caillou n’aurait pas pu résister à leur demande.» Il faut dire que le football ivoirien a besoin d’hommes fidèles qui travaillent sur la durée. Qu’attend-on donc pour confier des responsabilités plus élevées à des hommes honnêtes, compétents et patriotes comme Alain Gouaméné. Que nous avons eu le plaisir de découvrir à la tête des espoirs en finale de la Coupe de la francophonie. Il avait à ses côtés Bakary Koné et Abdoulaye Traoré. Les entraîneurs de nos clubs phares s’appellent Maxime Gouaméné et Kassy Kouadio (Asec), Gba Bernardin (Africa) ou Téty Gnangbo (Stade). Il y a comme une prise de conscience à ce niveau. Tous les entraîneurs nationaux et ex-adjoints de sélectionneur, doyens ou nouveaux (Benjamin Djédjé, Yéo Martial, Kablan Sampon, Gbonké Tia, Marc Gohi, N’Guessan Clément, Kabi Apollinaire, Timité Vassouleymane, Basile Wollé, Gérard Gabo par exemple) pourraient former un comité de suivi du «travail» du sélectionneur et le rencontrer périodiquement, ou avoir son mot à dire dans le choix du sélectionneur à proprement dit. Il serait temps que cette structure naisse. Qui doit prendre la décision de la former ?
Nasser EL FADEL
Comment peut-on lever le pied de l’accélérateur après quatre minutes de jeu ?
C’est la grande question liée au scénario de ce Côte d’Ivoire-Algérie. Marquer d’entrée un pareil premier but à la 4ème mn-en football et à ce niveau- c’est ce que l’on appelle une entame de match idéal. La grande erreur d’appréciation a été de ne pas mettre à profit immédiatement les effets bénéfiques de ce coup de massue sur la tête des Algériens. Plusieurs minutes après ce but ivoirien, on a vu des Algériens sonnés, rechercher leurs esprits. Et que firent les joueurs ivoiriens pendant ce temps ? Rien. Ils se contentèrent de regarder jouer les Fennecs, leur donnèrent le répit nécessaire pour retrouver leur équilibre, retoucher le ballon, retrouver leurs sensations. Il n’y avait ni pressing au milieu du terrain (Tioté-Zokora-Touré), ni à partir de la première ligne (Kalou-Drogba-Kouassi). Pis, quand le ballon était récupéré, les contre-attaques étaient amorcées lentement. On ne dit pas qu’il eût fallu faire un forcing-pressing en permanence-ce qui est impossible même pour le Barça-mais au moins l’imposer durant un premier quart d’heure plein. Achever l’adversaire avant de lever un peu le pied. En définitive dans cette Can, on n’a jamais vraiment ressenti chez les joueurs ivoiriens la volonté de se donner à fond. Ce sentiment était net face aux Burkinabè, pris de très haut. On n’oublie pas ce coup-franc de Chico qui ramène les Ivoiriens dans la partie face au Ghana. Fait étrange ou simple impression, c’est face aux Ivoiriens que les Algériens ont été les plus à l’aise pour développer leur jeu …
Drogba, diminué ou pas ?
C’est une question qui traîne depuis le début du mois de décembre 2009. Blessé pas blessé ? La question était récurrente. Avant de quitter Abidjan à la fin décembre, Vahid Halilhodzic l’a annoncé clairement en conférence de presse. Il a déclaré être très inquiet pour Drogba blessé et dont : «le talon d’Achille enfle». Cela n’a pas empêché Vahid de non seulement aligner Drogba à tous les matchs, même en Tanzanie (2 matchs de préparation), mais surtout de ne jamais le sortir en cours de match. Pourquoi n’avoir jamais essayé le trio Kader-Aruna-Baky ou Kalou même en match de préparation ? Pourquoi n’avoir pas sorti Drogba contre l’Algérie au lieu de Kalou ? Bénéficie-t-il d’un passe-droit ? D’une fonction supplémentaire ?
Comment expliquer ces éclipses défensives à des moments-clefs du match ?
Kader Kéïta pensait bien avoir fait le plus difficile en offrant aux Eléphants le but de la qualification, celui du 2-1 à une minute de la fin, d’une frappe exceptionnelle des 25 mètres, du gauche, en pleine lucarne. Mais on ne sait d’où surgit Bougherra, au deuxième poteau, pour égaliser à quelques secondes de la fin !? Et surtout qu’est-ce qui explique la liberté totale d’action de Bouazza à peine entré en jeu dans les premiers instants des prolongations et qui a pu ajuster sa tête à quelques mètres de Coppa Barry à la 92ème mn. Des joueurs adverses toujours oubliés au deuxième poteau. La défense ivoirienne a donc été étrangement fantomatique et fébrile durant ce match. Chico et Demel ont été débordés trop fréquemment au ras-du-sol et ont été absents dans le jeu aérien défensif. Souleyman Bamba d’habitude dominateur dans les airs a lui aussi été étrangement hors du coup. Il y avait en principe quatre défenseurs ivoiriens pour un seul attaquant fixe algérien Ghezzal (9).
Les neuf jours de repos ont-ils été mal gérés par le staff technique ?
Sur le plan physique, des impressions de lourdeur, de nonchalance se dégageaient. Au niveau de l’endurance, les Ghanéens et surtout les Algériens semblaient avoir plus de jus sur la durée. On se pose des questions sur le travail qui a été fait à l’entraînement. Un peu trop de musculation ? Pas assez de course longue, de fond ? Toujours est-il que Vahid a hésité en conférence de presse. D’abord il voulait trouver un match pour combler ces neuf jours. Ce qui est une période énorme pour rester au top physiquement. L’Algérie qui a livré trois matches dont le dernier à cinq jours de ce dimanche était bien meilleur physiquement. C’est la preuve patente du «piège», mal déjoué, des neuf jours sur des organismes au cœur d’une compétition de haut niveau. Ensuite, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire a annoncé que ce match d’entraînement ne sera pas nécessaire.
A quand l’incorporation des jeunes techniciens ivoiriens ?
On a beau dire ce que l’on voudra. Même si un sélectionneur expatrié est astreint aux bons résultats pour honorer son contrat, toucher ses primes rondelettes ou se faire un palmarès, il n’aura jamais le souci, la souffrance intérieure du national, de celui qui restera en «famille» après comme avant. Ceci pour dire que la rencontre du sélectionneur bosniaque de Côte d’Ivoire avec des dirigeants de club européens en pleine mission avec les Eléphants (durant l’été 2009, Vahid a négocié avec les dirigeants de Portsmouth) laisse la porte ouverte à un tas de questions. Même si Vahid s’explique dans France Football n°3327 du 12 janvier 2010: «J’avais reçu les trois leaders du groupe (Drogba, Zokora, Kolo) pour leur expliquer la proposition anglaise. Quand je les ai entendus me dire; Vahid, il n’en est pas question ; j’avoue avoir été secoué…je me suis dit que je n’avais pas le droit de les laisser tomber. Même un caillou n’aurait pas pu résister à leur demande.» Il faut dire que le football ivoirien a besoin d’hommes fidèles qui travaillent sur la durée. Qu’attend-on donc pour confier des responsabilités plus élevées à des hommes honnêtes, compétents et patriotes comme Alain Gouaméné. Que nous avons eu le plaisir de découvrir à la tête des espoirs en finale de la Coupe de la francophonie. Il avait à ses côtés Bakary Koné et Abdoulaye Traoré. Les entraîneurs de nos clubs phares s’appellent Maxime Gouaméné et Kassy Kouadio (Asec), Gba Bernardin (Africa) ou Téty Gnangbo (Stade). Il y a comme une prise de conscience à ce niveau. Tous les entraîneurs nationaux et ex-adjoints de sélectionneur, doyens ou nouveaux (Benjamin Djédjé, Yéo Martial, Kablan Sampon, Gbonké Tia, Marc Gohi, N’Guessan Clément, Kabi Apollinaire, Timité Vassouleymane, Basile Wollé, Gérard Gabo par exemple) pourraient former un comité de suivi du «travail» du sélectionneur et le rencontrer périodiquement, ou avoir son mot à dire dans le choix du sélectionneur à proprement dit. Il serait temps que cette structure naisse. Qui doit prendre la décision de la former ?
Nasser EL FADEL