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Économie Publié le mercredi 27 janvier 2010 | Nord-Sud

Lutte contre le racket : Le calvaire des usagers continue

Les forces de l’ordre s’accrochent au racket comme de beaux diables. Une semaine après la remise en selle de l’opération de lutte contre les tracasseries routières, les forces de l’ordre continuent d’extorquer les populations.


La nouvelle campagne de plaidoyer contre la corruption endémique et les tracasseries routières enclenchée par les autorités militaires sera-t-elle un grand coup d’épée dans l’eau comme la précédente ? «Ce ne sera pas facile», a prévenu Madani Tall directeur des opérations de la Banque mondiale (BM). Effectivement, une semaine après le lancement de la phase pilote, un constat s’impose : les ordres de la hiérarchie ne sont pas rigoureusement respectés. Sur le terrain en effet, les entraves à la libre circulation des personnes et des biens subsistent encore sur les axes routiers et sur les différentes voies de la capitale économique. De nombreux barrages informels sont érigés ou demeurent aux mêmes endroits et le racket systématique a cours. Des agents véreux continuent d’exiger aux usagers des documents non essentiels et les cartes consulaires aux étrangers. Selon plusieurs passagers que nous avons rencontrés au corridor de Gesco, cette carte n’est pas acceptée par certains agents. Même la présentation du passeport aux postes de contrôle ne dispenserait pas des paiements illicites. Les récriminations des chauffeurs routiers ne faiblissent pas. Il en est de même des contrôles de la charge à l’essieu, devenus des occasions de racket. Des gendarmes qui viennent souvent à Gorominankro près de Yamoussoukro s’adonnent à cette pratique au vu de tous. Les camions continuent de payer de faux frais de l’ordre dont une partie au niveau du contrôle à l’essieu. Les auteurs de ces prélèvements illicites ne délivrent aucun reçu et les pénalités ne renvoient pas non plus explicitement à l’excédent de poids, puisqu’aucun délestage n’a lieu. Or, les surcharges de camions ont des inconvénients d’ordre économique et humain : elles détruisent les routes et peuvent être à l’origine des accidents de la circulation. Au corridor de Gesco, les vendeurs à la sauvette marquent leur défiance à l’égard du général Philippe Mangou. Ce n’est pas tout. A l’intérieur de la ville d’Abidjan, la situation n’a guère évolué. Sur le boulevard de la Paix à Attécoubé, les deux barrages, à l’entame de la bretelle de la Carena, constituent de véritables postes à péage. Les carrefours Farandole et de Duncan gardent jalousement leur nom de carrefour du calvaire à cause des gigantesques embouteillages causés certes par la présence de nombreuses écoles en ces lieux mais aggravés par les policiers plus enclins à «emmerder » les chauffeurs de «woro-woro» qu’à réguler la circulation. Aux heures de pointe et surtout la nuit tombée, certains taximètres n’osent plus emprunter ces axes. «Je ne suis pas sûr si le racket pourra finir un jour sur nos routes. Moi, je n’y crois plus. Mangou se fatigue », explique, d’un air fataliste, un chauffeur taxi excédé. Au niveau des quartiers, c’est le statu quo. Les patrouilles du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos) censées lutter contre le grand banditisme et la criminalité urbaine se sont muées en brigade de harcèlement contre les opérateurs économiques dans les communes. Ils «opèrent» dans les marchés et dans les ruelles des quartiers à la recherche des marchands ambulants et autres vendeurs de charbon. Quant aux agents des eaux et forêts, ils vont au «marché gouro» pour chercher la viande de brousse. «Nous ne voyons pas l’impact des recommandations des autorités. Ils nous poursuivent dans les marchés. Ils étaient là avant-hier», rapporte un responsable syndical qui a préféré l’anonymat, proposant un renforcement de la sensibilisation en direction des forces de défense et de sécuritaire dont certains ignorent effectivement les textes communautaires en matière de la libre circulation des personnes. Mais pour Madani Tall, il serait suicidaire d’abdiquer devant le fléau, véritable ténia au sein du système économique ivoirien.

C’est trop difficile !

Une étude menée par son institution montre que le racket provoque annuellement une perte de recettes dans l’ordre de 150 milliards Fcfa. En effet, les retards induits par les contrôles intempestifs aux barrières routières peuvent causer la faillite de toute une industrie, avec des coûts supplémentaires qui rendent les entreprises ivoiriennes moins compétitives sur le marché mondial. Ce facteur retard pèse lourd dans la commercialisation des produits tropicaux. «Pour le karité par exemple, les retards induits réduisent considérablement la productivité des noix (beurre) ; plus on met de temps à les transformer, plus l’huile et le beurre perdent de leur qualité, le processus de maturation commençant dès que tombe le fruit de l’arbre», relève Peter Lovett, expert du Trade Hub en karité. D’où l’absolue nécessité d’entretenir et d’améliorer ce début de prise de conscience qui semble s’être amorcée au niveau des autorités hiérarchiques des forces de l’ordre.

Lanciné Bakayoko
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