x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Sport Publié le vendredi 29 janvier 2010 | Le Patriote

Joseph-Antoine Bell (Consultant de RFI) - “La Côte d’Ivoire a un problème de mental”


A ce stade de la compétition, quel jugement portez-vous sur le niveau de la CAN 2010 ?
On n’a rien vu d’exceptionnel jusqu’aux quarts de finale. C’est à ce niveau que nous avons assisté à de belles rencontres, on a eu des matchs de haut niveau. Avant les quarts, on n’a rien vu qui puisse nous permettre de dire que c’est une bonne CAN. Il y a eu Nigeria-Egypte, (il cherche). Qu’est-ce qu’on a vu encore ? Pas véritablement grande chose. En tout cas, à Luanda, on n’a rien vu. La Côte d’Ivoire n’a pas montré grande chose. Elle a gagné un match, d’accord. Si elle-même arrivait à dire que c’est le maximum de ce qu’elle peut produire, alors il faut désespérer du football africain. Je crois qu’à côté de ça, je n’ai pas souvenir d’avoir vu des matchs de qualité, très emballants. Evidemment, on a vu des retournements de situation qu’il ne faut pas confondre avec le niveau de jeu. On a vu Angola-Mali où les retournements de situation ont été hallucinants. On a vu Nigeria-Zambie, mais le niveau n’est pas en cause, car il n’est pas responsable de ces retournements de situation. Voilà !

La forte chaleur en Angola et le mauvais état des pelouses ne sont-ils pas responsables de ce manque de jeu ?
Je ne crois pas qu’il faut toujours trouver des excuses. Pour ceux qui savent voir, les équipes quand elles sont gênées pas l’état du terrain, c’est une chose. Quand les défauts sont des défauts de conception aussi, ça se voit. On a vu une ou deux pelouses, je ne sais plus si c’est à Lubango, qui n’étaient pas aussi défectueuses que ça, mais le niveau n’était pas extraordinaire. Il y a des critères qui vous montrent de grandes équipes même avec de mauvais terrains. Il ne faut pas oublier qu’en Europe, pendant l’hiver, les terrains se dégradent beaucoup. Pourtant le niveau de jeu ne baisse pas, le rythme ne baisse pas parce que les terrains sont devenus gras, qu’il pleut beaucoup ou qu’il fait froid. Non ! Je n’attribuerais pas la petite qualité de jeu aux terrains difficiles.

Autre fait de ce tournoi, la sortie prématurée de la Côte d’Ivoire, pourtant donnée favorite, dès les quarts de finale…
La Côte d’Ivoire pouvait aller en finale, malheureusement elle n’a pas su gérer ses problèmes d’égo. Si en 2008 perdre en demi-finale contre l’Egypte n’est pas honteux, ce n’est pas le cas pour cette sortie en quarts de finale. La Côte d’Ivoire avait tout ce qu’il faut pour aller de l’avant. Je crois que les joueurs sont bien placés pour justifier ce qui est arrivé. Soit on vient en sélection pour jouer ou pour se faire voir. Dans ce cas, il faut faire un choix. La Côte d’Ivoire, en 2008, avait tout simplement perdu contre la meilleure équipe du tournoi or la Côte d’Ivoire prétendait disputer le statut de meilleure équipe du tournoi à quelqu’un, elle l’a disputé à l’Egypte. Quelle autre excuse peut-on lui trouver après la défaite contre l’Algérie. Si ce n’est que du gâchis !

Qu’est-ce qui a fait défaut à la Côte d’Ivoire contre l’Algérie ?
Logiquement, si on devrait miser sur la qualité des joueurs, un match Egypte-Côte d’Ivoire pourrait être qualifié de finale avant la lettre en demi-finale. C’est ce que tout le monde espérait d’ailleurs. La réalité du terrain a été autre. La Côte d’Ivoire n’a pas prouvé autre chose que les petites prestations qu’elle nous a servies lors de ses deux matchs du premier tour. L’équipe n’est jamais arrivée à jouer ensemble. C’est dommage pour une génération qui court inexorablement vers la fin de son cycle. Le problème de cette équipe ivoirienne est mental. Il faut que les Ivoiriens apprennent à se battre ensemble et se fixent un objectif commun. La fébrilité défensive, dont elle a fait preuve, est inacceptable pour une formation de ce calibre. Ce n’est pas de cette manière qu’elle arrivera à remporter la CAN.

Comment trouvez-vous l’organisation d’Angola 2010 ?
Il ya deux façons de juger l’organisation. Soit on respecte les critères et les standards et on dit qu’on n’est pas satisfait, soit on relativise pour dire obtenir tout ça de l’Angola qui sort de guerre et bla bla bla bla, on dit c’est bien. Je pense que malheureusement, cette manière de voir ne fait pas forcément progresser l’Afrique et nous donne toujours à tester le niveau des exigences, à tester les points positifs qu’à regarder au niveau des standards. Qu’est-ce qui est obtenu ? Qu’est-ce qui répond aux standards internationaux ou pas?

A vous entendre, l’Angola n’était pas prêt ?
Ça se voit ! L’Angola n’était pas prêt. On est venu beaucoup trop tôt en Angola. Ça c’est dommage ! Parce qu’effectivement, je suis convaincu que l’Angola a les moyens d’offrir une très grande CAN à l’Afrique. Et là, pour des raisons que je ne cherche pas et qu’on ne peut plus trouver en ce moment, on est venu trop tôt en Angola.

Le Mondial 2010, c’est dans quatre mois. La CAN se présente comme un bon test pour les représentants africains…
Normalement, toute compétition est une occasion pour des compétiteurs de savoir où ils en sont. La CAN devrait permettre aux mondialistes, s’ils en ont le courage, de rectifier ce qui n’a pas marché au milieu de tout rejeter tout temps en prétendant que la Coupe du monde est la seule compétition qui compte. Or la Coupe du monde, aucun pays africain ne va la gagner en juin prochain. Donc évacuer la CAN comme une vulgaire compétition est une erreur.

Vous ne croyez pas à l’Afrique ?
Non, aucun pays ne gagnera la Coupe du monde 2010.

Pourquoi ? Qu’est-ce qui manque à l’Afrique ?
(Il répète la question). Je ne crois pas qu’accepter aussi facilement ce qui se passe à la CAN va nous aider à gagner une Coupe du monde. Prenons l’exemple de la Côte d’Ivoire. L’entraîneur ivoirien dit que son match contre le Ghana est un match référence. Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est lui. Si sa référence, c’est de battre les juniors ghanéens, ce n’est pas avec ça qu’on gagne une Coupe du monde. Si pour le Cameroun, se faire battre par le Gabon, faire péniblement match nul contre la Tunisie avant de battre évidemment la Zambie, sont des références, je ne vois pas comment on peut gagner une Coupe du monde. Pour gagner cette compétition, il faut prouver autre chose. Jusqu’à présent, les mondialistes n’ont rien prouvé.

Par OUATTARA Gaoussou à Luanda
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Sport

Toutes les vidéos Sport à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ