La population ivoirienne devra se passer de la consommation de poisson si rien n’est fait les jours à venir pour décanter une crise qui menace le secteur de la pêche artisanale.
La pêche artisanale qui, en 2009, a connu une nette évolution est actuellement dans la tourmente. En effet, depuis fin 2009, une rupture d’avitaillement en carburant freine le travail des pêcheurs artisans. Les pirogues sont stationnées dans les quais. Qu’est-ce qui s’est passé pour en arriver à cette situation ? Retour sur les faits.
La gestoci en froid avec les marketeurs
La société de Gestion des stocks pétroliers de Côte d’Ivoire (Gestoci) est chargée du stockage et la distribution des hydrocarbures. Sous le régime D66, elle procède aux chargements des camions citernes de sociétés qu’on appelle marketeurs. Ce sont les marketeurs qui revendent le carburant aux différents clients. La Gestoci, par courrier, a signifié à ces sociétés ce qui suit : « au regard des difficultés de contrôle et de maîtrise de ces opérations d’avitaillement que nous rencontrons avec l’administration des Douanes lors des contrôles, nous nous voyons dans l’obligation d’arrêter le soutage par camions citernes… ».
Et la Gestoci de préciser plus loin : « …Par ailleurs, nous vous informons que la Gestoci est reliée directement aux appointements de Petroci soutes par soutage des bateaux. Nous vous invitons donc à vous rapprocher de Petroci soutes en vue de donner les voies dune collaboration afin de bénéficier de ses installations… ». Le courrier daté du 7 décembre 2009 est signé du directeur général Yapo Atsé Benjamin. Cette décision unilatérale de la Gestoci n’est pas sans conséquence. Notamment au niveau de la pêche artisanale. Les différents acteurs du secteur sont informés par les marketeurs des nouvelles dispositions prises par la Gestoci par correspondance. L’un des acteurs clés, la coopérative des pêcheurs artisans marin d’Abidjan (Coopama) adresse un courrier en réponse au courrier portant la référence DPAV-156/09/YAB/NAC/ABB/DM/tjt. Dans ladite correspondance, M. Bakayoko Mamadou, président du conseil d’administration fait les suggestions suivantes :
« … il s’avère que vous rencontrez des difficultés quant aux contrôles douaniers et la non maîtrise de ses opérations. Il nous plaît de révéler que nous avons un entrepôt spécial avec des droits et des obligations prévus par le code des douanes. En outre le transfert du produit sous douane dans notre entrepôt relève de notre responsabilité. Nous avitaillons des embarcations (pirogue) motorisées et de conclure : « il nous est donc impossible de respecter la solution médiane que vous proposez… ». Mieux, le Pca décide de rencontrer directement les responsables de la Gestoci. Il a eu une entrevue avec M. Nanou Directeur des opérations de la société. Il lui explique clairement les attentes de la Coopama, Coopelis San-Pédro et l’ensemble des pêcheurs artisans. M. Nanou oppose une fin de non recevoir. Le président Bakayoko informe, fort à propos, la presse d’une menace de pénurie de poissons si rien n’est fait pour avitailler les pirogues en carburant. Au nom de l’équilibre de l’information, “Le Nouveau Navire” décide de prendre attache avec la Gestoci. A maintes reprises, M. Nanou directeur d’exploitation, au téléphone, nous signifie qu’il n’a aucun pouvoir dans cette affaire et que c’est le directeur général Yapo Atsé Benjamin qui décide tout donc responsable de la présente situation. Toutes nos tentatives pour obtenir la version de la Gestoci sont demeurées donc vaines.
La Gestoci épinglée par la douane
Le jeu trouble de M. Nanou a une explication plausible. En effet, une affaire pendante incrimine directement la Gestoci. Sous le régime de la D25, la Douane a épinglé la Gestoci pour trafic frauduleux de carburant à destination du Mali estimé à 12 milliards Fcfa. Un cadre de la Gestoci du nom de Dosso Mmadou a servi d’inttermédiaire dans la transaction, ce qui incrimine la Gestoci dans cette affaire. Pour l’exercice 2006, l’agréé Gestoci a levé pour le compte de divers clients du Mali 1813 déclarations de réexportation du type D25 portant sur 79 046 699 kg de produits pétroliers soit 93 348 783 litres de carburant d’une valeur en douanes totale de 26 585 160 857 Fcfa. Seulement sur les 1813 déclarations de type D25 tirées, seulement 1554 ont fait l’objet d’une prise en charge de destination. 258 déclarations sont donc introuvables sur le fichier des douanes, donc supposées fictives. Par conséquence, la Douane exige de la part de la Gestoci le paiement de 11 050 314 988 F cfa correspondant aux droits et taxes compromis ce qui porte à 11 050 314 988 Fcfa soit deux fois la valeur de la marchandise (conformément à l’article 287/ a du code des Douanes).
Les pécheurs prêts a discuter
On imagine que cette affaire a fortement perturbé la Gestoci qui veut régler ses comptes avec la douane ivoirienne en mettant fin au régime de D66 alors que c’est la D25 qui est au cœur des magouilles. Le président Bakayoko qui a eu un échange téléphonique houleux avec M. Nanou se dit prêt à discuter avec la Gestoci pourvu que ses responsables fassent preuve d’un esprit plus conciliant. Car c’est l’avenir de la pêche en général qui se joue là. La consommation du poisson est rentrée dans les habitudes alimentaires des Ivoiriens. Il ne faut donc pas tuer la pêche artisanale qui constitue 60% de la production nationale. Les jours à venir nous situeront sur le dénouement de ce dossier très sensible et d’intérêt national.
N’Da Jean Yves
La pêche artisanale qui, en 2009, a connu une nette évolution est actuellement dans la tourmente. En effet, depuis fin 2009, une rupture d’avitaillement en carburant freine le travail des pêcheurs artisans. Les pirogues sont stationnées dans les quais. Qu’est-ce qui s’est passé pour en arriver à cette situation ? Retour sur les faits.
La gestoci en froid avec les marketeurs
La société de Gestion des stocks pétroliers de Côte d’Ivoire (Gestoci) est chargée du stockage et la distribution des hydrocarbures. Sous le régime D66, elle procède aux chargements des camions citernes de sociétés qu’on appelle marketeurs. Ce sont les marketeurs qui revendent le carburant aux différents clients. La Gestoci, par courrier, a signifié à ces sociétés ce qui suit : « au regard des difficultés de contrôle et de maîtrise de ces opérations d’avitaillement que nous rencontrons avec l’administration des Douanes lors des contrôles, nous nous voyons dans l’obligation d’arrêter le soutage par camions citernes… ».
Et la Gestoci de préciser plus loin : « …Par ailleurs, nous vous informons que la Gestoci est reliée directement aux appointements de Petroci soutes par soutage des bateaux. Nous vous invitons donc à vous rapprocher de Petroci soutes en vue de donner les voies dune collaboration afin de bénéficier de ses installations… ». Le courrier daté du 7 décembre 2009 est signé du directeur général Yapo Atsé Benjamin. Cette décision unilatérale de la Gestoci n’est pas sans conséquence. Notamment au niveau de la pêche artisanale. Les différents acteurs du secteur sont informés par les marketeurs des nouvelles dispositions prises par la Gestoci par correspondance. L’un des acteurs clés, la coopérative des pêcheurs artisans marin d’Abidjan (Coopama) adresse un courrier en réponse au courrier portant la référence DPAV-156/09/YAB/NAC/ABB/DM/tjt. Dans ladite correspondance, M. Bakayoko Mamadou, président du conseil d’administration fait les suggestions suivantes :
« … il s’avère que vous rencontrez des difficultés quant aux contrôles douaniers et la non maîtrise de ses opérations. Il nous plaît de révéler que nous avons un entrepôt spécial avec des droits et des obligations prévus par le code des douanes. En outre le transfert du produit sous douane dans notre entrepôt relève de notre responsabilité. Nous avitaillons des embarcations (pirogue) motorisées et de conclure : « il nous est donc impossible de respecter la solution médiane que vous proposez… ». Mieux, le Pca décide de rencontrer directement les responsables de la Gestoci. Il a eu une entrevue avec M. Nanou Directeur des opérations de la société. Il lui explique clairement les attentes de la Coopama, Coopelis San-Pédro et l’ensemble des pêcheurs artisans. M. Nanou oppose une fin de non recevoir. Le président Bakayoko informe, fort à propos, la presse d’une menace de pénurie de poissons si rien n’est fait pour avitailler les pirogues en carburant. Au nom de l’équilibre de l’information, “Le Nouveau Navire” décide de prendre attache avec la Gestoci. A maintes reprises, M. Nanou directeur d’exploitation, au téléphone, nous signifie qu’il n’a aucun pouvoir dans cette affaire et que c’est le directeur général Yapo Atsé Benjamin qui décide tout donc responsable de la présente situation. Toutes nos tentatives pour obtenir la version de la Gestoci sont demeurées donc vaines.
La Gestoci épinglée par la douane
Le jeu trouble de M. Nanou a une explication plausible. En effet, une affaire pendante incrimine directement la Gestoci. Sous le régime de la D25, la Douane a épinglé la Gestoci pour trafic frauduleux de carburant à destination du Mali estimé à 12 milliards Fcfa. Un cadre de la Gestoci du nom de Dosso Mmadou a servi d’inttermédiaire dans la transaction, ce qui incrimine la Gestoci dans cette affaire. Pour l’exercice 2006, l’agréé Gestoci a levé pour le compte de divers clients du Mali 1813 déclarations de réexportation du type D25 portant sur 79 046 699 kg de produits pétroliers soit 93 348 783 litres de carburant d’une valeur en douanes totale de 26 585 160 857 Fcfa. Seulement sur les 1813 déclarations de type D25 tirées, seulement 1554 ont fait l’objet d’une prise en charge de destination. 258 déclarations sont donc introuvables sur le fichier des douanes, donc supposées fictives. Par conséquence, la Douane exige de la part de la Gestoci le paiement de 11 050 314 988 F cfa correspondant aux droits et taxes compromis ce qui porte à 11 050 314 988 Fcfa soit deux fois la valeur de la marchandise (conformément à l’article 287/ a du code des Douanes).
Les pécheurs prêts a discuter
On imagine que cette affaire a fortement perturbé la Gestoci qui veut régler ses comptes avec la douane ivoirienne en mettant fin au régime de D66 alors que c’est la D25 qui est au cœur des magouilles. Le président Bakayoko qui a eu un échange téléphonique houleux avec M. Nanou se dit prêt à discuter avec la Gestoci pourvu que ses responsables fassent preuve d’un esprit plus conciliant. Car c’est l’avenir de la pêche en général qui se joue là. La consommation du poisson est rentrée dans les habitudes alimentaires des Ivoiriens. Il ne faut donc pas tuer la pêche artisanale qui constitue 60% de la production nationale. Les jours à venir nous situeront sur le dénouement de ce dossier très sensible et d’intérêt national.
N’Da Jean Yves