La débâcle des Eléphants à la dernière CAN (Angola 2010) a provoqué une avalanche de récriminations. Choqués par cet autre échec, des Ivoiriens ont ouvertement réclamé le départ de l’entraîneur Vahid Halilhodzic. Plusieurs noms pour le remplacer circulent dont celui de Philippe Troussier. Il se dit qu’il est l’homme de la situation au motif qu’il est rigoureux et connaît bien l’environnement des Eléphants. Le concerné, rapportent certains journaux de la place, serait très intéressé par une aventure à la tête de la sélection ivoirienne qui doit disputer en juin prochain le Mondial sud africain. La légitime colère née de la très mauvaise prestation des Eléphants à cette 27ème édition de la Coupe d’Afrique des nations suffirait-elle à proposer des solutions à la hâte pour résoudre le problème de l’encadrement technique qui souffrirait de l’absence d’un titulaire de poids ? Sous l’empire de la colère, évitons de nous engager dans une aventure sans lendemain. L’on a récemment reproché à la FIF de porter ses choix sur des entraîneurs de seconde zone pour diriger une sélection ivoirienne qui regorge de stars. Doit-elle ici et maintenant céder à la pression populaire en enrôlant n’importe quel technicien pour faire baisser la tension ou contenter les uns et les autres ? Si l’actuel patron de l’encadrement technique des Eléphants est un coach de seconde zone, dans quelle catégorie rangerait-on alors Philippe Troussier qui, selon les informations en notre possession, est à la tête d’une équipe de troisième division au Japon ? Est-ce rendre service à la Côte d’Ivoire que de bombarder à la tête de sa sélection l’ex- entraîneur de l’Asec ? Sans préjuger de ce qui pourrait advenir si Troussier était retenu par la FIF, il nous apparaît opportun d’indiquer qu’il n’est pas juste et honnête de falsifier l’histoire de ce technicien. S’il est vrai qu’il a apporté une petite révolution chez les Jaune et Noir dans les années 1990, il faut convenir que Philippe Troussier n’est pas cet entraîneur qu’on veut nous présenter aujourd’hui. Quels sont ses hauts faits d’armes à la tête d’une sélection nationale africaine ou d’un club continental ? Les Nigérians, les Sud Africains et les Marocains ne seront pas élogieux à l’égard du technicien français qui n’a pas été à la hauteur de leurs attentes. Peut-être le Burkina Faso qu’il a conduit en demi-finale de la CAN 1998. Mais là aussi, rafraichissons la mémoire des uns et des autres. En match de classement contre la République démocratique du Congo, les Etalons avaient été défaits à la surprise générale. Alors qu’ils menaient par 4 à 1 à la 86ème minute, ils ont encaissé trois buts en quatre minutes avant de se faire battre aux tirs au but au Stade du 4 août à Ouagadougou. De quoi parlent ceux qui affirment que Philippe Troussier connaît l’environnement des Eléphants ? De quels Eléphants s’agit-il ? Ceux des années 90 ou de la génération actuelle qui n’a absolument rien à voir avec ceux qu’il a eus sous la main ? En clubs, son parcours n’est pas non plus des plus élogieux. Avec l’Asec, alors qu’il disposait de joueurs de qualité, il n’a pas réussi à atteindre une finale. A Marseille récemment, il s’est fait virer sans rien apporter aux Olympiens. Qu’on arrête alors de surfaire la réputation de Phillipe Troussier pour tenter de l’imposer. Ce n’est pas parce qu’il y a risque de naufrage qu’il faut s’agripper à tout. Si un changement d’entraîneur s’avère indispensable, sachons l’opérer dans la sérénité car le contexte a bien changé. Et il n’est pas évident que cet homme caractériel, voire anti star, s’en sorte à bon compte avec ceux qu’il désire conduire au Mondial sud africain. Roger Okou Vabé rogerokou@yahoo.fr
Sport Publié le samedi 6 février 2010 | Notre Voie
