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Société Publié le vendredi 12 février 2010 | Le Patriote

Interview / Soro Mamadou (Secrétaire général du Synesci) - “Le gouvernement veut que l’école s’arrête en mars”

Le système éducatif pourrait bouillonner à nouveau, les salaires des enseignants suspendus depuis décembre 2009 n’ont toujours pas été reversés. Dans cet entretien, le secrétaire général du Syndicat des Enseignants du Second Degré de Côte d’Ivoire (SYNESCI) interpelle le gouvernement.
Le Patriote : Pourquoi le Syndicat National des Enseignants de Second Degré de Côte d’Ivoire (SYNESCI) a t-il lancé un ultimatum au gouvernement ?
Soro Mamadou : Le reversement des salaires est une question essentielle et fait partie des closes du chapitre annexe du protocole d’accord signé le 02 décembre 2009. Les enseignants étaient en novembre denier les premiers à être sur les fronts de lutte. Et Ils ont pu arracher un protocole d’accord au gouvernement. Nous sommes surpris de constater, que plus de deux mois après, la question du reversement des salaires suspendus, qui, est un petit problème, est traitée avec indifférence et laxisme. Alors que ceux qui ont fait la grève en décembre 2009 et qui ont tué des Ivoiriens ont perçu leurs salaires janvier fin. En clair, les responsables de tous les syndicats de la santé ont perçu leurs salaires. Par contre, les enseignants qui n’ont tué personne et à qui on a demandé de rattraper les cours n’ont rien obtenu. Nous avons même accepté la suppression des congés de février et la réduction de ceux de Pâques.

Le Patriote : Les salaires ne sont donc toujours pas reversés malgré toutes ces dispositions ?
S M : Non, les salaires ne sont toujours pas reversés. Nous notons que les ministres de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, respectivement Gilbert Bleu Lainé et Moussa Dosso ne veulent pas qu’il y ait une certaine quiétude à l’école. Et ils veulent que l’école s’arrête en mars 2010 comme ils l’ont fait en mars 2009. Ils continuent de garder nos salaires par devers eux. Notre ultimatum s’adresse aux associations des parents d’élèves et au gouvernement. Et si telle est leur volonté, nous ne pouvons rien, puisqu’ils sont entrain de construire l’injustice à yeux ouverts. Les enseignants n’accepteront pas cette injustice. Si rien n’est réglé, l’école s’arrêtera fin février.

LP : Quelle attitude adoptera le Mouvement des syndicats des enseignants du Secondaire General et Technique si les salaires ne sont pas reversés à la fin février?
S.M : Le Synesci ne parle pas en l’air. Ce qui est dit sera exécuté.

LP : Où en sommes-nous avec le Protocole d’accord signé avec la Première Dame ? A-t-il été violé ?
S.M : Que voulez-vous que je dise, dès l’instant où l’assemblée générale du 6 Février 2010 a donné un ultimatum au gouvernement pour reverser nos salaires. Nous avons fait notre part. Le gouvernement a jusqu’en fin février pour s’exécuter. S’il ne le fait pas nous dirons que l’accord du 02 décembre 2009 n’est qu’un accord de dupes.

LP : La Première Dame a-t-elle été saisie quant au non respect de ce protocole d’accord ?
S.M : La présidente de la négociation, Mme Simone Ehivet Gbagbo a été saisie par courrier le 14 Décembre 2009. Nous avons attiré son attention sur le fait que le comité de suivi et d’évaluation n’avait pas été mis sur pied. Et ce n’est que le 22 décembre dernier qu’ on nous a reçu pour un semblant de réunion de quinze minutes où nous étions tous debout. Nous avons adressé encore un deuxième courrier à la Première Dame le 25 janvier dernier. C’est le 08 février que nous avons été informés de l’ouverture des contentieux sur le reclassement des enseignants. Sera t-il un réel contentieux où les cas d’omis seront corrigés avant fin février 2010 ? Ceux qui ont eu en deçà de la moitié du bonus qu’ils devaient avoir auront-ils cette moitié intégrale en fin février ? Toutes ces questions seront posées. Nous voulons qu’il règne un climat de quiétude dans le système éducatif ivoirien. Mais ces deux ministres sont entrain de saper le moral des enseignants.

LP : Combien d’enseignants sont –ils frappés par la mesure de suspension des salaires ?
S.M : Au début, c’était 1200 enseignants qui étaient frappés par cette mesure. Par des mécanismes opaques et obscurs certains ont été soustraits de cette liste de suspension. Aujourd’hui, il en reste environ 500 personnes.

LP : Comment ces mécanismes qualifiés « opaques » se sont-ils opérés ?
S.M. : Je vous dis que ce sont des mécanismes opaques, puisqu’on ne sait pas comment on a été suspendu et nous ignorons également comment les listes ont été traitées. L’injustice est d’abord à l’intérieur de cette liste des 1200 enseignants et également à l’extérieur. A la vérité, les enseignants n’ont pas fait de grève. En tout cas, la quiétude de l’école est entre les mains des ministres Bleu Lainé et Moussa Dosso.

LP : Combien d’enseignants ont été omis pour le reclassement ?
S.M : Nous notons près de 2400 enseignants. Ils ont fait semblant de donner des bonus qui ne correspondent pas à la moitié des bonifications qu’on devait avoir. A partir de cet instant, près de 60% des enseignants sont concernés. C’est pour cela qu’il faut aller à la correction.

LP : Et combien ont-ils bénéficié de la moitié des effets financiers du reclassement ?
S.M : 23843 enseignants ont bénéficié de la moitié des effets financiers du reclassement.

LP : A quand le reversement de la deuxième moitié des effets financiers du reclassement ?
S.M : C’est à la fin du point d’achèvement de l’Initiative PPTE, en Mars 2011. Et comme on ne sait jamais, nous avons donné tout au plus trois mois au gouvernement pour régler tous les derniers détails. C'est-à-dire que nous donnons jusqu’au mois de Juin 2011 au gouvernement pour qu’on puisse rentrer en possession de la deuxième moitié des effets financiers du reclassement.

LP : Est-ce que le gouvernement vous a donné les garanties nécessaires pour le paiement de ces effets financiers ?
S.M : Nous sommes la seule garantie du respect des engagements pris. Toutes les réunions qu’on a tenue le gouvernement a reconnu qu’on ne pouvait pas faire de demi reclassement. Et aux négociations des 27 ; 28 et 29 Juin 2009, le chef de l’Etat nous a demandé d’abandonner les indemnités spécifiques, la grille indiciaire et d’accepter le reclassement. Ce, parce qu’ils sont convaincus que ça (le reclassement) ils le feront. Mais vous avez constaté qu’à la date indiquée, il fallait qu’on rentre en grève pour pouvoir avoir la moitié de ces effets financiers. Donc, nous sommes notre propre garant du respect du paiement intégral des effets financiers du reclassement en 2011.

LP : Qu’en est –il du paiement des indemnités de correction des examens scolaires de la session 2009 ?
S.M : Les indemnités de corrections des examens scolaires de la session 2009 ne sont pas encore payées. Or à la négociation des 27, 28 et 29 juin 2009 avec le chef de l’Etat, on lui a demandé d’intervenir pour qu’à la fin des examens les indemnités soient payées avec beaucoup de célérité. Laurent Gbagbo a donné instruction devant tout le monde au ministre de l’Education Nationale de prendre toutes les dispositions pour que cela soit fait. Mais mieux, nous avons demandé la création d’un Fonds spécial pour les examens pour les années à venir. Le Président de la République a donné ordre au ministre Bleu Lainé de préparer un projet de Décret et que dans les semaines à venir il puisse le signer. Non seulement les indemnités de correction ne sont pas payées, mais on n’entend pas parler du projet de Décret relatif à la création de ce Fonds spécial pour les examens. Nous interpellons tous les acteurs du système éducatif sur ces promesses non tenues. Si demain, nous arrêtons tout il ne faudrait pas qu’on dise que ce sont toujours les enseignants.
Réalisée par Anzoumana Cissé
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