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Société Publié le samedi 13 février 2010 | L’expression

Paludisme/ Dr San Koffi Moïse, directeur du Pnlp: “Les premiers essais du vaccin sont prévus pour 2011”

Le patron du programme national de lutte contre le palu donne large éclairage et les projets d’éradication de cette maladie.

M. le directeur coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp). comment pouvez-vous définir cette pathologie ?
Le paludisme est une maladie causée par un parasite qu’on appelle le plasmodium qui est transmis à l’homme non malade par le moustique qui est le vecteur de cette maladie. C’est une maladie qui met en relation l’homme, le moustique et l’environnement. Cette maladie se caractérise par la fièvre qui est généralement accompagnée de maux de tête, ou parfois de douleurs articulaires et de douleurs abdominales.

Qu’est-ce qui pourrait provoquer une aggravation du paludisme?
C’est le fait qu’un traitement ne soit pas réellement suivi par un malade; ou que le malade soit affaiblit au point de ne pas pouvoir supporter le traitement. Dans nos régions qui sont des zones endémiques, l’adulte a été depuis longtemps en contact avec le germe de la maladie. Il développera une petite résistance qui permettra d’éviter les situations de grande gravité. Par contre chez les enfants de moins de 5 ans qui n’ont pas pu développer une petite immunité, une petite résistance, quand il font une crise de palu et qu’il n’y a pas de traitement adéquat, on peut arriver à l’aggravation.

Quelles est aujourd’hui le taux de prévalence de cette pathologie en Côte d’Ivoire?
Quand on regarde les statistiques de nos formations sanitaires, environ 50% des motifs de consultation sont liés au paludisme qui vient généralement en 1ère position au niveau des pathologies sur l’ensemble du pays. C’est dire que c’est un problème majeur de santé publique. De tout ce qu’on peut retenir, c’est que la transmission est permanente en Côte d’Ivoire. Pratiquement toute l’année, il y a le risque d’attraper le palu. Et c’est le même cas dans toutes les régions. Mais le Pnlp travaille dans ce sens à travers la sensibilisation à l’utilisation des moustiquaires. Sur ces deux dernières années, nous avons procédé à la formation de plus de 1500 agents de santé dans 19 départements. Pour cette année, avant le mois de septembre, ce sont à peu près 8000 personnels de santé qui seront formés. En ce qui concerne la prévention de la population en général, il est prévu une campagne nationale de distribution de près de 8000 moustiquaires, qui visera environ 80% de la population.

Vous visez 80% de la population. Mais quel est aujourd’hui le taux de pénétration de cette moustiquaire au niveau de la population ivoirienne?
Depuis 3 ou 4 ans, nous avons visé une cible de la population. C’étaient les enfants de moins de 5ans et les femmes enceintes. Et il s’agissait de zones assez particulières, notamment avec l’appui du fonds mondial, ce sont 19 districts qui étaient couverts, et l’Unicef a permis de couvrir l’ensemble des districts de la Zone Cno. Au cours de la campagne de la rougeole, nous avons intégré une distribution de la moustiquaire. Selon les différents cas, nous avons atteint un taux de 70% pour ceux qui utilisent effectivement les moustiquaires. Mais en ce qui concerne la possession, ce sont plus de 90% de la population qui en possède.

On remarque aujourd’hui que de nombreux malades développent des résistances au traitement du palu. A quoi est due cette situation ?
Je pense qu’il faut relativiser les choses. Généralement quand quelqu’un souffre de paludisme, il a des signes qu’il présente au médecin. Un examen est fait pour s’assurer qu’il s’agit d’un cas de palu et le traitement prescrits doit être fait à dose correcte. C’est dire que le médecin doit exactement prescrire le nombre de comprimés à prendre et le malade doit prendre le nombre de comprimés prescrit sur la durée du traitement, c’est-à-dire 3 jours. Au bout de ce traitement, si le malade ne guérit pas et qu’on refait l’examen qui reste positif pour un malade qui a pris correctement les médicaments, alors on peut dire qu’il y a eu résistance. On suivi est fait chaque année pour s’assurer si cette résistance existe ou pas. Pour l’instant, le protocole que nous avons a été institué sur la base de ce qu’à l’époque la chloroquine a été utilisée, les patients ont été suivis et on s’est rendu compte que plusieurs ont développé la résistance. Pour les traitements que nous avons maintenant, le même suivi a été fait et nous n’avons pas observé de résistance aux médicaments actuels. Je dois préciser qu’il est important que le diagnostique soit fait. On peut avoir les mêmes signes alors qu’il ne s’agit pas de paludisme.

Le ministre de la Santé a signé le 6 août 2009 un arrêté portant interdiction de visa d’enregistrement de certains médicaments. L’arrêté rentrait en vigueur dès sa date de signature mais donnait un délai de 3 mois aux pharmaciens pour l’écoulement de leurs produits. Pourquoi cet arrêté et peut-on dire que ces différents médicaments sont aujourd’hui rétirés des officines privées?
Des évaluations faites de 2002 à 2007 ont fait état de ce que le médicament utilisé à l’époque dans le traitement du paludisme présentait une résistance. Il s’agissait principalement de la chloroquine. En janvier 2007, un arrêté a été pris par le ministre de la santé sur la base d’un protocole qui dressait la liste des médicaments à utiliser en cas de paludisme. Et c’est ce protocole qui va être appliqué maintenant jusqu’à ce qu’on démontre qu’il présente des insuffisances. Et il faut savoir qu’il y a un certain nombre de produits qui ne sont pas pour l’instant recommandé par ce protocole. Voilà une des raisons pour lesquelles certains médicaments ont été rétirés. Concernant la situation sur le terrain, il y a une évaluation en cours qui prendra bientôt fin et qui permettra de faire le point.

Nous avons entendu dire que ces médicaments rétirés avaient des conséquences notables dont l’insuffisance rénale, sur les personnes qui les utilisaient. Qu’en est-il exactement?
Je souhaiterais qu’on ne s’aventure pas trop sur ce terrain vu que ces informations ne sont pas avérées.

Aujourd’hui, quelles sont les nouvelles combinaisons sont conseillées pour le traitement du paludisme?
Pour le cas du paludisme simple, il y a la combinaison Artésunate, Amodiaquine pour la première intention. Et pour la seconde intention, il est conseillé la combinaison Artemether+ Lumefantrine. Pour les cas de paludisme grave, en première intention il est conseillé la quinine en perfusion, et en cas de contre indication à la quinine, on peut utiliser l’Artemether injectable. Et enfin pour les cas chroniques de paludisme, il faut la combinaison Artesunate-Amodiaquine, puis Sulfadoxine-pyrimethamine.

L’année dernière, le laboratoire Adventif Pasteur et une structure américaine entendaient mettre sur le marché un antipaludique dénommé Azaq. Où est-on avec ce projet?
C’était le lancement du produit Azaq qui est une combinaison de l’artésunate et de l’amodiaquine. C’est un laboratoire qui disposait d’une forme coblyster. L’Artésunate d’une couleur particulière, l’Amodiaquine d’une autre couleur et le tout en un seul produit. Ce produit existe sur le marché avec une autre forme dans les officines privées.

La Côte d’Ivoire a récemment été éligible au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Quel serait l’avantage de ce fonds pour les populations?
Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a fait une évaluation des besoins des populations par rapport à ses ambitions. Et il a trouvé nécessaire de mettre à échelle toutes ses interventions, de sorte que chaque habitant de la Côte d’Ivoire puisse avoir à des soins de qualité, puisse avoir à sa disposition des médicaments, la possibilité qu’on confirme le paludisme et que le traitement soit rationnel. Qu’on évite que des personnes utilisent des médicaments alors qu’elles ne sont pas malades du paludisme et aussi que les moyens de prévention soient mis en œuvre. Le ministre a également émis le souhait que les activités à base communautaire soient menées. Il faut qu’en amont, on essaie de faire de telle sorte que le paludisme ne progresse pas et que la personne malade aille à l’hôpital. C’est un projet qui a été présenté au fonds mondial pour qu’il soit profitable partout en Côte d’ivoire.

Lorsqu’il y a un malade de paludisme, généralement il lui est demandé de ne pas manger de l’huile. Je voudrais donc savoir la relation entre le paludisme et l’huile?
Il faut préciser que quelqu’un qui souffre de paludisme doit absolument prendre ses médicaments. Ensuite, il faut que son environnement soit assez propre, qu’il n’ y ait pas d’eau stagnante pour continuer à faire multiplier les moustiques qui vont continuer à le piquer, et faire de sorte qu’après utilisation des médicaments, il soit encore réinfecté. L’élimination des médicaments se font au travers du foie, c’est l’organe qui intervient dans la digestion de tout ce qui est gras. Quand vous avez un apport important de graisse, vous mettez le foie à contribution, qui va essayer de digérer cette graisse. Vous avez ensuite les médicaments qui vont s’éliminer à travers le foie. On estime qu’il ne faut pas doublement solliciter le foie. Ce qui amène certaines personnes à dire qu’il ne faut pas exagérer dans les matières grasses. Sinon, l’huile n’a rien à avoir avec la transmission du palu qui se fait par les piqûres de l’anophèle.

A quand enfin un vaccin contre le paludisme?
La question du vaccin est un problème mondial. C’est vrai que généralement le palu se trouve dans la zone intertropicale mais le monde est devenu un village planétaire qui fait qu’avec les moyens de transport tout le monde peut se trouver à n’importe quel coin du globe. La communautaire essaie de mettre en place un vaccin contre le paludisme. Il y a beaucoup de projets en cours, mais nous ne sommes pas encore à une période d’utilisation pratique de ces vaccins. Nous sommes dans la phase de laboratoire, dans la phase d’essai. Un vaccin lorsqu’il est découvert, il faut s’assurer qu’il peut être efficace partout où il sera utilisé. Il faut l’essayer dans plusieurs zones climatiques, dans plusieurs régions et sur différentes personnes pour s’assurer qu’il est toujours efficace. Il y a un peuple de 10 ans, un vaccin avait été commis qui a vite montré ses limites. C’est pourquoi la communauté internationale prend beaucoup de précautions pour que ce soient des vaccins efficaces qui soient mis à contribution. Il y a eu beaucoup d’avancées, mais il faut attendre 2011 pour les essais sur le terrain n

Interview réalisée par Touré Yelly
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