“N`importe qui se lève pour demander ma démission. Je rappelle que ce sont les clubs qui m`ont élu. S`ils souhaitent que je parte, je n`hésiterai pas un instant… ", déclarait monsieur Jacques Anouma, président de la Fédération ivoirienne de football à Cabinda (Angola) au cours d`une conférence de presse animée juste après l`élimination logique de la sélection ivoirienne, présentée à tort par tous, comme la super favorite de la compétition. Monsieur Jacques Anouma sait qu`il ne risque pas de se faire contredire au sein de la fédération en disant cela. Il sait que la probabilité que les présidents de Clubs se réunissent pour réclamer son départ pour une histoire qui n`a aucun lien avec la vie de leurs Clubs, est quasiment nulle. Tout le monde sait que ce n`est pas de cette façon que les choses fonctionnent dans notre pays. Donc monsieur Anouma sait qu`il n`a rien à craindre de la part des clubs de football ivoiriens. Certes, il a été élu par ces derniers comme il le dit, et donc ce sont eux qui peuvent demander sa démission. Mais, on peut lui objecter que l`équipe nationale de football ne joue pas pour les Clubs de football, et que les dirigeants de clubs ne sont pas forcément les représentants du peuple de Côte d`Ivoire. Peuple de Côte d`Ivoire pour lequel justement, joue l`équipe nationale et qui souffre de voir ses espoirs chaque fois jetés dans la poussière par une équipe nationale composée de joueurs qui, manifestement, n`ont pas encore réalisé pleinement ce que recouvre le concept " jouer pour le drapeau national. " Ce que c`est que jouer pour un peuple meurtri par 10 ans de crise politique et qui cherche désespérément une occasion de se détourner, ne serait-ce que durant quelques heures, du spectacle misérable auquel se livrent les dirigeants de son pays. Pour preuve, voilà bientôt 5 ans, l`équipe que tout le monde considère comme la meilleure équipe d`Afrique sur papier, n`a rien gagné. Pire, elle n`a fait que régresser. Finaliste en 2006, demi-finaliste en 2008. Et cette année, elle n`a pas mieux fait que finir en quart de finale. Qu`est-ce qui explique cette dégringolade ? Depuis la dernière élimination, les accusations, les allusions à peine voilées fusent contre les uns et les autres. Les joueurs sont accusés, à raison. Ils ont complètement démissionné. L`encadrement technique est accusé, à raison. Depuis plus d`un an, des Ivoiriens avisés avaient attiré l`attention des dirigeants de la Fif sur les atermoiements du sélectionneur national qui n`arrivait pas à apporter grand chose au jeu de l`équipe nationale. Mais monsieur Jacques Anouma, induit en erreur par des résultats trompeurs obtenus sans convaincre a balayé du revers de la main toutes les critiques. Même aujourd`hui, devant ce qui apparaît clairement comme un échec de tous ceux qui ont un quelconque rôle à jouer autour de l`équipe nationale, la Fif semble s`attribuer le beau rôle. Son président annonce des décisions qui devraient nous conduire au " paradis vert " en juin prochain, en Afrique du Sud. Quelles décisions ? Serait-on tenté de se demander. Monsieur Anouma sait mieux que quiconque, qu`il est de notoriété que tout dirigeant doit rendre des comptes quand il n`arrive pas, à plusieurs reprises, à remplir la mission à lui confiée. Surtout si l`argent pour accomplir ces missions provient en grande partie, des poches des citoyens. Alors, monsieur Jacques Anouma sait que malgré la présence des clubs qui l`ont élu, il se doit de rendre compte aux Ivoiriens de ce qui se passe réellement avec les Eléphants. Car, il est évident qu`avec ce qui vient de se passer en Angola, les explications du genre " nous avons fait tout ce que nous avions à faire… ", ne suffisent plus et ne peuvent plus convaincre grand monde. Vu que malgré cela, l`équipe ne fait que dégringoler. Alors, on peut annoncer le remplacement de l`entraîneur, la mise de côté de certains joueurs, de certains responsables gravitant autour de l`équipe sans qu`on sache réellement leur fonction. Mais tous ces remèdes de cheval n`empêcheront pas de poser cette question : et si le problème des Eléphants se trouvait à la Fif ? Chaque citoyen ivoirien, même s`il n`a pas participé à l`élection de monsieur Jacques Anouma, peut poser cette question. Et cela ne fait pas forcément de lui, " n`importe qui… ". Non, mais…
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO
